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| | Joseph Haydn-Symphonies | |
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Auteur | Message |
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Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Mar 14 Mai 2019 - 23:46 | |
| - bAlexb, au sujet des Haydn new-yorkais de Bernstein (CBS), a écrit:
Mais Bernstein, et ici particulièrement, c'est très bien aussi (parce que sa période DGG me séduit définitivement moins).
De mon côté j'aime beaucoup la tardive fournée haydnienne (et aussi la mozartienne) qu'il réalisa à Vienne pour DG. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Mar 14 Mai 2019 - 23:49 | |
| - Mélomaniac, in playlist, a écrit:
Catégorie orchestrale -rang 103°/250
Joseph Krips (1902-1974)
Joseph Haydn (1732-1809) :
Symphonie n°94, en sol majeur Symphonie n°99, en mi bémol majeur
= Joseph Krips, Orchestre philharmonique de Vienne
(Decca, septembre 1957)
Quand j'étais en Sixième, le professeur de dessin (on ne disait pas encore « arts plastiques » dans l'institution qui me scolarisait), un petit replet poilu à barbe rousse, nous demanda de représenter la maison en pain d'épice de Hansel et Gretel, en la constituant de tous les matériaux de gourmandise que nous concevions. Non à la craie grasse, mais sans couleur, au micropointe noir : un exercice de pur graphisme pour recréer les surfaces de gaufrette, madeleine, nougat, guimauve qu'un enfant, estomac sur pattes à cet âge, peut avoir en tête. Alors que les images déferlaient dans mon esprit, mon zèle fut à ce point inhibé et malhabile que le prof, me voyant ainsi torturé de ne pouvoir coucher sur le papier mes visions de goinfre d'artiste, prit le crayon et se mit lui-même à strier, hachurer, guillocher, sertir de tous les détails crédibles ces gâteries que je lui décrivais. . Parmi la sélection haydnienne que je me dois de faire figurer dans ces Mélomaniac d'Or, une place revenait à Krips qui fait mes délices. Et je n'écris pas ça pour le malin plaisir de l'assonance. De même que mon micropointe se désespéra de ne pouvoir tracer les mignardises de la bicoque du conte de Grimm, je crains que mon clavier échouera à décrire les mille saveurs et textures dont nous régale ce maître queux ès confiseries : le maestro autrichien, son caractère affable, sa Gemütlichkeit, ne font rien pour rédimer le cliché d'un compositeur poudré, salonnard et mielleux : au contraire ils l'incarnent ! Vous voilà prévenus. Peut-être encore mieux qu'en Mozart qui reste associé à sa postérité (le divin legs avec le Concertgebouworkest chez Philips), le style de Haydn convenait comme une seconde nature à Krips, qui bénéficia des chaudrons du Wiener Philharmoniker pour caraméliser sa baguette. Il trouve la chaleur idéale pour que le sirop brunisse, et y verse triple dose de crème, ce qui nous vaut une matière à la fois onctueuse et croquante. Le legato nappe la cuillère, sans se départir d'un croustillant doux-amer qui signe l'identité de l'orchestre. Au demeurant les tempos ne trainent guère, mais façonnent des phrases parfaitement amalgamées, parfois un rien compactes -voici bien l'infime reproche qu'éveillent ces interprétations à se pourlécher. Dans le Vivace assaï de la 99°, écoutez par exemple la claudication du deuxième thème (3'10-), avec ce basson goguenard : l'entrain, la narquoiserie, personne d'autre n'a dirigé ça avec tant de bonheur au coin des yeux ! Et le célèbre Andante de la 94° : l'unisson colla parte (2'14-2'45), le caquètement du hautbois (3'21-) ; le sforzando (5'14-) où trompettes et timbales incorporent la pâte sans corrompre son élasticité : autant de moment aussi géniaux que savoureux. J'avais découvert la Surprise en vinyle, dans la version transparente et soupesée de Karl Richter à Berlin (DG). Cette symphonie et les douze « Londoniennes » furent très parcourues par la discographie, où s'affairent les plus grands spécialistes du Classicisme. Mais si vous me demandez mon choix épulaire, je ne connais pas meilleure table que celle dressée par Krips, ses fourneaux récompenseront votre chalandise. . Ah oui, bouclons l'anecdote de collège, potache mais authentique : mon prof, transporté par son inspiration, inconscient qu'il avait réalisé 95% du boulot, se montra enchanté du résultat, et je reçus une excellente note
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| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 21 Sep 2019 - 16:38 | |
| Salut les amis Je vous trouve pour la plupart fort sévères avec l’intégrale Fischer Bon , j’en suis au CD 8 et je trouve çà très honorable - couleurs vertes qui se marient très bien avec ces premières symphonies ( enfin tout est relatif symph 30-33) Maintenant il faudra voir avec les parisiennes et londoniennes Mais pour le moment je suis content
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Mer 30 Oct 2019 - 23:04 | |
| Du fil «Interprètes - Harnoncourt»: - Benedictus a écrit:
- pour certaines œuvres du répertoire (et non des moindres), c’est à ses enregistrements que je reviens le plus spontanément; les disques de lui que je réécoute le plus souvent sont: (...)
- absolument toutes ses Symphonies de Haydn avec le Concentus Musicus (je recommanderais tout particulièrement le volume Teldec avec Les Adieux et Le Distrait et l’intégrale des Symphonies parisiennes chez DHM); - Prosopopus a écrit:
- Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi, alors que j'ai peu d'appétence pour la période classique et pour Haydn, et alors que j'ai plein de chose en retard à décortiquer, je me retrouve à écouter les symphonies de Haydn par Harnoncourt ?
Satané Benedictus.
Je signale que les symphonies avec le Concentus citées par Benedictus se trouvent d'ailleurs réunies dans un coffret, difficile à dénicher cependant.
- Spoiler:
Je reste un peu sur mes premières impressions générales sur la musique de Haydn (j'ai du mal à dépasser l'aspect poudré et galant) mais l'éclat de l'ensemble et les sonorités emportent rapidement l'adhésion. C'est clairement parmi les plus beaux enregistrements que j'ai écoutés, du détail mais sans rogner sur le souffle de l'ensemble, des attaques franches et claquantes mais sans non plus se laisser aller à trop de sécheresse (là où Harnoncourt est parfois trop radical pour moi dans Beethov), des tutti colorés où chaque pupitre reste bien présent.
Plus on avance dans les symphonies, plus le son est généreux pour embrasser les approfondissements de style de Haydn. Même les nombreuses répétitions ne choquent pas tant l'orchestre arrive à miroiter différemment dans chaque répétition. Grand vraiment. - Benedictus a écrit:
-
Pour moi, c'est tout bonnement le plus extraordinaire ensemble de gravures de musique orchestrale XVIIIᵉ jamais réalisé (...)
