Votre dernier film visionné

Otto Preminger : Laura        1944


Me voilà réconcilié avec Preminger.   En voilà, un grand film, c'est autre chose que Bonjour tristesse ! Le personnage de Laura est vraiment magistral, c'est un peu comme si c'était en fait la scénariste du film. Le personnage de McPherson est aussi très intéressant, il se fait de plus en plus duel (accompagné par un jeu croissant sur les reflets) et au moment du retournement de situation, on peut d'ailleurs se demander si ce n'est pas un simple fantasme de ce dernier - surtout vu les plans précédents. Là aussi, c'est encore une belle découverte.

Lancaster : Le flic se rebiffe



Kurosawa : La forteresse cachée

Richard Linklater : Before sunrise        1995


J'ai bien aimé. Ça m'a un peu rappelé Le dernier jour de l'été que j'ai vu hier - en moins subtil, cependant. Chez Linklater, l'atmosphère est plus tranquille que chez Konwicki : il y a déjà beaucoup plus de dialogue (un peu trop, peut-être, même) et ces derniers sont moins rugueux. J'ai été étonné de voir à quel points les personnages sont continuellement en mouvement chez Linklater ; je ne sais pas si c'est une coïncidence mais déjà dans Last flag flying, les personnages étaient toujours sur la route, marchaient, etc. J'imagine qu'on peut facilement ne pas entrer dans le film, cela dit : si on refuse ce minimalisme un peu berçant, ça risque d'être compliqué.

J'ai revu pour la énième fois Hope and Glory de John Boorman sur Arte, je n'avais pas prévu de le revoir en entier mais comme je me suis laissé complétement entrainé. C'est décidément un de mes films préféré, léger en apparence (malgré la guerre) mais en fait très riche et surtout extrêmement émouvant, un film magnifique sur le souvenir, et l'enfance. La joyeuse anarchie des ruines londonienne transformé en terrain de jeu, les amours contrariés vu a travers le regards naïf d'un enfant, les crises de larmes d'une adolescente et de sa mère, la vitalité exacerbé d'un monde au bord du gouffre, la ville dévasté contre la rivière protectrice, et puis cet éclat de rire finale partagé entre un grand père et son petit fils, tout est magnifique dans ce film, je ne peux pas résister!

et puis il y a aussi cette improbable séance de cinéma avec une scéne d'adieu sur un quai de gare (toutes les femmes en pleurs, les hommes sérieux, stiff upper lip, et le jeune héros Billy consterné par tant de sentimentalisme) c'est un tel cliché de mélodrame qu'elle n'a probablement jamais existé que dans l'imagination de John Boorman.

Costa-Gavras : État de siège        1972

 +
J'ai moins aimé que Z, j'ai trouvé ça beaucoup plus "abstrait". J'ai toutefois trouvé fascinant le rythme du montage et les cadres qui sont d'une fonctionnalité remarquable ; comme si les structures politiques découlaient immédiatement du cadre et du montage. Certaines séquences sont assez amusantes, aussi : je pense notamment au démarrages de moteur en chaîne après que le personnage joué par Montand a quitté sa propriété.

Je suis encore loin de les avoir tous vus, mais pour le moment c'est celui que j'ai le moins aimé.

L'aveu et Z me semblent les meilleurs pour le moment.

Mais Compartiment tueurs est excellent (son 1° film) dans la série petit film noir français des années 60.
Un homme de trop et Section spéciale sont pas mal du tout.

Et Clair de femme … complètement à côté des films très politiques est à voir.

(pas encore vu Missing …)

Parsifal a écrit:

J'ai revu pour la énième fois Hope and Glory de John Boorman sur Arte, je n'avais pas prévu de le revoir en entier mais comme je me suis laissé complétement entrainé. C'est décidément un de mes films préféré, léger en apparence (malgré la guerre) mais en fait très riche et surtout extrêmement émouvant, un film magnifique sur le souvenir, et l'enfance. La joyeuse anarchie des ruines londonienne transformé en terrain de jeu, les amours contrariés vu a travers le regards naïf d'un enfant, les crises de larmes d'une adolescente et de sa mère, la vitalité exacerbé d'un monde au bord du gouffre, la ville dévasté contre la rivière protectrice, et puis cet éclat de rire finale partagé entre un grand père et son petit fils, tout est magnifique dans ce film, je ne peux pas résister!

et puis il y a aussi cette improbable séance de cinéma avec une scéne d'adieu sur un quai de gare (toutes les femmes en pleurs, les hommes sérieux, stiff upper lip, et le jeune héros Billy consterné par tant de sentimentalisme) c'est un tel cliché de mélodrame qu'elle n'a probablement jamais existé que dans l'imagination de John Boorman.

