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Auteur | Message |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 7 Avr 2023 - 9:48 | |
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 7 Avr 2023 - 10:15 | |
| Pierre Jolivet : Strictement personnel 1985 Je ne sais même pas pourquoi j'ai lancé ce film parce que j'avais découvert Pierre Jolivet il y a de ça plusieurs mois par son film Fred (avec Vincent Lindon et Clotilde Courau) et, sans trouver ça nul, j'avais trouvé ça vraiment moyen ; ensuite, le casting de Strictement personnel ne fait pas non plus spécialement envie (bon, ok, il y a Jean Bouise mais il n'apparaît que très brièvement). Contrairement à Fred, le résultat est ici assez catastrophique : les acteurices sont vraiment mal dirigé(e)s, la mise en scène est vraiment pas terrible, la musique est beaucoup trop présente (surtout qu'elle est nulle) ; en plus de ça, j'ai trouvé que l'histoire était vraiment très banale (mais bon, avec une bonne mise en scène, on peut faire quelque chose d'assez bien) : un petit flic et écrivain de trente-septième zone décide de rendre visite à sa famille (qu'il n'a pas vue depuis quasiment vingt ans) à l'occasion d'un rendez-vous avec son éditeur et tous les membres de sa famille ont des gros problèmes ; le film le montre ensuite confronté à ces problèmes, il va essayer d'éclaircir un peu ça ; on sent que le film veut mettre en place une sorte de tension entre le fait qu'il enquête sur ça en tant que flic et entre la composante intime qu'ont pour lui ces affaires, en dépit du fait qu'il ne les a pas vus pendant de longues années - spoiler : ça ne marche pas du tout et on s'ennuie ; en plus, cerise sur le gâteau, à la fin, le personnage principal publie un livre relatant tout ce qu'il s'est passé dans le film et ce dernier porte le même titre que le film... Je crois qu'il n'y a vraiment pas grand-chose à sauver dans ce film. |
| | | Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7940 Age : 50 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 7 Avr 2023 - 10:59 | |
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 7 Avr 2023 - 16:23 | |
| Dominik Moll : Des nouvelles de la planète Mars 2016 J'avais découvert Dominik Moll récemment à travers son dernier film La nuit du 12 et j'avais envie de voir à quoi pouvait un peu ressembler le reste de sa filmographie, je poursuis donc avec celui-ci (qui est son antépénultième film à ce jour) et le ton est assez différent : on est pas si loin d'un film comme La vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc. Leur principal point commun étant la capacité de créer un microcosme autour d'un personnage (même s'ils le font de manière opposée : le Leclerc est aspiré par le personnage principal (interprété par Jean-Pierre Bacri) alors qu'ici, au contraire, le film s'ouvre concentriquement autour du personnage principal (interprété par François Damiens)) ; d'ailleurs, leur manière opposée de procéder se retrouve dans les titres de chacun des films (la vie très privée face à des nouvelles de la planète Mars). Le film de Moll va cependant plus loin dans cet aspect macrocosmique autour du personnage principal (c'est de toute façon l'argument principal du film) : d'abord, son nom de famille (Mars), la découverte progressive de personnages singuliers et cette manière de clore le film sur un projet synthétique commun (peut-être un peu téléphoné) ; par contre, je dois dire que le film m'a laissé un peu sur ma faim en terme de récit (et il y a quelques moments que j'ai trouvés un peu cringe) parce qu'une fois que tous les personnages sont un peu moins déployés, on sent que le film ne sait plus trop quoi faire - d'ailleurs, ce personnage du chauffeur de Giscard d'Estaing à la fin semble se pointer complètement en retard. Cela dit, le film parle de végétarisme très clairement et sans faire passer les personnages pour des hystériques ou que sais-je encore, c'est assez original, il me semble. |
| | | Abnegor Mélomaniaque
Nombre de messages : 1673 Age : 42 Localisation : Angers Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 7 Avr 2023 - 21:35 | |
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 8 Avr 2023 - 9:28 | |
| Félix Moati : Deux fils 2018 + J'avais raté ce film lors de sa sortie en salles et il faut croire qu'il a attendu jusque-là ; il s'agit du premier long-métrage de Félix Moati mais il y a déjà un beau casting : Benoît Poelvoorde mais surtout Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier, Noémie Lvovsky, Patrick d'Assumçao et le jeune Mathieu Capella. Le film raconte en gros un temps de latence dans la vie d'un père et de ses deux enfants : le père est médecin et veut se lancer dans l'écriture, le fils aîné fait sa thèse de psychanalyse mais semble avoir besoin d'une pause et le dernier est encore au collège mais s'est subitement pris d'amour pour Jésus puis l'alcool. J'avoue que j'ai été un peu déçu par ce film : je l'ai lancé parce que je m'attendais à avoir une vibe un peu Mikhaël Hers, c'est-à-dire forte en terme d'affects (et proche des personnages) mais tranquille voire contemplative ; malheureusement, si le film était certes tranquille, je n'ai pas du tout trouvé cette atmosphère : à la place, j'ai trouvé quelque chose d'assez dispersé, avec ses quelques moments de beauté mais je n'ai jamais réussi à ressentir plus d'intérêt qu'un intérêt ponctuel. De manière générale, j'ai un peu du mal à voir où va le film : on comprend bien qu'il y a cette inversion de la dynamique père-fils où le père serait le superviseur (d'ailleurs, j'aime beaucoup l'affiche française où les deux fils sont de part et d'autre du père (qui est représenté en petit) et le tiennent par la main) mais je trouve que ça ne prend jamais véritablement - cela dit, les acteurices sont vraiment convaincant(e)s et la réalisation est pas mal. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 9 Avr 2023 - 4:57 | |
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 9 Avr 2023 - 11:00 | |
| Danièle Huillet & Jean-Marie Straub : Nicht versöhnt oder Es hilft nur Gewalt, wo Gewalt herrscht 1965 Après le plutôt anecdotique Toute révolution est un coup de dés, je passe sur leur deuxième réalisation qui est à mon avis le film le plus dense que je n'ai jamais vu. On y suit une famille bourgeoise habitant à Cologne du début du siècle jusqu'aux années cinquante environ ; on suit plusieurs membres de la famille, parfois dans la temporalité première, parfois en flashback. Dans ce film, j'ai beaucoup aimé la gestion de l'espace évolutive : d'abord tout s'enchaîne à l'os puis petit à petit, les plans se vident de plus en plus ou semblent parfois exprimer une trajectoire complètement différente (je pense par exemple à cette scène dans un restaurant avec une vue sur une grande rue, les personnages discutent et la caméra fait un zoom avant comme si elle n'avait rien à faire de la conversation) ; il y a vraiment cette idée de changement d'échelle. Cette idée semble traduire une sorte d'imperméabilité bourgeoise (que l'on retrouve également dans ces extraits de journaux ou d'actualités qui semblent complètement disjointes de la famille) dont le déroulé de la généalogie semble malgré tout très tranquille - en dépit du fascisme ambiant et des allers et retours des personnages (exil, mobilisation, etc.), comme s'il ne fallait rien laisser paraître. À la fin, ça culmine dans une scène assez drôle où la mère essaie de tirer sur un politique dans une fête mais en fait, la balle ne fait que l'effleurer alors on continue la fête. Je le reverrai sans doute car beaucoup de choses me sont passé au-dessus de la tête (je crois que leur paysage référentiel est assez éloigné du mien mais il y a vraiment des idées et du cinéma, là-dedans) mais j'ai beaucoup aimé. |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6095 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| | | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6095 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 9 Avr 2023 - 19:21 | |