Et tu n'as pas écouté le cycle des Parisiennes? C'est peut-être encore plus fouillé, abouti et exaltant (celles qui sont réunies dans le coffret que tu montres datent de la fin des années 80 et du début des années 90, si je me souviens bien, alors que les Parisiennes datent de 2001-2002.) - Prosopopus a écrit:
- Ah non pas encore écoutées pour l'instant j'ai fait les 6-9, 53, 59, 60 et 69.
Je vais attendre un peu pour les parisiennes, tout du moins pour la 89 parce qu'elle est en complément de programme du concert Ravel (le concerto par Fazil Say, hum...) au TCE de ce jeudi où je vais et j'ai bien peur que la prestation pâtisse d'une écoute prolongée des versions d'Harnoncourt. Mais oui je vais aussi écouter ça (je pense écouter tout ce que tu as conseillé de toutes façons)
(...)
La musique de Haydn m'a toujours plu, il y a une évidence mélodique, c'est toujours plaisant et contrasté, mais rapidement je m'ennuie alors que là, l'interprétation apporte tellement de nuances et de couleurs que je passe complètement au dessus de ses considérations et j'oublie au fur et à mesure la fausse idée que j'avais de ces symphonies. (qui ont bercé mon enfance vu que c'est un des compositeurs préférés de mon père) (mais qui écoutait ça dans les versions de Christie ou de Pinnock) (le fou) (je sens que des non-dits et des ressentiments vont être mis à nu lors des prochains repas familiaux) (comme dans un film de Desplechin) ( Jamais tu ne m'as fait écouter Haydn comme ça, jamais ! Je te faisais écouter les meilleurs interprètes ! Oh non, la vérité c'est que tu ne m'as jamais aimé) (tout ça à cause de Benedictus) - Eusèbe a écrit:
- J'ai un gros gros faible pour le début de la Hornsignal, avec des cors naturels
- DavidLeMarrec a écrit:
- Prosopopus a écrit:
- Je reste un peu sur mes premières impressions générales sur la musique de Haydn (j'ai du mal à dépasser l'aspect poudré et galant)
Astuce : pour apprécier Haydn à sa juste valeur, il faut vraiment s'intéresser à la forme. Ce sont les jeux de forme qui le rendent intéressant. Si on écoute plutôt les mélodies, les timbres, l'harmonie, on en a vite fait le tour.
- Benedictus a écrit:
- Pour moi, c'est tout bonnement le plus extraordinaire ensemble de gravures de musique orchestrale XVIIIᵉ jamais réalisé (...)
Ah, je trouve Fey et Norrington plus aboutis, pour en rester à Haydn. Moins dans le timbre et le drame, davantage dans la structure même, et ça fait une différence considérable sur l'intérêt des œuvres.
(Bien sûr, ces gravures sont excellentissimes, hein, mais quitte à distribuer des palmes absolues, ce ne serait pas Harnoncourt qui les aurait.)
- Citation :
- ( Jamais tu ne m'as fait écouter Haydn comme ça, jamais !
Je te faisais écouter les meilleurs interprètes ! Oh non, la vérité c'est que tu ne m'as jamais aimé)
- Drosselbart a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- Ah, je trouve Fey et Norrington plus aboutis, pour en rester à Haydn.
Je ne connais pas Fey, mais Norrington, même si c'est effectivement très équilibré, ce n'est tout de même pas ce qu'il y a de plus exaltant. Mais peut-être ne me suis-je pas assez confronté à l'aspect structurel de la forme symphonique que tu évoques. (...) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Mer 30 Oct 2019 - 23:13 | |
| Du coup, j’ai voulu comparer Fey (une découverte pour moi), Norrington (écouté en diagonale il y a déjà un petit moment) et Harnoncourt dans une même symphonie: • Symphonie nº83 en sol mineur, Hob.I:83 «La Poule»- Thomas Fey / Heidelberger Sinfoniker Wiesloch, III.2002 Hänssler- Sir Roger Norrington / Zürcher Kammerorchester Zurich, VI-VII.2013 Sony Classical- Nikolaus Harnoncourt / Concentus Musicus Wien Vienne, XII.2001 & VI.2002 DHMAu total, Norrington m’a franchement déçu, j’ai beaucoup aimé Fey, et Harnoncourt reste mon préféré. D’abord, je suis assez étonné que David et Drosselbart vantent les «équilibres» de Norrington, tant, justement la construction du son me paraît assez peu convaincante: tous les pupitres m’ont paru captés de près et sur le même plan. Les cordes en elles-même m’ont par ailleurs posé un problème, qui tient peut-être au mode de jeu, peut-être à la captation: on dirait que le médium du spectre est comme évidé, avec des graves présents mais curieusement arrondis et des aigus un peu pénibles, plutôt blancs, étroits et à la limite du crincrin (à se demander s’il n’y a pas un problème de diapason); par ailleurs, leur jeu a un rendu assez curieux: c’est joué sans vibrato, mais ça ne «claque» jamais vraiment. Et les vents manquent vraiment de couleur et de grain. De ce point de vue-là, les Heidelberger Symphoniker de Fey sonnent de manière beaucoup plus satisfaisante: comme le Zürcher Kammerorchester (si je ne me trompe pas), c’est un ensemble qui adopte des modes de jeu «informés» sur des instruments modernes, avec adjonction de cuivres et de percussions anciens. Sauf qu’à Heidelberg, les pupitres de cordes sonnent de manière beaucoup plus cohérente, avec un meilleur étagement du spectre, et ont vraiment cette texture «claquante» et très focalisée qui fait merveille dans les passages à haute dynamique. Par ailleurs, à défaut d’avoir des couleurs très typés, les bois ont eux aussi du grain, et les timbales et cors naturels ont vraiment une belle personnalité sonore. Cela dit, on s’en doute: avec les timbres du Concentus Musicus des années 2000, on est dans un autre univers sonore. C’est incroyablement coloré, avec des grain variés et formidablement typés: outre que c’est en soi, une jubilation constante à l’écoute (ces bassons, ces hautbois, ces cors naturels!), les sonorités instrumentales composent déjà, par le jeu de leurs alliages et leurs contrastes, une sorte de trame discursive. En ce sens, je partage l’opinion de David quand il dit que le Haydn d’Harnoncourt est «dans le timbre» plus que dans la forme - même si je dirais plutôt qu’ici, le timbre fournit le cadre de la forme. S’agissant des choix de direction à proprement parler, je crois là aussi que je partage l’opinion de David: incontestablement, Harnoncourt est davantage «dans le drame» que Fey et Norrington - ou, plus exactement, Harnoncourt intensifie la rhétorique des affects, en intensifiant énormément les contrastes de phrasés, de dynamiques, de tempi... Le résultat est d’ailleurs assez impressionnant - on n’est plus du tout dans le style galant, mais dans une sorte d’expression pré-beethovénienne: l’emportement sanguin qui monte tout au long du premier mouvement, l’inquiétude et l’ampleur de l’Andante (avec ces incroyables dissonances initiales), les hoquets rythmiques du Menuet (qui semblent anticiper la 4ᵉ de Beethoven), la chasse du Finale! En effet, face à cela, Fey paraît expressivement plus distancié, d’humeur plus égale - pas