Votre dernier film visionné

Parsifal a écrit:

Napoléon vu par Abel Gance

(...)

Voir le film en salle était un rêve de très longue date, et je suis très heureux d'avoir vécu cette expérience

Spoiler:

Le Royaume des abysses, Tian Xiaopeng

Film d'animation chinois, pour changer du Japon.

Le visuel est à tuer  . Bon moins les perso 3D assez classiques plus ou moins réussis. Par contre, ils évoluent dans des décors fourmillants de détails et de couleurs qui régalent les pupilles.







Et des plans comme ça, il y en a plein, c'est pas juste une transition tape à l'œil isolée du reste.

Pour le scénario, on est dans le conte initiatique d'une gamine qui se retrouve dans un monde de Fantasy marine. Ça lorgne donc évidemment du côté de Alice au pays des Merveilles / Chihiro, avec une pointe d'Odysée de Pi. L'histoire est globalement triste, avec des lueurs d'espoir dans la tentative de se reconstruire.

C'est au niveau de la narration que ça pêche un peu : passé l'intro, c'est assez speed et un peu décousu. Donc on en a plein la vue avec les visuels qui se déploient, mais on peut avoir du mal à s'immerger (désolé du jeu de mots). Et le dernier tiers, ça ressasse au contraire un peu trop les thèmes. Bon, là, vu qu'en ce moment je suis à fleur de peau, ça ne m'a pas gêné et j'ai chialé comme un débile, mais ça peut éloigner certains.

Donc pour ma note, je tape haut, car mes barrières mentales au niveau de l'histoire et de la narration étaient grandes ouvertes. Si vous êtes rebutés mais qu'une image bluffante est importante pour vous, comptez un point de moins... et donc un score encore plus bas si vous n'êtes pas particulièrement des fans de visuel.

Golisande a écrit:

Ce film m’impressionne/intimide au moins autant que ton post… J’imagine que le propos est tout de même légèrement moins gênant que pour Naissance d’une nation (ne serait-ce qu’en raison de la distance avec l’époque concernée)…

Un collégue maitre de conf qui était avec moi à la projection à fait remarquer après le film que quand même Napoléon enfant était un beau "petit aryen" quand ses adversaire semblait avoir plus typé en "métèque" selon la terminologie maurassienne, mais pour le coup c'est plus de l'ordre de l'inconscient culturel d'une époque que dans l'articulation d'une idéologie dont le racisme est la clef de voute comme c'est le cas dans Naissance d'une Nation.
Non le film n'est pas aussi gênant que le Griffith quand même (mais après même Le Triomphe de la volonté n'est pas aussi gênant que le Griffith...), surtout il ne se limite pas simplement à une célébration du pouvoir charismatique, on devine aussi derrière le film le pacifisme de Gance (oui c'est paradoxale mais ça transparait dans certaine réplique présenté en tant qu'idéal à atteindre) et son aspiration à la république universelle. Bref la dimension potentiellement fascisante du film ne peut pas être complétement balayée mais si on remet le film dans l'oeuvre de Gance je pense qu'on voit d'autres liens idéologiques.

Sinon pour le côté impressionnant, pour un film de 7h le rythme est très soutenu et il y a quand même de l'humour par endroit: la bataille de boule de neige au début est absolument charmante pas du tout sur le mode épique monumentale même si elle est spectaculaire, Napoléon perdu en mer secouru par un bateau nommé le hasard qui croise la route d'un navire anglais a bord duquel un nommé Nelson observe à la longue vue et demande à son capitaine l'autorisation de faire feu sur le navire suspect pour se voire répondre qu'il est inutile de perdre du temps avec des embarcations de pécheurs sans importance. Le bal des victimes avec Joséphine qui séduit Napoléon et le mariage express de Joséphine et Napoléon (cette scène était illustré par la septième de Chosta, c'était très déroutant au début mais finalement ça fonctionnait très bien). C'est certes un film monumental mais pas monolithique non plus (et c'est plein de scènes plus intimes qui rendent à l'épopée une certaine dimension humaine).

Alifie a écrit:

Parsifal a écrit:

Napoléon vu par Abel Gance

(...)

Voir le film en salle était un rêve de très longue date, et je suis très heureux d'avoir vécu cette expérience

Vu en 1971 au Kinopanorama la version de 4h30, Bonaparte et la Révolution : souvenir subsistant (c'est un peu loin) : !!

Pour la petite histoire, il y a eu un film du Fidelio de Beethoven, réalisé par Pierre Jourdan, non pas un film-opéra mais une représentation filmée au festival d'Orange en 1977 pour le cinéma, avec au passage une distribution de dingo (Gundula Janowitz, Jon Vickers, Théo Adam, dir.Zubin Mehta); film que j'ai vu.
Pendant toute l'ouverture, plutôt que filmer l'orchestre, le réalisateur avait mis un montage d'extraits du Napoléon d'Abel Gance.

Cyril Schäublin
Désordres (Unrueh)

Emeryck m'avait donné envie de le voir, après en avoir fait l'éloge à plusieurs reprises. Beaucoup aimé.

Peut-être suis-je un peu resté sur ma faim concernant le versant historique naissance de l'anarchisme : les tensions avec les marxistes, qui aboutiront à la scission de la 1ère Internationale, sont à peine évoquées ; l'articulation entre le travail de géographe de Pierre Kropotkine et son engagement anarchiste pourrait être plus développé ; le licenciement pour appartenance à des syndicats anarchistes - préfiguration d'un anarcho-syndicalisme - de trois ouvrières, opéré dans une froideur très suisse, semble presque se dissoudre sans effet. C'est d'ailleurs un des marqueurs du film, qu'une certaine bonhomie pateline (l'amabilité des forces de l'ordre ; la lecture intéressée - à tout point de vue - de la presse anarchiste par le directeur d'usine, …) s'accompagne de sanctions pourtant sévères (la prison - où l'on est autorisé·e à emporter ses outils de travail, pour son bien et celui de l'Entreprise -, le licenciement, l’interdiction de vote, de fréquenter certains lieux, …). L'édition en DVD, excellente, aux éditions shellac, s'accompagne d'un livret fourni, qui permet de resituer ce contexte historique.

