Votre dernier film visionné

The great lie d'Edmund Goulding :

Après Dark victory avec les mêmes Davis et Brent, il s'agit du deuxième film du réalisateur que je vois. J'ai trouvé ce film de Goulding très beau et le personnage de Maggie est intéressant. Elle est à la fois masculine et féminine. Davis porte très bien le pantalon. J'ai du mal à réagir sur ce personnage qui reste trouble, surtout en ce qui concerne l'arrangement passé avec sa rivale. Le couple formé par Brent et Davis fonctionne toujours aussi magistralement. Mary Astor et Davis dans les nombreuses scènes qu'elles ont ensemble crèvent l'écran, sont magistrales. Pour une fois d'ailleurs que l'hystérique et la garce n'est pas Davis, cela change. Astor dans l'attitude et la voix me fait beaucoup penser à Greta Garbo. Tout oppose les deux personnages, en dehors de leur amour pour Pete, le père bien sûr. L'attitude de Sandra à la fin du film me laisse partagé, je ne sais pas si c'est un sacrifice ou si c'est un deuxième abandon. Je ne peux pas trop en dévoiler sans spoiler. Le personnage de Sandra n'est absolument pas sympathique et si l'attitude de Maggie n'est pas du tout irréprochable, je pense que la sympathie du spectateur va à ce personnage.
J'aime beaucoup le personnage de la bonne de Maggie incarnée par Hattie McDaniel que je reverrai avec plaisir dans d'autres films, notamment Gone with the wind. Elle ne manque pas de tempérament et son attachement à sa maîtresse la rend extrêmement touchante. Elle est drôle également.

Pour ce qui est de la musique, on retrouve notamment un extrait du concerto n°1 de Tchaikovsky et la Liebestod de Tristan und Isolde pour orchestre. Comme pour de nombreux films, la musique est de Steiner même si je l'ai trouvée moins marquante que dans d'autres films.

Revu hier soir : Box of Moonlight (Tom DiCillo 1996).
Un de ces films américains qui arrivent en France sans le son du tam-tam.
A voir, déjà, pour John Turturro et l'excellent Sam Rockwell dans les rôles principaux.
Drôle, émouvant parfois, un bon film.

Hier soir : Le diable boîteux de Guitry.
Rôle taillé à la (dé)mesure du démiurge cinématographique (et de manière par ailleurs tout à fait plausible, comme son Louis XI de Si Paris nous était conté ; ce qui n'est pas toujours le cas) ; évidemment prétexte à tous les bons mots (et à certains arrangements "connus" avec la réalité historique). Je ne partage pas nécessairement sa vision des personnages (notamment de Louis XVIII dont il répète qu'il est "fin" ce qui est très exact pour, dans le même temps, mettre en avant le seul vaudeville supposé des relations entre les frères Bourbons de la Restauration).
"Plastiquement" parlant, c'est assez insignifiant ; comme souvent avec Guitry et, notamment, en noir et blanc (dans les fresques des années 50, la couleur suffit à palier la [f]rigidité des mouvements de caméra) ; quant au ton, il est à l'avenant des personnalités (Lana Marconi dont le brevet de vertu cinématographique tient dans son acte de mariage avec Guitry, seul).
Personnalités qui surabondent. Le casting, est (évidemment, j'ai envie d'ajouter) absolument brillant/scintillant : la galerie des habitués est complète (Pauline Carton en cartomancienne, Jeanne Fusier-Gir en "petit pâtissier", etc.).
Comme Le fabuleux destin de Désiré Clary, ce n'est pas l'opus le plus connu ; mais pas dispensable pour autant (Les perles de la couronne ou Remontons les Champs-Elysées le sont bien davantage) !

bAlexb a écrit:

Comme Le fabuleux destin de Désiré Clary, ce n'est pas l'opus le plus connu ; mais pas dispensable pour autant (Les perles de la couronne ou Remontons les Champs-Elysées le sont bien davantage) !

Ah non je ne suis absolument pas d'accord, autant j'aime beaucoup Le Diable boiteux qui est remarquable a bien des égards, autant j'ai le fabuleux destin de Désiré Clary incroyablement chiant j'ai été très déçu quand je l'ai découvert, en revanche je ne suis pas loin de penser que Remontons les Champs-Elysées et Les perles de la couronnes sont les chef d’œuvres de sa veine "historique".
Des films d'une fantaisie et d'une inventivité narrative et cinématographique exceptionnelle, Guitry s'autorise tout et surtout il s'amuse et je le trouve infiniment plus interessant lorsqu'il fait dans la fantaisie pure que lorsqu'il prend la pose du professeur d'histoire. Rien que la rencontre entre Napoléon et Bonaparte dans Remontons les champs Elysées c'est du très grand Guitry et puis j'aime bien Jacqueline Delubac, non pas qu'elle ait été une actrice exceptionnel mais pour les rôles que Guitry lui confiait elle était très bien et surtout on a pas l'impression qu'elle s’ennuie devant la caméra comme Lana Marconi.

