Votre dernier film visionné

La source, Bergman
Le scénario n'est pas plus développé que le simple synopsis, mais quelle claque ! Le rôle de la brune m'a fait penser à une Kundry, avec une rédemption finale semblable.
Et la restauration de qualité permet de profiter au max de l'image et de son noir et blanc vraiment magnifique

Abnegor a écrit:

La source, Bergman
Le scénario n'est pas plus développé que le simple synopsis, mais quelle claque ! Le rôle de la brune m'a fait penser à une Kundry, avec une rédemption finale semblable.
Et la restauration de qualité permet de profiter au max de l'image et de son noir et blanc vraiment magnifique

Oui, un des meilleurs.

Ruben Östlund : Play        2011

 + / 
Ce film est le troisième long-métrage du cinéaste suédois Ruben Öslund (il vient juste avant Force majeure dont j'avais déjà un peu parlé - lui-même venant avant sa première palme d'or, The square) ; j'attends vraiment de voir à quoi ressemble son dernier film (Triangle of sadness, palme d'or à Cannes cette année) parce que je trouve ce réalisateur vraiment pas très intéressant : sa réalisation est toujours plus ou moins en mode distanciée-glacée-ironique-longsplansfixesparcequeçareprésenteunmondedésincarné et il y a toujours cette violence sous-jacente (que l'on peut retrouver chez d'autres réalisateur parfois également pénibles comme Michel Franco) - ah oui, j'oubliais, il faut aussi son lot de scènes malaisantes ; c'est dommage car les sujets sont en général a priori intéressants (ici, le film adapte un fait-divers suédois : une bande de jeunes hommes utilisent une méthode de racket sans violence physique) mais le traitement est souvent agaçant, avec des scènes lourdes et des fois, on a vraiment l'impression que le film nous montre de façon complètement unilatérale que tel personnage est un peureux ou un con parce qu'il aurait dû faire telle ou telle chose - je pense notamment à la scène de fin où les parents des victimes décident de se faire justice eux-mêmes et au bout de cinq minutes, lorsqu'ils ont hurlé et violenté les voleurs présumés, des gens (après avoir observé - ça, le film nous le montre) se ramènent pour leur dire que c'est pas bien. En fait, de manière générale, j'ai l'impression que la rhétorique du politiquement correct n'est souvent pas très loin ; en plus de ça, je trouve qu'en faisant comme si le film était ouvert (mais pas tant que ça, en fait), ça lui donne un ton un peu pénible, comme si le réalisateur était omniscient. Pour résumer en quelques mots, je pense que c'est du sous-Haneke ; non, j'exagère : ce film n'est pas si mauvais (il y a quelques trouvailles : notamment le motif du landau perdu) et de manière générale, les films d'Östlund ne sont pas des grosses daubes mais je pense qu'il est quand même considérablement surévalué - certainement parce qu'il offre une critique (restreinte) du modèle capitaliste et des scènes un peu choc, ça doit marcher dans les festivals, ça.

Emeryck a écrit:

xoph a écrit:

Leos Carax
Holy Motors

Ô oui, jusqu'ici dans mes revoyures : le seul avec lequel j'ai peu accroché, c'est les Amants du Pont-Neuf
Sinon, la conversation avec Carax, en Bonus, à Locarno est un grand moment de ténèbres (pour Carax qui déteste l'exercice, ou pour nous qui assistons au supplice).

Monkey business

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Misery

Ne coupez pas!

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Joseph Losey : Monsieur Klein        1976