| - Emeryck a écrit:
- […]
d'abord tout s'enchaîne à l'os puis petit à petit […] Je cherche, je cherche, et m'interroge toujours… |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| | | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6095 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 9 Avr 2023 - 20:14 | |
| Ah oui, une formulation au poil, et sans gras ! je retiens |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 10 Avr 2023 - 9:59 | |
| Georges Lautner : Joyeuses Pâques 1984 + Ce film est une adaptation de la pièce homonyme de Jean Poiret et on se demande un peu où le film se situe sur la question de l'adaptation : d'un côté, on pourrait penser que le film veut s'émanciper un peu de l'aspect théâtral (par exemple, la première séquence en mer où Belmondo vient tout péter avec son hors-bord et suivent beaucoup de séquences en extérieur) mais en fait, à y regarder de plus près, cette séquence est vraiment une introduction de Belmondo en tant que personnage cinématographique (d'ailleurs, à la fin de cette courte épopée - dont la logique d'enchaînement des actions est pour le coup assez théâtrale -, le générique se lance et apparaît le nom de Jean-Paul Belmondo).Même si cette scène est assez datée (surtout à cause de la musique, en fait), je l'ai trouvé pas si mal ; en revanche, une fois que le film est lancé (c'est-à-dire une fois que le quiproquo est lancé), le film bascule vers un quasi-huis-clos assez banal mettant sur le devant de la scène une sorte de dialectique du mensonge : d'une part, le mouvement coercitif du mensonge qui contraint les personnages dans ce grand appartement et d'autres part, la fuite en avant du personnage de Belmondo pour essayer de rendre son mensonge crédible ; j'ai honnêtement trouvé cette partie assez longue et fastidieuse (et là, ça faisait très vaudeville - ce qui n'est pas en soi un défaut mais là, je sais pas, je trouve que ça ne marchait pas tellement) et c'est finalement assez unilatéral puisque tout repose sur l'espoir que le personnage de Belmondo s'emmêle les pinceaux, surtout que les situations deviennent de plus en plus compromettantes pour lui - pour résumer, le personnage de Belmondo (une sorte de tombeur ridicule) veut séduire/coucher avec une adolescente (interprétée par Sophie Marceau) et lorsqu'il arrive chez lui, sa femme (interprétée par Marie Laforêt) rentre et il fait passer cette adolescente pour sa fille. Au final, je crois que je me suis tout de même ennuyé devant ce film (surtout dans sa partie centrale donc, la plus empesée) mais il y a tout de même quelques idées (sur le rapport à l'adaptation, je sais pas trop où le film se place) et quelques passages assez drôles - notamment les discours de bourgeois - ; je crois que la musique (très très 80's ambiance série télévisée américaine) est ce qui vieillit le plus le film. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 10 Avr 2023 - 16:02 | |
| Alice Diop : Vers la tendresse 2016 J'avais découvert Alice Diop en salle par son film Saint Omer que j'avais trouvé fabuleux, aussi bien d'un point de vue technique que dans ce que ça racontait ; je n'avais pas encore poursuivi la découverte de sa filmographie et continue donc avec cette réalisation d'une petite quarantaine de minutes où la réalisatrice parle avec des gars (principalement racisés) vivant en Seine Saint-Denis et les questionne sur leur rapport à l'amour au cours d'un atelier qu'elle a organisé ; il y a quatre discussions (deux avec des hommes qui parlent de femmes, une autre avec un homme non hétérosexuel et une autre avec un couple) et dans les trois premières, l'impact du patriarcat est évident : le premier dit qu'il "préfère les filles faciles", qu'il ne peut pas parler de ses sentiments avec ses amis et dit qu'il a aimé une seule fille dans sa vie et qu'il ne lui a rien dit ; le second considère que l'amour, c'est de l'ordre de la vie et que donc c'est fini après treize ou quatorze ans et il a donc développé une addiction à l'alcool, au cannabis et au tabac pour cope avec ça ; le troisième évoque les relations homosexuelles entre hommes dans les cités et là encore, il y a une violence dans les relations (essentiellement sexuelles) résultant du fait qu'il faut performer les places assignées, c'est-à-dire être un homme, un dur, ne pas être un pédé et du coup, il s'agit de ne pas tomber amoureux d'un autre homme et de ne pas être celui qui est sodomisé - le gars interrogé ajoute que "c'est pour pouvoir se détacher de cette notion d'amour, c'est pour contrôler" ; il raconte une brève relation avec un homme rencontré sur le quai de la gare de RER avec qui le courant passait bien et lorsqu'ils se sont revus, le gars était complètement saoul et tirait compulsivement sur sa cigarette. Enfin, la dernière histoire présente un couple qui s'assume et le gars parle du fait qu'il écoutait en douce des chansons d'amour au milieu de ses chansons de rap. Le documentaire aurait pu être facilement assez cringe mais Alice Diop accompagne vraiment les gens qu'elle interroge (et au début du film, elle écrit qu'elle "avait envie de faire un film avec ces quatre voix") et les questions qu'elle pose sont toujours adaptées à ce que disent les personnages. J'ai aussi beaucoup aimé la manière dont elle gérait l'image et le son : comme il s'agissait d'enregistrements vocaux, il fallait bien mettre une image ; au début du film, les images sont un peu disjointes du son puis (comme le titre l'indique) tout converge jusqu'au couple où on a carrément le son et l'image synchronisés ; il y a également des intermèdes nocturnes en voiture qui sont assez chouettes et une belle trajectoire globale comme l'indique le titre. Encore une belle découverte et je pense que je vais du coup voir ses autres films très prochainement. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 11 Avr 2023 - 3:09 | |
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| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 12 Avr 2023 - 5:49 | |
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 12 Avr 2023 - 19:08 | |
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| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 12 Avr 2023 - 19:49 | |
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| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 13 Avr 2023 - 4:41 | |
