Écoute comparée: Mahler, 2e symphonie - LA SUITE

C'est clair que, dans une autre poule, A4 aurait pu finir bien plus haut, et peut-être même en tête. J'irai d'ailleurs écouter la version en intégralité pour voir, comme tu le dis, comment se développe une vision si "zen" "dans la durée". Et la volonté intrinsèque du chef de "faire autrement", si elle me semble parfois demander autre chose à l'oeuvre que ce qu'elle peut proposer, est aussi louable pour sa personnalité qu'efficace sur la durée - j'ai évoqué, je crois, une "cohérence malgré tout" et ce n'est pas une sensation que j'ai si souvent éprouvée dans notre écoute comparée. Ah, si les derniers accords ne s'effondraient pas autant.... Pour la marche funèbre dans son ensemble, en revanche, je suis d'accord avec toi   étonnant comme cette version nous amène à gérer des paradoxes tel que...celui que je viens d'énoncer ! J'en déduis qu'elle est forcément réussie, du moins en partie, si elle nous questionne autant, non ?

A2 –
Version honnête. Son Un peu lourd, déficit de couleurs et manque de clarté par ci-delà. Manque global de personnalité tant sonore que dynamique, coté orchestre on a pu entendre plus virtuose aussi.
Mais il y a de beaux moments, le dernier quart fonctionne notamment très bien.

C3-
Belle version, finement mené avec délicatesse, baignant dans des couleurs froides comme je les aime. Mais version se heurtant aux limites d’un orchestre honnête mais sans la virtuosité ou les timbres des plus grands.
Nous en reste une impression propre et musicale, mais au bout du compte un peu inaccompli, voir monotone. Dommage, mais l’Urlicht étant sublime (et j’en tiens fortement compte pour ce vote), nul doute que cette version en aura encore dans le ventre, pour les II & III notamment ?

D3-
Bizarrement, j’avais détesté l’Urlicht. Peut-être étais-je bien mal luné, car c’est tout de même bien mieux ici !
Même si la prise de son, un peu lourde me laisse une impression bizarre. Tout comme les couleurs bronze un peu trop uniformes.
Mais je trouve ici le discourt bien découpé, et je trouve un orchestre engagé et techniquement très précis. Version arrivant à créer un souffle maitrisé, efficace et semblant en avoir dans le ventre pour la suite.

E2-
J’avais noté dans l’Urlicht « gros conquérant » et « ne fait pas dans la finesse ». C’est parce que E2 s’épanouit ici, et via quelle feu d’article fou !
Violent, puissant, dynamique, sombre, urgent. Ça déménage, et avec une grande virtuosité ! Je suis bien obligé de m’incliner face à telle force de conviction, qui évite de se poser trop de question.
Mais je me souviens d’un Urlicht nettement moins convainquant, le revers de la médaille…

H1-
Assurément un mouvement efficace, et plus convainquant qu’un Urlicht sans grand intérêt.
On l’y retrouve un peu le même problème, celui d’une version quelque peu carré, qui peine à passionner ou à même à se différencier.
Après deux mouvements, je ne suis pas convaincu par son potentiel futur, et je choisi délibérément d’être dur avec elle.

E2>C3>D3>A2>H1

A1-
Belle version, fluide, élancée, engagée, précise. Ce qui fait pas mal de qualité, d’autant plus lorsque l’on se souvient d’un très bel Urlicht.
B3-
On se souvient d’un Urlicht qui avait du mal à faire son trou, à trouver sa voie. Notamment à cause d’une prise de son, un peu lointaine, toujours dommageable.
Je reste sur une impression très proche : manque d’impact, solistes bof, ambiance sonore sans grands charmes.
Avancée par à-coup et quelques effets appuyés. A ce niveau la concurrence est trop rude pour cette honnête version.
C1-
Encore une version efficace, pour laquelle on sait allez chercher nombre de qualités singulières, qui ne manquent pas. Mais peinant à faire la différence ; ou serait-ce l’auditeur de cette écoute comparée qui sature ?
Une très belle version, c’est sûr, ça s’entend. C’est beau : oui, précis : oui, architecturé : oui. Donc une bonne note en attendant de voir si l’on pourra vraiment décoller.

F2-
Toujours cette impression de lenteur, pour une interprétation toujours sans matière grasse. C’est tout à fait intéressant, pour entendre l’œuvre sous un angle différent et transparent.
Mais tout à fait hors sujet, dans le cadre de la recherche (vaine, je vous l’accorde) d’une version idéale.
Toutefois, je ne peux que recommander aux Mahlerien (très) averti d’y jeter une oreille, car c’est très bien fait et intéressant.
Mais du coup… ça m’intéresse. Donc je lui donne sa chance.
J’ai une forte présomption sur l’identité de cette version, même si je suis sûr à 100% de jamais l’avoir écouté.

H4-
Depuis l’Urlicht et bien… je n’aime toujours pas. Ca fait chips (une vraie musiquette), calculé, les cuivres sonnent comme des trompettes à WC.
Non, cette version n’est pas belle, non je n’y crois pas ; et je ne comprends toujours pas où l’on va.
Comme au premier tour, je la classe dernière.

A1>F2>C1>B3>H4

A2 : Le tout est un peu lourdaud. Le début est très lent, un peu à la traine et l'enregistrement manque cruellement de dynamique. Les tempi en général sont un peu bancals, en revanche il y a de jolis violons par moments. Bon, je préfère être honnête, c'est la première fois que je m'ennuie en écoutant le premier mouvement. J'ai failli m'arracher les cheveux sur la deuxième moitié du mouvement. Le premier violon est plutôt joli mais un peu criard. A 11min les contrebasses se réveillent et ont un peu plus de gueule. Bon point pour les cuivres plutôt sombres et secs. Des coups d'archets timides et peu de tension tout le long. Les 5 dernières minutes sont un peu mieux.
> Urlicht : Les couleurs de l'orchestre sont affreuses, sans trop de délicatesse et le tout est beaucoup trop rapide. Côté voix c'est un peu forcé, on n'est pas à l'opéra, l'Urlicht c'est délicat. La prononciation me dérange mais je suis très pointilleuse là-dessus sur ce morceau :p peu d'émotions c'est tout.

C3 : Les contrebasses sont stupéfiantes de précision et de tension. De vrais personnages d'orchestre. Le tout est assez équilibré, mais il manque quand même une petite étincelle. Les violons et les percussions sont un peu en deçà du reste de l'orchestre. Une jolie version pour découvrir l'œuvre, mais qui nous laisse un brin sur notre faim. La descente vers 9min50 est vraiment décevante par rapport à la tension du début. Les harpes et les flûtes sont très belles par contre et la dernière phrase des violons est parfaite !
> Urlicht : Belle voix, même si un poil trop de vibrato. Le violon est très joli, la flûte un peu trop derrière. J'aime moins la dernière minute qui manque de sincérité et d'abandon.