J'ai été très séduit, outre l’intérêt de documentation porté par le film (même si j'aurais souhaité en savoir plus), par le tissage des thématiques : la maîtrise du temps, dans ces composantes d'ingéniosité, et aussi de pouvoir (jusqu'à l'absurde) ; le travail comme fierté d'artisan·e (la scène magnifique où Joséphine explique son travail de mise au point des balanciers) et aussi aliénation (ce même souci du travail d'artisan·e-orfèvre, qui fabrique aussi les pointeuses ; les chronomètres qui mesurent la rentabilité de ceux-celles qui les fabriquent !). Et aussi la façon de cadrer : les gros plans sur la fabrication (ces balanciers vibratiles, où l'on comprend si bien le double sens, si je ne fais pas de bourde : Unrueh - pièce de mécanisme ; unruhig - agité, intranquille - qui explique plus qu'Élisée Reclus l'ordre-désordre du titre français) ; les cadrages lointains à plat, presque abstraits (certaines vues d'atelier, sans perspective, axonométriques, font penser à des estampes japonaises) où l'activité humaine prend place sans que nous puissions toujours y trouver de point focal.

Le DVD s'accompagne d'un second film Ceux qui vont bien (2017), que je n'ai pas encore vu. Mais je me promets de poursuivre dans la filmographie de Cyril Schäublin

Lifeforce

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Body bags



Five

xoph a écrit:

Cyril Schäublin
Désordres (Unrueh)

Emeryck m'avait donné envie de le voir, après en avoir fait l'éloge à plusieurs reprises. Beaucoup aimé.

Peut-être suis-je un peu resté sur ma faim concernant le versant historique naissance de l'anarchisme : les tensions avec les marxistes, qui aboutiront à la scission de la 1ère Internationale, sont à peine évoquées ; l'articulation entre le travail de géographe de Pierre Kropotkine et son engagement anarchiste pourrait être plus développé ; le licenciement pour appartenance à des syndicats anarchistes - préfiguration d'un anarcho-syndicalisme - de trois ouvrières, opéré dans une froideur très suisse, semble presque se dissoudre sans effet. C'est d'ailleurs un des marqueurs du film, qu'une certaine bonhomie pateline (l'amabilité des forces de l'ordre ; la lecture intéressée - à tout point de vue - de la presse anarchiste par le directeur d'usine, …) s'accompagne de sanctions pourtant sévères (la prison - où l'on est autorisé·e à emporter ses outils de travail, pour son bien et celui de l'Entreprise -, le licenciement, l’interdiction de vote, de fréquenter certains lieux, …). L'édition en DVD, excellente, aux éditions shellac, s'accompagne d'un livret fourni, qui permet de resituer ce contexte historique.

J'ai été très séduit, outre l’intérêt de documentation porté par le film (même si j'aurais souhaité en savoir plus), par le tissage des thématiques : la maîtrise du temps, dans ces composantes d'ingéniosité, et aussi de pouvoir (jusqu'à l'absurde) ; le travail comme fierté d'artisan·e (la scène magnifique où Joséphine explique son travail de mise au point des balanciers) et aussi aliénation (ce même souci du travail d'artisan·e-orfèvre, qui fabrique aussi les pointeuses ; les chronomètres qui mesurent la rentabilité de ceux-celles qui les fabriquent !). Et aussi la façon de cadrer : les gros plans sur la fabrication (ces balanciers vibratiles, où l'on comprend si bien le double sens, si je ne fais pas de bourde : Unrueh - pièce de mécanisme ; unruhig - agité, intranquille - qui explique plus qu'Élisée Reclus l'ordre-désordre du titre français) ; les cadrages lointains à plat, presque abstraits (certaines vues d'atelier, sans perspective, axonométriques, font penser à des estampes japonaises) où l'activité humaine prend place sans que nous puissions toujours y trouver de point focal.

Le DVD s'accompagne d'un second film Ceux qui vont bien (2017), que je n'ai pas encore vu. Mais je me promets de poursuivre dans la filmographie de Cyril Schäublin

Comme tu le dis, je pense que le film ne vaut pas plus qu'une note de bas de page (bon, j'exagère un peu quand même) si on le prend comme une introduction (informative plutôt que référentielle) à la naissance de l'anarchisme — et même à la figure de Pierre Kropotkine.

Oui, la maîtrise du temps m'a aussi beaucoup plu (et la qualité de la mise-en-scène ainsi que de la photo) et dramatiquement, j'ai beaucoup aimé la manière dont le film met en exergue l'écart et la menace perturbatrice/insurrectionnelle — et le double sens (merveilleux) du titre va effectivement dans ce sens. Il y a aussi toutes ces séquences (qui deviennent presque des running gags) où les temps ne peuvent jamais s'accorder.

Léa Domenach : Bernadette        2023


Ce film est le premier long-métrage réalisé par Léa Domenach, le pitch est assez balisé : c'est un film centré autour de Bernadette Chirac, notamment dans sa relation avec son mari (le film commence juste avant les élections de 1995 et s'achève au moment où Nicolas Sarkozy fait campagne pour les présidentielles de 2007) mais aussi dans son implication plus directe dans la vie publique/politique. J'avoue que je savais pas à quoi m'attendre parce que ce genre de films sur des personnalités politiques est rapidement bien gênant (le film Présidents d'Anne Fontaine fait figure d'exemple solide) mais je trouve que là, le film s'en sort plutôt pas trop mal : c'est divertissant, ça se veut léger, ça balance des piques à droite à gauche (enfin, surtout à droite, du coup...) ; l'esthétique est aussi dans cette lignée : on hésite pas, j'ai l'impression qu'il y a vraiment un plaisir de la vignette, de croquer des portraits (Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin et dans une moindre mesure Xavier Bertrand — l'acteur qui le joue lui ressemble de manière assez impressionnante) et des séquences. Parce que du côté de la chronologie, j'ai trouvé ça assez mal fichu : on voit que le film se structure principalement sur les échéances électorales mais je trouve que ça ne marche pas trop, on a toujours l'impression que le film est en train de courir alors que ce n'est pas du tout son caractère, c'est assez curieux.