C'est pour moi le plus grand film de Losey que j'ai vu jusqu'à présent (je n'ai pas encore vu The servant que l'on m'a déjà chaudement recommandé à de multiples reprises, ça viendra) ; j'ai aimé la manière dont il se révèle petit à petit : d'abord je me suis dit "bon, ok, belle photo, beau casting mais bon... ça ressemble pas trop à du Losey" et à la fin, on finit à quelque chose qui est du pur Losey, complètement hypnotique, avec - comme dans Secret ceremony, par exemple - une belle utilisation des bâtiments comme portrait psychologique du personnage, je pense notamment à la scène de l'arrestation de Monsieur Klein et à ses plans surchargés avec ses embrasures de porte, ses rambardes d'escaliers puis le bout de la rampe qui vient scinder l'écran en deux. En fait, de manière générale, le film pose ses petites pièces autour de nous et à la fin, tout fait sens : l'exemple le plus frappant me semble être le petit tableau du gentilhomme néerlandais qui introduit le personnage de Monsieur Klein dont il est difficile d'imaginer la place centrale qu'il occupera dans le film. Le film se passe durant la seconde guerre, à Paris, au début des années quarante, on y suit Monsieur Klein, un marchand d'art (qui arnaque tous les juifs de passage : dans la scène d'introduction, il rachète le tableau cité ci-dessus la moitié du prix) vivant tranquillement dans un bel hôtel particulier Rue du Bac ; il va ensuite découvrir qu'il a un homonyme juif, s'ensuit alors la recherche effrénée de cet homonyme. Le gros point fort du film, c'est que l'homonyme du marchand d'art est une sorte de doppelgänger de celui-ci, comme s'il s'agissait d'une incarnation de ce qu'il pense être son identité officielle et qu'il veut à tout prix dissimuler/annihiler, alors qu'on ne lui a rien demandé - enfin, je veux dire, la terrible scène de fin ne serait sans doute pas arrivé s'il n'avait pas couru vers son homonyme ; en fait, il y a quelque chose de profondément dual dans le personnage de Monsieur Klein : en l'introduisant juste après la scène d'ouverture où une femme juive (interprétée par Isabelle Sadoyan, la femme de Jean Bouise, ce dernier jouant le rôle de l'homme qui se fait arnaquer par Monsieur Klein) subit un examen de pseudo-médecine (que l'on imagine étroitement lié avec la police française) afin de savoir si elle est juive ou non, elle retrouve ensuite son mari (qui a sans doute subi la même chose) et ils se disent que "tout s'est bien passé", le film met d'emblée en exergue l'indifférence totale du personnage de Monsieur Klein pour la condition des juifs puis son obsession pour pouvoir prouver que "il n'est pas de ceux-là" ; c'est quelque chose de général puisque lorsque son grand-père évoque la branche néerlandaise (et sans doute juive) de la famille, il essaie immédiatement de la mettre sous le tapis. De manière plus générale, le film montre surtout le rôle de la police française dans la chasse aux personnes juives et dans leur déportation - la scène de fin avec les visages qui deviennent flous ; pour moi, c'est une belle réussite. En plus, je ne suis ordinairement pas un grand fan de Delon (à part dans certains films de Melville et quelques autres films) mais là, je trouve sa prestation superbe et le film a de manière générale une belle distribution : Jean Bouise, Michael Lonsdale, Jeanne Moreau, Juliet Berto ; et puis quelle mise en scène, quelle réalisation ! D'ailleurs, j'ai lu que le film devait initialement être réalisé par Costa-Gavras avec Belmondo dans le rôle de Monsieur Klein ; je me demande bien ce que ça aurait pu donner mais ça n'aurait à mon avis rien eu à voir avec ce film.

C'est un très grand, oui.

Ce qui est étonnant c'est de voir Delon porteur et producteur du film ... voulant le faire à n'importe quel prix ... alors que le film dynamite justement la notion d'identité pourtant si chère aux courants politiques soutenus par Delon.

Je crois qu'il n'a jamais été aussi bon que dans ce film.

Cololi a écrit:

Ce qui est étonnant c'est de voir Delon porteur et producteur du film ... voulant le faire à n'importe quel prix ... alors que le film dynamite justement la notion d'identité pourtant si chère aux courants politiques soutenus par Delon.

Je crois qu'il n'a jamais été aussi bon que dans ce film.

C'est vrai que c'est un peu étonnant, d'autant plus que j'ai lu sur internet qu'il a mis énormément d'argent dedans et que le film n'a en plus de cela pas bien marché. Après, il a sans doute flairé le grand rôle et ç'a éclipsé tout le reste.

Je ne sais pas : dans certains Melville, il y a du niveau, aussi !

Dans Melville, oui. Je disais ça car évidemment, là il montre qu'il pouvait faire autre chose.

Après moi je vénère Melville. J'adore même "Un flic", une sorte de Melville au carré, Melville essayant de faire encore plus melvillien.

Et Delon a été extrêmement bon aussi en début de carrière : Rocco et ses frères ... quelle claque. Et Plein Soleil aussi.

Cololi a écrit:

Dans Melville, oui. Je disais ça car évidemment, là il montre qu'il pouvait faire autre chose.

Après moi je vénère Melville. J'adore même "Un flic", une sorte de Melville au carré, Melville essayant de faire encore plus melvillien.

Et Delon a été extrêmement bon aussi en début de carrière : Rocco et ses frères ... quelle claque. Et Plein Soleil aussi.

Pas encore vu les Visconti (eh oui !), mais effectivement plein soleil ; finalement, moi, je trouve le Losey pas si éloigné du mutisme melvillien.

Un flic, il faut absolument que je le revoie car je me souviens ne pas avoir trop accroché lorsque je l'avais vu mais j'ai l'impression que j'aimerais énormément si je le revoyais maintenant.