D3 : Oh ! Contrebasses précises et bon tempo, le son est un peu sourd, mais les cuivres viennent illuminer le tout. Les trompettes ont une sonorité parfaite, elles sont quasiment les garantes de la tension qui ne redescend jamais. Les violons font des glissendi comme je les aime. Très beau passage glorieux. Les coups d'archets sont quasiment inexistants c'est trop dommage !
> Urlicht : Ah ! Ah oui ! Là je dis oui ! Très apaisant, l'orchestre est posé et juste ce qu'il faut en retrait, joli dialogue orchestre/voix. Les contrebasses sont un poil trop fortes, mais là je chipote.

E2 : Païta sort de ce corps haha ! Purée que c'est bon ! Beaucoup de violence à chaque pupitres (contrebasses, violons, cuivres...). Même une petite fausse note aux cuivres qui ne rend la version que plus surprenante. Malgré tout c'est très précis, la tension est impressionnante, quelqu'un qui a tout compris à Mahler ! L'orchestre est très nettement supérieur aux autres, les couleurs correspondent parfaitement à ce qu'il faut pour ce morceau. J'en ai mal au dos tellement je suis tendue à l'écoute. Elle rivalise déjà avec mes versions préférées !
> Urlicht : L'orchestre est un peu moins précis que pour le premier mouvement, la voix également. C'est quand même très beau mais ça manque de nuances.

H1 : Bon déjà on dirait qu'il manque une note aux contrebasses au tout début. En revanche excellente dynamique ! C'est loin d'être mauvais, c'est même très bon à mon sens, mais on peine à le différencier un peu. Plutôt que "carré", je dirais qu'elle est très équilibrée. Elle me plait bien, plus constante que les autres, pas de grosses surprises, mais très bien tout le long. Plus mystique que la version E2 qui est ouvertement violente.
> Urlicht : La voix est très belle est bien nuancée mais l'orchestre est un peu trop imprécis à mon goût.

Donc : E2<C3<D3<H1<A2
Et pour l'Urlicht si on me demandait mon avis : <D3<E2<H1<C3<A2

Je confirme ce que j'ai déjà dit pour A1 : après un début sidérant, on entend un bricolage sonore dont il est difficile de faire abstraction (surtout quand on écoute au casque). C'est un peu le même genre de construction que E2 (poule 3) mais en beaucoup moins réussi. Pour être juste, ça finit par se stabiliser. Il y a de nombreux passages très réussis et notamment quelques accelerendos assez foudroyants. L'Urlicht est vraiment bon. Quel dommage que la soliste et l'orchestre soit si rarement ensemble...
Pour B3, rien à rajouter à ma précédente analyse. Si ce n'est que ce 1er mouvement est décidément très très bien conduit !
C1 me fait toujours une excellente impression. Ah ah ! J'ai entendu une petite toux : on est donc en concert ! Cela dit, il y a quelques imprécisions dans la mise en place qui pouvait laisser supposer ça. On peut trouver des versions plus précises ou plus nerveuses que celle-là mais quelle concentration ! Sans parler de cette mélancolie qui se dégage lentement tout au long du mouvement. Bigre !
Je ne comprends plus pourquoi j'ai été aussi sévère avec F2 dans le classement. Dans le genre pyrotechnique, c'est vraiment excellemment réussi ! De plus (comme pour A4 dans la poule 1), on a enfin un tempo correct pour la marche funèbre à la fin.
Pas grand chose non plus à rajouter à ce que j'ai écrit sur H4. C'est vraiment très très bon !
Bref, encore une poule avec uniquement des versions intéressantes (comme les poules 1 et 3...).

C1=F2>H4>B3>A1
Pour résumer, j'ai fait descendre A1 et monter F2.

A3 :

Version sans défauts. De très très bonne facture.
On aimerais voir le tout un peu exploser si et là.
C'est une vision calme, qui prend son temps, bucolique, plus grandiose et magnifique que terrifiante.
Mais la sauce prends et le développement est tout simplement vertigineux !!!
La suite est aussi très très bien réussie.
Urlicht sublime. Magnifique choral. Voix qui n'est pas la plus belle mais le temps est suspendu et l'orchestre resplendit.

B2 :

Le début sonne magnifiquement. Version plus noire que A3, et dans le ton dès le début.
Noire oui, car il faut entendre comme sonne les contrebasses jusqu'à la 6ème minute!
Cette interprétation fait moins de concessions, ça ne traîne que très rarement.
Il faut entendre comme le chef sculpte son orchestre. Par exemple, il y a quelques soufflets tout simplement magnifiques.
L'orchestre resplendit sous la direction de son chef, magnifié par la prise de son très ample et colorée.
Urlicht exceptionnel. Voix extraterrestre. Orchestre transfiguré.

F3 :

Assez extraordinaire comme orchestre!
Conduite comme pas une, féroce, qui n'hésite pas à aller jusqu'au bout.
Par contre, je suis moins touché que par B2. Il y quelque chose qui me laisse un peu sur ma fin.
Là ou la lecture du chef de B2 s'envolait, dans F3, on est comme écrasé sur le sol.
C'est assez impressionnant notamment dans le développement central avec ces transition très très bien amenées.
Mais je suis compressé, et un souffre un peu trop en temps qu'auditeur. Mais c'est une version que je vais tout de même me procurer.
Magnifique Urlicht. Vraiment, cette poule contient en grande partie mes urlicht préférés. (un "Da komm ein engelein" à tomber à genoux car l'orchestre frémit, murmure...)

G1 :

L'orchestre est moins beau que les précédents. Souvent faux, timbre pas forcément des plus recherché (violons!!!)
Du coup, ça sonne tranchant, à fleur de peau, strident.
C'est une vision qui me plait bien que choisit le chef, rapide, grande cohésion dans l'ensemble, l'architecture est solidement construite et est son rand point fort.
Malgré l'architecture, musicalement parlant, c'est un peu plus pauvre que les deux versions précédentes. Les phrases ne sont pas toutes habitées jusqu'à la fin,
On a une impression malgré la construction, que à l’intérieur de cette structure générale, chef n'arrive pas à donner à l'orchestre une vision à long terme des phrasés, mélodies, conduite des voix.
Résultat, on tombe parfois sur des impasses qui par ce manque d'anticipation des musiciens fait s’aplatir le soufflet qui était bien partit.
A part ces rare moments, on est emporté vers d'autres cieux par cette lecture rapide.
Lecture moins luxueuse, architecture sans faille mais manque de vision des musiciens par moment.
(PS: encore une phrase différente vers la 17ème minute aux altos!!! ça fait trois versions qui ne font pas comme les autres.)
Décidément, c'est pas avec les Urlicht qu'on vas départager cette poule!!! Encore un Urlicht Magnifique (il faut dire que les Urlicht douteux ont déjà été éliminés)

X2 :

Décidément, cette poule a un très bon niveau. Encore une version qu'il ne faudrait pas jeter.
Timbre général déchirant, acide, explosif. Les bois ne sont toujours très justes.
Ça avance très vite au début. Mais c'est tout de même très précipité... (D4 ne pressait pas malgré un tempo limite plus rapide.)
Le problème de cette précipitation est que le chef change brusquement les tempi de manière très... brusque!
Cette précipitation fait perdre aussi en expression.
Ça ce calme un peu lors du développement. Développement grinçant et anticipant la sixième symphonie. (il faut entendre la tension qui se dégage lors de l'immense accélérando que conduit le chef, génial!)
La fin est géniale aussi. Dommage que le son ne soit pas toujours au rendez-vous. Et que l'exposition presse autant.
Un Urlicht qui ne m'avait pas convaincu lors du premier tour mais qui se justifie mieux dans cette poule. En fait, il est juste magnifique malgré la voix qui n'est pas la plus adaptée. Grrr, aucun Urlicht ne départage finalement les versions pour le classement.
Du coup, le classement ne tient quasiment qu'à la comparaison des Totenfeier.