José Giovanni : Les égouts du paradis        1979

  + / 
Ce film est une adaptation du roman homonyme d'Albert Spaggiari et raconte donc le déroulé de ce que l'on a appelé le "casse du siècle", c'est-à-dire le braquage de la salle des coffres de la Société Générale de la rue de l'hôtel des postes à Nice commis en 1976 par une bande de gars à laquelle appartenait Spaggiari. Il faut dire que l'opération est romanesque et longuement mijotée : entre la mise en contact des différents protagonistes du braquage, les repérages successifs, le passage par les égouts via la jetée du Paillon, l'épisode de perçage du tunnel et d'avancée lente jusqu'à la salle des coffres ; et puis ça ne s'arrête pas là, il y a aussi l'arrestation, la manière dont Spaggiari assume tout et se donne le rôle de cerveau de l'opération (ce qui est à l'heure actuelle assez contesté). J'ai trouvé le film plutôt divertissant mais certaines scènes sont tout de même étirées au-delà du raisonnable sans que ça ne serve la dramaturgie (je pense par exemple à la séquence de creusée du tunnel ou même à celle de l'exploration de la salle des coffres) et puis le fait que la réalisation soit absolument quelconque n'aide pas trop... À quoi bon faire du cinéma dans ce cas ?

Les Bonnes femmes

Un jeune sudiste est chargé d'empêcher un régiment de rebelles d'attaquer un fort. Le commandant de ce régiment est un traître. Il a pactisé avec des hors-la-loi pour s'emparer de l'or pendant l'assaut.
Film Spaghetti dans le genre de l'époque...
Mais il est vraiment très bien !

Emeryck a écrit:

xoph a écrit:

Cyril Schäublin
Désordres (Unrueh)

Emeryck m'avait donné envie de le voir, après en avoir fait l'éloge à plusieurs reprises. Beaucoup aimé.

Peut-être suis-je un peu resté sur ma faim concernant le versant historique naissance de l'anarchisme : les tensions avec les marxistes, qui aboutiront à la scission de la 1ère Internationale, sont à peine évoquées ; l'articulation entre le travail de géographe de Pierre Kropotkine et son engagement anarchiste pourrait être plus développé ; le licenciement pour appartenance à des syndicats anarchistes - préfiguration d'un anarcho-syndicalisme - de trois ouvrières, opéré dans une froideur très suisse, semble presque se dissoudre sans effet. C'est d'ailleurs un des marqueurs du film, qu'une certaine bonhomie pateline (l'amabilité des forces de l'ordre ; la lecture intéressée - à tout point de vue - de la presse anarchiste par le directeur d'usine, …) s'accompagne de sanctions pourtant sévères (la prison - où l'on est autorisé·e à emporter ses outils de travail, pour son bien et celui de l'Entreprise -, le licenciement, l’interdiction de vote, de fréquenter certains lieux, …). L'édition en DVD, excellente, aux éditions shellac, s'accompagne d'un livret fourni, qui permet de resituer ce contexte historique.

J'ai été très séduit, outre l’intérêt de documentation porté par le film (même si j'aurais souhaité en savoir plus), par le tissage des thématiques : la maîtrise du temps, dans ces composantes d'ingéniosité, et aussi de pouvoir (jusqu'à l'absurde) ; le travail comme fierté d'artisan·e (la scène magnifique où Joséphine explique son travail de mise au point des balanciers) et aussi aliénation (ce même souci du travail d'artisan·e-orfèvre, qui fabrique aussi les pointeuses ; les chronomètres qui mesurent la rentabilité de ceux-celles qui les fabriquent !). Et aussi la façon de cadrer : les gros plans sur la fabrication (ces balanciers vibratiles, où l'on comprend si bien le double sens, si je ne fais pas de bourde : Unrueh - pièce de mécanisme ; unruhig - agité, intranquille - qui explique plus qu'Élisée Reclus l'ordre-désordre du titre français) ; les cadrages lointains à plat, presque abstraits (certaines vues d'atelier, sans perspective, axonométriques, font penser à des estampes japonaises) où l'activité humaine prend place sans que nous puissions toujours y trouver de point focal.

Le DVD s'accompagne d'un second film Ceux qui vont bien (2017), que je n'ai pas encore vu. Mais je me promets de poursuivre dans la filmographie de Cyril Schäublin

Comme tu le dis, je pense que le film ne vaut pas plus qu'une note de bas de page (bon, j'exagère un peu quand même) si on le prend comme une introduction (informative plutôt que référentielle) à la naissance de l'anarchisme — et même à la figure de Pierre Kropotkine.

Oui, la maîtrise du temps m'a aussi beaucoup plu (et la qualité de la mise-en-scène ainsi que de la photo) et dramatiquement, j'ai beaucoup aimé la manière dont le film met en exergue l'écart et la menace perturbatrice/insurrectionnelle — et le double sens (merveilleux) du titre va effectivement dans ce sens. Il y a aussi toutes ces séquences (qui deviennent presque des running gags) où les temps ne peuvent jamais s'accorder.