Ludovic & Zoran Boukherma : L'année du requin        2022

 +
J'avais été assez décontenancé par le premier film des frères Boukherma (Teddy) que j'avais trouvé intéressant et drôle mais je n'arrivais pas à voir où il allait véritablement et m'étais un peu ennuyé ; ce film est beaucoup plus lisible mais également beaucoup moins ambitieux si bien qu'il manque un peu de matière : au bout d'une quarantaine de minutes, on a un peu l'impression de faire du sur-place et d'utiliser les idées précédentes avec une variation combinatoire. Ce film prolonge cependant quelques thèmes de Teddy : le sang y occupe toujours une place centrale et l'on retrouve un peu cette idée du personnage presque indésirable ; il joue également dans la cour des films de genre, plus dans celle du film de loup-garou mais dans celle (assez restreinte si on enlève les films parodiques) des films de requins - avec sans doute plusieurs références à Jaws que je n'ai pas perçues puisque je n'ai pas (encore) vu ce film ; d'ailleurs, l'approche est un peu similaire : le traitement est plutôt comique mais jamais parodique. Ici, Marina Foïs joue le rôle d'une gendarme maritime qui a du mal à partir à la retraite, surtout lorsqu'un requin vient menacer la petite station des Landes (ordinairement paisible) où elle travaille : elle décide d'en faire une affaire personnelle. Cette histoire ne m'a pas tellement intéressé en tant que telle : ce que j'ai aimé, c'est surtout les petits détails qui viennent autour : le commerçant qui se plaint des parisien(ne)s, l’émission de radio "Bernard et Bernard" et toutes ces petites références au covid qui font sourire. Dans la manière de parler de la menace du requin, j'ai trouvé que le film parlait bien sûr du réchauffement climatique (un peu) mais surtout, de la manière dont on gère les criminel(le)s : à un moment, beaucoup de gens critiquent la décision du personnage de Marina Foïs d'avoir capturé le requin, de l'avoir relâché très loin et de ne pas l'avoir tué ; les arguments déployés rappellent beaucoup ceux des défenseurs de la peine de mort ("si tu as tué, etc." on connaît la chanson) et la manie de trouver un(e) responsable rappelle des choses comme l'intervention de Sarkozy dans l'affaire Gateau - un gars qui avait tué, avait payé sa peine puis avait été (légalement) relâché après une quinzaine d'années de prison ; Sarkozy, en préparation de sa campagne pour les présidentielles de 2007, avait déclaré à de multiples reprises que les magistrats responsables de cette décisions rendent des comptes et paient. Bref, sinon les acteurices sont pas mal (à part peut-être Kad Merad qui est un peu en-dessous) et le film est plutôt agréable à regarder, mais ça reste un peu décevant - et puis Naps en B.O., c'est pas possible...

Vincent Mariette : Tristesse club        2014

 +
Ce film est le premier long-métrage de Mariette, c'est assez particulier (sans être complètement délirant) mais j'avoue que je n'ai pas trop accroché, ça m'a semblé trop timoré - mais pour certain(e)s, ça sera la principale qualité du film, j'imagine. Ici, on est dans une sorte de huis-clos à ciel ouvert : trois frères et sœurs (supposés) se retrouvent pour la mort (supposée) de leur père qu'ils n'ont pas vu depuis longtemps ; je suis sûr qu'à la lecture de cette phrase, vous avez déjà soufflé et/ou levé les sourcils ; en fait, le film joue sur les certitudes et les lieux communs du cinéma : on va d'abord croire à cette histoire et petit-à-petit, on va se rendre compte que le père n'est finalement pas mort mais juste disparu puis que celle qui prétend être la sœur n'est en fait pas la sœur ; je trouve ça intéressant car ça permet de faire un pied-de-nez à ces lieux communs du cinéma et à la fois, par un procédé de répétition, de singer le procédé de twist, sans que ça deviennent pénible en mode film à un premier degré d'ironie. J'ai trouvé que ce traitement ponctuel trouvait sa contrepartie visuelle avec une multitude d'objets qui semblent complètement hors de leur cadre (sans que ça soit mis lourdement en exergue, c'est un bon point) : c'est d'abord la Porsche 924 rouge du personnage de Lafitte (qui est souvent filmée sur un fond végétal), puis les trois transats dépareillés face au lac et des objets très spécifiques comme le lanceur de bal (qui arrive bien en retard) ; la composition des personnages est souvent assez similaire : ils sont très spécifiques, assez bien localisés et parfois un peu loufoques - je pense notamment au personnage de la jeune fille qui veut faire un remake de L'empire des sens ; malgré tous ces points qui pourraient laisser penser que le film est passionnant et très réussi, j'ai trouvé qu'il n'allait pas assez loin et j'aurais aimé que le film raconte plus de choses et mette ses processus de manière moins laborieuse - enfin, ce n'est pas tant laborieux au sens où c'est aussi lent qu'un Deleuze qui nous parle de Hegel et de la nique qu'il fait aux empiristes anglais dans la Phénoménologie de l'esprit, mais j'ai senti que le film était en bout de course une fois tout ça mis en place, comme s'il n'avait plus le temps de proposer autre chose ; après, ce n'est qu'un premier long-métrage et j'ai trouvé que le trio de tête était très bon : Laurent Lafitte en parfait connard, Vincent Macaigne touchant comme à son habitude - un peu gauche -, Ludivine Sagnier en fausse sœur un peu embarrassée.

Emeryck a écrit:

Vincent Mariette : Tristesse club        2014
- enfin, ce n'est pas tant laborieux au sens où c'est aussi lent qu'un Deleuze qui nous parle de Hegel et de la nique qu'il fait aux empiristes anglais dans la Phénoménologie de l'esprit

et sache que tu es lu ! (enfin, le plus souvent). D'ailleurs je trouve que tu devrais faire et diffuser un index

xoph a écrit:

Emeryck a écrit:

Vincent Mariette : Tristesse club        2014
- enfin, ce n'est pas tant laborieux au sens où c'est aussi lent qu'un Deleuze qui nous parle de Hegel et de la nique qu'il fait aux empiristes anglais dans la Phénoménologie de l'esprit

et sache que tu es lu ! (enfin, le plus souvent).[size=7] D'ailleurs je trouve que tu devrais faire et diffuser un index[/size]

Ça, c'est une excellente idée.