B2>X2>G1>F3>A3

Son : excellente prise de son, naturelle et bien définie ; orchestre magnifique. Captation en studio.
1er mouv. : efficace et naturel mais sans surprise. Ça avance bien. Pas grand chose à ajouter par rapport à ce que j'ai dit au tour précédent.
2ème mouv. : Toujours très naturel. Et en plus c'est très élégant. Exemplaire !
3ème mouv. : Rapide et bien articulé. On reste bouche bée devant la qualité instrumentale de l'ensemble. L'alternance des climats est très bien gérée : ironie, joie tapageuse, mélancolie, tout y est.
4ème mouv. : Plus j'écoute cet Urlicht et plus je le trouve beau. Alors, évidemment, c'est très esthétisant mais c'est parfaitement cohérent avec les trois premiers mouvements.

Conclusion : Version luxueuse sur le plan sonore et instrumentale. Après un 1er mouvement très classique où on aurait aimé un peu plus de caractérisation, les 2 mouvements suivants sont des modèles d'élégance et de virtuosité. Tout ceci est extrêmement séduisant et lumineux. Amateurs de versions sombres et torturées, passez votre chemin !

Son : ancien et franchement laid. Captation en concert.
1er mouv. : Début cauchemardesque ! Le son y contribue mais pas seulement : c'est vraiment très bien mené. Plus, il y a d'autres passages qui seront traités de la même façon macabre. Cela dit, laa tension n'est pas constante. Par exemple, mesure 67 (a tempo), on a le droit à un passage étrangement mou. Par contre à 254, il y écrit «sehr langsam beginnend» et c'est pas du tout langsam... Allez comprendre.
2ème mouv. : Ça débute vraiment comme un ländler un peu pesant. On est loin de l'élégance de la version B2 mais pourquoi pas. Puis, le passage staccato introduit une sorte de dimension fiévreuse. Tout est globlement joué de façon assez rapide. Mais honnêtement, avec un tel son, c'est difficile d'être totalement convaincant dans un tel mouvement.
3ème mouv. : Tiens ! C'est assez lent ! Le côté grinçant et satirique est bien rendu. On aurait apprécié un peu plus de relance dans les passages rapides. Au final, ça ronronne un peu et c'est dommage.
4ème mouv. : C'est l'inverse par rapport à B2 : plus j'écoute cet Urlicht et moins je l'apprécie. Bien sûr, il y a une ambiance prenante. Mais cette fanfare initiale est épouvantable. Et puis, il y a un alanguissement difficile à défendre.

Conclusion : Version tapageuse et débraillée, qui n'hésite pas à faire sursauter l'auditeur. C'est un peu l'antithèse de B2. Ça a toujours beaucoup de caractère ! Dommage que les mouvements 3 et 4 soient un peu décevants...

Son : récent et plutôt bon, peut-être un poil lointain. Studio ?
1er mouv. : Des articulations très sèches, presque arrachées. Beaucoup de rage, de violence dans tout ça ! Fin de mouvement excellente (tempo de marche, montée en puissance progressive).
2ème mouv. : Début un peu froid et un peu raide. Du mystère, certes, mais pas beaucoup de grâce et de contrastes.
3ème mouv. : Tempo très rapide. C'est traité de façon très droite et très (trop?) sérieuse. Toutes les notes y sont... mais pas le caractère ! Heureusement, les passages rapides et fortissimo fonctionnent très biens et la fin du mouvement est de toute beauté, dans le genre grimaçant.
4ème mouv. : Fanfare initiale rejetée dans le lointain (dommage qu'elle soit si lente !). La mezzo est à l'opposée de la rigueur des mouvements précédents : elle est tellement détendue qu'elle est à la limite de la mollesse (ses glissandos sont très vilains d'ailleurs...). Le chef joue la carte de la suspension éthérée. Bof...

Conclusion : Si on apprécie la rigueur et la nervosité du 1er mouvement, on déplore l'absence de lâcher-prise dans les deux mouvements suivants. Inversement, le 4ème mouvement est complètement désincarné.

Son : assez récent et de bonne qualité. La texture est très fine et la définition de chaque pupitre reste excellente, même dans les tutti fortissimo. Captation en public ? (on entend une toux lors du deuxième mouvement, mais autrement, le public est très silencieux)
1er mouv. : Globalement, c'est assez beau, avec une belle précision. Le début est exemplaire, jusqu'à l'entrée des hautbois+cors anglais, curieusement laids. C'est très précis, bien articulé. Au niveau des tempi, on a des vrais contrastes tout au long du mouvement. Il y a un passage un peu raté : mesures 254 et suivantes. D'abord, ça ne commence pas pp. Ensuite, l'accelerando est très mal négocié, ce qui crée des décalages entre les pupitres.
2ème mouv. : Je trouve un peu trop lent, et donc un peu figé. Mesures 84, à nouveau des prises de liberté avec les nuances. Mesure 133, il y a écrit «Energisch bewegt» et … ça traîne un peu trop à mon goût. Le chef a voulu en faire un mouvement lent (comme dans les symphonies suivantes) mais ici, ça ne fonctionne pas vraiment.
3ème mouv. : Sur le premier coup de timbale, Mahler a écrit «kurz». Ici, c'est tellement kurz, qu'on entend plus l'appogiature ! Mais au moins, ça réveille après la léthargie du mouvement précédent ! Ensuite, on note deux choses : 1) toutes les nuances sont revues à la hausse 2) les accents sont surjoués. Le chef joue la carte de la farce, en se souvenant que cette musique vient du prêche d'Antoine de Padoue aux poissons (tiré Knaben Wunderhorn). À la mesure 190, il se passe quelque chose d'absolument surprenant : les respirations marquées dans la partition (apostrophes), sont jouées comme des silences ad lib. L'effet est stupéfiant ! La suite nous réserve encore quelques changements de tempo savoureux. Visiblement, le chef s'amuse ! La contrepartie, c'est qu'au niveau de la mise en place, ça commence à savonner...
4ème mouv. : Le mouvement démarre dans la résonance du gong. C'est intéressant ; dommage que la soliste attaque ses trois premières notes par en dessous. La suite est mieux tenue même si on est en droit de trouver la prononciation de la soliste un peu étrange. Je ne suis pas ému par ça mais j'admets que c'est bien réalisé.

Conclusion : une bonne version qui n'est pas sans défauts, notamment de mise en place et de respect des nuances. On a deux mouvements forts : le 1er et le 3ème, un mouvement correct (4ème) et un mouvement raté (le 2ème).