de drame comme chez Harnoncourt, mais aussi moins de joie (sans la colère du I, la coda n’en a plus ce caractère de renversement jubilatoire) ou d’humour (le Menuet ne donne pas l’impression de trébucher à chaque pas.) En revanche, ce climat globalement plus serein (et notamment ces rythmes plus égaux, ou en tout cas plus filés, car la direction reste souple) permet effectivement de mieux faire ressortir le fonctionnement purement musical de la forme - les reprises, les oppositions, les tensions, les échos, les encadrements, les amplifications... Mais qu’on ne s’y méprenne pas: Fey fait saillir tout cela de façon extrêmement vivante, animée, discursive - et au total assez exaltante. En revanche, là aussi, je dois avouer que les choix de Norrington m’ont moins convaincu - alors que c’est un chef que j’aime généralement beaucoup (mais, il est vrai que c’est souvent dans des œuvres que j’aime peu qu’il m’enthousiasme le plus: ouvertures de Rossini, Requiem de Berlioz, Variations «Enigma», 5ᵉ de Mahler...) Au contraire de Fey, dont l’égalité «expressive» s’accompagne d’une manière musicale très animée, Norrington semble davantage égaliser le discours: si les phrasés sont plutôt courts et secs, ils sont aussi assez uniformes sur la durée (même avec les LCP, ça a toujours été le problème de Norrington); de même, si les tempi sont très vifs (trop, même, à mon goût, en particulier dans l’Andante qui en devient assez prosaïque), ils sont d’une régularité métronomique, aussi loin de la souplesse de Fey que des tempi très contrastés de Harnoncourt. Par ailleurs (mais, là encore, la captation pourrait être en cause), l’échelle des dynamiques semble elle aussi relativement limité par rapport à Fey et Harnoncourt. On a donc une lecture qui sonne certes «HIP» mais étonnamment équanime et linéaire - une espèce de rebond permanent mais avec peu de relief; il est certes possible que ce type d’approche donne à entendre les structures formelles de l’œuvre, mais en tout cas, sans les faire sentir de façon aussi immédiate que Fey. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Jeu 31 Oct 2019 - 1:29 | |
| - Benedictus a écrit:
- D’abord, je suis assez étonné que David et Drosselbart vantent les «équilibres» de Norrington,
Je ne connais pas cette version : j'ai écouté, il me semble, des volumes Hänssler avec la SWR Stuttgart (cela dit, en concert avec l'Orchestre de Chambre de Paris ou le Philharmonique de Radio-France, j'y ai trouvé sensiblement les mêmes qualités !). Pour le reste, je suis d'accord sur tes remarques, mais je trouve que Fey (et Norrington dans les enregistrements que j'ai écoutés), justement, va au cœur de cette musique, dans sa structure et ses jeux, ce qui fait vraiment que Haydn se distingue des autres symphonistes de son temps, et surpasse peut-être même jusqu'à Mozart (en tout cas du point de vue de la forme). Harnoncourt a des couleurs et un grain imbattable, mais sa manière pourrait aussi bien exalter un Vaňhal ou un Cannabich, ça n'a pas de plus-value particulière sur Haydn, voire ça occulte un peu sa singularité et sa profondeur. Un peu, si j'ose le parallèle, comme ces opéras de Verdi trop bien chantés par Arroyo-Cossotto-Corelli-Bastianini-Siepi, où on oublie par moment l'aboutissement de l'écriture à force d'être grisé de timbres. Au demeurant, ce sont de très grandes interprétations : Harnoncourt et Hogwood arrivent pour moi juste après Fey et Norrington, donc bien au sommet… (j'aime aussi beaucoup Kuijken et Pinnock, mais pas sur les mêmes symphonies !) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Jeu 31 Oct 2019 - 14:15 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Je ne connais pas cette version : j'ai écouté, il me semble, des volumes Hänssler avec la SWR Stuttgart (cela dit, en concert avec l'Orchestre de Chambre de Paris ou le Philharmonique de Radio-France, j'y ai trouvé sensiblement les mêmes qualités !).
Au demeurant, pour ce qui est du spectre orchestral bizarre, il est possible que ma déception provienne pour une large part de la captation - voire des conditions de restitution (je l'ai écouté sur CD et au casque: le rendu est peut-être meilleur sur enceintes.) D'un autre côté, j'y ai aussi retrouvé certaines caractéristiques des enregistrements de Norrington que j'aime moins (comme ses Beethoven): les dynamiques un peu malingres, les phrasés courts et les tempi rapides d'une manière un peu uniforme. - DavidLeMarrec a écrit:
- Pour le reste, je suis d'accord sur tes remarques, mais je trouve que Fey (et Norrington dans les enregistrements que j'ai écoutés), justement, va au cœur de cette musique, dans sa structure et ses jeux, ce qui fait vraiment que Haydn se distingue des autres symphonistes de son temps, et surpasse peut-être même jusqu'à Mozart (en tout cas du point de vue de la forme). Harnoncourt a des couleurs et un grain imbattable, mais sa manière pourrait aussi bien exalter un Vaňhal ou un Cannabich, ça n'a pas de plus-value particulière sur Haydn, voire ça occulte un peu sa singularité et sa profondeur. Un peu, si j'ose le parallèle, comme ces opéras de Verdi trop bien chantés par Arroyo-Cossotto-Corelli-Bastianini-Siepi, où on oublie par moment l'aboutissement de l'écriture à force d'être grisé de timbres.
Je vois ce que tu veux dire. Cela dit, la structure et les jeux des symphonies de Haydn, je trouve qu'on les perçoit au moins aussi bien dans certains enregistrements tout à fait tradi (je pense en particulier aux gravures new-yorkaises de Bernstein - malgré des mouvements lents un peu trop expansifs et un rien de raideur dans les menuets): Fey le réussit supérieurement avec des manières HIP, mais je n'ai pas eu l'impression de découvrir fondamentalement quelque chose. - DavidLeMarrec a écrit:
- (j'aime aussi beaucoup Kuijken et Pinnock, mais pas sur les mêmes symphonies !)
Kuijken, j'avais beaucoup aimé ses 6-7-8 quasi chambristes avec La Petite Bande, ses Parisiennes avec l'Age of Enlightenment m'avaient plutôt déçu (mais j'en garde un souvenir assez vague); je ne crois pas avoir écouté ses Londoniennes. Tu aurais des recommandations spécifiques? Sinon, Pinnock, jamais écouté dans Haydn - lesquelles recommanderais-tu? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Jeu 31 Oct 2019 - 14:39 | |
| - Benedictus a écrit:
- Je vois ce que tu veux dire. Cela dit, la structure et les jeux des symphonies de Haydn, je trouve qu'on les perçoit au moins aussi bien dans certains enregistrements tout à fait tradi (je pense en particulier aux gravures new-yorkaises de Bernstein - malgré des mouvements lents un peu trop expansifs et un rien de raideur dans les menuets): Fey le réussit supérieurement avec des manières HIP, mais je n'ai pas eu l'impression de découvrir fondamentalement quelque chose.