Après avoir visionné
Ceux qui vont bien (2017 - son premier film)

Je suis frappé par les similitudes de construction, ou formelles : comme running-gag, ici tous numéros répétés à l'envie de fichage de tout poil ; ou le retour obsessionnel des comparatifs entre fournisseur d'accès internet, assurances…. Surtout la façon de cadrer use (avec brio) de procédés utilisés plus tard dans Unrueh : plans cadrés très serrés sur des détails ; cadrages où les personnages n'occupent que la frange basse de l'écran (me fait penser dans une certaine mesure à Pawlikowski) conférant une forme de monumentalité hiératique au décor ; plans lointains en isométrie-axonométrie (sans points de fuite - sans doute filmé avec des longues focales) où l'action est presque accessoire (bien que très présente) dans le cadre. Et là aussi une très belle lumière
Chouette film également (pas aussi fort cependant)

Synopsis et merci Wikipédia:

PS : ma découverte de Cyril Schäublin va s'arrêter là pour l'instant, je le crains, ayant vu tous ses longs métrages, me semble-t-il

Poltergeist

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Le Seigneur des anneaux, la communauté de l'anneau (version longue)

"Fuyez pauvres fous!"

Gordon Parks : Shaft        1971

 + / 
Ce film est sans doute l'un des films de la blacksploitation le plus connu en France (sous son titre "Shaft, les nuits rouges de Harlem" --- on se passerait systématiquement des ajouts dans l'adaptation du titre...) ; il met en scène un enquêteur noir-américain engagé par un homme (blanc) de la pègre locale, le faisant enquêter sur l'enlèvement de sa fille. Franchement à part la bande-originale composée par Isaac Hayes qui est vraiment chouette et l'ambiance urbaine nocturne dans la ville de New-York, j'ai trouvé le récit un peu plat et la réalisation assez quelconques ; le film est régulièrement ranimé par des scènes d'actions assez abruptes mais peu intéressantes.

Oui, Shaft c'est avant tout la B.O. inoubliable.

Martin Scorsese : The color of money        1986


Ce film vient juste après deux films de Scorsese que j'aime énormément : King of comedy et After hours ; j'avais donc une certaine attente en lançant le film. Le projet paraît déjà un peu curieux puisqu'il s'agit d'une suite au film The hustler réalisé par Robert Rossen vingt-cinq ans auparavant ; sur le papier, ça ne semble pourtant pas trop mal : un jeune joueur de billard (interprété par Tom Cruise) reçoit les conseils d'un ancien joueur  (interprété par Paul Newman) qui s'est retiré sous la pression du milieu ; il va alors emmener ce jeune joueur (et sa femme) sur le chemin de l'arnaque. La relation maître-élève qui s'instaurant se dédouble évidemment à un niveau métacinématographique : Tom Cruise était alors une figure montante du cinéma américain (il tourne Top gun la même année) alors que Paul Newman était déjà solidement établi. Je crois que si ce film était réussi, il aurait pu se rapprocher d'un Raging bull avec lequel il partage la spécificité disciplinaire de son argument mais ici, rien de tout ça, j'ai été assez déçu : le film se répète pas mal, la manière dont est articulée la relation entre Cruise et Newman ne m'a pas semblé particulièrement intéressante, y compris dans ses possibles (mais limitées) ramifications. Bon, après, ça reste tout de même du Scorsese, la mise-en-scène est remarquable et j'ai notamment aimé la manière dynamique dont il filmait les (nombreuses) parties de billard mais ça pèse tout de même pas suffisamment pour une film qui dure deux heures. C'est le moins bon film de Scorsese que j'ai pu voir jusqu'alors — et d'assez loin.

Alan Parker : Midnight express        1978


Voilà un classique que je n'avais pas encore vu (comme tant d'autres...) et j'avoue qu'il me laisse un peu perplexe : je n'ai pas détesté le film mais j'avoue qu'il ne m'a pas passionné non plus — peut-être suis-je passé à côté de quelque chose. Le film s'inspire de l'histoire de William Hayes, un jeune américain emprisonné (et baladé entre différents procès) en Turquie pour avoir été arrêté en possession de deux kilos de cannabis — récit adapté par Oliver Stone. L'histoire a certes ses moments forts mais honnêtement, j'ai trouvé que la réalisation ne suivait pas : les seules idées sont d'une subtilité discutable (l'ajout des battements de cœur, si l'on avait pas compris que les scènes étaient tendues). Pour moi, il n'y a pas grand-chose à dire sur ce film si ce n'est que c'était pas si désagréable mais que je l'ai quand même trouvé assez gênant dans sa trope raciste qui consiste à prendre la Turquie comme un pays haïssable qui déteste le droit et qui se déchaîne sur un pauvre petit américain. Petit point positif pour la bande-originale de Moroder, cependant.

Poltergeist 2

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En 1766, le chevalier Grégoire de Fronsac, missionné par Louis XV, est envoyé dans le Gévaudan pour traquer et abattre une bête mystérieuse qui terrorise la région depuis deux ans, n'épargnant ni femmes ni enfants. Accompagné de Mani, son frère de sang, un indien Mohawk de la Nouvelle-France, Fronsac est rapidement confronté à l'hostilité des nobles de la région.
J'aime beaucoup ce film, quoique un peu théâtrale par moment...
Sympa !

Hubert Viel : Louloute        2020

 +
J'avais découvert Hubert Viel avec Artémis, cœur d'artichaut qui ne m'avait pas convaincu outre-mesure notamment à cause de la simplicité de son histoire (ce qui n'est pas un défaut en soi mais là, en dépit des sophistications diverses, j'avais trouvé ça un peu plat et n'avais pas trop accroché) ; cependant, il y avait des choses plutôt pas mal notamment sur l'articulation de deux temporalités. Dans Louloute, on retrouve une structure bitemporelle (à mon sens moins intéressante, notamment dans la période contemporaine qui est assez cliché et assez peu crédible — heureusement que c'est la partie minoritaire...) ; l'autre partie se déroule dans les années 80, dans une famille d'exploitants laitiers, en pleine crise du lait, on y suit Louloute, la version jeune du personnage de la partie contemporaine. Cette partie est assez chouette, à la fois paisible mais avec des moments d'inquiétude qui surgissent, coïncidant avec les moments où Louloute réalise ce qui se passe vraiment (grosses difficultés financières du côté de ses parents), jusqu'à l'acmé finale ; j'ai aussi beaucoup aimé le fait que ce soit filmé en seize millimètres, ça installe aussi l'ambiance mine de rien. Bon, après, il est clair que ces histoires d'agriculteurs sur la paille (sans aucun jeu de mots...), c'est un peu une marotte du cinéma français qui se veut un peu social mais bon... ici, ce n'est pas trop mal fait et c'est une toile de fond.