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 13 Avr 2023 - 19:00 | |
| F. J. Ossang : L'affaire des divisions Morituri 1985 + Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu de film d'Ossang, sans doute parce que 9 doigts, en dépit du fait qu'il soit très beau visuellement, m'avait vraiment agacé. Ici, il s'agit de son premier long-métrage (son film de fin d'études, apparemment) ; l'histoire est vraiment confuse : au centre du film, il y a une bande de gladiateurs (les divisions Morituri) qui est en quelques sortes traquée par le gouvernement et l'un d'eux décide de partir (et apparemment de tout balancer à la presse, ce n'est pas si clair) et de se balader en Rolls Silver Shadow blanche et de s'enregistrer récitant une sorte de manifeste politique où il raconte un peu l'histoire de la division Morituri ; bref, l'histoire part vraiment dans tous les sens. J'ai trouvé que ça poussait vraiment à l'extrême la trajectoire inquiète de ces films des années soixante-dix, notamment en mêlant les différentes strates temporelles (et les textures d'image) avec parfois certaines résurgeances furtives et certaines obsessions qui reviennent sans grande explication (par exemple, cette histoire de privation sensorielle) ; je trouve qu'Ossang a un peu réussi à donner un corps cinématographique à cette inquiétude. Bon, après, on peut trouver ça extrêmement caricatural (et c'est vrai que ça l'est tout de même un peu : typiquement punk) mais je trouve que contrairement à 9 doigts, il y a vraiment quelque chose ; d'ailleurs, la photo est également très chouette - et la musique n'est pas mal non plus ; mais bon... l'histoire est vraiment trop confuse. |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5876 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 13 Avr 2023 - 19:43 | |
| La se maine dernière : The lost king. Le film retrace le combat de Philippa Langley pour retrouver les restes de Richard III et réhabiliter le souverain considéré dès son accession au trône comme un usurpateur. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 14 Avr 2023 - 4:52 | |
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| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14628 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 14 Avr 2023 - 7:23 | |
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| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 14 Avr 2023 - 12:24 | |
| J'ai commencé par L'Ange exterminateur, oui, et là je découvre tous ses derniers films. Les bonus sur les Blu-ray sont passionnants. |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14628 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 14 Avr 2023 - 12:44 | |
| - Xavier a écrit:
- J'ai commencé par L'Ange exterminateur, oui, et là je découvre tous ses derniers films.
Les bonus sur les Blu-ray sont passionnants. Ah oui, très très "spécial"! |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6095 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 14 Avr 2023 - 23:01 | |
| Věra ChytilováLes petites marguerites reproduits dans le livret qui accompagne cette édition DVD : textes parus dans les Cahiers du Cinéma - Février 68 > Les métamorphoses de l'impertinence par Paul-Louis Martin> Entretien avec Věra Chytilová par Michel Delahaye et Jacques Rivette : Le champ libreIl y est pas mal question du premier long métrage de Věra Chytilová Quelque chose d'autre. L'une ou l'un l'aurait vu ? et/ou aurait vu ses films ultérieurs ? |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Avr 2023 - 10:46 | |
| - xoph a écrit:
- Il y est pas mal question du premier long métrage de Věra Chytilová Quelque chose d'autre. L'une ou l'un l'aurait vu ? et/ou aurait vu ses films ultérieurs ?
Encore rien vu de cette réalisatrice - même pas Les petites marguerites, même si ça fait longtemps que j'aimerais le voir. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Avr 2023 - 10:49 | |
| Gilles Groulx : Le chat dans le sac 1964 Je connais assez mal le cinéma québécois (il y a encore des cinéastes que je dois découvrir comme Claude Jutra ou approfondir Michel Brault), d'ailleurs Groulx était le monteur de Brault ; ce film est donc le premier film de Groulx que je vois et c'est vraiment pas mal du tout : quelque part entre le premier Godard (le personnage de Barbara a la même coupe que celui interprété par Anna Karina dans Vivre sa vie - dont la coupe de cheveux était déjà inspirée par celle de Louise Brooks) et le Cassavetes de Shadows (dans la manière de filmer et par la musique de Coltrane - bon, ok, dans Shadows, c'est Davis...). Le film met en scène un couple de jeunes gens, Claude et Barbara (respectivement interprétés par Claude Godbout et Barbara Ulrich), le premier est journaliste et particulièrement intéressé par la littérature post-coloniale et plus généralement la littérature traitant de l'oppression, la seconde fait du théâtre. J'ai bien aimé l'atmosphère du film, intéressé par la jeunesse québécoise (enfin, un certain type de jeunesse), qui (me) semble à la fois assez juste - aussi bien dans cette atmosphère des années soixante avec la question de la disjonction entre théorie et pratique (il y a cette scène où Claude dit à Barbara qu'en gros, elle est pas en phase avec la réalité et elle lui rétorque que c'est plutôt lui qui n'est pas en phase) mais aussi dans cette errance de la vingtaine - mais qui est à la fois assez drôle notamment à travers le personnage de Claude qui est vraiment insupportable à terme. |
| | | xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6095 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Avr 2023 - 13:41 | |
| P.M. @ Parsifal, Prosopopus, et celles ou ceux qui aiment Verhoeven VerhoevenBenedetta Vraiment pas aimé du tout, et guère plus Soldier of OrangeJ'ai encore le quatrième homme dans ma besace, on verra (mais je crois pas pousser plus loin) |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Avr 2023 - 14:06 | |
| Jacques Baratier : La ville-bidon 1976 Ce film est une augmentation d'un téléfilm intitulé La décharge et réalisé par Baratier à la fin des années soixante, il est terminé au début des années soixante-dix et est censuré ; il ne sortira finalement que cinq années plus tard de manière semble-t-il assez confidentielle. Le film est très critique vis-à-vis des villes nouvelles, on y suit d'une part un maire (accompagnée de sa petite équipe qui comporte notamment un architecte) qui veut faire construire une ville nouvelle à la place de bidonvilles (d'où le titre, d'un humour sans pareil) et de décharges ; de l'autre côté, on suit les habitant(e)s de ces bidonvilles (sans qu'iels n'aient vraiment le choix, bien sûr). Le film montre assez bien les aspects lucratifs de ce genre de constructions (par exemple, il y a un arrangement scabreux avec le propriétaire : s'il accepte de céder une part de ses terrains à la municipalité, alors le restant sera vendu mille fois le prix de sa valeur) et bien sûr, toujours en portant l'étendard de la prétendue amélioration des conditions de vie des habitant(e)s - d'ailleurs, c'est assez marrant dans le film, pour se servir de caution, ils demandent à un sociologue de faire une enquête pour montrer que les conditions de vie sont mauvaises dans les bidonville et en pensant que "de toute façon, les sociologues pensent que les conditions de vie sont toujours mauvaises". J'ai trouvé que le film se perdait peut-être un peu avec le lancement de ce meurtre qui n'apporte finalement pas trop grand-chose. Côté casting, c'est quand même pas mal : Bernadette Lafont, Daniel Duval, Françoise Lebrun (dans un petit rôle) et j'ai aussi bien aimé Jean-Pierre Darras dans le rôle du maire (je ne connais quasiment pas cet acteur) ; et puis, il y a aussi la meilleure clôture de film par cette réplique du gardien : "Là où y avait des trous pleins d'ordures, ils ont construit des grandes bites en ciment." |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 15 Avr 2023 - 16:32 | |