Ah, pour moi, si, vraiment, une différence nette de degré; - Citation :
- Kuijken, j'avais beaucoup aimé ses 6-7-8 quasi chambristes avec La Petite Bande,
C'est ça que j'ai adoré. Pas écouté le reste, mais c'est une forme de modèle pour les équilibres et la pensée des symphonies les plus concertantes. Je me demande si Pinnock n'a pas tout enregistré, mais pareil, les premières symphonies, dans un genre équilibré et pudique comme ses Mozart (dont on lit souvent du mal, alors qu'ils sont assez exemplaires, sans chercher l'éclat ni la singularité). Après, je ne sais pas si ça répond à tes attentes… typiquement une version de fond pour profiter des œuvres, mais est-ce que ça t'intéressera comme version pour renouveler ton écoute… (c'est du Hogwood en moins audacieux, avec un fondu un peu plus tradi que j'aime beaucoup) |
| | | sergio Mélomane averti
Nombre de messages : 338 Date d'inscription : 19/07/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 12:13 | |
| Il me semble que le meilleur est relativement absent de ce fil.
Ce qu'a fait Kuijken est effectivement intéressant, mais le meilleur est probablement Derek Solomons et aussi tout ce qu'a enregistré Bruno Weil ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 12:53 | |
| C'est vrai que Solomons a particulièrement bien vieilli ! On entend son âge (cordes modernes plus sostenuto, facture et réalisation du clavecin), mais la qualité d'articulation reste remarquable.
En revanche Weil, c'est quand même très vertical comme toujours. Dans ce genre très-informé, il y a de plus beaux timbres et des lectures plus fouillées. Pour le coup, on a les limites d'Harnoncourt (épisodes successifs) sans en avoir les exceptionnelles qualités. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 13:10 | |
| - sergio a écrit:
- mais le meilleur est probablement Derek Solomons et aussi tout ce qu'a enregistré Bruno Veil !
- DavidLeMarrec a écrit:
- C'est vrai que Solomons a particulièrement bien vieilli ! On entend son âge (cordes modernes plus sostenuto, facture et réalisation du clavecin), mais la qualité d'articulation reste remarquable.
En effet, Derek Solomons et son Estro Armonico étaient portés au nues par la critique française dans la seconde moitié des années 80 (en tout cas, Le Monde de la Musique et Télérama ne tarissaient pas d'éloges.) Je n'ai à l'époque écouté qu'un de leur disques (le double CD avec les 35, 38, 39, 49, 58 et 59) mais je leur reconnais au moins un mérite: en me détournant pour un temps des interprétations sur instruments anciens, ils m'ont permis de découvrir certains Haydn tradi très réussis (Bernstein / New York, Beecham, Scherchen...) J'en ai réécouté quelques-unes il y a quelques années, par acquit de conscience, avant de revendre le coffret chez Mélomania (ça semble assez recherché par les collectionneurs): rétrospectivement, la direction très vive, très dansante, bien articulée m'avait paru finalement assez bonne (quoique vraiment prosaïque dans les mouvements lents); en revanche, au niveau de la réalisation instrumentale, c'est vraiment très, très problématique: outre que les instruments sont très dépareillés de timbres, la justesse est souvent très approximative; pour tout dire, ça fait penser à ce que les anti-baroqueux racontaient à l'époque au sujet des interprétations sur instruments anciens. Certes, c'était pionnier (ce devait être la première fois qu'on enregistrait des symphonies de Haydn sur instruments anciens) mais rétrospectivement cette maîtrise instrumentale franchement limite paraît quand même surprenante pour des enregistrements faits dans les années 80 par une major (CBS) - à la même époque, Hogwood ou Pinnock réalisaient des choses beaucoup plus propres. Je me demande d'ailleurs rétrospectivement si ce n'est pas la raison pour laquelle ces disques (qui avaient pourtant fait date et ont leurs fans) n'ont jamais été convenablement réédités. Weil, j'ai dû écouter un volume de ses Parisiennes et le disque avec les Adieux avec Tafelmusik: là, pour le coup, la réalisation est hyper soignée, au cordeau même. En revanche, j'y reprocherais un peu la même chose qu'à Norrington: ça file droit, les tempi sont un peu métronomiques, les phrasés, très courts et trop réguliers, manquent de relief pour moi et ça sonne tout de même malingre dans les dynamiques élevées. En revanche, je n'ai pas tenté ses enregistrements avec la Cappella Coloniensis. |
| | | sergio Mélomane averti
Nombre de messages : 338 Date d'inscription : 19/07/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 13:35 | |
| C'est probablement moi qui a racheté le coffret chez Melomania ! Je dois reconnaitre que le second coffret réédité en CD que j'avais depuis longtemps avec la symphonie 51 est nettement plus enthousiasmant. J'ai plus de plaisir à écouter Weil que Harnoncourt et son mouvement lent de la 51 avec le cor naturel solo de Ab Koster est une des 7 merveilles du monde . |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 15:34 | |
| @DadidLeMarrec : « Astuce : pour apprécier Haydn à sa juste valeur, il faut vraiment s'intéresser à la forme. Ce sont les jeux de forme qui le rendent intéressant. Si on écoute plutôt les mélodies, les timbres, l'harmonie, on en a vite fait le tour. «
Salut David qu’entends-tu par la forme - un truc pour initiés ?
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| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91455 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:11 | |
| Forme: construction Comment est organisée la musique: les thèmes, les parties, les variations de thème, les développements, etc...
D'ailleurs, je suis d'accord: la forme m'intéresse généralement moins dans la musique que l'harmonie, l'orchestration, la mélodie, le rythme… Résultat: j'écoute très peu Haydn. Mais dès que je m'y plonge plus sérieusement, ça m'intéresse beaucoup plus. Idem pour Beethoven d'ailleurs. |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:16 | |
| - Xavier a écrit:
- Forme: construction
Comment est organisée la musique: les thèmes, les parties, les variations de thème, les développements, etc... Merci Xavier C'est déjà un truc pour initiés donc Donc au seing d'un même mouvement : - Les thèmes je vois ( les mélodies) - Les parties ( différents thèmes/mélodies ?) - Les variations ( un mélange de tout ce petit monde) - Les développements ... ??? Désolé pour mon ignorance crasse |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33318 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:20 | |
| Suis un peu d'accord avec ça … à condition d'admettre que cette forme affecte tous les auditeurs, et non seulement ceux qui savent la repérer. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:20 | |
| - Xavier a écrit:
- Forme: construction
Comment est organisée la musique: les thèmes, les parties, les variations de thème, les développements, etc...
D'ailleurs, je suis d'accord: la forme m'intéresse généralement moins dans la musique que l'harmonie, l'orchestration, la mélodie, le rythme… Résultat: j'écoute très peu Haydn. Mais dès que je m'y plonge plus sérieusement, ça m'intéresse beaucoup plus. Idem pour Beethoven d'ailleurs. ET MOZART |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:22 | |
| - Cololi a écrit:
- Suis un peu d'accord avec ça … à condition d'admettre que cette forme affecte tous les auditeurs, et non seulement ceux qui savent la repérer.