J'ai un pdf avec tout ce que j'écris dans ce fil - sinon, j'oublie (à quelques exceptions près) ; un jour, je pense que je vais me créer un site web (pour mes activités professionnelles) et j'y mettrais sans doute une section cinéma - je crois que ça va être long.

Denis Lavant à propos de sa collaboration avec Leos Carax
27 juil. 2021

xoph a écrit:

Denis Lavant à propos de sa collaboration avec Leos Carax
27 juil. 2021

Merci ! 

René Clair : La beauté du diable        1950


Ce film vient juste avant Les belles de nuit dans la filmographie de René Clair et je trouve que ça se sent énormément ; je ne sais pas si c'est parce que j'avais vu le second il y a quelques mois seulement mais en dépit de la différence apparente des sujets, j'ai trouvé que les films se ressemblaient beaucoup sur bien des points : d'abord, le ton est assez similaire (je ne sais pas trop comment dire, mais c'est une sorte de "légèreté bienséante", comme s'il ne fallait pas trop affecter - en introduction, on qualifie le film de tragi-comédie), même thématiquement, j'ai trouvé qu'il y avait pas mal de recoupements (on a un personnage seul qui agit directement sur sa vie - dans Les belles de nuit, ça concerne aussi son futur mais bon, l'idée est la même) ; esthétiquement, bien sûr, c'est évident : c'est ouvertement un film de studio, avec beaucoup de costumes et de décors, des scènes fantaisistes (assez plaisantes, d'ailleurs). Cependant, tout cet alliage m'a un peu déçu : d'une part, j'ai eu l'impression de revoir un peu le même film (bon, là, j'exagère peut-être un petit peu) et d'autre part, j'ai l'impression qu'au final, le film était assez tiède : à la fois sur l'aspect dramatique (cet aspect "tragi-comique" le fait naviguer entre deux eaux sans jamais vraiment rencontrer la tragédie) mais aussi sur le plan thématique (le film revisite Faust mais bon, ça ne va pas hyper loin) ; en fait, en dépit de la présence de Michel Simon (que j'adore) à la distribution, je crois même que je préfère Les belles de nuit, mais bon, on verra ça lorsque je reverrai ce film - je ne sais pas quand.

Terrence Malick
The Tree of Life

Ça me donne envie de revoir des films de Dreyer. Intense et somptueux (sauf la fin qui me semble inutilement démonstrative, malgré ou en raison de son caractère onirique-symbolique). Mais, passées mes réticences de mécréant, c'est d'une très grande force, et splendeur.

Claude Chabrol : Au cœur du mensonge        1999


J'aime habituellement beaucoup Chabrol mais là, je n'ai pas été extrêmement convaincu : il y a pourtant tous les éléments pour installer une ambiance hyper trouble (paysage très accidenté/discontinu de la Bretagne, beaucoup de brouillard, la mer; etc.) et le pitch n'est pas si mal (enquête policière - Chabrol sait bien sûr mener ce genre de sujets) mais le parti-pris du film, c'est de ne pas rentrer du tout dans le processus d'enquête mais plutôt d'observer les différents personnages et voir comment ils sont affectés par ce(s) meurtre(s) irrésolu(s) : au final, le film a réussi à nous désintéresser du verdict de l'enquête (il tombe au détour d'une scène mais on ne connaît même pas tellement le gars en question et on s'en fout pas mal) mais j'ai trouvé que les personnages du film n'étaient pas hyper passionnants (une infirmière, son mari peintre en crise d'inspiration et professeur de dessin, un journaliste-écrivain-médiatique), même si l'évolution du peintre (le refus du portrait puis le retour au portrait et tout son rapport fluctuant à la vérité (point névralgique usuel du film policier) : reproduction, trompe-l’œil) est intéressante et le personnage du journaliste-écrivain-médiatique est assez amusant par moments ; en tout cas, ça n'a pas suffit à me plaire autant que beaucoup d'autres films de Chabrol : pour moi, le film nage entre deux eaux.

C'est pas un bon opus celui-là.

Regarde Betty et La fleur du mal si tu ne les as pas vus. L'Enfer aussi, mais j'imagine que tu as déjà vu.

Cololi a écrit:

C'est pas un bon opus celui-là.

Regarde Betty et La fleur du mal si tu ne les as pas vus. L'Enfer aussi, mais j'imagine que tu as déjà vu.

J'ai effectivement vu Betty et L'enfer (j'aime beaucoup les deux - surtout l'atmosphère de Betty) mais je n'ai pas encore vu La fleur du mal, ça va venir. 