J'ai l'impression de jouer à saute-mouton ... d'un côté le cinéma "d'auteur" européen (Cocoli, Parsifal, Chris3) et de l'autre les productions glamours américaines (moi et Aurèle) avec Alex en arbitre ...

Donc à propos du Grand Mensonge, il faut signaler le fascinant sous-texte homosexuel (parfaitement compris et assumé par le réalisateur et les deux actrices) : on se retrouve avec un couple lesbien qui attend avec Davis/papa poule en pantalon, qui s'occupe avec ferveur d'Astor/maman hystérique qui veut absolument manger des cornichons alors que c'est mauvais pour elle.
Astor a remercié Davis au moment de son oscar parce que l'actrice s'était volontairement mise en retrait pour laisser la place au personnage plus flamboyant de Sandra pensant que le film serait meilleur comme ça (elle avait raison).
Enfin pour la minute "mode" rappelons que la coiffure de Mary Astor devint très populaire durant la saison mondaine 1940-1941.

Et pour montrer que je vois autre chose : moi j'aime beaucoup Désirée Clary qui est légèrement ennuyeux mais ne manque pas de charme (et avec cette délicieuse pirouette au milieu quand les personnages changent d'acteurs ... c'est aussi un moment d'inventivité "à la Guitry" dont on parle peu).

Parsifal a écrit:

bAlexb a écrit:

Comme Le fabuleux destin de Désiré Clary, ce n'est pas l'opus le plus connu ; mais pas dispensable pour autant (Les perles de la couronne ou Remontons les Champs-Elysées le sont bien davantage) !

Ah non je ne suis absolument pas d'accord, autant j'aime beaucoup Le Diable boiteux qui est remarquable a bien des égards, autant j'ai le fabuleux destin de Désiré Clary incroyablement chiant j'ai été très déçu quand je l'ai découvert, en revanche je ne suis pas loin de penser que Remontons les Champs-Elysées et Les perles de la couronnes sont les chef d’œuvres de sa veine "historique".
Des films d'une fantaisie et d'une inventivité narrative et cinématographique exceptionnelle, Guitry s'autorise tout et surtout il s'amuse et je le trouve infiniment plus interessant lorsqu'il fait dans la fantaisie pure que lorsqu'il prend la pose du professeur d'histoire. Rien que la rencontre entre Napoléon et Bonaparte dans Remontons les champs Elysées c'est du très grand Guitry et puis j'aime bien Jacqueline Delubac, non pas qu'elle ait été une actrice exceptionnel mais pour les rôles que Guitry lui confiait elle était très bien et surtout on a pas l'impression qu'elle s’ennuie devant la caméra comme Lana Marconi.

Le problème du Fabuleux destin, pour moi, ce sont les 40 premières minutes (Bonaparte vs Napoléon ; la partie "sentimentale" de l'oeuvre en fait, dans laquelle Geneviève Guitry est un peu anecdotique au regard de sa fraîcheur dans Ils étaient 9 célibataires, par exemple). Au-delà, il y a un vrai rôle de composition pour Guitry : Napoléon, justement. J'ai du mal à y croire, de manière objective, mais les mots qu'il lui prête pour se mieux servir, s'ils relèvent du détournement historique, installent le film dans un dimension "à côté" (pas tout à fait dans l'histoire, pas tout à fait en-dehors non plus et c'est toute la saveur de l'exercice).
Dans Remontons, Guitry n'est pas tout à fait "professoral", c'est vrai (moins que dans Si Paris, par exemple, où il enseigne "véritablement" si tant est que son magistère si fortement teinté de gallicanisme "amoureux"/épris puisse y prétendre réellement) ; j'ai peut-être plus de mal avec les Perles parce qu'il y a, oui, une dimension fantaisiste que j'aurais parfaitement pu tolérer ailleurs que dans le contexte d'une histoire "académico-normée" (j'entends dans l'optique d'un conte : "Il était une fois dans un royaume fort fort lointain", comme il l'esquisse pour la scène d'Arletty, effectivement vif-argent).
Mais le film historique (pour ne pas dire le biopic, en français dans le texte [sic] tellement à la mode, aujourd'hui) est un genre avec lequel je suis très mal à l'aise.
(EDIT : Delubac  ! Dans Faisons un rêve, dans Quadrille, dans Le roman d'un tricheur surtout !)