Merci d'enfoncer le clou Cololi - déjà que je ne suis pas très fier de poser ce genre de question sur un forum peuplé d'éminentes pointures |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91455 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:23 | |
| Difficile d'expliquer tout ça par écrit en 3 phrases, mais si tu t'y intéresses il y a des tas d'ouvrages de vulgarisations, notamment chez Fayard:
- Guide des formes (explique la plupart des formes classiques) - Guide de la musique de piano - Guide de la musique de chambre - Guide de la musique symphonique - Idem pour le Lied, la musique sacrée…
Ces guides présentent la plupart des grandes œuvres des compositeurs connus et en analysent certaines, de façon assez claire et suffisamment vulgarisée, pour que petit à petit tu puisses te familiariser avec tout ça.
Dernière édition par Xavier le Ven 1 Nov 2019 - 16:25, édité 1 fois |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91455 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:24 | |
| - LeKap a écrit:
- Xavier a écrit:
- Forme: construction
Comment est organisée la musique: les thèmes, les parties, les variations de thème, les développements, etc...
D'ailleurs, je suis d'accord: la forme m'intéresse généralement moins dans la musique que l'harmonie, l'orchestration, la mélodie, le rythme… Résultat: j'écoute très peu Haydn. Mais dès que je m'y plonge plus sérieusement, ça m'intéresse beaucoup plus. Idem pour Beethoven d'ailleurs. ET MOZART Justement non: pour Mozart (et Schubert), je trouve la mélodie, et même l'harmonie, souvent plus passionnantes ou plus prenantes que chez Haydn et Beethoven, où la construction est souvent un élément plus central. Après, ça dépend des cas: chez Mozart, les symphonies ne me passionnent pas beaucoup, par exemple. |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:39 | |
| - Xavier a écrit:
- Difficile d'expliquer tout ça par écrit en 3 phrases, mais si tu t'y intéresses il y a des tas d'ouvrages de vulgarisations, notamment chez Fayard:
- Guide des formes (explique la plupart des formes classiques) - Guide de la musique de piano - Guide de la musique de chambre - Guide de la musique symphonique - Idem pour le Lied, la musique sacrée…
Ces guides présentent la plupart des grandes œuvres des compositeurs connus et en analysent certaines, de façon assez claire et suffisamment vulgarisée, pour que petit à petit tu puisses te familiariser avec tout ça. Merci - je vais voir cela de plus prêt |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 16:42 | |
| - Xavier a écrit:
- LeKap a écrit:
- Xavier a écrit:
- Forme: construction
Comment est organisée la musique: les thèmes, les parties, les variations de thème, les développements, etc...
D'ailleurs, je suis d'accord: la forme m'intéresse généralement moins dans la musique que l'harmonie, l'orchestration, la mélodie, le rythme… Résultat: j'écoute très peu Haydn. Mais dès que je m'y plonge plus sérieusement, ça m'intéresse beaucoup plus. Idem pour Beethoven d'ailleurs. ET MOZART Justement non: pour Mozart (et Schubert), je trouve la mélodie, et même l'harmonie, souvent plus passionnantes ou plus prenantes que chez Haydn et Beethoven, où la construction est souvent un élément plus central. Après, ça dépend des cas: chez Mozart, les symphonies ne me passionnent pas beaucoup, par exemple. Je vois ce que tu veux dire - juste que la mélodie chez Beethoven est tout autant passionnante que chez Mozart et Schubert - enfin c'est mon ressenti Je trouve généralement que la musique coule de source chez Beethoven ( du moins dans ses grands tubes) - tu peux même la chantonner au prenant la douche |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91455 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 17:18 | |
| Oui, après c'est une question de goûts aussi. Il y a aussi de très belles mélodies chez Beethoven, je ne le nie pas. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91455 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 17:20 | |
| - Cololi a écrit:
- Suis un peu d'accord avec ça … à condition d'admettre que cette forme affecte tous les auditeurs, et non seulement ceux qui savent la repérer.
Mais ça ne peut pas être tout ou rien: tout le monde y est sensible dans une certaine mesure, tout le monde peut entendre qu'il y a un motif récurrent dans le 1er mouvement de la 5è de Beethoven, même à première écoute, et rien que ça, c'est un élément (même essentiel) de la forme. |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 17:22 | |
| - Xavier a écrit:
- Cololi a écrit:
- Suis un peu d'accord avec ça … à condition d'admettre que cette forme affecte tous les auditeurs, et non seulement ceux qui savent la repérer.
Mais ça ne peut pas être tout ou rien: tout le monde y est sensible dans une certaine mesure, tout le monde peut entendre qu'il y a un motif récurrent dans le 1er mouvement de la 5è de Beethoven, même à première écoute, et rien que ça, c'est un élément (même essentiel) de la forme. Alors là c'est l'exemple par excellence - ce n'est pas toujours évident pour le tout venant |
| | | Actéon Mélomane averti
Nombre de messages : 440 Date d'inscription : 14/11/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 17:41 | |
| Je trouve assez injuste d'étiqueter Haydn comme un grand artisan de la forme, qui composerait une musique somme toute assez abstraite, voire guindée (à jouer en perruque, bas de soie et souliers à boucle). Ne serait-ce qu'avec La Création, certains quatuors ou certains adagios de sonates pour clavier on a affaire à un sublime coloriste et mélodiste. Disons que l'inspiration mélodique de Haydn est moins directement effusive et lyrique que chez Mozart. On y trouve aussi des influences et des sources moins présentes chez Mozart (musique tzigane, musique populaire et paysanne). |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 17:55 | |
| - Actéon a écrit:
- un grand artisan de la forme, qui composerait une musique somme toute assez abstraite, voire guindée (à jouer en perruque, bas de soie et souliers à boucle).
Ah, c'est curieux, l'image perruque, bas de soie et souliers à boucles de la musique du XVIIIᵉ je l'associais plutôt à l'idée de musique galante que de musique formelle. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91455 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Ven 1 Nov 2019 - 18:06 | |
| - Actéon a écrit:
- Je trouve assez injuste d'étiqueter Haydn comme un grand artisan de la forme, qui composerait une musique somme toute assez abstraite, voire guindée (à jouer en perruque, bas de soie et souliers à boucle).