Kaneto Shindō : Le cœur        1973


Je n'avais jusqu'alors vu que deux films (Onibaba, comme tout le monde, et Kuroneko) de Shindō que j'avais tous deux beaucoup aimés : façon de filmer originale, superbe noir et blanc, intrigue dense ; bref, je ne m'y étais pas ennuyé une seule seconde. Ici, par contre, l'ennui était abyssal : le film adapte la nouvelle homonyme de Natsume Sōseki (déjà adaptée presque vingt ans auparavant par Ichikawa) ; je ne connais pas du tout la nouvelle mais c'est une sorte de triangle amoureux lentissime, les dialogues sont complètement inintéressants et surtout, le personnage principal masculin (sobrement appelé "K" - pas de référence kafkaïenne à ce que je sache) est augmenté d'une voix-off qui se voudrait un peu introspective, c'est d'une lourdeur... le texte est si laborieux - et inintéressant... Il n'y a vraiment pas grand-chose pour sauver ce film - qui n'est pourtant pas si conventionnel, et pas seulement par l'ennui superlatif qu'il provoque - : le jeu des acteurs est lisse, la photographie couleur est vraiment fade ; peut-être le montage n'est pas au même point d'ennui et encore... J'espère qu'il y a quand même encore d'autres bons films de Shindō, parce que là : immense déception.

Terrence Malick
Song to Song

Autant j'avais été intrigué et séduit par A Knight of Cups, emballé (avec réserves néanmoins) par The Tree of Life, autant Song to Song m'apparaît comme procédés à vide, et ennuyeux. Comme catalogue de luxueuses (et souvent fort belles) architectures de villas contemporaines, ça se regarde…



PS : J'ai encore emprunté à la bibliothèque La ballade sauvage (un de ses premiers, ou son premier), on verra…

xoph a écrit:

PS : J'ai encore emprunté à la bibliothèque La ballade sauvage (un de ses premiers, ou son premier), on verra…

J'aime beaucoup La ballade sauvage (c'est effectivement son premier film) ; en fait, j'ai l'impression qu'en ce qui concerne la filmographie de Malick, quand on pioche après The tree of life, ça devient assez risqué (pas vu The new world, cela dit) ; en tout cas, j'ai vu A hidden life en salles et malgré une photographie somptueuse, j'ai trouvé ça d'un ennui terrible (en plus d'être assez agaçant tant c'était caricatural...) - et en plus, ça durait presque trois heures.

Le problème c'est que du coup : la limite entre métaphasique à deux sous (même s'il en connait un rayon en philo *) et esprit "sacré", beauté plastique et catalogue de mannequins hommes ou femmes pour pub de parfums, est franchie et déteint sur la force que l'on peut prêter à ses films les plus beaux (pour ce que j'en connais, c'est à dire très peu). L'on se demande si l'on aurait pas été victime d'une entourloupe somptueuse…

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xoph a écrit:

Le problème c'est que du coup : la limite entre métaphasique à deux sous (même s'il en connait un rayon en philo *) et esprit "sacré", beauté plastique et catalogue de mannequins hommes ou femmes pour pub de parfums, est franchie et déteint sur la force que l'on peut prêter à ses films les plus beaux (pour ce que j'en connais, c'est à dire très peu). L'on se demande si l'on aurait pas été victime d'une entourloupe somptueuse…

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Ah, je ne crois pas : je me dis que si c'était le cas pour ceux que j'ai aimés, je m'en serais rendu compte - sinon pourquoi s'en être rendu compte seulement sur un film ultérieur ? Mais effectivement, Malick n'est jamais loin de cette ligne de partage (en tout cas à partir de The thin red line) et d'ailleurs, je me souviens que lorsque j'avais témoigné mon enthousiasme pour ce film, on m'avait dit que c'était une "pub pour gel douche".

Je ne savais pas du tout que Malick avait enseigné la philosophie au MIT ! 

Emeryck a écrit:

xoph a écrit:

Le problème c'est que du coup : la limite entre métaphasique à deux sous (même s'il en connait un rayon en philo *) et esprit "sacré", beauté plastique et catalogue de mannequins hommes ou femmes pour pub de parfums, est franchie et déteint sur la force que l'on peut prêter à ses films les plus beaux (pour ce que j'en connais, c'est à dire très peu). L'on se demande si l'on aurait pas été victime d'une entourloupe somptueuse…

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Ah, je ne crois pas : je me dis que si c'était le cas pour ceux que j'ai aimés, je m'en serais rendu compte - sinon pourquoi s'en être rendu compte seulement sur un film ultérieur ? Mais effectivement, Malick n'est jamais loin de cette ligne de partage (en tout cas à partir de The thin red line) et d'ailleurs, je me souviens que lorsque j'avais témoigné mon enthousiasme pour ce film, on m'avait dit que c'était une "pub pour gel douche".

Je ne savais pas du tout que Malick avait enseigné la philosophie au MIT ! 

Pour aller un peu plus loin, c'est la nature et la constance de ces lignes qui traversent ses films qu'il faudrait interroger. Comme lignes d'échanges, ou de passage, plus que de partage sans doute. Pour prendre un exemple dans un domaine que je connais mieux : en architecture, dans la limite extérieur/intérieur, ce sont ses porosités, son épaisseur, sa peau, qui en font l’intérêt, comme système d'échanges et pas tant comme partage (qui sépare).
Si on prend The Tree of Life, ces lignes s'appuient sur des oppositions d'une grande richesse : le couple mère aimante / père tyrannique, la fratrie de fusion et de rejet, l'irruption du naturel dans le clos - je pense à ces scènes récurrentes de voilages en vol, le devoir et la déchéance (du père), la tendresse et la cruauté, etc. Pour Song to Song, elles apparaissent plus pauvres (et c'est pas Iggy Pop en éternelle représentation d'Iggy Pop, ou Patti Smith, qui changent la donne).
Mais comme elles en appellent aux mêmes notions (avec au cœur la question du sacré et de la matérialité, pour faire bref), jouent avec des moyens formels très proches (le plus souvent splendides) : il est effectivement (trop) tentant de décalquer ce qui nous a déplu, sur ce qui nous avait paru fécond, alors que c'est cette "incertitude" qui avait pu nous toucher.