J'ai bien aimé aussi la suite qu'il a réalisée il y a quatre ou cinq ans, Queen and country, où l'on retrouve Bill au début des années cinquante, au moment où il va faire son service militaire. Ce n'est pas du même niveau du point de vue cinématographique, mais c'est quand même très réussi, un peu comme ces films tardifs des grands maîtres (il y a de ça dans le dernier Eastwood), où l'on a l'impression de retrouver sur l'écran un souffle et une limpidité dans la narration, une grâce dans l'interprétation, une sorte de classicisme élégant dont le secret semble être perdu. Vu son âge, ça restera sans doute son dernier film et c'est assez classe de boucler la boucle sur cette vision de lui jeune homme, quand il avait encore toute la vie devant soi...

Oui j'avais beaucoup aimé aussi, ce n'est pas aussi fort que Hope and Glory qui est vraiment un chef d’œuvre mais c'est une belle réussite et si c'est son dernier film c'est une belle conclusion. Le film a été un peu ignorait en France, a part Positif qui Michel Ciment oblige l'a pas mal défendu, j'ai l'impression que ça a été reçut poliment sans plus, comme si Boorman après avoir été un nom important du cinéma mondiale, était déjà parti... C'est un peu triste, surtout quand c'est loin d'être médiocre.

Richard Linklater : Before sunset        2004

 + / 
De façon très étonnante, il s'agit de la suite de Before sunrise, sorti neuf ans auparavant. J'ai à peu près autant apprécié l'un que l'autre. C'est ici une tonalité un peu terne qui remplace la guimauve (ce n'est pas péjoratif ! - il y a des petites railleries dans ce film à propos de cet aspect) du précédent opus ; il y a cependant des résidus de projections/fantasmes : plusieurs histoires sont modifiées au sein même du film. Sinon, c'est assez similaire : il y a toujours ce carcan temporel, les personnages se déplacent beaucoup ; autrement dit, si l'on n'a pas aimé le premier, c'est mal parti pour celui-ci.

Yasujirō Ozu : Il était un père        1942


Il s'agit d'un Ozu sorti plutôt tardivement en France (2005). Il rappelle beaucoup Le fils unique sorti cinq ans auparavant par l'aspect sacrificiel du parents vers l(es) enfant(s) ; Ozu aborde ici un thème qu'il n'aborde pas (directement) tant que ça (?) : la culpabilité - et par conséquent le qu'en dira-t-on ?. J'ai trouvé certaines scènes remarquables : la scène du rassemblement des anciens et son vote à main levé à grande portée sociologique - ça dit des choses sur le Japon d'alors. Il y a cependant quelques défauts : la transition temporelle assez curieuse et la fin - assez étonnante pour un film de Ozu - qui a un ton assez mélodramatique/emphatique. En somme, ce n'est pas un immense Ozu mais ça vaut très certainement le coup d'être vu !

Christopher Nolan : Following        1998


J'ai trouvé ça plutôt bien. J'ai trouvé que le récit se fourvoyait dans des facilités scénaristiques, cependant ; enfin, j'ai l'impression - un peu comme dans Réalité de Dupieux, en moins vertigineux, cependant - que Nolan utilise systématiquement la non-linéarité de son récit sans que ce soit toujours véritablement pertinent. De plus, le scénario - malgré un rythme qui se veut plutôt rapide - prend un certain temps à donner un véritable intérêt au personnage de Cobb.