Francesco a écrit:

J'ai l'impression de jouer à saute-mouton ... d'un côté le cinéma "d'auteur" européen (Cocoli, Parsifal, Chris3) et de l'autre les productions glamours américaines (moi et Aurèle) avec Alex en arbitre ...

Quelle souplesse  !
Au-delà de quoi je ne suis pas tout à fait sûr de savoir comment prendre ton exercice de grand écart (ou quel rôle y jouer, exactement)  ...

bAlexb a écrit:

(EDIT : Delubac  ! Dans Faisons un rêve, dans Quadrille, dans Le roman d'un tricheur surtout !)

Nous sommes donc d'accord la dessus, elle avait un fraicheur et humour absent chez Lana Marconi, cela dit dans le diable boiteux ça va assez bien avec le personnage de cruche qui est le sien  

de mon côté il ne me semble pas être insensible au glamour hollywoodien, même si je ne suis pas aussi spécialiste que Francesco

Parsifal a écrit:

bAlexb a écrit:

(EDIT : Delubac  ! Dans Faisons un rêve, dans Quadrille, dans Le roman d'un tricheur surtout !)

Nous sommes donc d'accord la dessus, elle avait un fraicheur et humour absent chez Lana Marconi, cela dit dans le diable boiteux ça va assez bien avec le personnage de cruche qui est le sien   

Delubac avait ça, oui ; et même plus (tout un "arrière-plan" en fait qui va très au-delà de la sociabilité de "plateau" seule, cf. son amour extrêmement pointu de l'art contemporain) que n'avait sans doute pas Marconi. Laquelle est, pour moi, toute illustrée dans la mise dos-à-dos Marie-Antoinette/Nicole Legay dans Si Versailles : soit une modiste-qui-joue(passablement-mal)-à-la-reine. Je me demande même jusqu'à quel point il n'y a pas une pointe d'humour vachard chez Guitry, dans Le diable (1948 ; il vit avec elle depuis 3 ans et va l'épouser l'année suivante) lorsqu'il dit, en substance : "les bévues des femmes intelligentes compromettent leurs maris ; les bévues des idiotes ne compromettent qu'elles".

Chris3 a écrit:

Ne me dis pas qu'il n'y a aucune médiathèque en Gironde !!!
Sinon, je suppose qu'en streaming...

Je l'ai vu.
C'est surtout une sympathique peinture des banlieues des années 80, mais il n'y a pas vraiment de colonne vertébrale, de problématique.

C'est bien ce que je disais : Le thé au harem juste pour te remettre du Théorème   

bAlexb a écrit:

Je me demande même jusqu'à quel point il n'y a pas une pointe d'humour vachard chez Guitry, dans Le diable (1948 ; il vit avec elle depuis 3 ans et va l'épouser l'année suivante) lorsqu'il dit, en substance : "les bévues des femmes intelligentes compromettent leurs maris ; les bévues des idiotes ne compromettent qu'elles".

  ce serait bien dans son style en tout cas

Je reviens sur Théorème :

C'est une explosion complète de la société bourgeoise. Derrière se mêle anti-libéralisme et anti-matérialisme.
Dans le genre dynamitage en règle de la bourgeoisie, il y a bien la Cérémonie de Chabrol (et même le Juge et l'Assassin) ... mais là ça va encore plus loin.
Cette famille a matériellement tout pour être heureuse ... sauf qu'aucune personne de cette famille (y compris la bonne) ne tourne rond psychologiquement. Ce n'est pas le sexe ... ni même l'amour qui manque dans ce milieu ... mais tout simplement l'esprit. Chacun vit enfermé dans sa bulle totalement replié, et donc avec une conscience faible de soi et du monde ...
Un événement changera leur vie ... et il impactera de façon différente les personnages, mais chez tous, il s'agit d'un bouleversement, d'une prise de conscience, voire d'une élévation (chez la bonne). C'est en ce sens là que c'est très spiritualiste.

On retrouve les forces Pasolini : la capacité à filmer les visages et même les corps. C'est tellement bien filmé qu'il n'y a pas besoin de dialogue.

Je vais parler des trois derniers films que j'ai vus dont un ce soir.

