Jules Massenet - tour d'horizon

Francesco a écrit:

Au moins, je vais pouvoir découvrir Ariane (et en plus sans l'éteignoir ... heureusement, parce que qu'il reste de sa voix dans Zoroastre est assez laid, en plus).

Très chouette cette future Ariane d'ailleurs selon la captation en direct!
(pour Gens, je ne dirai rien de rien... )

Citation :

Bon, ce que je vous dites n'est pas très engageant, j'étais curieux et je découvre avec plaisir Tamar en ce moment. Mais, de fait, le grand rôle a toujours été celui de la grand-mère créé au théâtre par Sarah Bernhardt je crois alors si c'est mal chanté ...

Ben le rôle a été créé par Lucy Arbell... Donc tragique et diction. Et là on a un truc un peu informe. Certes sombre et contralto, mais vraiment pas très beau.

DavidLeMarrec a écrit:

Tamar fait plutôt partie des problèmes de l'enregistrement pour moi : la voix est vraiment lourde, comme un gros bloc monolithe qui ne se déplace que tout entier, et la diction incompréhensible (couverture abusive et maîtrise approximative du français). Mais si tu l'aimes, c'est déjà un désavantage de moins.

Le gros point fort de la distribution, c'est Rivenq évidemment. Mais il ne chante pas tout le temps, loin s'en faut.

Oh Tamar est pas le pire franchement... et de loin je trouve.
Après oui, Rivenq est superbe. Mais on en vient à se demander ce qu'il vient faire ici![/quote]

J'en ai profité pour me relancer dans une écoute des Massenet que je fréquente le moins. (Parmi les rares, je me repais régulièrement de Grisélidis et d'Amadis, peut-être ses deux meilleurs opéras pour moi, avec Thaïs…)

Massenet – Sapho (début) – Boutry (EMI 1978)
→ Version très lissée, je suis passé à une autre.

Massenet – Sapho – BBC Orchestra (?), Keefe (Orfeo d’Oro)
→ Diction française aléatoire, mais orchestre électrique, tout passe bien mieux pour cette intrigue à laquelle il est difficile de s’identifier (les gens de bonne famille et le maintien de leur honneur lorsqu’ils fréquentent des courtisanes…). La querelle de couple ( ) est tout de même d’une violence incroyable, en particulier dans cette version (pas les mères s’il vous plaît).

Le Portrait de Manon – Southbank Sinfonia, Geoffrey Paterson (Opera Rara 2013)

Musicalement pas du tout le meilleur Massenet. Un sequel de Manon, qui reprend beaucoup de ses thèmes musicaux les plus célèbres.

Le sujet est sans grand enjeu (l’opéra fait une heure), mais le principe est amusant, c’est un peu dans l’esprit du Mariage de Figaro : des Grieux a vieilli (désormais baryton !), il est devenu le tuteur d’un jeune homme qui aime une femme sans naissance, et comme son propre père il lui interdit ce choix. (Vous voyez sans réfléchir trop intensément ce que le portrait de Manon va venir faire là.)

Chanté dans un français un peu distant (chanteurs tous anglophones). C’est à découvrir pour mieux connaître Massenet, mais il faudrait vraiment une équipe de francophones très expressifs pour rendre l’œuvre captivante. J’espère le jour où l’on confiera le rôle à Jean-Sébastien Bou !

Chérubin – Breedt ; Ciofi, Remigio, di Bari, Ebau, Surjan… ; Opéra de Cagliari, Villaume (Dynamic 2006)

Un autre spin off, cette fois du Mariage de Figaro, qui raconte un épisode entre le Mariage de Figaro et la Mère coupable, avec le retour de Chérubin à la cour des Almaviva, le début des sentiments de la Comtesse (non concrétisés ici) et la séduction simultanée que le galopin, accompagné de son précepteur philosophe, entreprend sur trois femmes.

Le livret n’est pas très passionnant (vaudeville un peu laborieux dans un format opéra), la musique ne m’a pas bouleversé non plus, mais ici encore, l’équipe (malgré les noms très prestigieux présents !) n’est pas idéale.