Gilles Bindi : Un beau jour, un coiffeur        2004

 /   +
Ce court-métrage d'une dizaine de minutes est très marrant : un doctorant en philosophie qui se rend un jour dans salon de coiffure et là, c'est le coup de foudre avec le garçon coiffeur ; il est troublé et décide de retourner au salon pour se refaire coiffer mais ne parvient pas à se rapprocher de lui, d'autant plus que c'est la patronne du salon qui le coiffe. Ce qui m'a réjoui dans ce film, c'est l'utilisation de la voix (subjective) du personnage principal pour commenter ses actions et avec une constante : mettre en évidence la béance entre le fait de manier beaucoup de concepts philosophiques (le name dropping, ça y va) mais de ne pas être capable de faire la moindre décision que ce soit — alors bien sûr, on sait que les deux n'ont rien à voir mais à des fins comiques, ça amène une préciosité absolument ridicule (mais pas inauthentique du point de vue de l'étudiant) qui est vraiment amusante ; une belle découverte, en somme ! En plus de ça, le style de la réalisation sied tout-à-fait à l'humour à l'œuvre dans ce court-métrage.

Lino Brocka : Manille        1975

 +
J'avais découvert Lino Brocka par Insiang, un film que j'avais déjà beaucoup aimé mais qui est, je trouve, sans commune mesure avec Manille, ce dernier étant autrement plus ambitieux et dense. Le film porte sur les désillusions liées à l'exode rural : un homme déménage à Manille en espérant retrouver sa fiancée qui y a déménagé afin d'y faire des études ; pour assurer sa subsistance, il va être employé (et payé au lance-pierre) par une petite entreprise de travaux publics. Il va faire connaissance avec d'autres gens dans la ville, avec la mort au travail et va découvrir que sa fiancée a en fait été employée par un réseau de prostitution. J'ai beaucoup aimé la manière dont le film articulait des images assez naturalistes et des séquences beaucoup plus oniriques (qui, elles mêmes, s'articulent pour correspondre à la ligne dramatique des deux parties mises ensemble — je pense par exemple aux surimpressions du visage de la fiancée) ; j'ai beaucoup aimé les motifs récurrents (le Misericordia) et les séquences urbaines — toujours très touffues. Les séquences plus intimistes sont également très chouette : je pense à la séquence où il rencontre l'homme qui se prostitue, très belle et à la fois intime mais jamais loin de la drôlerie. La ligne dramatique globale (mélodramatique) fonctionne aussi très bien, c'est vraiment fort.

Le Seigneur des anneaux, Les Deux tours (version longue)

Victoria Giesen Carjaval : Héctor        2019

 +
Ce court-métrage est la première réalisation de la réalisatrice chilienne Victoria Giesen Carvajal ; le film prend place au Chili, dans un paysage très rocheux, à proximité d'une grotte ; il met en scène essentiellement deux personnages : une créature androgyne prénommée Héctor et un jeune homme, il va tomber amoureux d'Héctor. Le film est assez chouette visuellement (les paysages sont notamment très beaux) et il semble vouloir mettre l'accent sur une sorte de jeu des contraires (plans fixes/caméra à l'épaule, aspect solide des roches/aspect mouvant des algues) mais honnêtement, tout est vraiment suggéré, on prend un peu ce que l'on veut ; personnellement, ça ne m'a pas tellement parlé.

Rodolphe Saint-Gelais & Pascal Blanchet : Le cortège        2019

 +
J'ai été assez enthousiasmé par ce court-métrage d'animation : à la voix-off, une femme morte dans un accident de voiture, lit une lettre testamentaire à son mari. L'animation est plutôt classique (bien que le choix des couleurs soit assez original : noir, blanc et rose, mais le reste n'est pas particulièrement inventif) mais je trouve que tout fonctionne bien : les  petites ruptures de ton (accompagnées des musiques idoines), les pauses dans la voix-off ; peut-être reprocherais-je à la voix-off d'être parfois un peu verbeuse mais c'est très léger.

Le Seigneur des anneaux, Le Retour du roi (version longue)

Coup de foudre

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Babak Jalali
Fremont

Format 4/3, noir et blanc, références à Jarmusch et Kaurismäki, souvent relevées (et justifiées). Joli film où les "fortune cookies" recèlent de très ordinaires merveilles.

Viridiana

Pensant avoir laissé derrière eux les ombres du passé, les jeunes mariés Christian et Ana profitent pleinement de leur relation tortueuse et partagent une vie de luxe. Cependant, alors qu'Anastasia commence tout juste à s'adapter à son nouveau rôle de Madame Grey et que Christian s'ouvre finalement à elle, de nouvelles menaces viennent mettre en péril leur vie commune avant même qu'elle n'ait débuté.
Je ne connaissais que de nom, vu peut-être qu'à l'époque cela fesait grande chose dans la presse !
Mais franchement, j'ai pas aimé...pourtant il y a une intrigue..
Je pense que c'est le second film, je ne connaissais pas le premier apparemment ?!

