Igor Stravinsky

DavidLeMarrec a écrit:

Je pose ça là, où ça a davantage sa place.

Prosopopus a écrit:

Il y a dans L'oiseau de feu cet effet aux cordes dans l'introduction, que je pense être des glissandi mais je ne vois pas exactement l'effet qui crée cette impression fantastique qui m'émerveille à chaque fois.

Ce sont des arpèges en harmoniques dont les notes sont reliées en glissando… donc pas mal d'effets simultanés en effet.

(Pour l'anecdote : Stravinski le demande aux violons et aux violoncelles… mais pas aux altos. )

Je connais mal la pratique du violon mais je pense saisir "l'astuce", merci de l'information.
J'ai essayé de lire la bio de Stravinsky par Boucourechliev pour essayer de saisir les techniques de Stravinsky dans ces compositions mais j'ai vite décroché face aux analyses musicologiques.

Prosopopus a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Je pose ça là, où ça a davantage sa place.

Prosopopus a écrit:

   Il y a dans L'oiseau de feu cet effet aux cordes dans l'introduction, que je pense être des glissandi mais je ne vois pas exactement l'effet qui crée cette impression fantastique qui m'émerveille à chaque fois.

Ce sont des arpèges en harmoniques dont les notes sont reliées en glissando… donc pas mal d'effets simultanés en effet.

(Pour l'anecdote : Stravinski le demande aux violons et aux violoncelles… mais pas aux altos. )

Je connais mal la pratique du violon mais je pense saisir "l'astuce", merci de l'information.

En gros, glissade sur la corde (entre des notes rapides et fixées tout de même), et utilisation des harmoniques (donc plus fin et plus aigu). Ça donne ce côté « nuage ». En plus les violons et les violoncelles ne jouent pas les mêmes rythmes, il y a un effet de décalage encore plus insaisissable.

et il me semble même que les coups d'archets, non plus, pour que l'effet soit le plus sympa, ne doivent pas être coordonnés (?)

Pour les harmoniques sur le violon, c'est le même principe que pour la guitare ?
On effleure la corde avec la main gauche à un endroit précis sur le manche ?

Exactement !

Rav-phaël a écrit:

et il me semble même que les coups d'archets, non plus, pour que l'effet soit le plus sympa, ne doivent pas être coordonnés (?)

Entre violons et violoncelles, sûr, entre violons I et II, il faudrait que je vérifie, il ne me reste pas cette impression, peut-être du ressort des interprètes, là.

DavidLeMarrec a écrit:

Rav-phaël a écrit:

et il me semble même que les coups d'archets, non plus, pour que l'effet soit le plus sympa, ne doivent pas être coordonnés (?)

Entre violons et violoncelles, sûr, entre violons I et II, il faudrait que je vérifie, il ne me reste pas cette impression, peut-être du ressort des interprètes, là.

C'est en décalé. Les V II entrent une croche après les V I, donc en arpèges, quand les V I descendent, les V II montent et inversement.

C'est en tout cas une sacrée belle idée, évidemment ! Je suis curieux de savoir si on la retrouve ailleurs que dans cette partition et que chez Stravinsky ; peut–être que j'en connais mais alors je n'y ai jamais prêté attention   ...

Rav-phaël a écrit:

C'est en tout cas une sacrée belle idée, évidemment ! Je suis curieux de savoir si on la retrouve ailleurs que dans cette partition et que chez Stravinsky ; peut–être que j'en connais mais alors je n'y ai jamais prêté attention   ...

Je ne sais pas si tu parles juste de l'effet arpège en harmonique ou de la superposition de l'effet mais si cest le 1er cas l'exemple qui me vient immédiatement en tête cest dans le 2ème mouvement de la sonate pour violoncelle de Chosta où après un début très bourrin le violoncelle se retrouve accompagnant du thème du piano par des harmoniques arpégées comme ça. C'est planant, charmant et fait toujours un bel effet.

Mélomaniac a écrit:

...