| Krzysztof Kieślowski : La double vie de Véronique 1991 J'avais découvert ce film il y a cinq ou six ans (c'est-à-dire lorsque j'ai commencé à regarder des films, plus ou moins) et j'en avais gardé un très bon souvenir (notamment visuellement) ; j'ai décidé de le revoir sur un grand écran et dans une très bonne qualité pour voir un peu ce qu'il en était - et parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un Kieślowski. Je dois dire que j'ai été pas mal déçu : j'ai trouvé que le film n'était vraiment pas hyper passionnant et ne savait pas tellement sur quel pied danser : on sent qu'il veut laisser la part belle au mystère dans la relation du personnage de Véronique à son double mais qu'à la fois, il veut tout de même insister sur la symétrie de cette relation et là, on le voit en général arriver avec ses gros sabots - il y a par exemple cette séquence vers la fin où le marionnettiste veut écrire un livre et il dit "tiens, je vais peut-être l'intituler la double vie de... je sais pas...". En fait, je crois que l'approche qui me semblerait la plus intéressante, c'est de voir ce film comme un témoignage de la passion du réalisateur pour l'artisanat (il a dit à plusieurs reprises qu'il aurait aimé être un menuisier ou quelque chose comme ça, faire quelque chose de ses mains) : le film n'est ici pas vraiment mené par le réalisateur mais semble être mené par les artisans (c'est-à-dire en tout premier lieu le marionnettiste et écrivain qui tient le film à tous les niveaux et de façon moindre, le père de Véronique - qui referme d'ailleurs le film comme on finirait de recoudre un vêtement : il travaille son bois et sa fille s'arrête et pose la main sur un tronc d'arbre) et je trouve que ça se ressent aussi dans le régime spatial déployé par le film : les personnages (surtout dans la partie en Pologne) contemplent souvent à travers des vitres, il n'y a presque jamais rien de direct. J'ai par contre trouvé que ça rendait les scènes où Irène Jacob était nue assez gênantes parce que l'asymétrie dans la nudité donne vraiment l'impression que le réalisateur avait envie de se rincer l'œil - et le traitement du personnage du marionnettiste est un peu gênant aussi. Du point de vue de la technique, c'est assez chouette (il y a tout de même des plans mémorables) mais je dois dire que c'est tout de même assez monotone : les extérieurs en Pologne sont essentiellement dans le ton de Tu ne tueras point avec cette espèce de dominante jaune ; les scène intimistes sont souvent nimbées de verts et de rouge ; voilà, ça s'arrête un peu là ; par contre, j'ai bien aimé la musique Preisner. Dans tous les cas, je trouve qu'on arrive à quelque chose entre deux eaux, de pas mauvais mais d'un peu limité ; j'hésite à revoir les autres Kieślowski que j'aime/aimais par peur d'être autant (voire davantage) déçu.
Dernière édition par Emeryck le Dim 16 Avr 2023 - 9:59, édité 2 fois |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 9:36 | |
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| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33406 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 9:37 | |
| - Emeryck a écrit:
- Krzysztof Kieślowski : La double vie de Véronique
1991
J'avais découvert ce film il y a cinq ou six ans (c'est-à-dire lorsque j'ai commencé à regarder des films, plus ou moins) et j'en avais gardé un très bon souvenir (notamment visuellement) ; j'ai décidé de le revoir sur un grand écran et dans une très bonne qualité pour voir un peu ce qu'il en était - et parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un Kieślowski. Je dois dire que j'ai été pas mal déçu : j'ai trouvé que le film n'était vraiment pas hyper passionnant et ne savait pas tellement sur quel pied danser : on sent qu'il veut laisser la part belle au mystère dans la relation du personnage de Véronique mais qu'à la fois, il veut tout de même insister sur la symétrie de cette relation et là, on le voit en général arriver avec ses gros sabots - il y a par exemple cette séquence vers la fin où le marionnettiste veut écrire un livre et il dit "tiens, je vais peut-être l'intituler la double vie de... je sais pas...". En fait, je crois que l'approche qui me semblerait la plus intéressante, c'est de voir ce film comme un témoignage de la passion du réalisateur pour l'artisanat (il a dit à plusieurs reprises qu'il aurait aimé être un menuisier ou quelque chose comme ça, faire quelque chose de ses mains) : le film n'est ici pas vraiment mené par le réalisateur mais semble être mené par les artisans (c'est-à-dire en tout premier lieu le marionnettiste et écrivain qui tient le film à tous les niveaux et de façon moindre, le père de Véronique - qui referme d'ailleurs le film comme on finirait de recoudre un vêtement : il travaille son bois et sa fille s'arrête et pose la main sur un tronc d'arbre) et je trouve que ça se ressent aussi dans le régime spatial déployé par le film : les personnages (surtout dans la partie en Pologne) contemplent souvent à travers des vitres, il n'y a presque jamais rien de direct. J'ai par contre trouvé que ça rendait les scènes où Irène Jacob était nue assez gênantes parce que l'asymétrie dans la nudité donne vraiment l'impression que le réalisateur avait envie de se rincer l'œil - et le traitement du personnage du marionnettiste est un peu gênant aussi. Du point de vue de la technique, c'est assez chouette (il y a tout de même des plans mémorables) mais je dois dire que c'est tout de même assez monotone : les extérieurs en Pologne sont essentiellement dans le ton de Tu ne tueras point avec cette espèce de dominante jaune ; les scène intimistes sont souvent nimbées de verts et de rouge ; voilà, ça s'arrête un peu là ; par contre, j'ai bien aimé la musique Preisner. Dans tous les cas, je trouve qu'on arrive à quelque chose entre deux eaux, de pas mauvais mais d'un peu limité ; j'hésite à revoir les autres Kieślowski que j'aime/aimais par peur d'être autant (voire davantage) déçu. Découvert il y a peu ... je suis d'accord avec ta 1° impression, pas du tout avec la 2° ^^. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 9:57 | |
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 10:00 | |
| - Cololi a écrit:
- Emeryck a écrit:
- Krzysztof Kieślowski : La double vie de Véronique