Richard Linklater : Before midnight        2013

 /  +
Dernier volet de la trilogie Before. Je l'ai trouvé sensiblement moins bon que les deux autres volets : la scène du repas ne fonctionne vraiment pas, je trouve. Il est cependant, malgré cet aspect un peu moins centré sur les deux personnages, dans la continuité des deux autres : c'est l'heure du bilan, le temps qui passe est toujours au centre du récit. On voit d'ailleurs que de l'eau a coulé sous les ponts entre les deux derniers volets : ce côté un peu "urgent" résultant de l'échéance n'apparaît plus du tout ; c'est sans doute ça qui me séduit moins dans ce dernier volet, ça devient plus lisse. C'est toutefois agréable à regarder et c'est sympathique de retrouver le couple Hawkes/Delpy.

Hirokazu Kore-eda : Maborosi        1995

 +
Premier film de Kore-eda qui n'ouvre pas sa filmographie sur un générique mais sur une séquence de rêve : c'est dire l'importance de la mémoire dans le cinéma de Kore-eda. Dans ce premier long métrage, on sent très fort l'influence d'Ozu : les pillow shots, l'importance du mariage, la manière de filmer les intérieurs à une hauteur très basse. J'ai trouvé ce film vraiment très beau : tout d'abord puisque la photographie est très belle (la scène avec le feu au bord de la mer à la fin est vraiment sublime) ; mais il y a aussi une certaine retenue, une pudeur dans la manière de filmer avec des plans très larges (encore la scène évoquée ci-dessus ou la scène d'attente du train, au début ; la scène d'attente dans l'arrêt de bus vers la fin, également). S'il y a une retenue à l'image, c'est également le cas d'un point de vue émotionnel, et en cela Kore-eda jouxte encore Ozu, dans sa manière d'envisager la mort comme un passage pas du tout mélodramatique - ce sera particulièrement explicite et central dans son long-métrage suivant After life. Il y a ici une véritable fascination pour l'eau - ce n'est pas étonnant en regard du lien étroit entre l'eau et la mémoire dans le cinéma (Solaris, Cœur fidèle, L'atalante) et ce sous plusieurs formes : la mer (notamment en tant que puissance un peu mystérieuse) mais aussi la pluie : ne parle-t-on pas souvent de parapluie au début du film ? La scène où Yumiko est dans le bus lorsqu'elle se rend au commissariat, les vitres sont couvertes de gouttes de pluie. Au passage, Kore-eda nous prouve que l'on peut faire des choses pertinentes même avec une fascination pour la nature - et ne pas se fourvoyer dans des banalités comme le fait Kawase  . En somme, c'est un film que j'ai beaucoup aimé - comme tous ceux de Kore-eda que j'ai vus, en fait. 

Emeryck a écrit:

Hirokazu Kore-eda : Maborosi        1995

J'ai beaucoup aimé ce film aussi .

Emeryck a écrit:

Yasujirō Ozu : Il était un père        1942

Ce qu'il y a d'étonnant aussi dans ce film, c'est sa réussite en dépit de sa date. Durant la guerre, les réalisateurs japonais étaient tenus de se mettre au service du régime et de l'effort de guerre en exaltant les valeurs traditionnelles du Japon : la figure du père (celle de l'empereur), le devoir, le sacrifice ... Et Ozu remplit le contrat, mais sans en avoir l'air, sans lourdeur... L'emphase de la fin, que tu signales, est à mon sens la seule trace tangible de ce contexte propagandiste.

Emeryck a écrit:

Otto Preminger : Laura        1944


Me voilà réconcilié avec Preminger.   En voilà, un grand film, c'est autre chose que Bonjour tristesse !

Un peu par hasard, je viens de revoir Bonjour tristesse sur un grand écran et c'est vraiment un très beau film ; pas du niveau de Laura, sans doute, mais la direction d'acteurs et le filmage sont d'une précision et d'une grâce constantes, Jean Seberg est lumineuse, Deborah Kerr d'une classe incroyable, bref, c'est un des multiples joyaux de la filmographie de Preminger (certains brillent plus ou moins, mais ce sont tous des joyaux)...

Anaxagore a écrit:

Emeryck a écrit:

Yasujirō Ozu : Il était un père        1942

Ce qu'il y a d'étonnant aussi dans ce film, c'est sa réussite en dépit de sa date. Durant la guerre, les réalisateurs japonais étaient tenus de se mettre au service du régime et de l'effort de guerre en exaltant les valeurs traditionnelles du Japon : la figure du père (celle de l'empereur), le devoir, le sacrifice ... Et Ozu remplit le contrat, mais sans en avoir l'air, sans lourdeur... L'emphase de la fin, que tu signales, est à mon sens la seule trace tangible de ce contexte propagandiste.