De guerre lasse

+

Agnès Varda : Réponse de femmes        1975

 +
Ce court-métrage s'inscrit dans une série de sept courts-métrages (de sept minutes) commandés par Antenne 2 à sept femmes cinéastes et dans lesquels elles doivent répondre à la question "qu'est-ce qu'une femme !". Sans doute influencée par les luttes qui avaient le plus d'écho médiatique à l'époque, ce court-métrage est centré sur la liberté de la femme à disposer de son propre corps comme elle l'entend — on est l'année du vote de la loi Veil de dépénalisation de l'avortement. Le film donne la parole à plusieurs femmes, papillonne (c'est le mot, je crois) autour de sa thématique principale ; du coup, ça semble tout de même un peu longuet, d'autant plus que lorsque l'on a en tête ce qu'a pu faire Varda dans d'autres courts, en terme de dynamisme, d'humour et de filouterie, on reste sur sa faim ; le film est aussi bien de son temps et de son lieu mais ça, on ne peut pas lui reprocher ; j'avoue avoir été un peu déçu mais ça passe.

Bas Devos : Ghost tropic        2019


Je ne connais pas du tout ce réalisateur, il s'agit ici de son troisième long-métrage, tourné dans la foulée de Hellhole, son deuxième et dont il prend apparemment le contrepied. Dans Ghost tropic, on suit une femme rentre chez elle tard le soir après sa journée de travail, elle s'endort dans le bus, le chauffeur la réveille et lui demande de descendre au terminus, on va alors suivre sa longue déambulation de retour, ses rencontres dans les rues de Bruxelles. Je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à quelque chose comme ça, d'aussi minimaliste et je n'ai finalement pas grand-chose à en dire parce que ça ne m'a pas du tout intéressé ; c'était pour moi vraiment ennuyeux.

Sophie Tatischeff : Dégustation maison        1978


J'ignorais absolument ça mais Sophie Tatischeff, la fille de Jacques Tati, a réalisé deux courts-métrages et un long-métrage ; celui-ci est sa première réalisation, il prend place dans le village où avait été tourné Jour de fête et met en scène, avec Dominique Lavanant et Gilberte Géniat, les habitants du village dans la boulangerie-pâtisserie du village. C'est assez amusant et étant donné que ça ne dure qu'une petite dizaine de minutes, ça suffit à aller au bout sans que l'ennui ne pointe le bout de son nez ; mais voilà : pas plus.

Antoine d'Agata : La vie nue        2020

 +
À l'origine de ce court-métrage, on trouve une série de photos réalisées par Antoine d'Agata pendant le premier confinement dans la rue et à l'hôpital ; elles apparaissent comme si elles avaient été prises par une caméra thermique, il y a quelque chose d'assez indistinct et qui correspond finalement assez au titre. À l'écran, elles apparaissent dans trois zones (de gauche à droite : la rue, les hôpitaux, les soignant(e)s qui travaillent), chaque zone ayant sa propre fréquence et la logique d'apparition des images correspondant à une sorte de compte-rendu de la progression de l'épidémie ; sans me déplaire complètement, ça ne m'a pas franchement captivé, j'ai trouvé ça un peu monotone.

Je profite du cycle Guédiguian sur Arte :


Robert Guédiguian : L'argent fait le bonheur        1993


J'avais récemment découvert Guédiguian par À l'attaque !, une comédie un peu méta, assez drôle mais tout de même un peu superficiel. Alors que ce dernier prenait part dans une trilogie, en tant que troisième volet, L'argent fait le bonheur en constitue le premier volet, il est à la fois plus simple et plus choral : Jean-Pierre Darroussin y joue le rôle d'un curé qui essaie de régler comme il peut les problèmes d'une cité HLM et qui, finalement, va apprendre aux jeunes de la cité à bien voler (c'est-à-dire voler les bonnes personnes) — sur l'affiche du film, on peut d'ailleurs lire "ne soyons pas mendiants, soyons voleurs". Même si certaines scènes sont amusantes (l'énumération des effectifs de la cité au début) et que le film arrive tout de même à esquisser des personnages assez singuliers, je trouve qu'au final, il est assez plat malgré le pitch qui semblait prometteur.

Philippe Le Guay : Du jour au lendemain        2006


J'avais découvert Philippe Le Guay par Les femmes du 6è étage qui était un film assez divertissant et agréable, notamment grâce à ses acteurices et au rythme de son écriture. J'ai l'impression que Luchini est l'acteur fétiche du réalisateur (ils ont tourné au moins trois fois ensemble) et je voulais voir ce que ça donnait sans Luchini. J'ai choisi celui-ci un peu au hasard, il vient juste avant Les femmes du 6è étage dans la filmographie du réalisateur et je ne sais pas s'il s'agit d'une mauvaise pioche mais j'ai trouvé ce film vraiment raté. Son plus gros problème, qui le paralyse d'ailleurs complètement, c'est la minceur de son pitch (un homme malchanceux devient soudainement chanceux et ne le supporte pas alors il essaie de fabriquer sa malchance) et sachant que Le Guay n'est ni un virtuose du montage, ni un as de la réalisation (ces deux aspects sont en général simplement fonctionnels dans ces films, on dirait), eh bien c'est parfaitement ennuyeux et ça fait du surplace.

Marine Atlan : Daniel fait face        2018


J'ai découvert ce moyen-métrage totalement par hasard et j'ai trouvé ça assez chouette : le film prend forme autour d'un spectacle de chant et de danse et met en scène un garçon (interprété par Théo Polgar) et une fille (interprétée par Madeleine Folacci) ; le film est assez évasif (mais pas totalement) mais j'ai aimé la manière dont il arrivait à composer des atmosphère (et souvent en utilisant des éléments réels) : au début, il y a cette histoire de neiges abondantes qui ouvre d'emblée quelque chose d'un peu anxiogène ; ensuite, il y a tout ce qui tourne autour des exercices faits à l'école en cas d'intrusion mais au milieu de ça, il y a le spectacle, les scènes de répétition de danse et puis surtout, il y a ce moment où il aperçoit le dos de sa camarade dénudée lorsqu'elle se change ; la peur résultant un peu de manière abstraite au début se spécialise à travers cette scène dans le vestiaire en une sorte de honte ou de gêne. Pour moi, le film est assez réussi : instinctif, contrasté, avec son lot de belles séquences et il est cohérent dans ce qu'il déploie.