Belle de jour de Luis Buñuel

Le film est vraiment daté au niveau de la réalisation et du traitement du sujet. Il y a pourtant une belle photographie et des plans intéressants (notamment celui où Séverine monte les escaliers pour se rendre chez Madame Anaïs et que l'on voit uniquement ses pieds). La manière de mélanger les fantasmes sadomasochistes du personnage de Séverine et la réalité ne m'a pas convaincu en tant que spectateur d'aujourd'hui. Deneuve est très belle avec un côté distant d'ailleurs dans sa beauté et c'est quasiment uniquement grâce à elle que j'ai réussi à aller au bout du film, avec ce côté mystérieux et ce jeu très juste. Jean Sorel est insignifiant. Geneviève Page a un jeu tout sauf naturel. Heureusement qu'il y a Piccoli pour relever le niveau avec Deneuve. Film longuet. J'ai vu il y a très longtemps L'âge d'or du réalisateur, il faudrait que je puisse le revoir. Est-ce que Tristana est bien ?

Le Roman de Mildred Pierce de Michael Curtiz

Deuxième film du réalisateur que je voyais et film que j'ai tout simplement adoré. Quel beau rôle de mère !!! Crawford qui n'était pas pressentie au départ pour ce rôle est tout simplement extraordinaire. Elle est prête à presque tout pour son égoïste de fille et ce personnage est touchant incontestablement. Cela me donne envie de creuser la filmographie de l'actrice car elle avait un jeu aussi passionnant que celui de Bette Davis et une présence tout aussi puissante que cette dernière. Ann Blyth lui donne magistralement la réplique en Veda et pour moi l'essentiel du film repose sur cette relation mère-fille. Les acteurs masculins sont plutôt insignifiants et ne servent que de faire valoir.

The old maid d'Edmund Goulding

Et de trois films de ce réalisateur. Je les ai tous aimés jusqu'à présent. Davis trouve en Charlotte un très beau rôle de femme qui se sacrifie et qui n'a pas de chance avec la garce de cousine qu'elle a, incarnée magistralement par Miriam Hopkins qui détestait d'ailleurs Davis, cette dernière le lui rendait d'ailleurs très bien à ma connaissance. En effet, il y avait un homme entre les deux femmes, comme dans le film d'ailleurs. Les scènes entre les deux actrices sont je dois le dire plutôt géniales. George Brent a malheureusement un tout petit rôle car j'adore le couple qu'il forme avec Davis à l'écran. J'aime bien quand Davis joue autre chose que des femmes sans scrupules, des garces ou des égoïstes. Elle savait tout jouer ou presque à mon avis bien que je n'ai vu jusqu'à présent qu'une bonne dizaine de films. Jane Bryan est le troisième élement important du casting dans le rôle de la fille de Charlotte et fille adoptive de Delia, la cousine. Charlotte est un autre beau portrait de mère, elle aussi prête à tout pour le bonheur de sa fille. Je trouve que Goulding est avec Wyler (même si je n'ai pas encore vu La vipère) et Mankiewciz le réalisateur qui a le mieux servi le talent de Davis. Après, je sais qu'elle a tourné plusieurs fois avec Curtiz et je n'ai vu que La vie privée d'Elizabeth d'Angleterre. Il faudra que je vois Old acquaitance de Sherman pour revoir une autre confrontation avec Hopkins. Je n'ai pas encore vu les deux films que j'ai de Irving Rapper avec qui elle a tourné quatre fois et les autres films qu'elle a tournés avec Curtiz.

Chaplin : Mr Verdoux
Rosi : Main basse sur la ville

Cololi a écrit:

Chaplin : Mr Verdoux
Rosi : Main basse sur la ville

    

aurele a écrit:

Je vais parler des trois derniers films que j'ai vus dont un ce soir.

Belle de jour de Luis Buñuel

Le film est vraiment daté au niveau de la réalisation et du traitement du sujet. Il y a pourtant une belle photographie et des plans intéressants (notamment celui où Séverine monte les escaliers pour se rendre chez Madame Anaïs et que l'on voit uniquement ses pieds). La manière de mélanger les fantasmes sadomasochistes du personnage de Séverine et la réalité ne m'a pas convaincu en tant que spectateur d'aujourd'hui. Deneuve est très belle avec un côté distant d'ailleurs dans sa beauté et c'est quasiment uniquement grâce à elle que j'ai réussi à aller au bout du film, avec ce côté mystérieux et ce jeu très juste. Jean Sorel est insignifiant. Geneviève Page a un jeu tout sauf naturel. Heureusement qu'il y a Piccoli pour relever le niveau avec Deneuve. Film longuet. J'ai vu il y a très longtemps L'âge d'or du réalisateur, il faudrait que je puisse le revoir. Est-ce que Tristana est bien ?

Bon et bien il faudras revoir ce chef d'oeuvre  qui n'a rien de daté  

Tristana est moins bien que Belle de jour (du coup pas sur que tu doivent t'attarder dessus  vu ce que tu as penser de l'autre  )

Peux tu développer quand tu auras le temps ? En quoi est-ce un chef d'oeuvre ?