1991 J'avais découvert ce film il y a cinq ou six ans (c'est-à-dire lorsque j'ai commencé à regarder des films, plus ou moins) et j'en avais gardé un très bon souvenir (notamment visuellement) ; j'ai décidé de le revoir sur un grand écran et dans une très bonne qualité pour voir un peu ce qu'il en était - et parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un Kieślowski. Je dois dire que j'ai été pas mal déçu : j'ai trouvé que le film n'était vraiment pas hyper passionnant et ne savait pas tellement sur quel pied danser : on sent qu'il veut laisser la part belle au mystère dans la relation du personnage de Véronique mais qu'à la fois, il veut tout de même insister sur la symétrie de cette relation et là, on le voit en général arriver avec ses gros sabots - il y a par exemple cette séquence vers la fin où le marionnettiste veut écrire un livre et il dit "tiens, je vais peut-être l'intituler la double vie de... je sais pas...". En fait, je crois que l'approche qui me semblerait la plus intéressante, c'est de voir ce film comme un témoignage de la passion du réalisateur pour l'artisanat (il a dit à plusieurs reprises qu'il aurait aimé être un menuisier ou quelque chose comme ça, faire quelque chose de ses mains) : le film n'est ici pas vraiment mené par le réalisateur mais semble être mené par les artisans (c'est-à-dire en tout premier lieu le marionnettiste et écrivain qui tient le film à tous les niveaux et de façon moindre, le père de Véronique - qui referme d'ailleurs le film comme on finirait de recoudre un vêtement : il travaille son bois et sa fille s'arrête et pose la main sur un tronc d'arbre) et je trouve que ça se ressent aussi dans le régime spatial déployé par le film : les personnages (surtout dans la partie en Pologne) contemplent souvent à travers des vitres, il n'y a presque jamais rien de direct. J'ai par contre trouvé que ça rendait les scènes où Irène Jacob était nue assez gênantes parce que l'asymétrie dans la nudité donne vraiment l'impression que le réalisateur avait envie de se rincer l'œil - et le traitement du personnage du marionnettiste est un peu gênant aussi. Du point de vue de la technique, c'est assez chouette (il y a tout de même des plans mémorables) mais je dois dire que c'est tout de même assez monotone : les extérieurs en Pologne sont essentiellement dans le ton de Tu ne tueras point avec cette espèce de dominante jaune ; les scène intimistes sont souvent nimbées de verts et de rouge ; voilà, ça s'arrête un peu là ; par contre, j'ai bien aimé la musique Preisner. Dans tous les cas, je trouve qu'on arrive à quelque chose entre deux eaux, de pas mauvais mais d'un peu limité ; j'hésite à revoir les autres Kieślowski que j'aime/aimais par peur d'être autant (voire davantage) déçu. Découvert il y a peu ... je suis d'accord avec ta 1° impression, pas du tout avec la 2° ^^. Mais c'est tout de même un peu chiant, non ? |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33406 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 10:09 | |
| - Emeryck a écrit:
- Cololi a écrit:
- Emeryck a écrit:
- Krzysztof Kieślowski : La double vie de Véronique
1991 J'avais découvert ce film il y a cinq ou six ans (c'est-à-dire lorsque j'ai commencé à regarder des films, plus ou moins) et j'en avais gardé un très bon souvenir (notamment visuellement) ; j'ai décidé de le revoir sur un grand écran et dans une très bonne qualité pour voir un peu ce qu'il en était - et parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un Kieślowski. Je dois dire que j'ai été pas mal déçu : j'ai trouvé que le film n'était vraiment pas hyper passionnant et ne savait pas tellement sur quel pied danser : on sent qu'il veut laisser la part belle au mystère dans la relation du personnage de Véronique mais qu'à la fois, il veut tout de même insister sur la symétrie de cette relation et là, on le voit en général arriver avec ses gros sabots - il y a par exemple cette séquence vers la fin où le marionnettiste veut écrire un livre et il dit "tiens, je vais peut-être l'intituler la double vie de... je sais pas...". En fait, je crois que l'approche qui me semblerait la plus intéressante, c'est de voir ce film comme un témoignage de la passion du réalisateur pour l'artisanat (il a dit à plusieurs reprises qu'il aurait aimé être un menuisier ou quelque chose comme ça, faire quelque chose de ses mains) : le film n'est ici pas vraiment mené par le réalisateur mais semble être mené par les artisans (c'est-à-dire en tout premier lieu le marionnettiste et écrivain qui tient le film à tous les niveaux et de façon moindre, le père de Véronique - qui referme d'ailleurs le film comme on finirait de recoudre un vêtement : il travaille son bois et sa fille s'arrête et pose la main sur un tronc d'arbre) et je trouve que ça se ressent aussi dans le régime spatial déployé par le film : les personnages (surtout dans la partie en Pologne) contemplent souvent à travers des vitres, il n'y a presque jamais rien de direct. J'ai par contre trouvé que ça rendait les scènes où Irène Jacob était nue assez gênantes parce que l'asymétrie dans la nudité donne vraiment l'impression que le réalisateur avait envie de se rincer l'œil - et le traitement du personnage du marionnettiste est un peu gênant aussi. Du point de vue de la technique, c'est assez chouette (il y a tout de même des plans mémorables) mais je dois dire que c'est tout de même assez monotone : les extérieurs en Pologne sont essentiellement dans le ton de Tu ne tueras point avec cette espèce de dominante jaune ; les scène intimistes sont souvent nimbées de verts et de rouge ; voilà, ça s'arrête un peu là ; par contre, j'ai bien aimé la musique Preisner. Dans tous les cas, je trouve qu'on arrive à quelque chose entre deux eaux, de pas mauvais mais d'un peu limité ; j'hésite à revoir les autres Kieślowski que j'aime/aimais par peur d'être autant (voire davantage) déçu. Découvert il y a peu ... je suis d'accord avec ta 1° impression, pas du tout avec la 2° ^^. Mais c'est tout de même un peu chiant, non ? Pour ma part, la magie a marché. Je trouve l'esthétique, les formes, le propos assez originaux, donc je valorise cet aspect. Que tu me dises que ça aurait pu être potentiellement être plus abouti, ce n'est pas impossible. Très difficile d'être complètement définitif car je sens en moi une petite réserve ... mais la magie de ce film l'emporte. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 10:32 | |
| Philippe Faucon : L'amour 1990 + Ce film est le tout premier long-métrage (très méconnu) de Philippe Faucon, on est un peu entre Maurice \textbf{Pialat} et Claire Denis. Je parle de Claire Denis parce que le film m'a un peu fait penser à US go home (en moins bien, pas la même bande originale) : des adolescent(e)s adolescentes, la fin des vacances d'été approche, iels sortent, iels rencontrent des gens, iels discutent, iels flirtent. C'est assez réussi d'autant que les acteurices (dont c'était le premier film, apparemment) sont assez naturel(le)s ; il y a également quelques scènes assez marrantes, d'autres plus touchantes. Ce n'est peut-être pas un film dont je me souviendrai encore plusieurs années après mais c'est agréable, peut-être un peu trop lisse. |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 16:11 | |