Il existe une version avec des chanteurs rompus à un français plus expressif (Sénéchal, Trempont, Arapian dans les seconds rôles, mais aussi Balleys et Ramey), dirigée par P. Steinberg, mais je ne l’ai pas écoutée.

Et enfin, je révise assez radicalement mes impressions des écoutes précédentes :

Roma – Tamar, Mok, Vendassi, Rivenq, Ellero d’Artegna… ; Orchestra Internazionale d’Italia, Guidarini (Dynamic 1999)

Opéra épique dans la veine de ceux marqués par la défaite de 1870 (Hérodiade, Lutèce d’Holmès, Les Barbares de Saint-Saëns, Vercingétorix de Fourdrain, Ivan le Terrible de Gunsbourg…), et où la société romaine décadente vacille sous la menace d’Hannibal (et d’un Gaulois, la symbolique est réversible !). Nous sommes après Trasimène, avec une intrigue à base de feu éteint et d’enlèvement de vestale.

Chouette livret, avec des personnages travaillés. À la réécoute, la musique n’en est pas si plate qu’il m’avait semblé lors de mes précédents passages… il n’y a certes pas de tubes, mais tout est écrit dans un récitatif romantique très naturel et expressif. Le problème vient en réalité de la version : à part Rivenq (merveilleux, tout s’éclaire quand il est là !), personne ne chante tout à fait en français, et l’orchestre de cacheton capté en plein air avec les mauvais moyens de Dynamic n’aide pas trop à l’immersion.

On attend une belle version équilibrée de ce qui pourrait bien être un bijou méconnu.

DavidLeMarrec a écrit:

J'en ai profité pour me relancer dans une écoute des Massenet que je fréquente le moins. (Parmi les rares, je me repais régulièrement de Grisélidis et d'Amadis, peut-être ses deux meilleurs opéras pour moi, avec Thaïs…)

Massenet – Sapho (début) – Boutry (EMI 1978)
→ Version très lissée, je suis passé à une autre.

Massenet – Sapho – BBC Orchestra (?), Keefe (Orfeo d’Oro)
→ Diction française aléatoire, mais orchestre électrique, tout passe bien mieux pour cette intrigue à laquelle il est difficile de s’identifier (les gens de bonne famille et le maintien de leur honneur lorsqu’ils fréquentent des courtisanes…). La querelle de couple ( ) est tout de même d’une violence incroyable, en particulier dans cette version (pas les mères s’il vous plaît).

Oui, j'avoue que je n'ai jamais été passionné par Sapho... Après j'attends une version plus jeune et française...

DavidLeMarrec a écrit:

Le Portrait de Manon – Southbank Sinfonia, Geoffrey Paterson (Opera Rara 2013)

Musicalement pas du tout le meilleur Massenet. Un sequel de Manon, qui reprend beaucoup de ses thèmes musicaux les plus célèbres.

Le sujet est sans grand enjeu (l’opéra fait une heure), mais le principe est amusant, c’est un peu dans l’esprit du Mariage de Figaro : des Grieux a vieilli (désormais baryton !), il est devenu le tuteur d’un jeune homme qui aime une femme sans naissance, et comme son propre père il lui interdit ce choix. (Vous voyez sans réfléchir trop intensément ce que le portrait de Manon va venir faire là.)

Chanté dans un français un peu distant (chanteurs tous anglophones). C’est à découvrir pour mieux connaître Massenet, mais il faudrait vraiment une équipe de francophones très expressifs pour rendre l’œuvre captivante. J’espère le jour où l’on confiera le rôle à Jean-Sébastien Bou !

Oui, c'est vraiment des souvenirs, quelque chose de gentil... après c'est intéressant d'entendre ce retour sur des thèmes si connus et voir comment il les cite, comment il les intègre dans la trame de cette petite histoire.

DavidLeMarrec a écrit:

Chérubin – Breedt ; Ciofi, Remigio, di Bari, Ebau, Surjan… ; Opéra de Cagliari, Villaume (Dynamic 2006)

Un autre spin off, cette fois du Mariage de Figaro, qui raconte un épisode entre le Mariage de Figaro et la Mère coupable, avec le retour de Chérubin à la cour des Almaviva, le début des sentiments de la Comtesse (non concrétisés ici) et la séduction simultanée que le galopin, accompagné de son précepteur philosophe, entreprend sur trois femmes.