Oui, c'est vrai, je n'avais pas pensé à ça. C'est sans doute parce que le cinéma d'Ozu était prédisposé à ce genre de choses (?) dans le sens où ces thèmes étaient déjà légèrement sous-jacents dans son cinéma - peut-être me trompé-je car je n'ai vu que trois films de Ozu antérieurs à celui-ci. Mais effectivement, ça fait sens pour la fin. 

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Otto Preminger : Laura        1944

Me voilà réconcilié avec Preminger.   En voilà, un grand film, c'est autre chose que Bonjour tristesse ! 

Un peu par hasard, je viens de revoir Bonjour tristesse sur un grand écran et c'est vraiment un très beau film ; pas du niveau de Laura, sans doute, mais la direction d'acteurs et le filmage sont d'une précision et d'une grâce constantes, Jean Seberg est lumineuse, Deborah Kerr d'une classe incroyable, bref, c'est un des multiples joyaux de la filmographie de Preminger (certains brillent plus ou moins, mais ce sont tous des joyaux)...

Je m'étais pas mal ennuyé devant Bonjour tristesse. 

Je signale juste qu'il y a en ce moment deux fils identiques "Votre dernier film visionné" ; il faudrait peut-être fusionner...

Non c'est le précédent

Brian de Palma : Sisters        1972


Il s'agit du premier long-métrage de de Palma - et son troisième que je vois - et déjà beaucoup de choses s'y déploient : la pulsion sexuelle qui ouvre quasiment le film mais également son esthétique foisonnante ou encore l'aspect voyeuriste - les citations de Rear window, oui, encore Hitchcock. Concernant l'aspect esthétique, certaines séquences sont remarquables : la séquence en écran scindé lors de la visite dans l'appartement des sœurs ; la séquence alternant entre les agonies de Danielle et la préparation du gâteau d'anniversaire. Le film fonctionne vraiment très bien - peut-être la fin est-elle un peu brusquée - mais la scène de l'asile est remarquable et vertigineuse ; Finley est d'ailleurs excellent dans le rôle de Emil.

Sergueï Eisenstein : Le cuirassé Potemkine        1925

 +
Je n'ai qu'une chose à dire : 

Spoiler:

Plus sérieusement, j'ai préféré la partie à partir de l'accostage qui a vraiment ses fulgurances et malgré l'aspect ouvertement technique du montage et la fascination pour la puissance, le mouvement et la force, il y a de très beaux moments - attention, originalité extrême - notamment la femme et son enfant qui sont vraiment d'une grande intensité.
Sinon, la fin, bon...   J'imagine que c'était très sérieux et pas du tout ironique. Ça fait un peu "pétard mouillé", quand même, non ? 

Tu as vu Ivan le Terrible ?

Cololi a écrit:

Tu as vu Ivan le Terrible ?

Non, pas encore, pourquoi ? 

Emeryck a écrit:

Cololi a écrit:

Tu as vu Ivan le Terrible ?

Non, pas encore, pourquoi ? 

Comme ça. C'est juste que c'est le Eisenstein que je trouve génial.
La Cuirassé … ça fait longtemps.

Emeryck a écrit:

Brian de Palma : Sisters        1972


Il s'agit du premier long-métrage de de Palma

C'est en réalité son septième, c'est souvent celui qui est considéré comme son premier film correspondant à l'esthétique De Palma, mais tu as des choses intéressantes dans ses premiers films, les split-screens que tu cites, l'étirement des plans, l'humour à froid (j'aime beaucoup la fin de Sisters dans le genre) s'y retrouvent déjà, même si se sont des films plus marqués par l'influence européenne de La Nouvelle vague ou du Free cinema britanique, que par l'influence des thrillers hitchcockiens ou des films hollywoodiens.