Mais il ne s'agit pas de mettre des étiquettes, simplement il y a des inclinaisons particulières chez tel ou tel compositeur. On peut difficilement nier qu'Haydn est plus passionné de forme que Mozart, et que chez Mozart le génie s'exprime en premier lieu par la mélodie. Il ne s'agit pas de dire que les autres éléments constitutifs de la musique sont médiocres ou absents de leur musique, qui est faite de l'ensemble de ces éléments. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 2 Nov 2019 - 3:31 | |
| Je suis content, ce n'est pas tous les jours qu'on a un débat sur Haydn dans ce forum. - LeKap a écrit:
- @DadidLeMarrec : «
Astuce : pour apprécier Haydn à sa juste valeur, il faut vraiment s'intéresser à la forme. Ce sont les jeux de forme qui le rendent intéressant. Si on écoute plutôt les mélodies, les timbres, l'harmonie, on en a vite fait le tour. «
Salut David qu’entends-tu par la forme - un truc pour initiés ? C'est vrai que c'est un peu technique, typiquement le genre de truc qu'on perçoit mieux sur partition. Mais ça s'entend tout de même, instinctivement d'abord, et ensuite plus finement en y prêtant spécifiquement attention. C'est une chose que j'ai découverte très tard, et ça ouvre un pan de compréhension de la musique, en particulier allemande, assez vertigineux. Quelques formes fixes : ¶ la chanson strophique, on répète le même thème avec des paroles différentes ; ¶ la rhapsodie, on superpose des thèmes qui n'ont pas de lien entre eux ; ¶ la fugue, on mélange simultanément 2 à 5 thèmes qui s'entrelacent selon un cahier des charges assez strict ; ¶ la variation, on prend un thème qu'on répète en le déformant (très apprécié à l'époque baroque) ; ¶ la forme sonate, on prend un thème A et un thème B, on les fait s'affronter, se contaminer… La forme sonate est la grande innovation formelle de la période classique : elle permet vraiment un discours, un dialogue, une dramaturgie. C'est le fond de sauce que tu retrouves dans tous les premiers mouvements de Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Brahms, Mahler… Et Haydn s'amuse beaucoup de ses possibilités (le thème A va prendre des caractéristiques du thème B, il va jouer à nous faire prendre l'un pour l'autre, par exemple). C'est ce qu'on appelle le développement, le moment où A et B jouent ensemble. Moment très court à la période classique, et puis chez Beethoven ça prend des proportions plus considérables. C'est technique dans le détail (pour arriver à le composer, oui !), mais sur le principe, c'est assez simple, et ça s'entend à l'oreille. Il y a des guides d'écoute qui se trouvent en ligne pour les œuvres célèbres du répertoire (ou au besoin, je dois pouvoir t'en trouver et te les passer), dans le genre de ce qu'a fait Mélo ici, par exemple récemment pour la Septième Symphonie de Mahler. Une fois qu'on a pigé le fonctionnement, tout s'éclaire. |
| | | LeKap Mélomaniaque
Nombre de messages : 1648 Age : 67 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 23/04/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 2 Nov 2019 - 7:29 | |
| Merci David Je vais « étudier » cela gentiment avec un handicap de taille , je ne sais pas lire une partition Mais qui va piano va sano A+ |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 2 Nov 2019 - 13:43 | |
| Ces musiques n'étaient pas écrites pour être écoutées avec la partition sur les genoux de toute façon !
Je te conseille d'essayer avec Beethoven. Par exemple, dans la 3 : I – forme sonate (tu entends clairement le premier thème, tout simple, qui irrigue tout le mouvement et se mélange avec le second grand thème) ; II – forme lied, tu as le refrain de la marche funèbre, et des couplets de caractère différents (comme dans une chanson, quoi) ; IV – forme variations, ce n'est que le même thème, une bête contredanse qu'il a écrite dans son cycle de gentilles contredanses, mais modifié, enrichi, transformé.
Je crois que ça permet d'entendre assez facilement les différences de principe. Après, le détail, c'est avant tout l'affaire du compositeur (et des truth seekers, je suppose). |
| | | arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25852 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 2 Nov 2019 - 15:03 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Je suis content, ce n'est pas tous les jours qu'on a un débat sur Haydn dans ce forum.
- LeKap a écrit:
- @DadidLeMarrec : «
Astuce : pour apprécier Haydn à sa juste valeur, il faut vraiment s'intéresser à la forme. Ce sont les jeux de forme qui le rendent intéressant. Si on écoute plutôt les mélodies, les timbres, l'harmonie, on en a vite fait le tour. «
Salut David qu’entends-tu par la forme - un truc pour initiés ? C'est vrai que c'est un peu technique, typiquement le genre de truc qu'on perçoit mieux sur partition. Mais ça s'entend tout de même, instinctivement d'abord, et ensuite plus finement en y prêtant spécifiquement attention. C'est une chose que j'ai découverte très tard, et ça ouvre un pan de compréhension de la musique, en particulier allemande, assez vertigineux.
Quelques formes fixes : ¶ la chanson strophique, on répète le même thème avec des paroles différentes ; ¶ la rhapsodie, on superpose des thèmes qui n'ont pas de lien entre eux ; ¶ la fugue, on mélange simultanément 2 à 5 thèmes qui s'entrelacent selon un cahier des charges assez strict ; ¶ la variation, on prend un thème qu'on répète en le déformant (très apprécié à l'époque baroque) ; ¶ la forme sonate, on prend un thème A et un thème B, on les fait s'affronter, se contaminer…
La forme sonate est la grande innovation formelle de la période classique : elle permet vraiment un discours, un dialogue, une dramaturgie. C'est le fond de sauce que tu retrouves dans tous les premiers mouvements de Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Mendelssohn, Brahms, Mahler…
Et Haydn s'amuse beaucoup de ses possibilités (le thème A va prendre des caractéristiques du thème B, il va jouer à nous faire prendre l'un pour l'autre, par exemple). C'est ce qu'on appelle le développement, le moment où A et B jouent ensemble. Moment très court à la période classique, et puis chez Beethoven ça prend des proportions plus considérables.