| Laura Wandel : Un monde 2021 Ce film est le premier long-métrage de la réalisatrice belge Laura Wandel, il met en son centre un frère harcelé à l'école et sa sœur qui ne sait pas trop comment réagir. Les films parlant de problèmes aussi destructeurs et graves sont souvent extrêmement casse-gueules : ces films ont à la fois pour vocation de renseigner sur ces problèmes mais surtout (à mon avis) en premier lieu doivent être destinés aux personnes concernées ; beaucoup de films dérivent vers le premier aspect et sont également pris dans une dramaturgie dangereuse : créer à tout prix du drama pour que ça frappe les gens et même si ça vire de moins en moins vers la romantisation (comme on a pu la trouver dans des films comme Requiem for a dream d'Aronofsky), c'est souvent au mépris total des personnages qui sont alors exclusivement définis par le fait d'avoir tel ou tel problème - on s'éloigne donc du deuxième pôle. Ce travers ne vient bien sûr pas de nulle part : il vient du fait qu'il faille financer le film (et qu'il faille donc toucher des producteurices bourgeoi(se)s) mais aussi à mon avis de la difficulté à parfois émanciper son propos de tout didactisme - ici, c'est plus une extension de cette logique de l'inégalité répétée : il faut absolument toucher les gens sinon iels vont décrocher ; d'ailleurs, c'est amusant de voir qu'on peut produire des tonnes de films où il ne se passe rien mais dans un contexte bourgeois et ça ne pose aucun problème ; je ne dis pas que ces films sont forcément un problème mais ça montre bien qu'il y a une différence : si ce n'est pas bourgeois, il faut de la violence, il faut que ça hurle, que ça pleure et il faut que ça tende la main au bourgeois, qu'il puisse compatir. Le film de Wandel s'échappe un peu de ça en proposant un récit qui semble comme pris en cours en route (pareil pour la fin qui ne prévient pas) ; bien sûr, ça n'empêche pas en théorie le film de s'engouffrer dans ce que j'ai décrit au-dessus mais je crois que ça réduit les risques : s'il n'y a pas à faire de fin qui s'annonce, la logique de quelque apothéose que ce soit s'impose moins évidemment d'elle-même ; ici, je crois que ça agit un peu comme garde-fou pour le film. Le film a en gros quatre moments principaux : le premier où la sœur est confrontée au harcèlement de son frère, le deuxième où le père intervient (et le personnel éducatif s'en occupe avec une maladresse assez formelle), le troisième où la sœur veut tout de même se faire des ami(e)s donc elle commence à nourrir une colère pour son frère (non pas feinte mais sans doute (ponctuellement) véritable) puis son frère devient à son tour un bourreau. Si le film ne donne pas dans la sur-dramatisation, j'ai tout de même trouvé que ses personnages n'étaient pas vraiment caractérisés en dehors du fait d'avoir des problèmes - mais les autres personnages ne sont pas beaucoup plus caractérisés non plus, cela dit. J'ai toutefois assez apprécié le film : il est très ramassé (à peine plus d'une heure dix), le film est complètement filmé à la hauteur de la taille moyenne d'un enfant de sept ou huit ans, il se déroule également totalement à l'école et enfin, le frère et la sœur sont interprétés (respectivement par Günter Duret et Maya Vanderbeque) de façon vraiment convaincante. |
| | | Francesco Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4116 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 17:01 | |
| Alors là, il faut que tue définisses "bourgeois" parce que, par exemple, le mélodrame américain classique s'est construit sur la représentation des familles bourgeoises, patriarcales, leur dysfonctionnement et leur violence (avec précisément son pesant de hurlement et de souffrance). Il est possible que je n'ai rien compris à ce que tu as écrit, mais je trouve ça très délicat et univoque, comme approche. Si tu veux voir une famille bourgeoise, voir très grand bourgeoise, exploser en vol, regarde, par exemple, Soudain l'été dernier ... (ou pas mal de films adaptés du théâtre américain). |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2095 Age : 43 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 21:52 | |
| - Cololi a écrit:
Très difficile d'être complètement définitif car je sens en moi une petite réserve ... mais la magie de ce film l'emporte. Je ne l'ai pas revu depuis fort longtemps, mais je suis totalement de ton avis... sans la réserve . La Double vie de Véronique, c'est l'un de mes films fétiches, je pourrai même dire un film doudou, du coup je ne peux même pas être objectif. |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33406 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 16 Avr 2023 - 22:26 | |
| - Francesco a écrit:
- Soudain l'été dernier ... (ou pas mal de films adaptés du théâtre américain).
C'est sûr que c'est un (excellent) brûlot contre la famille bourgeoise (je ne connais rien au théâtre américain, mais c'est sûr que au-delà du génie Mankiewicz - qui a eu des pb pendant le mccarthisme c'est bien ça ? - ça met en lumière Tennessee Williams). _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Francesco Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4116 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Avr 2023 - 8:14 | |
| Oh, ben un petit coup d'oeil à Long Voyage du jour à la nuit (Lumet, d'après O'Neil), ça pulvérise presque Soudain l'été dernier Là, on a une mère de famille en robe longue complètement morphinomane qui se traine par terre en hurlant (saisissante interprétation de Katharine Hepburn, à nouveau). Tout le film est sur l'abus paternel. Sur le harcèlement dans les milieux privilégiés on peut voir le très beau Thé et sympathie de Minnelli, également d'après une production de Broadway célèbre). Mais enfin les contre-exemples à la théorie d'Emeryck (si je l'ai bien comprise) sont nombreux et même fondateurs pour le genre (voir l'article de Thomas Elsaesser qui voit justement chez Sirk et Minnelli un ressassement du thème de l'éclatement familial douloureux dans le cadre bourgeois). Alors je me dis que si ça me frappe dans le domaine où j'ai des compétences (si tant est que j'en ai, évidemment), un spécialiste, mettons de Bollywood, aurait probablement des objections autres (ou en tout cas des contre-exemples). |
| | | Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14430 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Avr 2023 - 10:07 | |
| - Francesco a écrit:
- Alors là, il faut que tue définisses "bourgeois" parce que, par exemple, le mélodrame américain classique s'est construit sur la représentation des familles bourgeoises, patriarcales, leur dysfonctionnement et leur violence (avec précisément son pesant de hurlement et de souffrance). Il est possible que je n'ai rien compris à ce que tu as écrit, mais je trouve ça très délicat et univoque, comme approche. Si tu veux voir une famille bourgeoise, voir très grand bourgeoise, exploser en vol, regarde, par exemple, Soudain l'été dernier ... (ou pas mal de films adaptés du théâtre américain).