Prosopopus a écrit:

Emeryck a écrit:

Brian de Palma : Sisters        1972


Il s'agit du premier long-métrage de de Palma

C'est en réalité son septième, c'est souvent celui qui est considéré comme son premier film correspondant à l'esthétique De Palma, mais tu as des choses intéressantes dans ses premiers films, les split-screens que tu cites, l'étirement des plans, l'humour à froid (j'aime beaucoup la fin de Sisters dans le genre) s'y retrouvent déjà, même si se sont des films plus marqués par l'influence européenne de La Nouvelle vague ou du Free cinema britanique, que par l'influence des thrillers hitchcockiens ou des films hollywoodiens.

Ah oui, effectivement ; merci pour l'information. 

Et la musique d'Herrmann!

Ki-Young : La servante

 Excellent, un film coréen aux accents et à la musique très chabroliens

Ingmar Bergman : La soif        1949


C'est le Bergman que je préfère parmi ceux des années quarante que j'ai vus. On est vraiment plus proche de ce que fera Bergman par la suite : topographie de la folie - qui n'est sans doute pas étrangère à la vogue pour la psychanalyse de l'époque - et l'incommunicabilité, aussi. Comme le laisse penser le titre - ou plutôt l'autre titre (La fontaine d'Aréthuse) - la boisson joue un rôle central, celui de garde-fou à l'incommunicabilité : on boit beaucoup dans ce film - et on fait beaucoup de remarques à propos de ça - comme pour essayer de ressusciter cette proximité totalement dissoute - déjà explicite au début du film avec les deux lits du couple, barreaux les uns contre les autres. Cet aspect dissout se retrouve d'ailleurs dans la forme du film qui procède par flash-back successifs - parfois (souvent ?) traumatiques. Sinon, la photographie noir et blanc est très belle et a ses quelques moments de bravoure.

Bernard Queysanne & Georges Perec : Un homme qui dort        1974

 +
Qu'est-ce que c'est beau, j'ai vraiment beaucoup aimé ce film! C'est un crescendo d'intensité remarquable, une ouverture progressive : de l'étudiant cloîtré dans sa chambre de bonne, puis sortant dehors mais se réfugiant dans une salle de cinéma puis errant enfin dans les rues de Paris et enfin, la chambre pulvérisée, sur des ruines de bâtiments. Ce crescendo n'intervient pas seulement à l'image mais également dans la voix-off qui se serre tout comme le montage ou les rémanences du film déjà passé. J'ai trouvé que ce film dégageait une grande puissance de renoncement : jamais le personnage ne dira le moindre mot, jamais il ne semblera clairement déterminé à faire quelque chose. J'ai été toutefois un peu dérangé par l'utilisation du pronom tu.

Emeryck a écrit:

Bernard Queysanne & Georges Perec : Un homme qui dort        1974

 +
Qu'est-ce que c'est beau, j'ai vraiment beaucoup aimé ce film! C'est un crescendo d'intensité remarquable, une ouverture progressive : de l'étudiant cloîtré dans sa chambre de bonne, puis sortant dehors mais se réfugiant dans une salle de cinéma puis errant enfin dans les rues de Paris et enfin, la chambre pulvérisée, sur des ruines de bâtiments. Ce crescendo n'intervient pas seulement à l'image mais également dans la voix-off qui se serre tout comme le montage ou les rémanences du film déjà passé. J'ai trouvé que ce film dégageait une grande puissance de renoncement : jamais le personnage ne dira le moindre mot, jamais il ne semblera clairement déterminé à faire quelque chose. J'ai été toutefois un peu dérangé par l'utilisation du pronom tu.

Je connais le film de réputation, mais je n'ai jamais pu le voir ; tu l'as vu comment ? Ça existe en streaming ou DVD ?

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Bernard Queysanne & Georges Perec : Un homme qui dort        1974
 +
Qu'est-ce que c'est beau, j'ai vraiment beaucoup aimé ce film! C'est un crescendo d'intensité remarquable, une ouverture progressive : de l'étudiant cloîtré dans sa chambre de bonne, puis sortant dehors mais se réfugiant dans une salle de cinéma puis errant enfin dans les rues de Paris et enfin, la chambre pulvérisée, sur des ruines de bâtiments. Ce crescendo n'intervient pas seulement à l'image mais également dans la voix-off qui se serre tout comme le montage ou les rémanences du film déjà passé. J'ai trouvé que ce film dégageait une grande puissance de renoncement : jamais le personnage ne dira le moindre mot, jamais il ne semblera clairement déterminé à faire quelque chose. J'ai été toutefois un peu dérangé par l'utilisation du pronom tu.