Évocation de la vie de Jeanne d'Arc à travers trois époques allant de son enfance à son procès, en passant par les nombreuses batailles qui ont ponctué sa vie. L'histoire commence alors que la petite Jeanne assiste au pillage et à la destruction de son village par un détachement de soldats anglais. Sa soeur fait partie des victimes. Dès lors, Jeanne nourrit désormais une haine viscérale et irréversible envers les Anglais.
Un film de Luc Besson, je ne l'avais pas encore vu celui-là...
Les scènes de combats sont très bien produit, les armures aussi !
Sinon l'histoire, c'est un peu spécial (surtout le début)
Et la fin est vite mis en place et voilà...
Oui sympa !

Albert Serra : Histoire de ma mort        2013

 +
Bon, alors, déjà, en guise d'avertissement : si vous n'êtes pas fan du cinéma d'Albert Serra, fuyez pendant qu'il est encore temps ; moi, je reste. Encore une fois, il s'agit d'un film de décomposition, de désactivation lente : au centre du récit, Casanova et le titre donne d'ailleurs le ton : ses mémoires Histoire de ma vie deviennent Histoire de ma mort. Dire que je n'ai pas eu mes phases d'ennui durant le visionnage du film serait mentir mais globalement, je dirais que j'ai tout de même bien apprécié ce film sur plusieurs points qu'il déploie : tout d'abord, j'ai aimé tout le processus de trivialisation de Casanova (notamment à travers la mise en exergue de sa corporéité via la bande-son (bruits de nourriture par exemple) mais aussi à travers l'aspect absolument banal de ce qu'il raconte) ; ensuite, j'ai aussi beaucoup aimé les deux pôles qui partitionnent le film : à l'image, ça se manifeste par l'obscurité et la lumière (j'aime beaucoup toutes les séquences dans l'obscurité, où tout semble presque disparaître) mais il y a aussi un versant paradigmatique derrière (la période des Lumières vs. l'époque romantique) et au niveau de la cartographie des personnages, c'est Casanova et Dracula, à ceci près que le traitement n'est pas ici polaire : le personnage de Dracula (ou plutôt sa figure, contrairement au traitement du personnage de Casanova qui est dé-figuré) est présent comme une sorte de spectre (ce qu'il est, finalement), une limite.

En fait, ce film rejoint plusieurs autres films de Serra : on y retrouve ce sentiment de flou ou de perte de contrôle comme dans la plupart de ses autres films (y compris les plus récents) et aussi l'aspect de démystification par le corps comme dans son successeur, La mort de Louis XIV.

Jonathan Glazer : Strasbourg 1518        2020


Ce court-métrage aura au moins eu l'intérêt de me faire découvrir cet évènement assez insolite : à Strasbourg, en 1518, beaucoup de personnes se mirent à danser de manière ininterrompue pendant plusieurs semaines, ce qui provoquera la mort de ces personnes pour diverses raisons. Le court-métrage a été tourné pendant le confinement mis en place suite à l'épidémie de covid et montre plusieurs danseurs/ses professionnel(le)s en train de danser dans leur appartement ; le lien est alors limpide : il s'agit de déplacer l'épidémie. À défaut de trouver ça intéressant d'un point de vue cinématographique (c'est tout de même sacrément monotone...), j'ai trouvé les danses chouettes par moments et puis le film était informatif malgré lui.

Pedro Almodóvar : Étreintes brisées        2009

 +
Bien que je n'en ai pas regardé des tonnes récemment, j'ai l'impression de faire en quelque sorte une overdose des films (et notamment des mélodrames — alors que c'est un genre que j'affectionne énormément) de Pedro Almodóvar. Ce film raconte une histoire d'amour, de mort et de cinéma (ou plutôt : sur fond de cinéma) : un écrivain/réalisateur devenu aveugle suite à un accident de voiture est approché par un jeune réalisateur (qui avait en fait réalisé le making-of d'un film tourné mais avorté par l'écrivain/réalisateur en question) qui se rapproche du fils de l'agent du réalisateur ; le film s'engage dans un grand flashback (de nature assez hybride puisqu'il a clairement valeur d'explication mais c'est aussi le cœur dramatique du film — et finalement, il ne ressort pas grand-chose de l'explication qu'il pourrait apporter à la situation initiale) où le réalisateur raconte une histoire au fils de son agent. L'histoire est assez sophistiquée, avec pas mal de moments chouettes (j'ai notamment aimé toutes ces séquences d'intelligibilisation : le recours à la personne qui lit sur les lèvres, le recours au making-of dans la documentation de l'accident et la manière dont il est utilisé à des fins dramaturgiques — dans et à la surface du film — et même, dans une certaine mesure, le fait qu'ils apprennent l'échec du film par le journal ; j'ai aussi beaucoup aimé la partie qui commence à partir du départ en vacances de Lena et Mateo), une belle mise-en-scène, des belles couleurs mais j'avoue que j'ai aussi trouvé ça un peu vain (et j'ai un peu eu l'impression qu'Almodóvar se répétait (et puis toutes ces références au cinéma...) — mais j'avoue que ça ne repose pas sur quelque chose d'extrêmement solide) ; peut-être que ça passera mieux lors d'un visionnage ultérieur.