Umberto Lenzi & Harry Kirkpatrick (?) : Nightmare beach        1989

 +
La parenté de cette oeuvre n'est même pas claire : Lenzi aurait partiellement abandonné la réalisation à cause d'un différend avec le producteur, cette dernière aurait été partiellement reprise par un certain Harry Kirkpatrick mais d'autres sources infirment cette version - que l'on peut trouver sur Wikipédia. Bref, il s'agit d'un film de la fin de la filmographie de Lenzi, tourné aux États-Unis ; il faut bien sûr le prendre au second degré, je pense - même s'il a peut-être été fait au premier -, sinon ça va être compliqué... Il faut imaginer un film qui se passe durant le spring break, avec beaucoup d'étudiant(e)s, de la musique un peu heavy metal (convenu) qui point n'importe quand et surtout un motard qui ne retire jamais son casque et qui électrocute des jeunes filles par des moyens divers et variés ; en fait, on apprendra que le tueur en série n'est autre que le prêtre, ce dernier voulant éliminer les participant(e)s - enfin, surtout les participantes - du spring break parce qu'elles pèchent ! Bref, c'est vraiment très prévisible (et toute cette série de séquences filmant des concours de t-shirt mouillés ou autres trucs de ce genre... - qui sont vraiment introduites en mode "pause ! instant beauf") mais c'est finalement assez drôle notamment à cause de la musique qui est gérée de manière assez peu heureuse mais aussi de certains effets spéciaux du meilleur effet ; les dialogues sont d'une nullité assez terrifiante, aussi ; enfin, peut-être qu'il faudrait passer à un degré au-delà du deuxième...

Alifie a écrit:

Emeryck a écrit:

J'espère qu'il y a quand même encore d'autres bons films de Shindō

aux antipodes d'Onibaba et Kuroneko pour le rythme, mais, contrairement à celui que tu viens de visionner, rien à redire à l'intérêt des dialogues.

Ah oui, je l'ai celui-là, aussi ! Il n'y a aucun dialogue, non ? 

Aucun effectivement. Mais c'est un chef d'oeuvre.

Le bon plaisir

Nicole Garcia : L'adversaire        2002

 /   +
Pour son quatrième long-métrage, Nicole Garcia adapte le roman L'adversaire d'Emmanuel Carrère, lui-même inspiré par l'affaire Romand : un homme a fait croire à tous les gens qu'il connaissait qu'il était un grand scientifique, travaillant à l'INSERM puis à l'OMS - y compris à des chirurgiens - sans que personne ne se doute de rien (il y a aussi une série d'autres mensonges) sauf qu'un jour, il a tué toute sa famille ; c'est là qu'on s'est aperçu que tout était bidon. Je n'ai pas (encore) lu le roman (apparemment Carrère aurait correspondu avec Romand) donc je ne sais pas si l'adaptation est assez proche de ce dernier, mais j'avoue que le film m'a pas mal déçu : tout d'abord, il est vraiment trop long (deux heures dix) ; pour être plus exact, ce n'est pas tant la longueur en elle-même (qui me semble pertinente dans cette histoire) mais c'est plutôt le montage qui est assez catastrophique et qui transforme ce film en un truc plutôt informe (et raté d'un point de vue formel, disons-le) mais balisé : le film commence par la fin (pas exactement, mais vers la fin - c'est-à-dire après l'exécution) puis ensuite, il revient à la temporalité classique pour nous raconter la vie de Romand sauf que parfois, on a des petits moments d'après la fin (typiquement, les proches de Romand qui sont interrogés par les policiers) ; c'est un procédé finalement assez classique mais qui ne fonctionne pas ici (et alourdit même le film) puisqu'à mon sens, l'équilibre est complètement raté : les scènes post-exécution sont, à l'exception peut-être de la scène d'ouverture, complètement insignifiante et en plus de cela, elles sont vraiment en tout petit nombre et assez courtes, ce qui fait qu'elles sont souvent inutiles. Concernant l'autre temporalité, ça va, ça nous raconte l'histoire, quoi' mais ça n'exploite pas du tout les singularités de l'affaire : les seuls propos sur les mensonges de Romand sont vraiment génériques et pas très intéressants - du genre "ah bah oui, escalade de mensonges, ça devient de plus en plus compliqué" ; la mise en scène est - à quelques exceptions près - plutôt quelconque, la manière de filmer aussi, la musique est pas passionnante ; par contre, j'ai aimé le jeu des acteurices : en particulier, j'ai trouvé qu'Auteuil était vraiment pas mal dans le rôle de Romand car il a ici un jeu très plat et ça convient assez, je trouve - même si on aurait peut-être souhaité un jeu un peu plus complexe mais c'est pas mal.