Je pense qu'on emploie le mot bourgeois dans le même sens : dans ce post, lorsque je l'emploie, je veux dire l'assemblée de la culture légitime - ce n'est donc pas disjoint de la définition usuelle. Ce que je voulais dire, c'est que parmi les films récents (disons qui sont sortis il y a dix ans ou moins), ceux qui se veulent représentatifs des minorités sont en fait souvent faits pour le/la spectateurice bourgeois(e) plutôt que pour ces minorités - sans parler des variations autour du white savior du type Ténor ou Le brio qui forment presque un genre à part entière, j'avais en tête des films comme ceux de Lukas Dhont ou même des films comme XXY de Lucia Puenzo : il faut toujours que ce soit une tragique expérience de la douleur. (Ça, ça me semble de notoriété publique.) J'ajoutais que cette manie était sans doute (en partie, bien sûr) une conséquence du fait que tous les producteurices soient des bourgeoi(se)s - et de tout façon, maintenant, le financement des films a bien changé : les banques y ont une grande part, les chaînes de télé aussi, etc. (du coup, il faut aussi convaincre de plus en plus de gens) - mais que ça venait également du fait qu'il faille convaincre le producteur ; je pense que ce dernier point favorise le fait que le film se retrouve coincé dans une dramaturgie brossant le bourgeois dans le sens du poil : soit en le mettant au statut d'adjuvant, soit en le faisant compatir. À cet égard, je pense que les multiples sélections des Dardenne au festival de Cannes (avec même en 2022 l'introduction d'un nouveau prix parce qu'ils avaient déjà eu tous les autres) sont assez éloquentes. En guise de remarque, je parlais également de l'asymétrie entre l'expérience bourgeoise légitime et toutes les autres expériences illégitimes en disant que ça ne pose de problème à personne lorsque des bourgeois vivent juste leur vie dans un film (ce qui arrive fréquemment, c'est un presque un gimmick des gens pour critiquer le cinéma français) - ça ne me dérange pas (c'est dire, j'aime beaucoup les films de Desplechin) mais c'est cette asymétrie qui me dérange. Ça ne se restreint pas au monde cinématographique, bien sûr : lors de la sortie de Pour en finir avec Eddy Bellegueule, on avait beaucoup dit qu'Édouard Louis manquait de subtilité ou alors que non, ce genre de choses n'arrivaient pas, c'était exagéré tandis qu'Annie Ernaux est reléguée au stade de l' écriture plate - parce qu'elle a eu le malheur de l'utiliser (sans doute par croyance bourdieusienne), tou(te)s les bourgeoi(se)s se sentent légitimes à utiliser ce terme. J'ajoutais que les films qui ne relataient pas d'expérience bourgeoise tombaient souvent sous le coup de cette image du peuple grouillant, d'un bruit indistinct - et c'est sans doute également entretenu par cette conception très hystérisante du jeu : on ne peut obtenir d'intensité qu'en gesticulant dans tous les sens. Tu me dis que beaucoup de films (américains, notamment) mettent en scène des familles bourgeoises qui implosent/explosent et effectivement, tu as tout-à-fait raison mais ce n'est pas du tout ce que je dis : je parlais de la représentation des minorités (au sens de personnes qui diffèrent en au moins un point du fait d'être un homme blanc hétéro et cis - ça y est, les mots sont lâchés ! ) et pas des bourgeois. J'espère que c'est un peu plus clair. (Alors bien sûr, il y a d'autres points dont on pourrait parler (qui fait ces films, l'interiorisation de certains choses (même si ça me semble un peu délicat), etc.) et certaines sur lesquelles je passe un peu vite. Vu que je ne vis plus en France, je vais également moins au cinéma donc il y a peut-être des films à côté desquels je suis passé.) Je ne dis pas ça méchamment mais je remarque qu'à chaque fois qu'on me répond, c'est toujours selon une logique d'inversion : oui mais les bourgeois aussi... alors qu'un des points que je répète souvent c'est qu'en général, les choses ne sont pas symétriques. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91596 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 17 Avr 2023 - 18:34 | |
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| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Avr 2023 - 9:56 | |
| - Cololi a écrit:
- mais c'est sûr que au-delà du génie Mankiewicz - qui a eu des pb pendant le mccarthisme c'est bien ça ? -
Si le sujet t'intéresse tu as un super livre qui s'appelle "Les délateurs" de Victor Navasky qui raconte justement les difficultés de Mankiewicz à l'époque. Les faits sont également relatés dans le livre Mankiewicz, une bio et analyse de son oeuvre par Pascal Mérigeau. En gros, Mankiewicz est président de la ligue des réalisateurs en 1950 alors qu'un groupe pro-maccarthysme mené par Cecil B. DeMille souhaite faire signer aux membres du syndicat un serment de loyauté, affirmant qu'ils n'ont aucun lien avec le parti communiste. Mankiewicz convoque alors une assemblée générale d'anthologie où tous les grands réalisateurs américains d'alors se retrouvent. DeMille profite de cette assemblée pour lire la liste de tous les réalisateurs qui ont apporté leur soutien à Mankiewicz dans une lettre commune et qui sont contre la signature de ce serment (dont Elia Kazan). Mankiewicz raconte alors que c'est John Ford qui va prendre la parole pour le défendre. Le discours exact n'est pas clair, selon Mankiewicz il est virulent contre DeMille mais dans d'autres sources il est plus nuancé. Dans le livre de Joseph McBride sur Ford il est d'ailleurs dit que Ford se rangera par la suite du côté de DeMille en lui envoyant une lettre de soutien. Mankiewicz est réélu en tant que président du syndicat lors d'un vote de confiance. Et au final, il propose de signer tout de même le serment de loyauté par tranquillité. |
| | | Francesco Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4116 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Avr 2023 - 13:26 | |