Son : correct mais avec un léger déficit de graves. L'orchestre est magnifique (mention spéciale pour les cordes). S'il n'y avait pas cette trompette un peu stridente, on frôlerait la perfection... Captation de concert.
1er mouv. : Magnifique début, avec un geste immense et beaucoup de rubato. Ça prend son temps mais ça chante et ça phrase. Et puis, quand il faut y aller, on y va d'un pas ferme. Tout ça est très impressionnant ! Et quelle poésie dans les passages lents ! Et cette marche finale, complètement hallucinée ! C'est tout simplement le meilleur 1er mouvement de cette poule !
2ème mouv. : Début traité de façon assez rapide mais avec grâce. Ensuite, le passage staccato installe une atmosphère mystérieuse qui se désamorcera avec élégance dans la ligne de chant des violoncelles (magnifique pupitre, d'ailleurs). Le retour au tutti se fait avec fermeté mais sans violence. Tout est parfaitement dosé et la musique coule naturellement.
3ème mouv. : Bigre, ce début est tout simplement exemplaire sur tout les plans : on a un caractère en demi-teinte (un peu grinçant, un peu menaçant, un peu populaire) allié à des qualités instrumentales indiscutables. Et puis, ça chante toujours de façon éperdue ! C'est moins virtuose que B2 mais ça a énormément d'allure.
4ème mouv. : Pas de pause entre les deux mouvements. Le tempo est un peu lent mais le climat est assez beau, très recueilli. La soliste est assez belle même si on aurait aimé un peu plus de candeur (et un peu moins de vibrato)...
Conclusion : Excellente version, très habitée, qui s'autorise quelques excès et qui n'oublie jamais de chanter.

Finalement, on a deux versions magnifiques bien que d'optiques différentes : B2 élégante et virtuose ; H1 vivante et contrastée. Ensuite, la version C4, troublante mais pas irréprochable. Enfin viennent F2 et G4, honorables mais pas indispensables.
H1=B2>C4>F2=G4

qui démarre très très fort...)  

Son : Version vraisemblablement récente avec une excellente prise de son.
1er mouv. : C'est globalement plus lent que la plupart des autres versions. Mais quelle tension et quelle expressivité !
2ème mouv. : Après un début assez simple et «froid», une certaine atmosphère grinçante s'installe. C'est toujours très lent et on retrouve un peu l'ambiance macabre du 1er mouvement.
3ème mouv. : Là non-plus, ça ne plaisante pas. On sent une fièvre qui parcourt tout le mouvement. La mise en place est superlative et tout sonne très très bien. La fin du mouvement est magnifique, crépusculaire à souhait.
4ème mouv. : Pour moi, c'est un peu trop lent mais c'est cohérent avec les mouvements précédents. La soliste m'est toujours aussi insupportable.
Conclusion : Une conception unitaire bien défendue, avec un premier mouvement absolument génial et un troisième mouvement très impressionnant.

Son : Assez bon (mais moins que celui de C3), avec un grave un peu «grassouillet». Et quel dommage que les cymbales soient perdues dans le lointain !
1er mouv. : D'emblée, on est surpris par l'instabilité de l'ensemble. Il y a des micro-changements de tempo en permanence qui accentue l'aspect erratique de ce mouvement. Tout sonne très bien, avec une mention particulièment pour les passages forts, vraiment très bien conduits et très efficaces. La fin est vraiment lente, ce qui renforce l'impression de marche funèbre.
2ème mouv. : Ah ! J'aime bien ce début léger et subtilement articulé avec un tempo très fluide ! Le passage plus rapide est formidable de souffle et de lyrisme !
3ème mouv. : Les premiers coups de timbales sont un peu plus mous que ce qu'on est habitué à entendre. De fait, c'est tout le mouvement qui manque un peu d'énergie. Les passages plus «chantés» sont très beaux et soli instrumentaux sont de premier ordre. Mais tout ça manque un peu de folie...
4ème mouv. : D'accord, c'est très beau et la soliste est magnifique (même si elle a visiblement le timbre un peu fatigué...), mais ça n'est pas vraiment comme ça que j'ai envie d'entendre ce mouvement. C'est trop lent (surtout au début) et ça manque de nuances (surtout la soliste)...
Conclusion : Deux mouvements très réussis (les 1er et 2ème) suivis de deux mouvements plus discutables.

Son : monophonique, sans grave et sans aigus, avec des crachouillis. Beurk ! Et en plus, le public tousse...
1er mouv. : Pas grand-chose à rajouter à ce que j'ai déjà écrit sur ce mouvement. Si ce n'est que d'habitude, j'ai plutôt tendance à préférer les tempi lents dans ce mouvement (comme le fait C3) mais je dois reconnaître que ça marche aussi à cette allure infernale.
2ème mouv. : Forcément, avec un son comme ça, c'est difficile de ressentir l'aspect sympathiquement esthétisant de ce mouvement... Le chef adopte un tempo rapide, semblable à celui de la version précédente. Sauf qu'ici, tout est un peu surexposé et les problèmes de mise en place sont parfois rédhibitoires.
3ème mouv. : Retour à une pulsation rapide et fluide, qui donne un côté dansant à ce mouvement. À noter, les problèmes de mise en place accentuent l'impression de désordre organisé que procurent certains passages. Au final, tout ça est assez sympathique. Et la fin est plutôt bien menée !
4ème mouv. : Rien à ajouter à ce que j'ai déjà dit au cours des tours précédents.
Conclusion : Une version intéressante, notamment grâce à des tempi très rapides. Néanmoins, les défauts sonores sont trop présents pour ne pas gâcher le plaisir...

Son : Magnifique ! À un détail près : les trompettes pourraient être mieux intégrées au tissu orchestral et les contrebasses sont parfois un peu envahissantes.
1er mouv. : Ça se confirme, je préfère vraiment quand ce début est traité lentement, comme un portail solennel sur le reste de l'œuvre. Ici, c'est fait avec une science incroyable et ça raconte immédiatement quelque chose. C'est poisseux, c'est gluant, c'est glauque, j'adore ! Sans parler des passages lents et piano, qui sont traités avec beaucoup de mystère et de poésie ! J'achète !
2ème mouv. : Tout le début est admirable de finesse et d'élégance ! Un seul point négatif : je trouve les contrebasses un peu trop présentes. Leurs pizz pèsent des tonnes... À la mesure 33, le chef respecte les indications de Mahler (Tempo I. et notes détachées) et n'accélère pas. Le reste du mouvement est traité avec simplicité et délicatesse.
3ème mouv. : Ça file à un train d'enfer ! J'écoute les différentes interventions instrumentales, bouche bée devant tant de beauté ! Et en plus, on a un chef qui raconte quelque chose et un orchestre qui s'amuse ! La classe !!
4ème mouv. : Quel dommage ce vibrato de la soliste ! Autrement, dans le genre calme et beau, c'est parfait !
Conclusion : Une version d'un très haut niveau, capable à la fois de délicatesse et de violence, le tout deservi par un son très ample et par un orchestre de premier plan !

