Votre dernier film visionné

Federico Fellini : La voce della luna        1990


J'ai plutôt aimé, j'ai trouvé ça parfois un peu long et j'ai trouvé que ç'avait un peu mal vieilli - notamment les remarques grivoises. Cependant, c'est un film plutôt drôle - la scène finale avec la lune est excellente ! - Benigni est vraiment bon en illuminé un peu loufoque. J'ai aussi trouvé que le tout manquait un peu de tenue. En bref, c'est un peu décevant pour un film de Fellini.

Luis Buñuel : Los olvidados        1950

 +
J'ai beaucoup aimé. Malgré une volonté explicite (annoncée dès le début du film) de réalisme, Buñuel insère quelques séquences poétiques (d'autant plus frappantes, du coup), notamment la séquence finale, ou même la séquence de trauma du compagnon de route de El Jaibo. Le panorama de personnages que nous présente Buñuel est vraiment large et n'est pas totalement défaitiste (il y a notamment le directeur de la ferme de réinsertion pour les enfants qui croit fermement en la réinsertion des jeunes) ; le personnage de l'aveugle est vraiment intéressant. Tout d'abord, c'est un témoin d'une autre époque - à laquelle il fait sans cesse référence - et il possède une véritable dualité (il recueille "Petit yeux" que son père a abandonné sur le marché mais se montre parfois d'une violence redoutable). C'est finalement un film très concis, simple mais efficace.

Frédéric Petitjean : Cold blood legacy - la mémoire du sang        2019


C'est vraiment mauvais : rien n'a un intérêt dans ce film. Le scénario ne présente aucune tension, aucun relief - c'est pourtant censé être un thriller ; les acteurs ne sont pas vraiment bons ; le propos est parfois vraiment limite. Aller voir des films au hasard est une activité à haut risque...

Elem Klimov : Requiem pour un massacre        1985

 +
Il y a eu beaucoup de films sur la guerre mais ici Klimov nous en dévoile toute la violence primitive à travers les yeux d'un enfant. L'enfance d'Ivan n'est évidemment pas loin à travers la figure de cet enfance immédiatement expulsé de l'enfance pour être propulsé dans la guerre. Le film est constitué comme un grand crescendo, s'apparentant d'abord plutôt à un récit d'initiation, assez suggestif - la scène du retour où les corps sont à peine montrés -, l'approche se fait ensuite de plus en plus frontale. Ponctué par des gros plans sur des visages multiples, comme une mosaïque, l'horreur en dénominateur commun jusqu'au visage de l'enfant comme point d'orgue final - même celui de l'ennemi.

Agnieszka Smoczyńska : Fugue         2018

 
Un film assez obscur qui jamais ne s'éclaircira. Le film soulève des questions intéressantes notamment sur l'intérêt et la capacité à aimer ce qui sont censé être nos proches mais qu'on ne connaît pas/plus - le personnage principal étant amnésique. Le film traite d'ailleurs d'une façon assez intéressante l'amnésie en ne se focalisant pas véritablement sur ce qui se passe avant mais en mettant l'accent sur le présent.

François Ruffin & Gilles Perret : J'veux du soleil         2019


Un bon documentaire qui donne de la visibilité à ceux qui n'en auraient pas forcément, parfois un peu caricatural mais agréable à suivre. C'est tourné à la va-vite, mais de toute façon, ça n'a pas la prétention d'être un chef d'oeuvre. Le film est également souvent ponctué d'humour et ne tombe pas dans l'extraction de larmes.

Emeryck a écrit:

Elem Klimov : Requiem pour un massacre        1985

 +
Il y a eu beaucoup de films sur la guerre mais ici Klimov nous en dévoile toute la violence primitive à travers les yeux d'un enfant. L'enfance d'Ivan n'est évidemment pas loin à travers la figure de cet enfance immédiatement expulsé de l'enfance pour être propulsé dans la guerre. Le film est constitué comme un grand crescendo, s'apparentant d'abord plutôt à un récit d'initiation, assez suggestif - la scène du retour où les corps sont à peine montrés -, l'approche se fait ensuite de plus en plus frontale. Ponctué par des gros plans sur des visages multiples, comme une mosaïque, l'horreur en dénominateur commun jusqu'au visage de l'enfant comme point d'orgue final - même celui de l'ennemi.

Au début il faut se faire au style … assez tarkovskien de Klimov … mais on finit par s'y faire, et par y trouver un chef d'œuvre. Scènes difficiles à soutenir aussi.
Mais Klimov c'est grand oui.

Emeryck a écrit:

Frédéric Petitjean : Cold blood legacy - la mémoire du sang        2019


C'est vraiment mauvais : rien n'a un intérêt dans ce film. Le scénario ne présente aucune tension, aucun relief - c'est pourtant censé être un thriller ; les acteurs ne sont pas vraiment bons ; le propos est parfois vraiment limite. Aller voir des films au hasard est une activité à haut risque...

Il y avait quand même un sacré indice sur l'affiche qui aurait dû t'alerter : la présence de Jean Reno...

Stefano P a écrit:

Il y avait quand même un sacré indice sur l'affiche qui aurait dû t'alerter : la présence de Jean Reno...

. J'en profite pour déconseiller l'immortel pour les personnes trop aventureuses.

Un visionnage tous les dix ans et je l'aime toujours autant.