Cololi a écrit:

Chaplin : Mr Verdoux
Rosi : Main basse sur la ville

Rassure-moi, tu ne regardes pas tous ces films chics et ennuyeux en VF ? Ce serait vraiment du temps perdu.

Ah oui, pardon, dans les grands films, il n'y a pas de dialogues. Ce que je peux être maladroit, parfois...

DavidLeMarrec a écrit:

Ah oui, pardon, dans les grands films, il n'y a pas de dialogues.

Si, si ; mais comme M. Verdoux, ces films sont en noir et blanc (en numérique, c'est mieux !) et leurs dialogues sont en tchèque (parfois en ouzbèque  ).

aurele a écrit:

Peux tu développer quand tu auras le temps ? En quoi est-ce un chef d'oeuvre ?

Eh bien disons que je pense tout le contraire a propos de ce que tu estime être les faiblesses du film, le jeu anti-naturel des acteurs est a mon avis tout  a fait volontaire et caractéristique du Bunuel de cette époque et participe a la création d'un décalage (et non ça n'a rien a voir avec Rohmer),  Jean Sorel est insignifiant, mais justement parce qu'il se doit d'être insignifiant c'est un personnages gentil, conformiste, charmant et fade c'est justement pour ça que Séverine développe ses fantasme sadomasochiste et finis par se prostituer. 'insignifiance de Sorel est parfaitement cohérente avec son personnages.
Quand au mélange entre fantasme et réalité je ne vois nullement en quoi il est daté ou peu convainquant pour un spectateur d'aujourd'hui, je ne sais d'ailleurs pas ce que pourrait être un mélange entre fantasme et réalité convaincant pour un spectateur d'aujourd'hui.
Enfin ce film est passionant pour son étrangeté, son traitement du fantasme (qu'il soit sadomasochiste ou fetichiste) qui intervient comme un moyen de miner le vernis glacer de la bourgeoisie mettant au jour les frustrations qu'entraine cette vie plate et conformiste c'est presque une relecture pervertie de Madame Bovary ou Emma au lieu de se rêver en héroïne romantique se rêve en pécheresse avilie, pervertie et humilié.


Et Monsieur Verdoux et Mains basses sur la ville sont tous sauf ennuyeux!

Dans le cas de Rohmer, on m'avait dit que sa direction d'acteurs exigeait précisement de ses interprètes qu'ils parlent et agissent comme on le ferait dans la vie, ce qui est évidemment très peu cinématographique. Un peu comme un barrissement d'éléphant ou un rugissement de lion : il en faut un faux au cinéma pour qu'il sonne vrai.

Sinon les goût d'Aurèle sont parfaits, il évolue remarquablement bien   

Je n'avais pas d'actrice fêtiche en dehors d'Adjani avant de découvrir Davis. Désormais, mes trois actrices fêtiches sont Adjani, Davis et Huppert. J'attends de voir d'autres films avec Crawford et j'ai emprunté Madame porte la culotte de Cukor pour voir Hepburn dans un autre film que Devine qui viens dîner ?, vu quand j'étais en terminale en cours d'anglais.

Il va juste falloir revenir sur Geneviève Page à un moment, parce que c'est une actrice géniale (mais je n'ai pas vu Belle de Jour, les trucs sado maso ça m'a toujours fait peur ...)

Madame porte la culotte c'est un chef d'oeuvre (et en plus tu en (re)découvriras deux puisque ce sont aussi les débuts au cinéma de Judy Holliday) même si tu risques davantage d'apprécier Hepburn, au vu de ce que tu dévoiles de tes goûts, dans un film comme Un Lion en Hiver.

aurele a écrit:

j'ai emprunté Madame porte la culotte de Cukor pour voir Hepburn

  
Hepburn versant comédie : L'impossible M. Bébé ; versant mélo (où elle apporte quelque chose de singulièrement anguleux, quelque chose comme le pan de mur d'une forteresse inexpugnable qui s'effondre lentement sur lui-même) : Vacances à Venise. En mode "sur-le-retour" (et avec, pour moi, une palette beaucoup plus large que Crawford qui, même avec sens de la survie qui touche à une certaine forme de génie, m'a toujours parue très binaire) : Soudain l'été dernier.