Son : Après la version F3, c'est un peu comme si on passait de la couleur au noir et blanc. La couleur d'ensemble n'est pas très belle. Mais le principal problème, c'est cette spatialisation outrée du son : un coup à gauche, un coup à droite...
1er mouv. : Pas grand-chose à rajouter par rapport à ce que j'ai déjà dit sur cette version au tour précédent. Ça prend son temps mais ça fonctionne plutôt bien.
2ème mouv. : Simple et naturel. Maintenant qu'on est un peu habitué au son, on découvre que cet orchestre sonne finalement plutôt bien et qu'il dispose notamment d'un solide pupitre de violoncelles.
3ème mouv. : Pas mal du tout ! Bien articulé, toujours élégant, avec des phrases bien conduites. Et décidément, j'adore ces cymbales sèches et insolentes !
4ème mouv. : Et bien là, pour le coup, ça ne traîne pas. J'aime beaucoup ça !
Conclusion : Il y a une ambiance incroyable dans cet enregistrement ! Rien n'est surjoué et le chef n'hésite pas à opter pour des tempi retenus. Ça fonctionne très bien. Dommage que le son ne soit pas meilleur (mais ça reste écoutable).

On a trois versions vraiment passionnantes et deux versions un peu moins indispensables.
F3>C3=H4>D2>D4

C3 :

Allegro Maestoso :

J'avais été injuste avec cette version le tour précédent car à la réécoute de cette lecture, il ne se dégage aucune artificialité, artificialité que je lui avait reprochée.
Non, pour tout vous dire, cette version est en fait de tout premier plan. Nuancée, mystérieuse, poétique et très colorée. Nous avons un très très beau premier mouvement.
d'autant plus que l'orchestre est tout simplement magnifique. Le pupitre d'anches doubles est particulièrement à tomber à genoux (en fait tous les bois)
Comment ai-je pu être aussi peu sensible ? Il faut savoir que j'avais d'autres versions en tête et que la poule dans laquelle elle était présente était d'un très très haut niveau.
Nous avons donc une excellente entrée en matière. La seule chose que je pourrai reprocher serait peut être le fait qu'on aimerai que le chef pousse un peu le tempo par moments.

Andante Moderato :

File tout droit, c'est beau mais, c'est pas très souple et surtout c'est un peu trop raide.
Notamment le passage mesure 54 par exemple... ppp mais ça n'avance pas!

Scherzo :

Orchestre rutilant.
Le chef est avide de couleurs crues. Je redécouvre la partition qui est sans aucun doute l'un de mes mouvement préféré de la symphonie.
Ça rebondit un peu plus que dans le mouvement précédent mais c'est pas encore ça.
Ça ne s'envole pas comme on aimerais. D'un autre côté, la polyphonie est magnifié et les couleurs sortent dans tous les sens, c'est jouissif mais il manque la direction et le mouvement perpétuel.

Urlicht :

Je n'ai jamais vraiment aimé la voix de cet Urlicht. Il y a un léger problème qui fait que je n'ai pas l'impression en écoutant cette version qu'il c'est passé des choses avant.
Il ne sonne pas atemporel. Le début commence bien mais on a l'impression que la suite ne prend pas compte des événements passés. Du coup, on a l'impression qu'on a changé d’œuvre...
Vraiment décevant cet Urlicht.


D2 :

Allegro Maestoso :

J'avais beaucoup aimé la plastique de l'orchestre. Même si je l'avais trouvé un peu sage.
En réécoutant, je trouve qu'il manque un peu folie et de mouvement comme à 10min20 par exemple.
Malgré tout je trouve en dessous de C3. D2 cherche moins les couleurs excentriques. C'est un peu lisse même si les violoncelles et contrebasses vibrent en grattant leurs archets sur les cordes.
J'aimerai entendre les bois qui saturent dans les forte et les arpèges frémissants des violons...
Mais ne chipotons pas, cette version se tient vraiment bien dans l’enchaînement des différents mouvements.

Andante Moderato :

Vraiment allant, je préfère cette approche à celle de C3 qui laissait l'inspiration se tarrir.
Il y a une vraie tension même dans les passages ppp.
Le seul problème est que, cela ne presserait-il pas trop ?
C'est quand même sensé être un mouvement "lent".
On a presque un menuet rapide comme dans les symphonies classiques...

Scherzo :

Quelque peu décevant : le chef ne le fait pas s'envoler !
Il y a pourtant ce qu'il faut pour avoir un bon scherzo :
beaucoup de second degré,
une lecture qui respecte à la lettre les indication extrêmement précises de nuances :
les différences entre <> et fp> ou sfz< ou ffp sont sidérantes!
Mais ça ne s'envole pas... c'est peut être un peu trop lent par moments

Urlicht :

On aimerais que tout cela rentre plus vite dans l’ambiance.
Magnifique sur le plan vocal, orchestralement aussi c'est très beau.
Pas assez calme au début par rapport au scherzo qui était un peu lent.
Mais la suite pardonne cette entrée pas assez recueillie pensée par rapport à ce qui c'était passé avant.


D4 :

Allegro Maestoso :

Toujours aussi impressionnant. N'a pas pris une seule ride,
il est même bien plus moderne que bien de versions récentes
Lecture noire, impitoyable... Mon coup de cœur de l'écoute.
Espérons que la suite avec les prochains mouvements soit aussi bluffante que ce premier mouvement!

Andante Moderato :

Miraculeux, comme le premier mouvement!
Les phrasés sont somptueux, la pulsation est quasi parfaite, avec un balancement unique!
Il y a une souplesse dans cette lecture sans baisse de tension!
Ahh ces violoncelles dans le retour du thème principal... C'est magique!
Nous avons a faire avec un pionnier, un mahlerien qui transpire la musique!
Ce sens de la danse, serait-ce le Philharmonique de Vienne avec ces phrasés (et ses hautbois si reconnaissables)?
Je serai tellement déçu si le scherzo est raté!

Scherzo :

Ah ce rubato est si naturel...
Non, ce mouvement est admirablement tenu.
C'est rapide, tendu, écorché, dynamique, ça s'envole littéralement!
Vraiment, c'est une lecture exceptionnelle que tout le monde devrait au moins entendre une fois dans sa vie.
Au secours! je deviens vielle-cire-o-phyle !!!

Urlicht :

Que de musique, on sens un réel épuisement émotionnellement parlant après de telles péripéties... C'est tellement touchant, humain...
Hélas, le son de l'époque n'arrive pas à transmettre ce que les auditeurs dans la salle on pu ressentir...
Il faut un bon sens de l'abstraction des moyens d'enregistrement pour pouvoir apprécier cette page à sa juste valeur...
J’attends la SUITE, IMPTIENT d'entendre le final!!!!!!


F3 :

Allegro Maestoso :

GLRGH : je l'avais déjà entendue, ça prends aux tripes... Une référence moderne qui souffrait de la comparaison directe à d'autres todtenfeier.
Je le trouvait trop oppressant mais en fait, en temps que premier mouvement, suivit par les autres mouvements,
Pris dans son contexte, ça prends une toute autre forme... Magistral.