     

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Elem Klimov : Requiem pour un massacre        1985
 +
Il y a eu beaucoup de films sur la guerre mais ici Klimov nous en dévoile toute la violence primitive à travers les yeux d'un enfant. L'enfance d'Ivan n'est évidemment pas loin à travers la figure de cet enfance immédiatement expulsé de l'enfance pour être propulsé dans la guerre. Le film est constitué comme un grand crescendo, s'apparentant d'abord plutôt à un récit d'initiation, assez suggestif - la scène du retour où les corps sont à peine montrés -, l'approche se fait ensuite de plus en plus frontale. Ponctué par des gros plans sur des visages multiples, comme une mosaïque, l'horreur en dénominateur commun jusqu'au visage de l'enfant comme point d'orgue final - même celui de l'ennemi.

Au début il faut se faire au style … assez tarkovskien de Klimov … mais on finit par s'y faire, et par y trouver un chef d'œuvre. Scènes difficiles à soutenir aussi.
Mais Klimov c'est grand oui.

Tarkovskien, je ne sais pas ; c'est sûr que ce n'est pas totalement disjoint du style de Tarkovski puisqu'il y a même des citations de L'enfance d'Ivan - le plan du puits, notamment - mais Klimov nous propose quelque chose de plus primitif, je trouve. 

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Frédéric Petitjean : Cold blood legacy - la mémoire du sang        2019

C'est vraiment mauvais : rien n'a un intérêt dans ce film. Le scénario ne présente aucune tension, aucun relief - c'est pourtant censé être un thriller ; les acteurs ne sont pas vraiment bons ; le propos est parfois vraiment limite. Aller voir des films au hasard est une activité à haut risque...

Il y avait quand même un sacré indice sur l'affiche qui aurait dû t'alerter : la présence de Jean Reno...

C'était le seul film qui rentrait dans ma plage horaire - je devais aller voir le Klimov à 11h20, du coup, je me suis dit "Allez, soyons fou" en ne connaissant rien du film - même pas les acteurs... 

Thelonious a écrit:

Stefano P a écrit:

Il y avait quand même un sacré indice sur l'affiche qui aurait dû t'alerter : la présence de Jean Reno...

. J'en profite pour déconseiller l'immortel pour les personnes trop aventureuses.

Thelonious a écrit:

J'en profite pour déconseiller l'immortel pour les personnes trop aventureuses.

Je n'en avais jamais entendu parler: c'est pourtant un film qui devrait avoir tout pour me plaire: avec Jean Reno, adapté de Franz-Olivier Giesbert, produit par TF1 - et même du Donizetti en générique de fin!

Benedictus a écrit:

Thelonious a écrit:

J'en profite pour déconseiller l'immortel pour les personnes trop aventureuses.

Je n'en avais jamais entendu parler: c'est pourtant un film qui devrait avoir tout pour me plaire: avec Jean Reno, adapté de Franz-Olivier Giesbert, produit par TF1 - et même du Donizetti en générique de fin!

Vas-y à fond alors .

Nietzchka Keene : The juniper tree        1990

 +
Ce film islandais est sorti là-bas en 1990 et n'est pourtant sorti en France qu'il y a quelques semaines. C'est une adaptation assez libre d'un conte de Grimm et j'ai trouvé qu'on y (re)trouvait une ambiance un peu fantastique et innocente qui n'est pas très loin de celle du conte ; l'insertion de quelques lectures de sortes de poèmes contribue grandement à cette ambiance. L'influence de Bergman est par ailleurs très nette - particulièrement celle du Bergman de la fin des années 50. J'ai trouvé toutefois le film un peu long (et ce, même malgré sa courte durée d'un tout petit peu plus de 1h10), le scénario est tout de même un peu court.

Mikhael Hers : Ce sentiment de l'été         2015


Un film qui sent très fort l'été, les longues soirées, les repas dehors - avec quelques références rohmériennes comme les repas extérieur du Rayon vert, le lac d'Annecy du Genou de Claire et puis évidemment, Marie Rivière. Ce qui est sans doute au cœur de ce film, c'est le temps qui passe - grande originalité, n'est-ce pas ? Le film d'ouvre sur un plan de réveil qui sonne, un réveil qui se fait en douceur, puis soudain, la mort, foudroyante : c'est bien du deuil dont il est ici question. Pas question de se fourvoyer dans une ambiance morose ni d'épiloguer incessamment sur cette mort inattendue, le film avance sereinement, ne se focalisant sur rien de particulier et c'est en ça qu'il sent très fort l'été, je trouve. J'ai bien aimé, c'est agréable.

Alain Cavalier : L'insoumis        1964


Je poursuis ma découverte et profite de la projection en salle du deuxième long-métrage d'Alain Cavalier. Je l'ai préféré au Combat dans l'île, les thèmes ne sont pas très éloignés : ça parle encore d'armes, de violence ; la violence n'est toutefois pas au centre du film, ici. Ce film a été évidemment amputé lors de sa sortie puisqu'il parle de la guerre d'Algérie et des déserteurs dont le personnage que joue Delon fait partie. Le personnage joué par Delon est confronté à beaucoup de dilemmes - la scène de retour du lieutenant, la scène du train, parmi les plus marquantes - mais la décision est toujours nette. Le jeu de Delon couplé à la belle photographie fonctionnent très bien, je trouve ; et la dernière scène est la plus marquante du film - cette barrière qui retombe.