Mais c'est très bien Madame porte le culotte, c'est drôle et en plus c'est intelligent!


c'est sur que ça n'est pas aussi fou que l'impossible monsieur bébé ou elle fait des merveilles également
et puis de Cukor il ne faut pas oublier l'incontournable Indiscrétion.

sinon j'approuve aussi les deux autres conseils Hepburnien de bAlexB, les deux films sont merveilleux, Soudain l'été dernier ayant quand même l'une des meilleure distribution du monde au moins pour les trois rôles principaux

Concernant un Lion en Hiver Hepburn y est génial en Aliénor d'Aquitaine et Peter O Toole fabuleux en Henri II mais le film est quand même un peu lourd et très verbeux (personnellement j'aime beaucoup, mais c'est un peu du sous shakespeare il faut pas être allergique)

DavidLeMarrec a écrit:

Parsifal a écrit:

Et Monsieur Verdoux et Mains basses sur la ville sont tous sauf ennuyeux!

C'est ce que j'aurais sans doute dit s'ils n'avaient pas été regardés par Maître Cololi.

De bons films indéniablement.
J'avoue que "Mains basses" m'a laissé sur ma fin (se contentant trop de ne montrer que le réel).

Cololi a écrit:

J'avoue que "Mains basses" m'a laissé sur ma fin (se contentant trop de ne montrer que le réel).

  

tu veux dire que le film n'a pas vraiment de point de vue? ne prend pas assez position?

Parsifal a écrit:

Cololi a écrit:

J'avoue que "Mains basses" m'a laissé sur ma fin (se contentant trop de ne montrer que le réel).

  

tu veux dire que le film n'a pas vraiment de point de vue? ne prend pas assez position?

Non, mais que c'est un peu plat (pas le sujet mais la façon de le traiter).

Ah moi Je me souviens d'avoir beaucoup apprécier cette apparentes froideur objective (mais ce n'est qu'une apparence) qui donne presque l'impression que les personnage et l'intrigue se développe tout seul sans intervention du metteur en scéne et qui laisse finalement transparaitre une vision assez anti-idéaliste de la politique sans tomber pour autant dans le cynisme.

Parsifal a écrit:

Ah moi Je me souviens d'avoir beaucoup apprécier cette apparentes froideur objective (mais ce n'est qu'une apparence) qui donne presque l'impression que les personnage et l'intrigue se développe tout seul sans intervention du metteur en scéne et qui laisse finalement transparaitre une vision assez anti-idéaliste de la politique sans tomber pour autant dans le cynisme.

C'est ça   

Peut être qu'un film comme Tempête a Washington de Otto Preminger (Advise and consent pour le titre original) te conviendrait mieux. C'est a peu prés la même chose (sauf que c'est aux États Unis), un film qui aborde le fonctionnement des institutions avec une apparente volonté d'objectivité. Sauf qu'ici le film est moins froid, plus humains les personnages ont une vie en dehors de la politique sans pour autant que ça tombe dans le sentimentalisme, et surtout le partie pris est plus idéaliste (même si de ce point de vue là le film est plutôt pessimiste) et puis c'est un film qui revient 10 ans après (je crois je n'ai pas les dates précise) sur le maccarthysme et c'est assez interessant de ce point de vue là, et ça pose la question du rapport entre la vie privé et la vie publique.

Revu hier les Diables de Ken Russell (1971)

L’histoire est inspirée du procès en sorcellerie d’Urbain Grandier, curé de Loudun, au XVIIème siècle durant le règne de Louis XIII. L’affaire a fait l’objet de plusieurs récits, dont un "roman documentaire" d’Aldous Huxley qui a tant enthousiasmé Ken Russell qu’il a écrit son scénario en à peine trois semaines. A l’époque Richelieu règne dans l’ombre et travaille à l’installation d’un ordre nouveau visant à restaurer le pouvoir central dans les villes. Comme à Loudun, une petite ville prospère du Poitou dont les remparts témoignent de l’indépendance. Là, un prêtre local, Urbain Grandier, dirige la résistance face au Roi. Agacé, Richelieu donne l’ordre de se débarrasser de ce notable rebelle et charismatique mais à qui le clergé reproche une vie sexuelle ostentatoire. A la même époque, le couvent des ursulines était en proie à une éruption d’hystérie collective. La mère supérieure avait demandé à Grandier de leur servir de confesseur, et en refusant, le prêtre s’est fait une ennemie mortelle. Les représentants de Richelieu ont toutes les cartes en main pour monter de toutes pièces un procès rendant Grandier responsable des désordres chez les nonnes. Avant de le condamner au bûcher pour sorcellerie, ils en ont profité pour le torturer   
Ken Russell en a livré une version délirante et certainement pas respectueuse (Louis XIII est représenté comme un homosexuel décadent). Mais derrière les manifestations d’hystérie collective qu’il filme avec une frénésie débridée, il décrit minutieusement la prise de contrôle par les autorités des consciences individuelles et collectives et dénonce la perversion des idéaux religieux à des fins politiques. 40 ans après, le film n’a rien perdu de sa force

leandreGarrecin a écrit:

Revu hier les Diables de Ken Russell (1971)

Ken Russell en a livré une version délirante et certainement pas respectueuse

Même constat pour Lisztomania !!
La vie du maître traitée de façon iconoclaste, rock star avant l'heure...
Mais j'ai adoré aussi   

C'est un des plus beau western du cinéma américain, par son lyrisme et son ampleur,  le chef d'oeuvre de John Wayne qui risque de disparaitre fautes d'une restauration digne de ce nom, je ne sais pas si la petition pourras avoir une quelconque influence sur les studios mais enfin ça reste toujours ça:
http://www.dvdclassik.com/news/il-faut-sauver-alamo

le thème musical composé par  Tiomkin (décidément entre ça et la chute de l'empire romain je me dit que c'était quand même un très bon compositeur de musique de film) est inoubliable:
/watch?v=UuGy6ykIiQ0
/watch?v=njKLdjloQ9k

Revu "Le limier" de Mankiewicz.

Auteur de nombreux chef d’œuvres, Mankiewicz n'a pas raté sa sortie avec ce film.

Huis clos entre deux acteurs géniaux, Lawrence Olivier et Michael Caine, le film est d'une richesse stupéfiante : intrigue policière, affrontement psychologique, mais surtout combat de classe entre le vieil auteur - qui se voit comme un membre de la ruling class - et le coiffeur play boy, parvenu fils d'un obscur émigré italien.
Visuellement c'est aussi un régal, dans ce vieux manoir rempli d'automates et de curiosités.

 Un grand film, qui captive de la première à la dernière image.

 Montfort

"Quartet" ( 2012 ) de Dustin Hoffman.
C’est le genre de cinéma indépendant que je préfère, du genre … comment dire … touché par la Grâce.
Ce film, drôle et émouvant, devrait pouvoir tirer une larme de bonheur tant aux candidats au baccalauréat
qu’aux personnes du 3ème âge présents sur ce forum. Il y est question de musique et de fuite du temps.
Dans un contexte musical différent, je recommande aussi "La visite de la fanfare" d’Eran Kolirin ( 2007 ),
autre film à petit budget, empreint de délicatesse, d’humour en demi-teinte à la limite de la désespérance.

Parsifal a écrit:

C'est un des plus beau western du cinéma américain, par son lyrisme et son ampleur,  le chef d'oeuvre de John Wayne qui risque de disparaitre fautes d'une restauration digne de ce nom, je ne sais pas si la petition pourras avoir une quelconque influence sur les studios mais enfin ça reste toujours ça:
http://www.dvdclassik.com/news/il-faut-sauver-alamo

Merci d'avoir fait passer la pétition.
Un film superbe, en effet, où la leçon de John Ford paraît à la fois méditée et amplifiée par John Wayne.

Montfort a écrit:

Revu "Le limier" de Mankiewicz.


 Un grand film, qui captive de la première à la dernière image.

 Montfort

Oui, et du reste ce sont les dernière images (pour ceux qui n'ont jamais vu le film) qui permettent de comprendre l'ensemble du film...

La performance des deux acteurs est magnifique !

Now voyager d'Irving Rapper est un très beau drame romantique. Peut être pas à regarder quand on est en pleine rupture amoureuse mais tant pis. Le personnage de Charlotte Vale est à nouveau un très beau rôle pour Davis. Elle passe de la fille dépressive-hystérique à la femme qui s'affirme et découvre le grand amour, l'affection également (cf sa relation avec Tina). Le jeu de Davis est habituel quand on l'a vu dans plus d'une dizaine de films mais elle crève comme à chaque fois l'écran. Paul Henreid forme un beau couple avec elle mais pas autant que le couple qu'elle formait à l'écran avec George Brent, en particulier dans Dark victory. Claude Rains n'est pas aussi intéressant que dans Mr.Skeffington mais le rôle n'est absolument pas du même genre. Gladys Cooper en mère castastrice est un second rôle remarquable. Comme très souvent, le film est sublimé par la musique de Steiner.

Albert à l'Ouest : Parodie de western, humour souvent de goût douteux (beaucoup d'humour scato au début), mais qu'est-ce qu'on rigole bien! Dans le suite de Ted donc pour Seth MacFarlan!

Black Coal : Euh... tous ces prix à Berlin pour "ça"? Un policier lentissime, des scènes qui ne servent à rien, des zones d'ombres qui restent très très sombres, un acteur principal qui a environ deux expressions de visage... non franchement... je m'attendais à beaucoup mieux! Grosse déception.