Andante Moderato :

Un peu droit mais habité! On n'a pas les phrasés exceptionnels de D4,mais on a le luxe du confort moderne!
Ouvertement noire, cette approche le rend bien oppressant. J'aime bien même si je préfère la souplesse de D4.
Ca sonne moins viennois, mais c'est très réussis. J’attends le scherzo qui a l'air prometteur pour savoir si je place cette version ex æquo ou en deuxième place après D4!

Scherzo :

Très très beau. Trop propre, et pas assez fou dans l'expression et la recherche des couleurs par moments.
Malgré tout, il s'agit sans doute d'un des plus réussis de la poule (peut être même devant D4)...

Urlicht :

Magnifique. Vraiment, c'est une prétendante à la première place.
LE FINAL LE FINAL!!!


H4 :

Allegro Maestoso :

Le saut est rude, très rude.
L'orchestre sonne faux, très faux.
C'en est presque vulgaire.
En plus, l'enregistrement est assez artificiel au niveau du panning de l'orchestre : violons tout tout tout à gauche, violoncelles tout tout tout à droite, bois au milieux.
Le passage vers 3min35 est juste hilarant.Il manque tellement de réverbération. Les pauvres cors et trompettes en ont pour leurs dose...
Après ces soucis techniques, l'interprétation se tient très bien. Le problème, la rigidité de la battue qui fait très souvent descendre la tension...

Andante Moderato :

C'est bien rigide, ça manque de souplesse...
Pourtant, ça chante... mais ça ne danse pas.
On ne cherche pas les pppp dans le passage en triolet, comme si le chef savait qu'il risquerait de ne pas avancer...
Du coup, on écoute un mouvement un peu trop sage...!!!
Après le premier trio, le retour du thème gagne en souplesse avec le contrechant des violoncelles.

Scherzo :

Un scherzo cruel comme on les aimes.
Très sarcastique et caustique, c'est le meilleur mouvement de H4.

Urlicht :

Enfin une bonne transition Scherzo - Urlicht!
Urlicht de grande facture. Urlicht qui ne traîne pas mais qui manque cruellement de jeu de tempo par moments.













C1 :

Allegro Maestoso:

J'avais vanté les qualité de cet orchestre au timbre magnifique au tour précédent. D'ailleurs, j'ai une petite idée de l'orchestre dont il s'agit...
(c'est la disposition des bois qui m'a interpellé : petit indice, les clarinettes sont à droites et les bassons à gauche!!! Concertgebouw d'Amsterdam? je crois que c'est leurs disposition fétiche pour les bois avec les piccolos juste devant les contrebassons!)
Sinon, il y a bien peu de défaut à cette version que j'ai trouvé très très équilibrée. Certaines personnes pourront lui reprocher un manque de vigueur. Un peu mou?
Perso, ça me vas très bien comme ça. Attaquons nous au deuxième mouvement.

Andante Moderato :

C'est, comme dans la lignée du premier mouvement, très très beau. (ahh ces pizz de contrebasses!!)
Il y a une souplesse dans l'énoncé du premier thème qui est ravissante.
Pas assez a mon goût de présence lors du premier trio (avec tous ces triolets, on aimerai plus de tension)
Les violoncelles chantent admirablement bien le contre chant du retour du premier thème. Perso, je suis conquit!
Le deuxième trio est bien plus réussi, par contre, il y a de la compression dans le mix, on a l'impression que le son est toujours sur le point de saturer...

Scherzo :

J'aime beaucoup l'investissement des bois par contre les clarinettes en font un peu trop... (les accents sont trop prononcés  et ça en devient agaçant...)
Ça rebondit constamment, ça danse. Il y a un mouvement dans cette lecture qui me plaît beaucoup.
Le chef sculpte des soufflets et des crescendos qui font merveille. Mais quelques fois on se demande s'il n'en fait pas trop...
En plus l'orchestre sonne magnifiquement! C'est un orchestre de tout premier plan qui est très à l'aise dans cette œuvre (sans compter que c'est un live)

Urlicht :

J'aime beaucoup la transition avec le scherzo : on a vraiment l'impression que le temps c'est arrêté.
Le chef prends le temps de sculpter la dernière note du scherzo, la faisant durer plus longtemps, on à l'impression que la terre s'ouvre.
La soliste en fait vraiment trop... En plus, la deuxième partie du lied est un peu empâtée... pas sur que ça tienne la concurrence...
Ça reste tout de même une version honorable.


E1:

Allergo Maestoso :

Je me souviens du mix étrange de cette version, mix qui a bien mal vieilli.
Tempo bien lent pour l'énoncé du premier thème... Pourtant, l'introduction était bien dans le ton.
Ça manque cruellement de conduite. Je n'avait pas aimé cette version lors du tour précédent. Et vous savez quoi ? C'est toujours le cas.
Ca minaude, ça ralentit, ça s'embourbe et ne décolle pas.
Je trouve tout ça extrêmement vide, encore plus qu'au tour précédent !
Mais heureusement, ça se réveille un peu avant la fin du développement central.

Aldante Moderato : (ok j'arrête les jeux de mot foireux)

C'est très lent et ça manque de grâce.
L'orchestration est très peu mise en valeur.
Le son est encore plus mauvais pour ce mouvement.
On a l'impression par moment qu'il n'y a pas de réverbération sur les cordes alors qu'il y en a sur les bois!
C'est juste grotesque par moments... Jamais je n'ai entendu le retour du premier thème aussi vide et inexpressif.
C'est très froid.
Même le passage que je trouve magique : l'entrée de harpes lors de la reprise du premier thème en pizz seulement aux cordes ne fonctionne pas.
Et la fin n'en parlons pas.

Scherzo :

Ouille : d'emblée, les timbales sont recouverte de réverb, alors que les cordes ne le sont pas...
Ça ne danse pas particulièrement non plus.
Ce mouvement convient mieux à l'orchestre. Mais on a l'impression tout de même que c'est plus pétillant que amer...
C'est comme du champoomy alors qu'on voudrais du bon vieux vinaigre qui gratte bien...
Pourtant c'est riche en couleurs, beau. C'est juste tellement sage...
Sinon j'aime beaucoup la gestion du tempo et de la tension du chef notamment à partir de la première fanfare.
Très très beau climat en suspension.
Mais ça manque cruellement de fiel.
Par contre, je me suis fait décoiffer par le dernier climax avant la coda vers 8 min :
C'est juste impressionnant : le chef se réveille ! J'ai du coup envie d'entendre son final rien que pour ça!

Urlicht :

Je dois dire que je suis convaincu par l'atmosphère générale :
après un tel climax lors du scherzo, j'ai l'impression que la terre c'est ouverte et que le temps c'est figé.
Le hautbois se ballade gentiment.
La voix cherche les pianississississimos, c'est très beau, très touchant.
Orchestre un peu neutre dommage.
Je pense que l’intérêt de cette version réside dans les trois dernier mouvement.
Si elle passe, j'attends de pied ferme le final.