Alain Tanner : La salamandre         1971

 + / 
J'ai beaucoup aimé ce film. Tout d'abord, il est vraiment très drôle - rien que le premier écran, avant même que le film ne commence. Tous les acteurs sont vraiment bons, notamment Bulle Ogier. J'ai aimé la façon dont le film s'empare du trio amoureux qui se monte petit à petit mais de manière très curieuse : en interférences ; difficile d'ailleurs de dire lequel du film ou du trio interfère sur l'autre ; il y a aussi ce propos sur la fiction et la réalité : Paul qui refuse absolument de voir Rosemonde et Pierre qui va immédiatement l'interroger. Mais c'est avant tout un film engagé (seulement trois ans après 68) qui n'a pas si mal vieilli que ça, je pense, un film sur la liberté dont Rosemonde revêt les traits. L'utilisation de la voix-off, très monocorde, inflexible est absolument merveilleuse et tout particulièrement lorsqu'elle contredit ou est contredite par ce que disent les personnages. Il y a aussi la dictature guattaro-deleuzienne, en plus, à la fin. C'est une très belle découverte

Tous les films de Tanner que j'ai vus étaient vraiment très, très bons. (Et celui-ci en particulier.)

Benedictus a écrit:

Tous les films de Tanner que j'ai vus étaient vraiment très, très bons. (Et celui-ci en particulier.)

Tanner (et le cinéma suisse en général : Soutter, Goretta...), c'était furieusement à la mode dans les années 70, et jusqu'au début des années 80. Je me souviens que pour les cinéphiles, c'était un must absolu, tous les acteurs en vogue voulaient tourner avec les Suisses, et on attendait fébrilement leurs nouveaux films comme ceux de Bergman, Fellini, Polanski, Truffaut, Godard, etc... Et puis d'un coup, plus rien ou presque (disons que leur cinéma n'a pas disparu, mais qu'il est devenu beaucoup plus confidentiel) ; je suis pratiquement certain qu'un cinéphile de moins de 40 ans doit à peine connaître leurs noms...

Stefano P a écrit:

Benedictus a écrit:

Tous les films de Tanner que j'ai vus étaient vraiment très, très bons. (Et celui-ci en particulier.)

Je suis pratiquement certain qu'un cinéphile de moins de 40 ans doit à peine connaître leurs noms...

Effectivement ; le seul cinéaste suisse que je connais... bon, vous voyez tous de qui je veux parler. 
Je suis trop mainstream, en fait. 

Jean-Pierre & Luc Dardenne : Le jeune Ahmed        2019

 +
C'est le premier film que je vois des frères Dardenne. Le film traite d'un sujet particulièrement épineux : la radicalisation musulmane, un sujet encore bouillant. Toutefois, le film l'aborde avec une certaine intelligence, évitant toute forme d'amalgame facile - notamment à travers la scène de réunion à propos des cours d'arabe par l'étude de chansons où certains parents pensent qu'il faut apprendre l'arabe avec le coran et d'autre se tournent vers une certaine "modernité" en acceptant cette forme d'apprentissage. L'aspect ritualisé et hermétique est très bien retranscrit, notamment avec le lavage de mains qui semble suivre un protocole bien précis - on pourrait même croire à du Bresson à certains moments ! -, la précision de l'heure des prières et l'emballage du coran dans un sac hermétiquement fermé. Ahmed est en rupture totale avec les institutions qui l'entourent qui sont pourtant bienveillantes envers lui, très méfiant "ils font tous les gentils avec moi, j'aime pas ça" ; tout est mené tambour battant (le film est très concis, il ne dure qu'une petite heure vingt-cinq) et puis on aperçoit les bulldozers arriver au loin pour la fin, qui est vraiment caricaturale, pas fine du tout, c'est vraiment dommage. C'est un assez bon film, toutefois si on fait abstraction de ce gros écueil.

Agnès Varda : Le bonheur        1965

 +
J'ai sauté sur l'occasion de revoir ce film - mais en salle, cette fois-ci ; ce fut un bon choix car j'avais oublié bien des scènes ! Qu'est-ce que c'est chatoyant, un très beau film, qui sent (lui aussi) très bon l'été. J'avais oublié qu'il n'y avait aucun fondu au noir mais des fondus au bleu, au rouge (très loin de ceux de Cris et chuchotements), à l'orange, au vert ; et puis, des fleurs, partout. Quelque chose de très simple, mais de très immédiat : des lieux champêtres, du bonheur, à plusieurs, sans jugement ; oui, parce qu'ils sont heureux ainsi. Tout d'abord, l'été, Mozart par des instruments à vent, le velouté de la clarinette, des fleurs ; et à la fin, l'automne, Mozart aux cordes : c'est beau, mais différent.

Emeryck a écrit:

Stefano P a écrit:

Benedictus a écrit:

Tous les films de Tanner que j'ai vus étaient vraiment très, très bons. (Et celui-ci en particulier.)

Je suis pratiquement certain qu'un cinéphile de moins de 40 ans doit à peine connaître leurs noms...

Effectivement ; le seul cinéaste suisse que je connais... bon, vous voyez tous de qui je veux parler. 
Je suis trop mainstream, en fait. 