Je connais le film de réputation, mais je n'ai jamais pu le voir ; tu l'as vu comment ? Ça existe en streaming ou DVD ?

Je l'avais téléchargé je ne sais plus où. Mais c'est disponible sur Youtube, je crois.

Un film que je n'avais pas vu depuis très longtemps (il date de 1980) et qui est un peu à part dans l'oeuvre de Sautet : il délaisse le milieu bourgeois parisien (ceux qu'on n'appelait pas encore les bobos) pour des personnages socialement plus modestes, et quasiment prolétariens. Ça donne un ton beaucoup plus âpre, sans le côté plaisant mais un peu trop lisse et calibré des dialogues de Dabadie ; il y a des scènes très réalistes sur les chantiers précaires où l'on exploite une main d'oeuvre corvéable à merci, on est loin des résidences chic de César et Rosalie...

Ça tient en tout cas très bien le coup ; ce qui a le plus vieilli, c'est les personnages un peu trop typés qui entourent le héros : Dufilho en libraire homo, Brigitte Fossey en ex-junkie qui replonge. En revanche, Yves Robert est très bien dans le rôle du père acariâtre, à contre-emploi de ce qu'il a pu faire habituellement. Le cœur du film, c'est bien sûr Dewaere qui est présent dans 90% des plans, et c'est hallucinant de voir ce qu'il fait passer à l'écran, vraiment, chacune de ses intonations et expressions est formidable de justesse, on est fasciné par sa présence incroyablement magnétique. Rien que pour lui, il faut voir le film, c'est une expérience cinématographique exceptionnelle ! Quand on pense qu'on ne lui a jamais donné un César, il y a vraiment de quoi se poser des questions sur les motivations des "professionnels de la profession", comme disait Godard...

Emeryck a écrit:

Je l'avais téléchargé je ne sais plus où. Mais c'est disponible sur Youtube, je crois.

Ah merci, je vais voir ça !

Kiyoshi Kurosawa : Barren illusions        1999


C'est le premier film de Kiyoshi Kurosawa que je vois, j'ai l'impression d'avoir fait mauvaise pioche. Si le scénario semble intéressant sur le papier, ça ne prend pas du tout à l'écran. Tout d'abord, l'histoire est (volontairement ?) floue mais sans aucune fulgurance, il n'y a quasiment pas de dialogues - ce n'est pas un problème, Tsaï Ming-liang fait ça très bien mais ici l'intensité qu'on retrouve chez Tsaï n'est pas au rendez-vous. On dirait un peu une satire dystopique de la société nippone - c'est en tout cas ce que laisse penser le caractère mécanique et aliénant de certaines scènes. Une grande décéption, en somme ; mais je compte essayer d'autres films de sa filmographie, cela dit.

Je n'en ai vu qu'un de lui, que j'ai beaucoup aimé : Tokyo sonata

Cololi a écrit:

Je n'en ai vu qu'un de lui, que j'ai beaucoup aimé : Tokyo sonata

Je vais sans doute poursuivre avec celui-ci, alors ; ou Kaïro dont on m'a dit du bien. 

Il y a Cure aussi.

Rubato a écrit:

Il y a Cure aussi.

Oui, je l'avais également en stock, merci. 

Un plan simple



Mort sur le grill



Comme quoi Sam Raimi n'a pas fait qu'Evil dead et Spiderman, loin de là!

Taxi Driver



Tatie Danielle

Fargo

Claude Chabrol : Le beau Serge - 1959
Premier film du réalisateur, avec Jean - Claude Brialy, Gérard Blain et Bernadette Laffont.
On retrouve déjà certains traits du talent du maitre dans la peinture de la province - mais j'ai du mal à croire que ce film puisse véhiculer la moindre empathie du réalisateur pour le village creusois de Sardent - dans lequel il a passé son enfance -  et ses habitants, décrits comme des ploucs arriérés, alcooliques, des "bêtes" pour reprendre l'expression utilisée par Brialy !