E2 :

Allegro Maestoso :

Bon retour aux choses sérieuses !
Encore une version que j'avais placé en tête de poule lors du tour précédent.
Ça rigole pas, le début est prenant.
Ça traîne pas non plus. En fait, c'est très très proche de mon idéal.
Couleurs chauffés à blanc, climat très oppressant.
Tout ce qu'il faut pour avoir un premier mouvement de premier choix. (rien à voir avec E1!)
C'est un live apparemment, les cors suivent le tempo avec un peu de peine lors des grands climats.
Mais bon, je ne sens pas le temps passer à l'écoute de cette gravure.
Lors du tour 2, j’avais trouvé certains choix d'interprétations un peu étrange...
En fait, je m'y suis très bien habitué! Et plus que me déranger, je suis surtout surpris dans le bon sens du terme.
Magnifique version !

Andante Moderato :

Magnifique pupitre de violoncelles !!!
Les pizz. de contrebasses me font toujours rêver de toute façon.
Le plus grand point fort de ce mouvement, c'est qu'il n'y a jamais de baisse de tension même dans le passage ppp en triolet du premier trio.
L'orchestre est de tout premier plan, du coup, le tout est transfiguré.
La direction du chef est souple et pleine de vie.
Il n'y a qu'à entendre le retour de premier thème après le premier trio comme l'accompagnement réapparaît :
C'est mordant, il y a de la chair, c'est humain et pourtant parfaitement maîtrisé.
Chez d'autres, c'est désincarné (E1 par exemple).
Ce n'est pas le cas ici. Pour l'instant, je la place en tête de poule.
D'après mes souvenirs, G3 risque de finir ex æquo avec E2 en première place de la poule Hanslick dans mon classement.

Scherzo :

C'est noir, magnifique encore une fois.
Il y a un rubato extraordinaire. En plus, la prise de son met en valeurs tout ce qui ce passe : les col legnos, la grosse caisse avec l'emploi de "ruthe".
Une battue souple encore une fois.
Les musiciens se font plaisir. Et ça nous fait plaisir !
Les fanfares sont magnifiques à souhaits, pleines de second degrés.
Encore une fois, je tombe à genoux avec les pizz de ces contrebasses...
Vers 6min30, j'adore ce passage avec ces les bois et ces pizz... On dirait une vrai petite horloge suisse !
De toute façon, j’achète cette version dès que je connais son identité.
Dernier climax juste impressionna... Bon vous aurez compris que je suis fan de cette version ! (pas la peine de tout détailler !)

Urlicht :

Magnifique encore une fois...
Une référence incontestable.
Le final ! le final ! le final !


G1 :

Allegro Maestoso :

Version que j'avais beaucoup aimé lors de la première écoute.
C'est toujours le cas !
La prise de son est moins opaque que celle de E2.
Du coup, on a des texture moins sombres.
Ce qui n'empêche pas à cette version d'être très violente avec la chair à vif.
Une vision très forte, acérée comme un scalpel.
Néanmoins, je place cette version un peu en dessous de E2.
Non pas, que G1 est moins intéressante, mais l'atmosphère de E2 est tellement exceptionnelle!
Ne nous leurrons pas, G1 est une version de tout premier plan

Andante Moderato :

Lecture extrêmement intelligente.
Pleine de grâce, de sensibilité.
Gestion de la tension magistrale.
L'orchestre à un son magnifique.
C'est léger, aérien, c'est en lévitation...
Magnifique.

Scherzo :

Encore une très très belle version décidément.
Ça rebondit de toute part, comme un mouvement perpétuel.
La vision acérée du premier mouvement correspond parfaitement à l'atmosphère de ce mouvement.
Les bois n'hésitent pas a se transformer en vulgaires pipeaux ou en orgue de barbarie : magique !
Magnifique démonstration d'orchestre qui se transforme en horloge à coucou suisse.
Décidément, pourquoi avais-je placé cette version en troisième position au deuxième tour ?
Elle mériterai la première place de la poule devant C1 et E1.

Urlicht :

Bon, j'espère de tout cœur que cette version atteindra la finale.
C'est juste extraordinaire.


G3 :

Allegro Maestoso :

Encore une version que j'ai placé en tête de poule il y a environ deux semaine.
La concurrence est rude !
Magnifique, tendue, cette version est traversée par un souffle puissant et noir.
Mise en place ultra travaillée, d'une précision démoniaque.
Rien a dire de plus depuis la dernière fois si ce n'est qu'elle mérite la première place autant que E2 et G1.
Je note que le chef respecte les notes de Mahler : il propose une pause de 5 minutes après le premier mouvement avant d'enchaîner sur le deuxième.

Andante Moderato :

Ça démarre très très bien, le geste est souple, il y a de la musique de chambre dans la façon dont les pupitres échangent leurs phrases.
Le tempo est très bien choisi et mené.
Le premier trio est lui aussi bien joué. Cependant, il manque une gestion de la tension plus contrôlée.
La fin du trio amène cette tension qui arrive du coup un peu en retard.
Par contre, je ne tombe pas en extase devant les pizz. de contrebasses ni devant le contre chant des violoncelles...
Le deuxième trio entre dans le vif du sujet plus rapidement que le premier. On sent que le chef contrôle tout.
Donc deuxième mouvement un peu en dessous de mes attentes...


Scherzo :

Scherzo, qui comble mes attentes, grinçant à souhait, très grande intelligence dans les phrasés.
On aimerai voir le chef tirer la partition un peu plus vers le bruitissime et l’extra-musical.
Cela dit, on a une grande performance d'orchestre. Des couleurs très très intéressantes.
Nous avons donc une lecture de très très grande facture avec tout les moyens nécessaires mais on aimerai voir le chef torturer un peu plus son orchestre.
Dernière fanfare pas assez diabolique...

Urlicht :

Encore une fois, un magnifique Urlicht, tout en recueillement, une simple petite lumière...
Au final, cet enregistrement n'a comme point faible que son deuxième mouvement et encore, il se tient très très bien.












B2 :

Allegro Maestoso :

Vision, noire, d'un très grand luxe, sans aucune faute de goût et sans aucune baisse de tension. Magnifique.
Pour tous les autres compliments que j'aimerai écrire, lire mon vote du tour précédent.

Andante Moderato :

Tempo allant, maîtrisé. C'est gracieux, souple, le tout favorisé par une prise de son exceptionnelle.
Chaque phrase est conduite avec des élans et une idée ou intention musicale.
Le premier trio est magnifique, d'une juste de tension et de diction.
Tout cela respire admirablement. Bref une version d'une classe indémodable, et d'une justesse merveilleuse.
Deuxième trio magnifique. Vraiment, une lecture quasi sans faille !

Scherzo :

Dans la lignée du deuxième mouvement, ce scherzo a une de ces classe !
Pourtant, les différents instrumentistes n'hésitent pas à se caricaturer.
Les pizz grouillent de partout, les bassons font des staccato avec beaucoup d'air dans le son, les col legno sont matraqués sur les cordes...
Les hautbois et cor anglais se donnent des airs vulgaires, les cors cuivrent au maximum leurs sons bouchés, c'est génial !
Les fanfares explosent joyeusement.
Il y a un souffle qui emporte tout sur son passage.
Grand climax vertigineux qui anticipe le final !
Les autres version n'ont qu'à bien se tenir!

Urlicht :

J’avais adoré cette version, et je continue de l'adorer !
Un Urlicht qui sort du cœur. Un Urlicht maternel qui nous console avant les péripéties à venir.