Je me souviens en avoir vu quelques-uns à la Cinémathèque dans les années 90: c'était en effet l'image qu'ils avaient (des films très appréciés dans les années 70, oubliés depuis - d'ailleurs il n'y avait pas grand-monde à ces séances), mais je les avais vraiment beaucoup aimés. (Et puis, très souvent avec le génial Jean-Luc Bideau: dans Les Arpenteurs de Soutter, L'Invitation de Goretta, La Salamandre donc et Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000 de Tanner.)
C'est en effet un cinéma très daté mais qui a bien vieilli, avec un ton singulier, et une justesse à laquelle j'avais été très sensible.

Emeryck a écrit:

Agnès Varda : Le bonheur        1965
 +
J'ai sauté sur l'occasion de revoir ce film - mais en salle, cette fois-ci ; ce fut un bon choix car j'avais oublié bien des scènes ! Qu'est-ce que c'est chatoyant, un très beau film, qui sent (lui aussi) très bon l'été. J'avais oublié qu'il n'y avait aucun fondu au noir mais des fondus au bleu, au rouge (très loin de ceux de Cris et chuchotements), à l'orange, au vert ; et puis, des fleurs, partout. Quelque chose de très simple, mais de très immédiat : des lieux champêtres, du bonheur, à plusieurs, sans jugement ; oui, parce qu'ils sont heureux ainsi. Tout d'abord, l'été, Mozart par des instruments à vent, le velouté de la clarinette, des fleurs ; et à la fin, l'automne, Mozart aux cordes : c'est beau, mais différent.

Ah oui, c'est un film merveilleux ; avec Cléo et Sans foi ni loi, c'est le meilleur d'Agnès Varda dans le domaine de la fiction. Je suis aussi très impressionné par le fait que le couple que l'on voit est également un couple dans la vie (et ce sont aussi leurs enfants qui jouent dans le film) ; il faut quand même du cran pour assumer un scénario pareil (et tous les deux sont d'une incroyable photogénie, ça compte aussi dans la réussite d'un film...).

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Agnès Varda : Le bonheur        1965
 +
J'ai sauté sur l'occasion de revoir ce film - mais en salle, cette fois-ci ; ce fut un bon choix car j'avais oublié bien des scènes ! Qu'est-ce que c'est chatoyant, un très beau film, qui sent (lui aussi) très bon l'été. J'avais oublié qu'il n'y avait aucun fondu au noir mais des fondus au bleu, au rouge (très loin de ceux de Cris et chuchotements), à l'orange, au vert ; et puis, des fleurs, partout. Quelque chose de très simple, mais de très immédiat : des lieux champêtres, du bonheur, à plusieurs, sans jugement ; oui, parce qu'ils sont heureux ainsi. Tout d'abord, l'été, Mozart par des instruments à vent, le velouté de la clarinette, des fleurs ; et à la fin, l'automne, Mozart aux cordes : c'est beau, mais différent.

Ah oui, c'est un film merveilleux ; avec Cléo et Sans foi ni loi, c'est le meilleur d'Agnès Varda dans le domaine de la fiction. Je suis aussi très impressionné par le fait que le couple que l'on voit est également un couple dans la vie (et ce sont aussi leurs enfants qui jouent dans le film) ; il faut quand même du cran pour assumer un scénario pareil (et tous les deux sont d'une incroyable photogénie, ça compte aussi dans la réussite d'un film...).

Ah oui, Cléo de 5 à 7 :   .

Joel & Ethan Coen : No country for old men        2007


Alors, ça, c'est un très grand film ; sans doute le plus grand des Coen avec Barton Fink. Tout d'abord, le scénario ne comporte vraiment aucune longueur, les acteurs sont formidables, aussi. Dès le début du film, le shérif, figure emblématique du western est mise à mort ; il y a d'ailleurs un propos similaire sur le western lorsque le western à la retraite parle des souvenirs de son père qui est mort au combat contre les indiens d'Amérique. Étroitement liée au genre du western, la violence est ici l'élément central du film, dessinée sous les traits de Chigurgh, véritable puissance pure, machinique, confinant à l'absurde. Encore une fois chez les Coen, le hasard a une grande place dans le film (découverte du magot) et notamment dans les deux séquences du lancer de pièce, sorte de remake de "La bourse ou la vie ?". J'ai vraiment beaucoup aimé ce film.

Buster Keaton : Our hospitality         1923


Un très bon Keaton, beaucoup d'humour (la séquence du voyage en train !!) et un propos simple mais cocasse sur les rivalités de nom.

Emeryck a écrit:

Jean-Pierre & Luc Dardenne : Le jeune Ahmed        2019
 +
L'aspect ritualisé et hermétique est très bien retranscrit, notamment avec le lavage de mains qui semble suivre un protocole bien précis - on pourrait même croire à du Bresson à certains moments ! -

Oui, ils admirent beaucoup Bresson, et c'est une de leurs grandes influences ; cela dit, leur cinéma m'a toujours laissé complètement insensible...

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Jean-Pierre & Luc Dardenne : Le jeune Ahmed        2019
 +
L'aspect ritualisé et hermétique est très bien retranscrit, notamment avec le lavage de mains qui semble suivre un protocole bien précis - on pourrait même croire à du Bresson à certains moments ! -

Oui, ils admirent beaucoup Bresson, et c'est une de leurs grandes influences ; cela dit, leur cinéma m'a toujours laissé complètement insensible...