C'est technique dans le détail (pour arriver à le composer, oui !), mais sur le principe, c'est assez simple, et ça s'entend à l'oreille. Il y a des guides d'écoute qui se trouvent en ligne pour les œuvres célèbres du répertoire (ou au besoin, je dois pouvoir t'en trouver et te les passer), dans le genre de ce qu'a fait Mélo ici, par exemple récemment pour la Septième Symphonie de Mahler. Une fois qu'on a pigé le fonctionnement, tout s'éclaire. A encadrer. Merci, David. |
| | | Drosselbart Mélomane averti
Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 30/05/2019
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 2 Nov 2019 - 23:44 | |
| - Benedictus a écrit:
- Du coup, j’ai voulu comparer Fey (une découverte pour moi), Norrington (écouté en diagonale il y a déjà un petit moment) et Harnoncourt dans une même symphonie:
• Symphonie nº83 en sol mineur, Hob.I:83 «La Poule» - Thomas Fey / Heidelberger Sinfoniker Wiesloch, III.2002 Hänssler - Sir Roger Norrington / Zürcher Kammerorchester Zurich, VI-VII.2013 Sony Classical - Nikolaus Harnoncourt / Concentus Musicus Wien Vienne, XII.2001 & VI.2002 DHM Belle initiative ! Je me suis moi aussi plié à l'exercice, en ajoutant la n.82, histoire de parer à tout hasard. Je découvre donc moi aussi Thomas Fey, et je trouve ça très sympathique. C'est habité, ça avance. En revanche, il y a un point sur lequel j'apporterais une nuance, et peut-être même une contradiction aux observations de Benedictus et de David. La vision dramatique, c'est ici que je la trouve (et non pas chez Harnoncourt). Il y a de la mise en scène, une occupation très intéressante de l'espace sonore, et un très beau jeu avec les tempi. L'indication concernant les cuivres éclaire beaucoup la couleur intéressante de l'orchestre. Cet entre-deux est très réussi. Des trois interprétations, c'est sans aucun doute la plus belle, si on parle en terme de beauté sonore. La seule limite que je pourrais trouver ici, c'est justement que par moment, c'est un peu trop dans la mise en scène. C'est le charme, et aussi peut-être ce qui fait que je n'y reviendrai surement pas systématiquement pour écouter l'oeuvre. Mais entendons-nous, je suis vraiment agréablement surpris par cette découverte. - Benedictus a écrit:
- Harnoncourt intensifie la rhétorique des affects
Je n'aurais pu mieux dire. Et je crois justement qu'ici, on n'est pas dans le drame. Pas de mise en scène, pas de théâtre, mais le discours musical à l'état pur. Un déploiement de couleurs formidable, une palette sonore qui va de la brutalité à la tendresse extrême, les nuances dans les tempi... tout y est. Les contrastes sont saisissants, et on ne relache pas une seconde l'attention. Il y a une sorte d'immanence des grandes luttes qui habitent ces symphonies. Je me demande bien qui osera encore parler de "Papa Haydn" après avoir entendu la fougue et la jeunesse qui règne ici. - Benedictus a écrit:
- Norrington semble davantage égaliser le discours: si les phrasés sont plutôt courts et secs, ils sont aussi assez uniformes sur la durée (même avec les LCP, ça a toujours été le problème de Norrington); de même, si les tempi sont très vifs (trop, même, à mon goût, en particulier dans l’Andante qui en devient assez prosaïque), ils sont d’une régularité métronomique, aussi loin de la souplesse de Fey que des tempi très contrastés de Harnoncourt
Je souscris entièrement. On a quand même l'impression que la machine tourne toute seule, et qu'elle pourrait tourner comme ça pendant des heures. Et pourtant, le fait que le rythme soit su soutenus offrirait justement un nuancier de tempi beaucoup plus riche. Au final, j'en viens presque à trouver ça précipité dans les mouvements rapides, impassible dans les mouvements lents. Marche forcée pour l'orchestre, souvent au détriment du discours musical, avec bien peu de place pour tous ces petits détail que Haydn a prévu pour les différents instruments. Cependant, je dois bien admettre que si c'est souvent un peu frustrant, il y a quand même une vraie vision d'ensemble chez Norrington. L'architecture des différents mouvement est très soigneusement construite. Ces deux observation ne sont d'ailleurs pas sans rapport. C'est aussi parce qu'on est moins immergé dans le dialogue entre les différents pupitres, dans le contraste des sons, qu'on a une vue plus dégagée sur la progression générale. Et puis cet aspect motorique, s'il peut très vite tourner à vide, peut aussi faire merveilles. Dans le Vivace final de l'Ours, c'est une démonstration de grand maître. Au départ, on se demande un peu ce qu'on fait là, et puis très vite, on sent qu'on est projeté dans une ascension fulgurante qui ira jusqu'au bout, même si l'orchestre doit périr. Et il faut avouer que c'est assez jouissif ! En résumé : Norrington trop en rupture avec la grande liberté qui règne dans cette musique, malgré la grande ligne d'ensemble. Fey, grande présence, direction vivace, pleine d'allégresse et d'ingéniosité : de belles heures d'écoute en perspective avec cette intégrale. Mais je dois avouer que cette fois encore, après avoir réécouté les Parisiennes par Harnoncourt, j'en suis sorti en me disant que décidément, toute la musique pouvait bien disparaître, pourvu qu'il me reste Haydn... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Dim 3 Nov 2019 - 0:17 | |
| Je redis que ce n'est pas le Norrington que j'ai écouté (je ne connais même pas cet orchestre), donc je ne peux pas me prononcer.
Si, Harnoncourt a quelque chose de délibérément théâtral à mon sens ; pas un théâtre de la forme comme celui que tu décris bien pour Fey, avec tous ses jeux et renvois, mais simplement l'exploitation de contrastes d'abord popularisés par le théâtre de Gluck, cette façon très verticale de faire claquer le son et de changer les couleurs d'un coup. |
| | | Drosselbart Mélomane averti
Nombre de messages : 306 Date d'inscription : 30/05/2019
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Dim 3 Nov 2019 - 1:47 | |
| Ah oui, d'accord, je vois. Dramatique dans ce sens là, effectivement. Je pensais plus à la dymension théâtrale. Mais effectivement, Harnoncourt exploite à fond les possibilités que lui offre son orchestre. J'ai également jeté une oreille à ce que fait Brüggen dans les Parisiennes, et il me semble qu'il y a également cette recherche de contrastes, et surtout une exploitation très subtile des couleurs de l'orchestre qui le place un peu dans la même veine, mais en beaucoup moins radical ( j'avoue ne pas du tout connaître Brüggen - ça doit être la première fois que j'entends un de ses enregistrements...).
Pour Norrington, tu conseillerais quels enregistrements en particulier, dans ce cas ? Parce que pour être honnête, je n'ai pas tellement envie de m'en tenir là. C'est quand même avec lui que j'avais entendu la première fois Haydn en concert, et ça avait été une vraie révélation... Y'a sûrement moyen de se rabibocher ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Dim 3 Nov 2019 - 20:43 | |
| - Drosselbart a écrit:
- J'ai également jeté une oreille à ce que fait Brüggen dans les Parisiennes, et il me semble qu'il y a également cette recherche de contrastes, et surtout une exploitation très subtile des couleurs de l'orchestre qui le place un peu dans la même veine, mais en beaucoup moins radical ( j'avoue ne pas du tout connaître Brüggen - ça doit être la première fois que j'entends un de ses enregistrements...).
J'ai tendance à trouver ça un peu gentil en effet, comme souvent chez Brüggen : l'orchestre a peu de profondeur, tout est un peu lissé, effleuré. Mais ça reste très élégant et réussi. - Citation :
- Pour Norrington, tu conseillerais quels enregistrements en particulier, dans ce cas ? Parce que pour être honnête, je n'ai pas tellement envie de m'en tenir là. C'est quand même avec lui que j'avais entendu la première fois Haydn en concert, et ça avait été une vraie révélation... Y'a sûrement moyen de se rabibocher !