| En fait, ce qui m'a perturbé dans l'argumentation c'était de dire directement, au delà de toute la question des différents systèmes et des différentes époques, c'est le rapport induit entre producteur et écriture du film. D'abord, si "bourgeois" signifie "homme blanc hétérosexuel cisgenre" je ne comprends plus la place de la productrice là dedans (est-ce qu'elle se retrouve dans la peinture simple de l'homme blanc hétérosexuel cisgenre" en tant que femme ? Est-ce qu'elle jouit comme son comparse masculin de la représentation hystérique de la souffrance de "l'autre" alors qu'elle est aussi l'autre, en tant que femme ?). Ensuite, pour ce que je sais du système (encore une fois, du petit bout de ma lorgnette, américain classique) c'est que le producteur pour rentrer dans ses sous doit avant tout prendre en compte les goût du public. Ca c'est une règle qui est impossible à dépasser pour du cinéma commercial, pour ainsi dire (récemment, je me suis même fait taper sur les doigts pour ne pas l'avoir assez mis en avant dans un article qui semblait adopter ton système de pensée, même s'il en tirait d'autres conclusions) Qui va au cinéma alors ? Uniquement les bourgeois ? (même si j'admets l'argument qui veut que le "non bourgeois" ait intégré le système de pensée bourgeois). Sur l'autre plan, voir Lessing par exemple, on a quand même tendance à penser la souffrance est en soi un spectacle et que le stoïcisme tend à être "antidramatique". Si on rajoute (même si cet aspect ne t'intéresse pas) que cette représentation démonstrative des affects permet un espace de jeu important pour l'acteur, on peut se dire aussi que la pornographie émotionnelle articulée au misérabilisme dont tu parles s'insère dans un paradigme plus large qui potentiellement concerne également la représentation de la bourgeoisie (à prendre ici, disons, au sens de classe privilégiée). Moi je vois bien de l'hystérie dans les déchirements familiaux chez Despléchin (un Conte de Noël par exemple). Je ne connais rien au cinéma récent, donc ça désamorce totalement notre discussion au fond . Simplement je constate, pour la question de la symétrie, qu'une star comme Jean Gabin, s'est entièrement construite (lire les études de Vincendeau par exemple) sur un rapport de proximité avec le public "populaire" tout en maintenant un "style radio" de jeu, qui exclut de fait l'hystérie que tu signales (mais c'est un homme blanc hétérosexuel cisgenre - je ne parle pas de sa biographie, mais de sa persona. Du coup, est-ce un bourgeois ou pas ?). Ou encore que le cinéma de Becker a une approche totalement décontractée, à la fois souriante et "réaliste" de la peinture du "non bourgeois" à l'écran. Pour revenir vers le cinéma américain classique, le sous-genre qu'on appelle "l'Americana" (un sous-genre que j'adore d'ailleurs) travaille en profondeur sur l'esprit américain sous ses couleurs les plus avantageuses tel que le "non bourgeois" peut les illustrer. Et Borzage ... et Capra ... - (même si je n'aime pas passer par l'argument de l'auteur) toute cette idéologie selon laquelle il faut se méfier du nanti ... (mais là, je m'avance en terrain miné, je n'ai pas travaillé sur la question). Malgré tout, ces films ont été produits ... par des "bourgeois" qui prenaient en compte le goût du public. Enfin bref, je m'éloigne du sujet, je comprends mieux ton point de vue à la relecture de ton mail, tu émets une hypothèse vis à vis d'un cinéma français récent, certainement étayée par des lectures et des analyses, j'étais simplement heurté par une phrase d'accroche que je trouvais "universaliste" et donc problématique.
Dernière édition par Francesco le Mar 18 Avr 2023 - 17:30, édité 2 fois |
| | | néthou JazzAuNeth
Nombre de messages : 2030 Date d'inscription : 04/03/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Avr 2023 - 15:16 | |
| - Francesco a écrit:
- Alors là, il faut que tue définisses "bourgeois" ...
Non non, sur un clavier azerty, le "u" et le "e" sont assez éloignés... Sinon, je rejoindrais volontiers Emeryck et son regard sur le cinéma français contemporain, avec trop souvent un parti-pris (bourgeois ?) sur la représentation du "populaire" (ou même tout simplement du quotidien). Moins sur une opposition bourgeois/prolo (pour simplifier) que sur Intello-études/...autres. Ça manque un peu de regard neutre, "plat", équivalent cinéma de la littérature d'Ernaux. Un peu comme le cinéma de Stéphane Brizé qui met souvent en scène ce quotidien "plat", des milieux et métiers de "Mr Tout le monde" sans verser dans le misérabilisme, la caricature ou le documentaire. |
| | | Francesco Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4116 Localisation : Paris Date d'inscription : 20/05/2010
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Avr 2023 - 16:38 | |
| En même temps, je suis moi même issu d'une (toute petite) bourgeoisie, des gens qui depuis la fin du XIXème et le début du XXème ont été fonctionnaires ou militaires de carrière, dont les (2) enfants allaient au lycée etc. Je ne vais pas me tirer une balle dans le pied (et même si, en tant que prof, agrégé ou pas, diversifiant ses heures dans le sup ou pas, je considère que j'ai plutôt entamé une descente sociale ). |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33406 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 18 Avr 2023 - 16:49 | |
| C'est pas facile comme débat.
Mais ... perso, je vais citer un exemple pour fixer les idées : Chronique d’une liaison passagère de Mouret ! Et bien je l'ai trouvé pénible car là ... on est dans le cinéma bourgeois au carré, au cube ... C'est une bourgeoisie qui universalise ses affects ... et en admiration béate devant elle-même ... sans la moindre distance, la moindre ironie. Je peux le dire facilement ... car j'ai beaucoup aimé certains Mouret. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Charlym Mélomane averti
Nombre de messages : 475 Localisation : Paris Date d'inscription : 15/06/2010
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 19 Avr 2023 - 2:28 | |
| Le film de Mouret est un film bourgeois mais qui se revendique comme tel. On n'est pas très loin de Rohmer. De nombreux artistes, auteurs, écrivains, peintres, cinéastes ont fait de l'art ainsi, c'est un contexte, qui peut être parfois critique, mais qui peut aussi tendre à l'universel à travers les portraits psychologiques ou archétypaux des personnages. Plus problématiques sont les films bourgeois eux aussi (en effet une tendance du cinéma français), mais qui participent du récit de justification morale et intellectuelle de la classe bourgeoise à travers sa vision de certaines classes populaires ou de certaines "minorités", et il y a des tendances en fonction du vent sociétal du moment. On ne peut pas dire que le cinéma social à la Pasolini ou Ken Loach soit une tendance française.
Quant à l'argument de la production qui doit satisfaire le spectateur pour rentrer dans ses frais, ce n'est pas vraiment le cas dans le contexte du cinéma français très subventionné. Il y a pléthore de films qui ne dépassent pas les 50 000 entrées et dont les réalisateurs continuent de bénéficier des aides des chaines ou autres subventions pour faire tourner ce milieu, plutôt bourgeois en effet. |
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