Terrence Malick
Badlands - La Ballade Sauvage

beaucoup aimé, et comme le disait Emeryck, différent des films que j'ai pu voir jusqu'ici (The Tree of Life ou ultérieurs). Je fais une petite pause, mais bien envie de voir ce qui se passe entre Badlands et The Tree of Life

Horsehead

xoph a écrit:

Je fais une petite pause, mais bien envie de voir ce qui se passe entre Badlands et The Tree of Life

En fait, pas grand-chose sans doute car seul Days of heaven est un peu en dehors du lot (avec Badlands, naturellement) : dès The thin red line, on rentre dans des trucs assez proches de ce que tu as pu voir - avec des variations internes, bien sûr.

Claude Chabrol : Que la bête meure        1969

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Celui-ci aussi, on m'en a énormément parlé mais je crois que je ne le placerais pas au niveau des meilleurs Chabrol même s'il s'en sort quand même bien. Le film raconte une histoire de vengeance : la scène d'ouverture montre un petit garçon qui après être revenu de la pêche aux coquillages se fait renverser par une Ford Mustang dont le propriétaire ne prend même pas la peine de s'arrêter : le garçon meurt sur le coup ; le père décide alors de retrouver le conducteur et de se faire justice lui-même. Pour moi, l'aspect le plus fascinant de ce film, c'est la manière dont tout tourne autour du personnage du père, c'est lui qui gère le jeu de distribution des rôles et presque celui des représentations : il a un calepin dont il se sert un peu comme d'un journal, toutes les pages étant plus ou moins dirigées par sa vengeance mais finalement, dans la dernière partie, il prend une toute autre fonction : il lui sert à redistribuer le réseau des potentiels de culpabilités ; on a également l'impression que tous les événements sont presque demandés et écrits par le personnage du père (qui est écrivain) : tout est tellement invraisemblable - le fait de tomber au détour d'une promenade sur la voiture du crime puis que la femme dedans soit une actrice connue, etc. - mais finalement, d'un point de vue scénaristique, ça se tient - Chabrol joue constamment avec cette limite qui nous ferait dire "bon, là, Claude, tu pousses peut-être un peu trop". J'ai également beaucoup aimé la symétrie à l'oeuvre dans le film avec les pères et les fils - que le personnage du père va prendre soin de ne soigneusement pas déranger, rejoignant en cela d'une certaine manière le conducteur de la Mustang ; malgré tout ces éléments intéressants, j'ai trouvé que le film était moins réjouissant que des films comme La femme infidèle ou Le boucher qui sont sans doute beaucoup plus chabroliens. Toutefois, j'ai beaucoup aimé la manière dont c'était filmé (les mouvements tortueux de caméra qui correspondent très bien à la frilosité du paysage) et j'ai beaucoup aimé la distribution (Jean Yanne en gars insupportable - l'attraction de ce film, sans doute - mais aussi Michel Duchaussoy dans le rôle du père, en apparence presque opposé au personnage de Jean Yanne - et du coup, c'est amusant que les deux se rejoignent à la fin, et c'est aussi assez adroit, je trouve - mais aussi des petits rôles truculents : beaucoup dont je ne connais pas le nom mais parmi ceux que je connais, il y a Pialat en inspecteur. 

Henri-Georges Clouzot : Les espions        1957

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Dans la filmographie de Clouzot, ce film vient après cet OVNI que l'on appelle Le mystère Picasso : pas facile ; en fait, c'est là encore un film assez étrange (peut-être dans un sens moins élogieux ici) : je crois l'avoir plutôt aimé, même si j'ai trouvé qu'il traînait la patte. Ce que j'ai aimé avant toute chose, c'est l'ambiance un peu étouffante que déploie ce film : on a l'impression de pas mal tourner en rond, tout le monde se court après et d'un autre côté, on a un humour un peu absurde, des répliques parfois amusantes qui sonnent de façon assez grinçante, du coup. Le traitement de l'intrigue sonne très Clouzot (à nous en faire hausser le sourcil) : le directeur d'un asile héberge un espion contre de l'argent ; petit à petit, d'autres espions de toutes parts vont venir peupler discrètement l'asile et malgré tous les efforts du directeur pour favoriser celui qu'il hébergeait initialement, rien n'y fait : il est complètement bloqué - la scène de fin est assez parlante de ce point de vue. Pour moi, ce n'est clairement pas parmi les plus grands films de Clouzot (on n'est pas loin du gimmick...) mais ce n'est pas si mauvais.

Illégitime

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Le Passager n°4

Jacques Doillon : La femme qui pleure        1979

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Il me semble que ce film a été réalisé la même année que La drôlesse, dommage qu'il ne soit pas aussi réussi. Le pitch est très simple : le film raconte l'histoire d'un trio amoureux (deux femmes et un homme, bien sûr - pour être très original - : interprétés par Dominique Laffin, Haydée Politoff et Jacques Doillon lui-même - et la fille du personnage de Doillon est jouée par Lola Doillon)  qui n'arrive pas à se stabiliser, ses allers, ses retours, etc. bref, vraiment pas le summum de l'originalité ; cela dit, le film est assez direct et tout est assez crédible, je trouve mais ça ne m'a pas tellement intéressé - à part quelques beaux moments. Par contre, la manière de filmer et la photographie sont vraiment très belles, du coup, avec le côté assez intime et naturel du film, ç'a suffit à un peu maintenir mon attention - sans pour autant l'exciter. En fait, on dirait du Garrel tourné à la campagne et avec dix ans d'avance.