Il y a d'ailleurs une citation d'Un condamné à mort s'est échappé dans Le jeune Ahmed. Je vais essayer de voir d'autres films des Dardenne pour découvrir un peu.

Claude Lelouch : Les plus belles années d'une vie        2019


Je m'attendais à ce que ce soit pas formidable mais là, on est sur un certain niveau de non-formidabilité, tout de même. Premièrement, la musique est absolument mauvaise avec la voix (hideuse) et insupportable de Calogero - et le niveau des paroles, franchement... Bon, alors, voilà, ils ont vieillis, ils sont nostalgiques, incroyable ; mais vous voyez, pas une nostalgie à la Solaris, juste une nostalgie nulle - occasion pour Lelouch de caser des plans d'Un homme et une femme un peu partout - et de quelques autres productions. Je suis allé voir ce film surtout pour Trintignant et aussi Aimée ; c'est sans doute le seul point satisfaisant du film. C'est d'une subtilité ravageuse, franchement. Voilà, vous avez vu, un jour on devient comme ça alors ne perdez pas une heure et demie de votre vie et n'allez pas voir ce film. 
Sinon, Lelouch écrit en toute humilité à la fin de son film "Ceci est le 49ème film de Claude Lelouch"...

Emeryck a écrit:

Claude Lelouch : Les plus belles années d'une vie        2019

C'est d'une subtilité ravageuse, franchement. Voilà, vous avez vu, un jour on devient comme ça alors ne perdez pas une heure et demie de votre vie et n'allez pas voir ce film. 

Déjà qu'Amour, j'ai mis du temps à m'en remettre, mais là, je vais faire l'impasse (pour Aimée, il vaut mieux (re)voir Lola et Model Shop...) !

Maurice Pialat : Nous ne vieillirons pas ensemble        1972


C'est le premier film de Pialat que je vois, et j'ai beaucoup aimé. C'est un très bon film, d'une grande puissance malgré son extrême simplicité. Dès l'écran-titre, Pialat ne laisse aucune surprise : tonalité affirmative, tout est déjà joué et finalement, le film ne se fait jamais: il y a toujours des petites indécisions, des allers-retours (notamment par les trajets dans la voiture - omniprésente dans le film). Les personnages n'avancent pas, s'emportent parfois - Jean Yanne est très bon en cinéaste ronchon en perte de vitesse, rejetant son échec sur les autres, un peu gamin - mais qu'est-ce qu'ils sont attachants. Marlène Jobert et Macha Méril sont d'ailleurs tout aussi étonnantes. Je vais vite creuser sa filmographie car ce film a grandement piqué ma curiosité.

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Claude Lelouch : Les plus belles années d'une vie        2019

C'est d'une subtilité ravageuse, franchement. Voilà, vous avez vu, un jour on devient comme ça alors ne perdez pas une heure et demie de votre vie et n'allez pas voir ce film. 

Déjà qu'Amour, j'ai mis du temps à m'en remettre, mais là, je vais faire l'impasse (pour Aimée, il vaut mieux (re)voir Lola et Model Shop...) !

Dans quel sens ? J'avais beaucoup aimé, Amour, mais c'est vrai que c'est un film très dur. Au fond, Lelouch est soft mais il y a rien, quoi - mais c'est sûr que voir Trintignant dans un tel état... Je croyais qu'il ne ferait plus de film après Happy end de Haneke.
Je n'ai pas encore vu Model shop.

Emeryck a écrit:

Maurice Pialat : Nous ne vieillirons pas ensemble        1972
Je vais vite creuser sa filmographie car ce film a grandement piqué ma curiosité.

Tout est bien chez Pialat, mais je te recommande tout particulièrement Passe ton bac d'abord, A nos amours et Van Gogh...

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Maurice Pialat : Nous ne vieillirons pas ensemble        1972
Je vais vite creuser sa filmographie car ce film a grandement piqué ma curiosité.

Tout est bien chez Pialat, mais je te recommande tout particulièrement Passe ton bac d'abord, A nos amours et Van Gogh...

J'avais vu Police … quel ennui !
En revanche Van Gogh, oui, à voir.

Nouveaux déboires de Kechiche avec son nouveau film Mektoub my love : intermezzo présenté à Cannes en compétition. Est-ce vraiment étonnant ?

Je n'ai jamais vu de films de ce gars. C'est bien? Vous pensez que ça pourrait m'intéresser?

Benedictus a écrit:

Je n'ai jamais vu de films de ce gars. C'est bien? Vous pensez que ça pourrait m'intéresser?

Je n'ai vu qu'un film de lui, son premier (La faute à Voltaire), j'avais vraiment bien aimé. C'était un film à teinte assez sociale, plutôt intelligent, à la symbolique assez forte (sur les contrastes, notamment). Je ne connais pas le reste - c'est assez intéressant, apparemment ; je ne sais pas trop si ça t'intéresserait.
La vie d'Adèle avait déjà fait scandale lors de sa présentation à Cannes (en 2013, donc) pour des conditions de tournage particulièrement douteuses et exécrables pour les actrices. Son dernier à l'air nauséabond : 3h30 filmées dans une boîte de nuit avec une très grande majorité de plans sur des fesses (féminines, évidemment...), une scène de fellation de treize minutes (mal filmée, visiblement, en plus), du twerk à outrance. L'une des actrices a quitté la salle durant la projection et Kechiche a apparemment interdit à ses acteurs de répondre aux questions des journalistes *. Il a donc fait sa conférence tout seul, avec beaucoup de peine pour trouver ses mots et pas mal de mépris pour les journalistes. Très douteux, il n'est pas très net, ce gars...