J'avais entendu ses enregistrements avec la Radio de Stuttgart (et peut-être ceux avec les LCP, pas sûr). |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Dim 15 Mar 2020 - 2:25 | |
| - Mélomaniac, in playlist, a écrit:
Joseph Haydn (1732-1809) :
Symphonie n°82, en ut majeur Symphonie n°83, en sol mineur
= Colin Davis, Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam
(Philips, janvier 1986)
Après une superbe intégrale de Londoniennes avec le même orchestre, à la fin des années 1970, Davis s'attaqua aux 91°-92°, puis se pencha sur ces deux symphonies de la série des six "parisiennes" (L'Ours et La Poule) de Haydn, mais ce qui fut peut-être un projet (?) s'arrêta là, hélas. Ampleur de l'architecture, finesse des lignes, délicatesse des accents, noblesse des couleurs, les prestigieux pupitres néerlandais nous offrent une leçon de grand style. Sans même parler de la virtuosité, et de l'autorité suprêmes (les cordes dans l'Allegro spiritoso !)
|
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Mer 29 Avr 2020 - 22:07 | |
| • Symphonies en si bémol majeur, Hob.I:85 «La Reine» et en fa dièse mineur, Hob.I:45 «Les Adieux»Guy Van Waas / Les Agrémens Vielsalm, III.2008 RicercarUn disque (très réussi), un peu à part dans la discographie des symphonies de Haydn. En effet, il porte bien son titre («Haydn à Paris») en ce qu’il donne à entendre une façon vraiment différente de faire sonner Haydn: c’est du Haydn HIP, mais avec une couleur «parisienne fin XVIIIᵉ» assez singulière. C’est vraiment les équilibres de l’orchestre de Gluck (des vents plus nombreux mais aux timbres très clairs et fins - on est assez loin des couleurs et des textures du Concentus Musicus - et des cordes très focalisées), et une façon nettement classique-tardive d’articuler le discours - très «droite» et épurée, presque guindée, dans la réalisation des cadres rythmiques et harmoniques du discours (ici plus saillants, au détriment des jeux formels) mais très intense, théâtral et quasi déclamatoire, en matière d’accentuations, de phrasés et de contrastes de dynamiques. Et la réalisation de Van Waas et son orchestre est assez fine et vivante pour que ce dépaysement esthétique soit stimulant d’un bout à l’autre, et très plaisant. Par le déport qu’il opère, un disque qui éclaire paradoxalement les spécificités sonores et langagières du classicisme tardif français - tout en montrant ce que Haydn lui doit aussi. |
| | | arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25852 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Jeu 30 Avr 2020 - 0:28 | |
| - Benedictus a écrit:
-
Par le déport qu’il opère Bien joué. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Jeu 30 Avr 2020 - 0:36 | |
| Pas fait exprès.
En revanche, je doute que tu accroches à cette version: connaissant tes goûts, tu trouveras sans doute ça trop cravaté et pas assez coloré (ne serait-ce que par rapport à Harnoncourt.) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Jeu 30 Avr 2020 - 11:24 | |
| Totalement d'accord avec ta description : vraiment une approche assez inédite (là où Le Concert de la Loge Olympique utilise un spectre sonore français, mais une logique de discours plus traditionnellement classique-germanique). Je ne parviens pas à me décider s'il s'agit d'une limite dans la capacité de van Waas à adopter une esthétique Haydn, ou si nous avons affaire à un choix tout à fait conscient et délibéré, mais ce Haydn vertical, aux contrastes théâtraux à la Gluck, qui ne cherche pas les jeux de discours mais l'atmosphère immédiate, nous plonge en quelque sorte dans ce qu'a pu être (ou pas, les musiciens en question n'étant pas forcément ceux de l'Académie Royale de Musique…) l'esthétique de la création des Symphonies Parisiennes, à une époque où la différence d'esthétique entre nations devait être assez considérable.
Le résultat simplifie sans doute un peu le projet de Haydn, mais il est très persuasif, je trouve ! |
| | | arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25852 Date d'inscription : 22/01/2010
| | | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 5 Mar 2022 - 12:03 | |
| Oui, chaque symphonie a vraiment été traitée avec un son remarquable, l'énergie qui en émane est particulièrement convaincante ! Ce sera une belle alternative à Hogwood (qui reste mon chouchou) une fois achevée ! |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 5 Mar 2022 - 12:16 | |
| - arnaud bellemontagne a écrit:
- Un régal pour les oreilles qui donne envie de se procurer le récent coffret qui regroupe les 10 volumes précédents.
C'est une intégrale en cours qui a, je trouve, beaucoup progressé entre les deux ou trois premiers volumes (que je n'avais pas aimés: vraiment la caricature du style baroqueux italien hystérique); je me souviens que le 4 m'avait déjà plu bien davantage («Il distratto») et surtout qu'un vrai saut qualitatif avec les trois volumes enregistrés à Bâle (5-6-7), dont l'approche, plus fouillée, moins systématique, s'est étendue aux trois volumes suivants avec le Giardino Armonico. Souhaitons-lui donc de pouvoir achever son intégrale sur crincrins (le projet semble en effet un peu maudit: Hogwood, Fey...) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 5 Mar 2022 - 12:27 | |
| Ah, c'est pour ça que je n'ai jamais trouvé les volumes manquants de Hogwood ! J'étais persuadé que c'était fini et que j'avais juste des difficultés à trouver… (Tu oublies Doráti dans le chapitre malédiction. ) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 5 Mar 2022 - 12:59 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Ah, c'est pour ça que je n'ai jamais trouvé les volumes manquants de Hogwood ! J'étais persuadé que c'était fini et que j'avais juste des difficultés à trouver…
Il y a quelques années, Decca a dû boucher les trous avec des bouts de Brüggen et de Dantone pour pouvoir écrire « first complete cycle on period instruments»: - DavidLeMarrec a écrit:
- (Tu oublies Doráti dans le chapitre malédiction. )
Bien sûr, je parlais juste de la malédiction des intégrales inachevées. |
| | | Stolzing Mélomaniaque
Nombre de messages : 1061 Localisation : Paris Date d'inscription : 10/05/2010
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 5 Mar 2022 - 23:38 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- (Tu oublies Doráti dans le chapitre malédiction. )
C'est très bien, Dorati... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97864 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Sam 5 Mar 2022 - 23:44 | |
| Ce qu'il a fait aux menuets, d'autres l'ont fait à la Pologne. D'une manière générale, très probe intégrale qui avait le grand mérite de rendre accessible l'ensemble, mais stylistiquement, ça occulte énormément d'aspects propres à Haydn, et ne permet pas d'entendre toute la richesse de sa pensée, à mon sens. (Et puis les Menuets. Les Menuets.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Dim 6 Mar 2022 - 0:15 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- très probe intégrale qui avait le grand mérite de rendre accessible l'ensemble
Voilà. Mais quitte à écouter du Haydn non-informé, Fricsay, Bernstein et Scherchen sont tellement plus intéressants! |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14334 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Joseph Haydn-Symphonies Dim 6 Mar 2022 - 9:28 | |
| - Stolzing a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- (Tu oublies Doráti dans le chapitre malédiction. )
C'est très bien, Dorati... +1 Un régal. Depuis que j’ai son intégrale je n’éprouve le besoin d’écouter personne d’autre. Un de mes coffrets pour l’isola disabitata. |
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