Claude Chabrol : La rupture        1970

 +
Parmi tous les films de Claude Chabrol que j'ai pu voir (c'est-à-dire sans doute une trentaine), je crois que celui-ci est celui qui va le plus loin dans le style Chabrol — et d'ailleurs, ceux qui le bordent (Le boucher, Juste avant la nuit et un peu avant, La femme infidèle) sont un peu dans ce style-là, notamment avec des personnages qui semblent presque être des machines. On pourra le trouver trop confus, trop bordélique, trop distant, on pourra dire qu'on ne sait pas d'où il vient, qu'on ne sait pas où il va (bon, ça, ça semble plus difficile à dire, peut-être) mais c'est sans doute ça qui m'a plu : c'est un film qui s'en fout : il commence in medias res, il continue son chemin sans dire bonjour, les personnages ne sont absolument plus que des types qui vont jusqu'au bout de ce à quoi ils sont assignés et le film se tiendra à cette logique jusqu'à la fin. Cette logique du centre se retrouve également d'un point de vue spatial : j'ai trouvé qu'il y avait énormément d'enchaînement de plans assez brutaux, sans élément véritable de raccord alors que les personnages sont parfois à côté l'un de l'autre ; les lieux sont toujours donnés par fragments, c'est assez difficile de se faire une idée de l'espace dans lequel évoluent les personnages ; à cet égard, je trouve qu'il y a de très bonnes idées par leur aspect bizarroïde notamment la chambre bleue minuscule qu'occupe le personnage de Stéphane Audran où ne passe pas la lumière du jour. En plus de ça, je trouve tou(te)s les acteurices excellent(e)s : Michel Bouquet en tête (dans le rôle du chef de la machination, évidemment) mais aussi Stéphane Audran, Jean-Pierre Cassel et même Annie Cordy dans le rôle de la patronne de l'auberge où loge Stéphane Audran. Je ne sais pas si c'est un Chabrol qui me plaira toujours autant mais au premier visionnage, il m'a beaucoup enthousiasmé.

Jocelyne Saab : Sud-Liban : histoire d'un village assiégé        1976

 +
Ce court-métrage d'une dizaine de minutes a été tourné par Jocelyne Saab pour la télévision française à l'occasion du cessez-le-feu du 21 octobre 1976 (le cinquante-septième annonce le reportage...) qui permet à la résistance palestinienne de revenir dans le sud du Liban d'où ils avaient été chassés en 1970 par l'armée de Jordanie et qui leur permettait d'avoir un peu une fenêtre sur Israël ; la région était jusque-là aux mains des milices chrétiennes de droite — soutenues par l'état d'Israël et, un peu moins mais parfois oui, d'après ce que j'ai compris, par la Syrie. La réalisatrice interroge Salah Khalaf, un des leaders de la résistance palestinienne de l'époque (l'un des fondateurs du Fatah et il a eu de l'importance au sein de l'OLP) ; elle interroge également la population des villages frontaliers : ils parlent du blocus mis en place par Israël et les milices chrétiennes de droite, de leur enfermement, des tirs qu'ils essuient lors d'une simple promenade. Le documentaire parle aussi des phalangistes libanais qui collaborent avec l'armée israélienne et de l'isolement des populations locales. C'est assez clair (dense, bien sûr) et informatif donc je suppose que ça remplit bien sa fonction de reportage.

Fred Zinnemann : The day of the Jackal        1973

 /   +
J'avoue que ce film attirait déjà depuis quelques temps ma curiosité : il s'agit d'une adaptation du roman homonyme de Frederick Forsyth qui imagine, à la suite de l'échec de la tentative d'assassinat menée par l'OAS à l'encontre de Charles de Gaulle à Clamart, une récidive qui aurait lieu en 1963, lors de la commémoration de la libération, toujours encadrée par l'OAS qui aurait recruté un tueur à gages appelé le "Chacal" ; en plus de ça, la distribution m'intriguait aussi puisqu'y figurent Michael Lonsdale et Delphine Seyrig ; j'ai toujours repoussé le moment parce qu'il dure tout de même deux heures vingt, ce qui n'est pas si long mais tout de même un peu. J'ai finalement été assez déçu par le film : c'est ce qu'on pourrait appeler un film bien fait mais je trouve que ça ne va pas beaucoup plus loin. Tout d'abord, j'ai été frustré que le film n'utilise pas davantage son contexte (celui de l'OAS, des barbouzes) et il y a comme un refus de donner dans le spectaculaire avec une focalisation sur l'enquête (ou les ruses déployées par le Chacal et son équipe) qui semble être choisie par défaut ; en plus de ça, le rythme du film est constamment déclinant, ce qui n'aide pas à nous maintenir aux aguets sur les deux heures vingt. À mon sens, le film aurait largement gagné à être écourté d'une bonne vingtaine de minutes (voire une demi-heure).

Un vrai bon film malgré tout. Et puis il y a Lonsdale

Bon par contre je mets clairement plus haut l'Almodovar.
Le Chabrol ... bizarre ... je ne le connais pas

Cololi a écrit:

Un vrai bon film malgré tout. Et puis il y a Lonsdale

C'est un peu ennuyeux, non ? 

Le Chabrol est vraiment curieux — il me semble que Xavier l'avait aussi vu il y a quelques semaines/mois.

Cololi a écrit:

Le Chabrol ... bizarre ... je ne le connais pas

Il est très très mal distribué, avec seulement un très mauvais DVD.
Mais effectivement je l'ai vu récemment, j'avais beaucoup aimé aussi.

Megalopolis

+

Doghouse

Xavier a écrit:

Cololi a écrit:

Le Chabrol ... bizarre ... je ne le connais pas

Il est très très mal distribué, avec seulement un très mauvais DVD.

Moi, j'avais une copie sur laquelle il était indiqué au début qu'elle avait été restaurée et numérisée avec le soutien du CNC et franchement, l'image n'était pas trop dégueu. Par contre, je sais pas d'où elle vient. De toute façon, avec ces Chabrol produit par Panoceanic films, c'est toujours un peu le bazar pour leur distribution/restauration...