*EDIT : juste sur les conditions de tournage.

Emeryck a écrit:

Je n'ai vu qu'un film de lui, son premier (La faute à Voltaire), j'avais vraiment bien aimé. C'était un film à teinte assez sociale, plutôt intelligent, à la symbolique assez forte (sur les contrastes, notamment). Je ne connais pas le reste - c'est assez intéressant, apparemment ; je ne sais pas trop si ça t'intéresserait.
La vie d'Adèle avait déjà fait scandale lors de sa présentation à Cannes (en 2013, donc) pour des conditions de tournage particulièrement douteuses et exécrables pour les actrices.

Ah oui, ça, ça recoupe effectivement ce que je me souvenais vaguement en avoir entendu dire.

Emeryck a écrit:

Son dernier à l'air nauséabond : 3h30 filmées dans une boîte de nuit avec une très grande majorité de plans sur des fesses (féminines, évidemment...), une scène de fellation de treize minutes (mal filmée, visiblement, en plus), du twerk à outrance. L'une des actrices a quitté la salle durant la projection et Kechiche a apparemment interdit à ses acteurs de répondre aux questions des journalistes. Il a donc fait sa conférence tout seul, avec beaucoup de peine pour trouver ses mots et pas mal de mépris pour les journalistes. Très douteux, il n'est pas très net, ce gars...

Ah ouais, quand même. Ça fait pas franchement envie.
(Pourtant, je n'ai rien contre les fesses féminines, bien au contraire.)

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

Son dernier à l'air nauséabond : 3h30 filmées dans une boîte de nuit avec une très grande majorité de plans sur des fesses (féminines, évidemment...), une scène de fellation de treize minutes (mal filmée, visiblement, en plus), du twerk à outrance. L'une des actrices a quitté la salle durant la projection et Kechiche a apparemment interdit à ses acteurs de répondre aux questions des journalistes. Il a donc fait sa conférence tout seul, avec beaucoup de peine pour trouver ses mots et pas mal de mépris pour les journalistes. Très douteux, il n'est pas très net, ce gars...

Ah ouais, quand même. Ça fait pas franchement envie.
(Pourtant, je n'ai rien contre les fesses féminines, bien au contraire.)

"La chose plus importante pour moi était de célébrer la vie, l'amour, le désir, le pain, la musique, le corps et de tenter une expérience cinématographique la plus libre possible (...) J'ai essayé de montrer ce qui me fait vibrer moi" c'est ce qu'en dit Kechiche.
Rien qu'au début, il engueule les journalistes parce qu'ils le filment avec des "appareils désastreux" (smartphones) et apparemment "ce n'est plus du boulot" ; enfin, on sent qu'il n'est pas à l'aise, quoi...

Benedictus a écrit:

Vous pensez que ça pourrait m'intéresser?

Je ne sais pas vu notre désaccord sur l'homme qui a lancé la carrière d'Arielle Dombasle peut être

Plus sérieusement je n'ai vu que La Vie d'Adéle que j'ai détesté (j'en avais touché quelque mots ici d'ailleurs), c'est du naturalisme assez grossier (a mes yeux en tout cas) qui se veut dans la lignée de Pialat ou de Cassavetes (que j'aime beaucoup tout deux avec une grosse préférence pour Cassavetes), un cinéma qui se veut assez brut, très physiques pour les acteurs qui sont apparemment invité a repousser leur limites et sans souci d'être aimable et des heures de rush avec un énorme travail de montage (assez remarquable les 3 heures se suivent sans trop d'ennui, c'est a un autre niveau que le film déplait).
Esthétiquement c'est beaucoup de gros plan, une caméra accroché aux acteurs, des scènes très longues et étiré avec une certaine complaisance "matérialiste" pour la nourriture, le sexe, les corps d'une manière générale.

Ce qui me dérange là dedans c'est le côté assez grossier de la chose, une incapacité a transcender ce matérialisme vers une véritable émotion, le côté faux et artificiel de l'ensemble (on est très loin de la spontanéité fascinante parce qu'un peu foutraque des films de Cassavetes) le propos social est plutôt en arrière-plan (on est pas chez Ken Loach) mais paradoxalement il est très schématique voir caricaturale (la sociologie fruit de mer/bolognaise m'a un peu traumatisé), l'omniprésence des gros plans est étouffante (pourquoi pas mais Kechiche ne fait pas grand chose avec ça), les scènes de cul sont plus fastidieuse qu'érotique (ennuyeuse en fait, une sorte de porno a prétention intellectuel sauf que ce n'est pas assez nanardesque et déviant pour être bizarrement jouissif comme les films de Bénazéraf), et au final embarrassante pour les deux actrices (qui ont d'ailleurs clairement témoigné sur leur malaise depuis).

Voila je n'ai pas vu le Canto Uno de son dernier film et ce que j'en ai lu ne me fait pas envie
par contre j'aimerais bien découvrir La faute a Voltaire ou L'Esquive qui m'ont l'air plus sympathique. J'aurais tendance a me méfier de l'unanimité autour de La graine et le mulet aprés mon rejet de La vie d'Adéle.