Le livret n’est pas très passionnant (vaudeville un peu laborieux dans un format opéra), la musique ne m’a pas bouleversé non plus, mais ici encore, l’équipe (malgré les noms très prestigieux présents !) n’est pas idéale.

Il existe une version avec des chanteurs rompus à un français plus expressif (Sénéchal, Trempont, Arapian dans les seconds rôles, mais aussi Balleys et Ramey), dirigée par P. Steinberg, mais je ne l’ai pas écoutée.

Difficile de trouver en effet une version parfaite de Chérubin... J'avoue hésiter toujours entre Villaume et Steinberg. Steinberg pour Ramey et Von Stadt... Villaume parce que Breedt et Ciofi sont superbes...

DavidLeMarrec a écrit:

Et enfin, je révise assez radicalement mes impressions des écoutes précédentes :

Roma – Tamar, Mok, Vendassi, Rivenq, Ellero d’Artegna… ; Orchestra Internazionale d’Italia, Guidarini (Dynamic 1999)

Opéra épique dans la veine de ceux marqués par la défaite de 1870 (Hérodiade, Lutèce d’Holmès, Les Barbares de Saint-Saëns, Vercingétorix de Fourdrain, Ivan le Terrible de Gunsbourg…), et où la société romaine décadente vacille sous la menace d’Hannibal (et d’un Gaulois, la symbolique est réversible !). Nous sommes après Trasimène, avec une intrigue à base de feu éteint et d’enlèvement de vestale.

Chouette livret, avec des personnages travaillés. À la réécoute, la musique n’en est pas si plate qu’il m’avait semblé lors de mes précédents passages… il n’y a certes pas de tubes, mais tout est écrit dans un récitatif romantique très naturel et expressif. Le problème vient en réalité de la version : à part Rivenq (merveilleux, tout s’éclaire quand il est là !), personne ne chante tout à fait en français, et l’orchestre de cacheton capté en plein air avec les mauvais moyens de Dynamic n’aide pas trop à l’immersion.

On attend une belle version équilibrée de ce qui pourrait bien être un bijou méconnu.

Je pense qu'avec une distribution du style de ce qu'a proposé Bru Zane pour Ariane récemment, il y a moyen d'avoir un très bel opéra, dans la veine des opéras péplum tardifs de Massenet.
Mais là en effet, difficile de tenir l'écoute entre la qualité de l'orchestre et le chant très aléatoire. J'aimerai beaucoup entendre Posthumia bien chantée par exemple. le rôle est vraiment porteur!

Polyeucte a écrit:

Oui, j'avoue que je n'ai jamais été passionné par Sapho... Après j'attends une version plus jeune et française...

Keefe m'a vraiment convaincu, si tu n'as pas essayé ! Mais le sujet, comment s'identifier, même de loin, à ça…

Citation :

[Roma] Mais là en effet, difficile de tenir l'écoute entre la qualité de l'orchestre et le chant très aléatoire.

J'ai été surpris à la réécoute : ça s'écoute vraiment bien en réalité. Ce n'est pas le grand frisson vocal ou orchestral, mais on entend bel et bien l'essentiel !

Sapho, j'ai écouté Keefe aussi, moi c'est une œuvre que j'aime bien, mais c'est comme la Navarraise, c'est vraiment très concis, conversationnel, le lyrisme est très ramassé, il faut apprécier le genre. J'aime assez le roman de Daudet, ça été fait trois fois au cinéma au moins (dont une avec Garbo), les adaptations tournent toujours un peu autour du pot, y compris la version lyrique. Je ne connais pas la pièce.

PS : merci pour la réécoute de Roma, ça n'a pas l'air aussi abominable que prévu. J''ai trouvé très beau, Les Barbares.

Bonjour à tous

Sapho a un style suranné mais comprend parmi les airs les plus envoutant de Massenet.

On trouve dans ROMA parmi les plus beaux chœurs de toute son œuvre.