[size=12][color=#000099]Piatigorsky avait pour son usage réclamé une transcription du ballet Pulcinella à Stravinsky (qui l'avait déjà arrangé pour violon) mais las d'attendre
il finit par y procéder lui-même. Le compositeur, qui n'avait jamais rien écrit pour cet instrument, se montra satisfait du résultat, fier que le public
puisse entendre au violoncelle quelque chose de sa plume.
Quand les deux hommes jouèrent salle Pleyel à Paris cette Suite italienne ainsi baptisée, Stravinsky adjoignit l'Aria qui manquait à sa transcription pour violon...

Il y a une anecdote (vraie celle-ci) qui circule au sujet de cette transcription.

Une fois que Piatigorsky eut achevé sa transcription, Stravinsky insista pour en partager les droits d'auteur parfaitement équitablement. Le violoncelliste, quelque peu gêné, répondit qu'il avait fait ce travail pour pouvoir jouer une oeuvre de Stravinsky et qu'il n'en attendait rien financièrement, encore moins 50%, ce à quoi le compositeur rétorqua : "Vous ne comprenez pas. En tant que compositeur de la musique, j'ai droit à 90% des droits d'auteur. Il reste donc 10% que nous répartissons équitablement entre nous. Au total, 95% pour moi et 5% pour vous donc 50-50". Piatigorsky accepta alors en riant.

Impayable Stravinsky.

Je suis en train d'écouter chronologiquement tout le corpus de Stravinsky (quel teasing!) mais avant de lancer mes (nécessaires et salutaires) avis sur chaque œuvre, une nouvelle découverte vient de m'émerveiller et je la partage avec les quelques d'entre vous qui ne le savaient peut-être pas.

Stravinsky compose un morceau de piano pour un label américain en 1925, la Serenade en la. J'aime beaucoup le morceau qui est une sorte de version pour le grand public de la musique de Stravinsky (c'est très impressionniste finalement, très agréable).

Mais petite surprise sur l'ouverture du premier mouvement. Je vous invite à écouter donc l'hymne introductif (il y a un très bon disque par Charles Rosen)
youtu.be/PRat3iRPeOI

Ça doit normalement vous faire penser à quelque-chose...

Réponse ci-dessous mais je laisse en spoiler pour les plus joueurs d'entre-vous.

Spoiler:

Stravinsky, Perséphone

Je m'attendais à être déçu, j'ai tout de suite accroché et, tout en admettant quelques longueurs, n'ai jamais décroché. Il y a un je-ne-sais-quoi visiblement très efficace sur moi. C'est curieux. Et j'ai déjà envi de relancer le disque !

Je-ne-sais-quoi, mais je sais un peu quand même : de régulières réminiscences d'oeuvres que j'aime tant (Symphonies d'instruments à vent en tête, Noces, Rossignol, etc), ou d'oeuvre que j'aime moins mais débarrassées là, me semble-t-il, de ce que je n'y aime pas (Apollon Musagète, Pulcinella, etc.). Ajoutez de belles façons rappelant Ravel, Delibes, ou Poulenc parfois. Le tout si maîtrisé, sans chichi, épuré, un charme mélodique, ...

Une espèce de mosaïque de sensations et effets stravinskiens comme réduits à l'essentiel (et nimbés d'une touche symboliste, on ne se refait pas, on craque, par principe...).

J'essaie maladroitement d'expliquer mon plaisir. De fait j'y ai pris beaucoup de plaisir !

J'ai tenté de faire le tour des mentions de l'oeuvre sur le forum. Il semble que ça n'a jamais été la fête ... J'en suis tout étonné.

Je réponds tardivement mais j'aime beaucoup aussi et y retrouve effectivement ce que tu décris.
Le fait que l'oeuvre soit dramatiquement confuse ne doit pas trop aider à sa reconnaissance.

Sorti vendredi chez Allia :



Il avait le propos dur, Igor. Quand il n'aimait pas quelque chose, il le disait avec aigreur, et rajoutait ensuite qu'il aurait fait mieux lui, pétri de la certitude de sa valeur et de celle de ses préjugés. L'objet-livre est beau, rempli de photographies qui témoignent de l'époque de la vie du compositeur, mais je me passerai tranquillement d'un bon tiers du texte.