Tu devrais écouter sa conférence de presse, franchement, il se donne vraiment un air intellectualisé, et quand il essaie d'enfumer les gens et qu'il ne trouve pas ses mots, il sort "métaphysique". 
Non, Benedictus, on n'est pas au niveau de R. C. même si quand il cite ses influences picturales, il parle que de Picasso et essaie d'en chercher d'autres mais...

je vais allez voir ça

Emeryck a écrit:

Tu devrais écouter sa conférence de presse, franchement, il se donne vraiment un air intellectualisé, et quand il essaie d'enfumer les gens et qu'il ne trouve pas ses mots, il sort "métaphysique". 

Ce type a pris une grosse tête pas possible ; il est devenu carrément imbuvable : lors de la montée des marches, il y avait une sorte de gorille qui surveillait les acteurs pour qu'ils ne répondent surtout pas aux questions des journalistes : "Non, non, elle peut rien dire, elle a pas vu le film !" ; c'était assez hallucinant ! Le film fait trois heures cinquante (il a consenti à couper dix minutes de son chef d'oeuvre), et pour la précision, la scène de 17 minutes n'est pas une fellation, mais un cunnilingus (dans les films de Kechiche, il n'y a que les femmes qui enlèvent leur culotte)... Pendant la conf de presse, il a été pratiquement le seul à parler, et avec une morgue et une prétention incroyables ; on sent que les acteurs et surtout les actrices autour de lui sont tétanisés, c'est vraiment chelou. Un journaliste anglophone dans la salle a osé lui rappeler qu'il est visé par une plainte pour agression sexuelle de la part d'une actrice ; le malheureux s'est fait aussitôt atomiser pour crime de lèse-majesté.

Ses deux premiers films (La Faute à Voltaire et L'Esquive) étaient pourtant très talentueux (et il n'est pas mal non plus comme acteur, par exemple dans Les Innocents de Téchiné), mais il s'est très vite pris pour un génie et il a commencé à tourner des pensums de plus de trois heures complètement gonflants. Maintenant, avec la trilogie Mektoub my love, il se prend pour Dante (Canto Uno, Canto Due, comme dans La Divine Comédie) et Picasso (il dit s'être inspiré du cubisme et des Demoiselles d'Avignon pour les scènes interminables en boîte de nuit de son dernier film). Je remarque que la critique qui l'a porté aux nues pour l'assommante Vie d'Adèle est en train de tourner casaque et, à quelques exceptions près, ses deux derniers films ont été plutôt descendus.

Pour se faire une idée des manières de Kechiche, je conseille la lecture du très bon livre qu'a publié le jeune acteur de L'Esquive, Osman Elkharraz, Confessions d'un acteur déchu : de L'Esquive à la rue (Editions Stock) ; c'est vraiment très édifiant sur l'ambiance d'un certain milieu du cinéma, généreux et progressiste en public et incroyablement égoïste et conservateur en privé...

Kechiche : en voilà un qui a beaucoup aimé on dernier opus :

https://www.youtube.com/watch?v=Z5b0xoLv4rc

Je ne connais de lui que "La graine" qui m'avait barbé...

Et apparemment son dernier film est plus rasoir que vraiment choquant : en tout cas aucune envie de le voir...

Belcore

Belcore a écrit:

Kechiche : en voilà un qui a beaucoup aimé on dernier opus :

https://www.youtube.com/watch?v=Z5b0xoLv4rc

En même temps, c'est rigolo ; sur deux minutes, on a l'impression de voir une publicité pour Coca Cola ou Hollywood Chewing Gum...

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Tu devrais écouter sa conférence de presse, franchement, il se donne vraiment un air intellectualisé, et quand il essaie d'enfumer les gens et qu'il ne trouve pas ses mots, il sort "métaphysique". 

Ce type a pris une grosse tête pas possible ; il est devenu carrément imbuvable : lors de la montée des marches, il y avait une sorte de gorille qui surveillait les acteurs pour qu'ils ne répondent surtout pas aux questions des journalistes : "Non, non, elle peut rien dire, elle a pas vu le film !" ; c'était assez hallucinant ! Le film fait trois heures cinquante (il a consenti à couper dix minutes de son chef d'oeuvre), et pour la précision, la scène de 17 minutes n'est pas une fellation, mais un cunnilingus (dans les films de Kechiche, il n'y a que les femmes qui enlèvent leur culotte)... Pendant la conf de presse, il a été pratiquement le seul à parler, et avec une morgue et une prétention incroyables ; on sent que les acteurs et surtout les actrices autour de lui sont tétanisés, c'est vraiment chelou. Un journaliste anglophone dans la salle a osé lui rappeler qu'il est visé par une plainte pour agression sexuelle de la part d'une actrice ; le malheureux s'est fait aussitôt atomiser pour crime de lèse-majesté.

Ses deux premiers films (La Faute à Voltaire et L'Esquive) étaient pourtant très talentueux (et il n'est pas mal non plus comme acteur, par exemple dans Les Innocents de Téchiné), mais il s'est très vite pris pour un génie et il a commencé à tourner des pensums de plus de trois heures complètement gonflants. Maintenant, avec la trilogie Mektoub my love, il se prend pour Dante (Canto Uno, Canto Due, comme dans La Divine Comédie) et Picasso (il dit s'être inspiré du cubisme et des Demoiselles d'Avignon pour les scènes interminables en boîte de nuit de son dernier film). Je remarque que la critique qui l'a porté aux nues pour l'assommante Vie d'Adèle est en train de tourner casaque et, à quelques exceptions près, ses deux derniers films ont été plutôt descendus.