C4 :

Allegro Maestoso :

La prise de son est indigeste, en plus, la reverb noie tout dans un immonde magma... Ce qui ne va pas forcément pénaliser cette version !!!
Au contraire, il y a une dimension stratosphérique dans cette prise de son calamiteuse.
Du coup, on a l'impression que le chef soulève des montagnes, c'est impressionnant.
Après, évidemment, c'est très brouillon à cause de l'acoustique.
Le chef tient ses troupes d'une main de fer.
L'ensemble est d'une tenue admirable.

Andante Moderato :

Démarre un peu vite mais tout de même, l'orchestre prends le temps de chanter.
Premier trio bien tendu, comme je les aimes.
Ça file de nouveau lors de la reprise du premier thème.
Mais c'est pas déplaisant, loin de là !
On aimerait tout de même une pointe de rubato plus prononcée.

Scherzo :

En comparaison avec le deuxième mouvement, il semble bien lent mais le chef en profite pour pousser son orchestre dans ses derniers retranchements. On a donc des musiciens qui n'hésitent pas à surjouer pour notre plus grand plaisir !
Le problème de ce mouvement réside dans le fait que, malgré cette débauche orchestrale, le mouvement ne soulève pas assez, on reste sur le sol là où devrait s'envoler pour d'autres cieux.
Un scherzo bien articulé, mais qui n'avance pas assez.
Le dernier climax arrive tout de même à nous faire quitter l'atmosphère

Urlicht :

Fanfare un peu... lourde et patatoïde !
A part ça, c'est lent mais l'atmosphère prend la gorge.
Voix magnifique attentionnée autant au texte qu'à la musique.
Un très bel Urlicht !


F2 :

Allegro Maestoso :

J'avais été déçu par ce premier mouvement lors du tour précédent, j'avais trouvé cette version trop légère de propos. C'est toujours un peu le cas.
Néanmoins, on ne peut que féliciter le chef et ses troupes qui nous propose un travail des plus propres, et des plus soignés. Pourtant, où est le drame dans tout ça ?
Il manque souvent du mouvement dans cette lecture, le souffle qui permet tenir en haleine l'auditeur. Le début du mouvement et le début de la réexposition souffrent d'un manque d'impulsion... Je m'ennuie un peu j'avoue.

Andante Moderato :

Mouvement allant, mais pas très souple. Bonne gestion de la tension, mais il manque la grâce qui caractérise cette pièce...
Ça ne respire pas comme on aimerai, il manque le côté dansant et du coup, au final, c'est un un peu froid et pas très expressif.

Scherzo :

Quasiment tout y est ! Quasiment, le tempo est enlevé, ça file, les musiciens sont très appliqués mais il manque cruellement de folie !
En gros, c'est très très réfléchis, mais pour que ça marche, il aurait fallut que ça soit impitoyable alors que c'est juste légers voir insouciant !!!
Du coup, pas assez cruel, et pas assez fou !
Un peu comme le premier mouvement, au final, cette musique ne nous touche pas, malgré toutes les qualités de l'orchestre et du chef.

Urlicht :

J'avais beaucoup aimé cet Urlicht au tour dernier.
Il faut dire que j'aime beaucoup le traitement de la voix, presque blanche par moment.
C'est naïf, simple et beau, enfantin, comme le suggère Mahler. Par contre, la prononciation me semble un peu étrange par moment, vous trouvez pas ?
L'orchestre est un peu en arrière mais remplit bien son rôle.
De loin, c'est pour moi le meilleur mouvement de cette version.


G4 :

Allegro Maestoso :
J'avais beaucoup aimé cette version (poule 1) que j'avais hésité à placer en deuxième place (derrière D4 donc c'est très très honorable). Néanmoins, son grand défaut intervient au niveau du style de l’ingénierie de l'audio : on a l'impression que l'orchestre joue toujours fort, les passages fff étant compressés à mort... Du coup, il ne se dégage que peu de contrastes et les climax sont quelque peu décevants et poussifs. C'est d'autant plus dommage que cette ce premier mouvement est proche de l'idéal ! Puissant, vertigineux et magnifique ! Pas excessivement noire, cette version est très lumineuse et ça fait du bien ! (pour l'info, je l'avais placée troisième en raison d'un Urlicht vraiment bizarre mais il ne faut pas oublier que la poule 1 était la poule de la mort !!!)

Andante :

C'est lent mais j'aime bien ce tempo. Ça manque hélas de grâce et de jouissance sonore.
On a même l'impression que le chef laisse tomber les rennes et laisse place à des moments de vide...
Le retour du thème en pizz est un de ces exemples, extrêmement lent, trop lent et bien vide de musique.

Scherzo :

C'est rigolo ces bassons bien gras ! Les musiciens s'amusent et ça s'entend ! Il y a des dialogues comiques qui se mettent en place. On souffre encore de cette prise de son hyper compressée.
Le tempo est un peu retenu et un peu figé, on a connu plus souple.
Les fanfares sont très rapides et très efficaces, ça claque bien fort !
Hélas, hélas, Wehe ! Il manque quelque chose de crucial dans ce mouvement : en accentuant le comique, est quasiment oublié le sarcasme et surtout la cruauté qui correspondant si bien à ce mouvement. C'est rigolo plus que caustique... On aimerai être mal à l'aise dans ce mouvement.
On voudrait de l'humour mais mais de l'humour noir et de mauvais goût !

Urlicht :

Même impression que la dernière fois, je veux tuer la chanteuse !!!
« je li-i-ber meuh-euh-cht ich in Himmel s-aïe-n » (grr...)


H1 :

Allegro Maestoso :

Une autre version que j'avais classé première de sa poule.
Ce fut une révélation avec... E2 ! (poule 3)
L'orchestre est juste parfait (mention spéciale pour le cor anglais !!! et les hautbois!!!)
Le mouvement est d'une tenue remarquable, aucune baisse de tension, choix de tempi très très justes, et en plus ça fonctionne !
En fait, je ne trouverai que très difficilement des défauts à cette lecture qui est officiellement une référence !

Andante Moderato :

Vision allante de ce mouvement, c'est très dansant, c'est magnifique, et en même temps on a l'impression que le chef arrive au juste dosage entre démarche instinctive et analytique.
En plus, il faut couronner le tout par le son de l'orchestre superlatif, sur le fil et en même temps lyrique. C'est tout simplement magique !
Le chef dirige le tout avec une gestion de la tension parfaite, aucun tunnel au passages qui tournent à vide. La grâce incarnée.

Scherzo :

Alliages de timbres parfaits, timbre général de l'orchestre exceptionnel, atmosphère incroyable, vraiment, c'est un chef d’œuvre, le tout est traversé par un souffle qui peut balayer les montagnes...
Une leçon de direction !
Mais bon sang, quel est cet orchestre ??? Et ce chef ???

Urlicht :

La voix de B2 me manque un peu, mais c'est juste tellement sincère que je suis pris aux tripes.
On retrouve évidemment toutes les qualités de l'orchestre et un discours savamment construit.
J'attends avec impatience le dernier tour !