Pialat : Loulou

Bon évidemment comme j'adore Depardieu jouant les baltringues (et si il les joue si bien c'est qu'il l'était lui-même) et que j'adore Huppert ... j'ai passé un bon moment.
Mais il manque une véritable problématique au scénario, qui ne sait pas trop où il va.

Under the skin : A voir si on aime la plastique de Scarlett Johansson... Pour le reste, film trop esthétisant, à la lisière du thriller, du film fantastique et philosophique, qui oscille constamment entre ces genres sans jamais s'y fixer, dialogues basiques... Je n'ai pas adhéré, alors que j'avais lu des critiques plutôt positives à son sujet !

Chris3 a écrit:

dialogues basiques...

d'un autre côté il suffit de voir la bande annonce pour se rendre compte que l’intérêt du film n'est pas là   

pour le reste je le vois probablement demain

J'attends donc ton retour pour voir si tu abondes dans mon sens ou pas... (sur la plastique de SJ et le reste aussi !!!)

Mendes : Skyfall ...     
Quand je pense que certains disent que c'est un retour au James Bond classique ... pfff ... un retour de surface oui. Où est le gentleman anglais et les méchants aux nobles manières ? Où est la classe ? Encore un Rambo ...

Comencini : L'argent de la vieille
Sympathique   

comme Vladimir Poutine n'est pas trop ma tasse de thé je n'ai toujours pas vu Skyfall et puis j'ai trouvé suspect cet enthousiasme démesuré je suis sur que le tout premier Rambo reste plus interessant que ce James Bond (de toutes façon objectivement le premier Rambo est plus interessant que la plupart des James Bond   )

pas tapper Cololi j'adore James Bond quand même

Cololi a écrit:

Mendes : Skyfall ...     
Quand je pense que certains disent que c'est un retour au James Bond classique ... pfff ... un retour de surface oui. Où est le gentleman anglais et les méchants aux nobles manières ? Où est la classe ? Encore un Rambo ...

Franchement, il est dix fois mieux que les premiers avec Craig... on retrouve du second degré, plein de clins d'yeux aux anciens films...
Alors oui, ce n'est pas Sean Connery, il y a pas tous les gadget... mais malgré ça j'ai vraiment trouvé l'ambiance d'un James Bond, débarrassé de tous ces trucs habituels.
Et a côté on a tous les passages obligés du genre.

Et on est loin du déballage de muscle des premiers avec Craig.
Pour moi c'est un des meilleurs récents. Qui est différents des Sean Connery ou Roger Moore, mais est franchement loin des films d'actions basiques et surtout des Rambo![/quote]

Parsifal a écrit:

comme Vladimir Poutine n'est pas trop ma tasse de thé je n'ai toujours pas vu Skyfall et puis j'ai trouvé suspect cet enthousiasme démesuré je suis sur que le tout premier Rambo reste plus interessant que ce James Bond (de toutes façon objectivement le premier Rambo est plus interessant que la plupart des James Bond   )

pas tapper Cololi j'adore James Bond quand même

Ah? Un enthousiasme démesuré est forcément suspect?

Oui, c'est vrai que des vieux films c'est forcément mieux...

Cololi a écrit:

Mendes : Skyfall ...     
Quand je pense que certains disent que c'est un retour au James Bond classique ... pfff ... un retour de surface oui. Où est le gentleman anglais et les méchants aux nobles manières ? Où est la classe ? Encore un Rambo ...

Clairement, il ne faut pas du tout y chercher le même personnage (pareil pour la secrétaire devenue soudainement agent de terrain).

En revanche, j'ai été extrêmement séduit par la première partie, avec sa décadence assez poétique. Ensuite, c'est effectivement de l'über-spectaculaire (dans le même film, il détruit l'internationale du terrorisme, abat l'URSS et repousse une invasion des aliens ), mais franchement, plutôt bien articulé, avec des psychologies un minimum vivantes.

Beaucoup moins ennuyeux qu'un vrai James Bond, en fait. Mais c'est sûr que lorsqu'on place au pinacle l'esthétique Chabrol, ce doit être insupportablement intéressant.

Parsifal a écrit:

comme Vladimir Poutine n'est pas trop ma tasse de thé je n'ai toujours pas vu Skyfall et puis j'ai trouvé suspect cet enthousiasme démesuré je suis sur que le tout premier Rambo reste plus interessant que ce James Bond

Flûte, je n'ai vu que le deuxième, mais non.

Pour Poutine, je n'avais pas entendu parler de ça (il aime ce film ?), ça explique pourquoi l'Armée Rouge a chanté ça à la télé — j'avais trouvé ça un peu ahurissant.