Pour se faire une idée des manières de Kechiche, je conseille la lecture du très bon livre qu'a publié le jeune acteur de L'Esquive, Osman Elkharraz, Confessions d'un acteur déchu : de L'Esquive à la rue (Editions Stock) ; c'est vraiment très édifiant sur l'ambiance d'un certain milieu du cinéma, généreux et progressiste en public et incroyablement égoïste et conservateur en privé...

Oui, pardon, j'avais mal lu, et c'est effectivement plus logique. Concernant la conférence de presse, le début donne directement la tonalité globale, c'est assez effrayant le "je peux contrôler les appareils avec lesquels vous me filmez" ; la manière dont il prend les journalistes avec suffisance, c'est vraiment insupportable. C'est effectivement très bizarre, il semble assez dangereux, ce type.

J'ai eu des bons retours à propos de La vie d'Adèle et du Canto uno ; mais ces mêmes personnes ont détesté l'intermezzo à l'unanimité.

Merci beaucoup pour le livre, je vais jeter un coup d'oeil à ça ! 

Matteo Garrone : Dogman        2018

 +
La profession du personnage peu sembler un peu curieuse, c'est une sorte de toiletteur pour chiens ; mais elle est exploitée avec une grande pertinence. Tout d'abord, Simoncino agit vraiment comme un chien enragé - la scène de la machine de jeu par exemple -, très instinctif, primitif et ce qui est assez amusant, c'est que Marcello ne parvient pas à le dompter malgré son aptitude avec les chiens. Mais il y a également tout un tas de renversements de pouvoir, tantôt c'est Marcello qui est traité comme un chien (la scène où Simoncello l'amène à sa moto, le tenant par l'oreille et lui mettant le nez dans ce qu'il a fait), tantôt c'est Simoncello (la scène de la cage à la fin est superbe de ce point de vue, une sorte de triomphe). Il y a également tout un jeu sur le son, notamment Garrone qui fait coexister les aboiements de chiens pendant que Simoncello est dans la cage ; les scènes les plus fortes se passent très souvent dans le silence (le final, absolument mutique et la scène de plongée avec sa fille) - et d'ailleurs, son métier (qui est véritablement ce qui semble le définir ici - ne serait-ce que le titre du film et le nombre de plans sur l'insigne de son magasin) ne requiert pas de parole. Après, il y a aussi quelque chose à chercher du côté de la bonté de Marcello qui est écrasée par la violence/rage de Simoncello. C'est une belle découverte pour moi, d'autant plus que je ne connais pas grand-chose au cinéma italien contemporain - à part Lazzaro felice que j'avais aussi beaucoup aimé - qui ne me semble pas pléthorique.

Emeryck a écrit:

Matteo Garrone : Dogman  2018
 +
Après, il y a aussi quelque chose à chercher du côté de la bonté de Marcello qui est écrasée par la violence/rage de Simoncello. C'est une belle découverte pour moi, d'autant plus que je ne connais pas grand-chose au cinéma italien contemporain - à part Lazzaro felice que j'avais aussi beaucoup aimé - qui ne me semble pas pléthorique.

C'est curieux d'ailleurs, Lazzaro et ce film-là étaient tous les deux à Cannes l'année dernière, et il y a quelque chose de commun aux deux personnages principaux, cette sorte de bonté franciscaine qu'on pourrait confondre avec la naïveté si ce n'est l'idiotie ; avec la différence que le personnage de Dogman craque à la fin et finit par rendre œil pour œil et dent pour dent. C'est un très bon film en tout cas, avec une atmosphère très forte ; on ne sait pas très bien où l'on est, du côté de Naples sans doute, mais c'est moins connoté que dans Gomorra... Les deux acteurs principaux sont amateurs et ils sont vraiment fantastiques tous les deux ; le dogman a eu d'ailleurs le prix d'interprétation à Cannes.

Pour le cinéma italien contemporain, c'est vrai qu'il n'y a plus grand chose de passionnant ; il reste de très bons acteurs (Pier Francesco Favino par exemple, qui joue dans le formidable Traditore de Bellocchio, qui est à Cannes cette année mais qu'on peut déjà voir en Italie), mais du côté des cinéastes, c'est pas la joie !

Jacques Demy : Model shop        1969

 + / 
Un film assez curieux dans la filmographie de Demy. Outre le fait que ce ne soit pas tourné en français ni en France, l'atmosphère est beaucoup plus sérieuse qu'à l'accoutumée. On dirait que Demy essaie de faire allusion à plusieurs de ses films - dont l'allusion à Lola qui est particulièrement nette, si nette que l'on pourrait dire que c'en est une sorte de suite ; il y a aussi une petite allusion aux Parapluies de Cherbourg lorsque George dit qu'il va partir pour l'armée. J'ai trouvé ce film sympathique et ai aimé l'idée que George soit désigné comme architecte lui qui essaie sans cesse de construire des choses, de les achever mais qui n'y parvient jamais - la quête des cent dollars, la quête de Lola - et puis l'idée de la sorte de boîte à images est intéressante.