Belcore

Çağla Zencirci & Guillaume Giovanetti : Sibel        2018

 + 
J'ai plutôt bien aimé. Ce film est assez éloquent sur les mythes et sans doute à propos des figures également : le "loup" dont tout le monde parle et que l'on nourrit... dont on retrouve les fragments - on ne sait pas s'il s'agit de ceux d'un homme ou d'un loup ; la figure du père est également centrale dans ce village où tout semble encore très arriéré : mariage forcé - qu'on annule pour "l'honneur". Ce film est également un film sur le regard : le personnage de Sibel ne répudie pas l'homme qu'elle a rencontré quand elle apprend qui il est vraiment ; et lui ne lui fait jamais remarquer de façon répétée son mutisme. J'ai trouvé qu'il y avait cependant quelques longueurs, parfois.

Siew Hua Yeo : Les étendues imaginaires        2019

  /   +
Je ne connaissais pas du tout ce réalisateur. Il s'agit d'un film profondément inintelligible : le cadre spatio-temporel est complètement brouillé, c'est à la fois l'identité du (de?) Singapour qui est brouillée, continuellement mutée - ajout de terres provenant d'un peu partout mais c'est également la temporalité qui est dissoute. L'idée que j'ai beaucoup aimée dans ce film - qui est visiblement l'idée centrale - c'est l'idée de ce cybercafé aliénant et étrange : c'est à la fois l'antre des images - on se regarde à travers des glaces, sous des pseudonymes - mais ce cybercafé avec tous ses/ces insomniaques dégage quelque chose d'un peu onirique/insaisissable/flottant - et c'est d'autant plus fort avec les lumières néon. En bref, je suis assez frustré car la trame manque de solidité de façon évidente - c'est dommage car de très bonnes idées étaient déployées.

Luchino Visconti : Morte a Venezia        1971


Je ne m'attendais pas du tout à ça - il faut dire que je n'ai vu qu'un seul Visconti et c'était son premier, Ossessione. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus bavard. J'ai bien aimé - certaines scènes sont vraiment admirables, notamment les scènes qui ceignent le film. L'usage (très très fréquent) que fait Visconti des zooms avant est assez curieux mais je trouve que ça fonctionne bien avec la tonalité assez intérieure - et pourtant se voulant assez universelle par les thèmes - et obsessionnelle du film.

Emeryck a écrit:

Luchino Visconti : Morte a Venezia        1971


Je ne m'attendais pas du tout à ça - il faut dire que je n'ai vu qu'un seul Visconti et c'était son premier, Ossessione. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus bavard. J'ai bien aimé - certaines scènes sont vraiment admirables, notamment les scènes qui ceignent le film. L'usage (très très fréquent) que fait Visconti des zooms avant est assez curieux mais je trouve que ça fonctionne bien avec la tonalité assez intérieure - et pourtant se voulant assez universelle par les thèmes - et obsessionnelle du film.

Oui, Visconti utilise beaucoup les zooms à partir des Damnés, ça devient vraiment très (trop ?) systématique dans sa façon de filmer. J'aime beaucoup tous ses films, mais pour moi, ses trois chefs d'oeuvre sont Senso, Le Guépard et Rocco et ses frères. Pour les wagnériens fervents, il faut bien soir voir Ludwig...

Je ne connais pas Senso … mais Rocco et ses frères (le meilleur ceux que j'ai vus) et Le Guépard, oui, chefs d'œuvre. Ludwig c'est intéressant, il est vrai surtout si on est wagnérien.

Je rêve qu'ils restaurent un jour les Damnés ...

Cololi a écrit:

Je rêve qu'ils restaurent un jour les Damnés ...

Pareil !

Senso, c'est peut-être son film le plus opératique ; ça commence d'ailleurs à la Fenice avec la fin du troisième acte du Trouvère, et la fameuse Pira...

Rubato a écrit:

Cololi a écrit:

Je rêve qu'ils restaurent un jour les Damnés ...

Pareil !

J'ai une copie en DVD qui n'est pas mal du tout, mais c'est sûr qu'une restauration complète pourrait améliorer grandement les choses...