Barbet Schroeder : La vallée        1972

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Il s'agit du deuxième film de Schroeder (et le deuxième à recevoir une bande originale signée Pink Floyd, d'ailleurs) ; je l'ai trouvé assez amusant, en fait : le film raconte l'histoire d'une femme de consul lassée (on dirait du Duras, là...) vivant en Australie (interprétée par Bulle Ogier) et prenant part à une expédition en Nouvelle-Guinée pour à la fois tuer l'ennui mais aussi pour acheter des plumes très rares, elle va ensuite rencontrer un homme dont elle va s'éprendre, etc. et tous ensemble, ils vont rejoindre ce lieu qui n'est alors qu'un point blanc sur leur carte : la vallée. On pourrait se dire "ohlàlà, l'enfer ce truc..." mais en fait, le film est assez critique vis-à-vis du personnage d'Ogier et met discrètement en lumière sa démarche, qui, quand elle n'est pas coloniale est bien cringe - la scène de dialogue à la fin est assez éloquente (et drôle) : elle pensait trouver une vérité, comme si les tribus locales étaient garantes de vérité (!) parce qu'elles étaient restées en contact privilégié avec la terre et la Nature (important le N majuscule !), etc etc. En fait, j'ai l'impression que le film raille tout de même un peu le mouvement hippie de manière générale. Sinon, à part ça, les paysages sont bien sûr superbes et admirablement filmés grâce au directeur de la photographie Nestor Almendros - qui a notamment beaucoup travaillé avec Rohmer - ; c'était le premier film de Schroeder que je voyais, ça m'a plu et fait un peu rire sans pour autant me bouleverser profondément (à cause de la légèreté du pitch, peut-être), j'ai l'impression que le reste de sa filmographie est vraiment très hétéroclite.

Le Crabe-Tambour, Schoendoerffer -
Un des films préférés de mon père, j'ai mis du temps avant de me décider à le voir... et ben quelle baffe effectivement

Pawel Pawlikowski
Ida

Revu et re-beaucoup aimé.
Formellement très fort : le hors champ du format 4/3 ; le hors champ encore (dont on ne sait s'il est échappée ou écrasement) des personnages en lisière basse de l'écran ; le noir et blanc, qui est plutôt un gris et blanc (très loin de vouloir passer pour somptueux, mais d'une grande finesse) ; les plans fixes. Presque tous les signes d'un effacement qui pourrait être énervant (et convenu "cinéphile"), et ne l'est absolument pas, de par la force des sujets abordés : la foi bien sûr, mais aussi cette histoire de la Pologne pendant la guerre et juste après, la quête des origines enfouies, les tensions internes qui animent ces deux portraits de femmes Ida et Wanda (sa tante).
Me donne très envie d'explorer le reste de sa filmographie (un seul film après Ida semble-t-il !)

Seules les bêtes



Premières vacances

Yves Robert : Un éléphant ça trompe énormément        1976


Avec ce film, Robert revient à un genre assez proche des Copains, tourné une dizaine d'années auparavant ; cela dit, il y a une différence assez notable avec ce dernier : dans Un éléphant ça trompe énormément, un des quatre personnages se singularise particulièrement - celui de Jean Rochefort - et je trouve que ça donne plus aisément au film une ligne directrice simple. Ici, j'ai eu l'impression que ce film était également beaucoup influencé par la comédie (romantique) à l'américaine (bien sûr, il y a la citation de Seven year itch de Wilder) : que ce soit dans le ton général (avec les jeux de quiproquos) mais également dans les scènes en voiture visiblement tournées en studio tant le fond est fantaisiste. Sinon, j'ai trouvé le film bien divertissant, Rochefort y est vraiment bon (et avec la petite voix-off par moment ironique, c'est assez amusant) - et Claude Brasseur aussi, d'ailleurs : la scène où il joue l'aveugle dans le restaurant ! - et j'ai bien aimé sa trajectoire d'homme lambda un peu timide, qui essaie de voir discrètement cette femme à la robe rouge et qui finit finalement sur le parapet d'un bel immeuble parisien en robe de chambre (rouge !), la clope au bec, décontracté avec tous les pompiers de Paris, les badauds et les journalistes en bas : c'est vraiment le sommet de la méprise (quiproquo sur la femme en robe rouge, méprise de la part des pompiers sur l'intention de Rochefort et ce dernier voulant être discret se retrouve sur tous les télévisions de France) ; là, j'ai véritablement retrouvé l'aspect malin de Robert, à la fois dans la construction du scénario mais aussi dans la mise en scène, l'exploitation des motifs (l'affiche de pub, le délabrement progressif de la 504 de Rochefort, etc.).