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Emeryck a écrit:

Pour l'allusion à Kubrick dans la réalisation, tu es généreux !

Euh... De ma part, non, pas spécialement, au contraire.

(Eyes Wide Shut doit occuper à peu près la même place dans mon panthéon cinématographique personnel que Pauline à la plage ou Son nom de Venise dans Calcutta désert dans celui de Parsifal, ou encore The Man from Laramie dans celui de Cololi.)

Francesco a écrit:

En voyant Tàr, que j'ai adoré, je n'ai pas eu l'impression qu'on amalgamait lesbiennes et prédatrices (d'autant que plusieurs femmes sont en fait, à plusieurs niveaux, des victimes, y compris l'épouse de l'héroïne) pas plus que je n'ai eu l'impression que Elle était une apologie du viol. Pour moi, je rejoins plutôt la lecture de Charlym en fait et j'ai aimé l'espèce de tension que le film propose. D'ailleurs, au final, ce que je retiens surtout c'est que cette femme qu'on pourrait penser être un modèle intellectuelle dont le discours pourrait être celui du réalisateur (dans la fameuse scène de masterclass, on a quand même du mal à comprendre s'il faut prendre un partie ... j'ai trouvé ça intéressant) est en fait un être lui-même toxique.

AU fond, pour moi, c'est un film sur Levine avec un twist de genre qui, sur le plan dramatique, était assez efficace.

J'ai trouvé la fin géniale mais c'est un autre débat.

Moi aussi j'ai beaucoup aimé Tar pour les raisons que tu cite  (et j'aime la fin également)

Je suis complétement d’accord avec Benedictus sur la filiation kubrickienne, d'autant que je trouve la réalisation de Field absolument remarquable de bout en bout, j'ai beaucoup aimé toute la tension de la subjectivité entre les états intérieurs de Tar et regard extérieur sur ce personnage. Le plan séquence virtuose de la masterclass qui appui la démonstration de supériorité de Tar ou sa brillance rhétorique ne laisse aucune chance à l'étudiant, mais dans le même temps expose de manière très cru l'humiliation qu'elle lui fait subir et empêche toute véritable identification avec elle. En même temps cette scène (et le choix du plan séquence) prend un tout autre sens quand on voit la vidéo remonté, coupé de manière a faire dire à Tar ce qu'elle n'a pas dit.

Il n'y a pas de zone d'ombre autour de ce qu'elle pu faire subir a son/ses assistante(s), c'est assez clair que son comportement était déplacé et qu'elle a abusé de sa position même si on ne nous livre pas les détails. L'ambiguïté elle est dans la position que le film nous invite à occuper à l'égard de ce personnage charismatique qui peut séduire et en même temps comme dit Francesco très toxique, entre le mépris que peuvent inspirer certaines attaques dirigées contre-elle (la fameuse vidéo remontée) et l'hypocrisie de ses collègues/"amis" et le sentiment que sa chute n'est pas non plus imméritée. Le film occupe et nous place dans cet entre-deux et c'est ça que je trouve intéressant.

Concernant la fin, moi j'aime bien le fait que Tar y retrouve une certaine humanité dans ce qui aurait pu être présenté de manière unilatérale comme une forme de déchéance sur le plan culturel, mais elle à l'air d'aborder ça avec le même sérieux que la cinquième de Mahler sans que ça soit non plus complétement ridicule, ça n'annule pas le portrait assez noir brossé par le film dans tout ce qui précède mais ça complique encore un peu la manière dont on peu appréhender ce personnage.

P-S: c'est évidemment complétement faux de dire qu'il n'y a pas de personnages chez Kubrick.
Je crois que Pauline à la plage fait partie des Rohmer que je n'ai pas vu (et Son Nom de Venise dans Calcutta Désert... bon, je ne dirais rien ) Eyes Wide Shut doit être l'un de mes Kubrick préféré justement parce qu'on y trouve tout ce que Benedictus dit a propos de la représentation des états mentaux, et, surtout, l’ambiguïté qui en découle.

Parsifal a écrit:

Je crois que Pauline à la plage fait partie des Rohmer que je n'ai pas vu

Entendu, alors disons Le Genou de Claire, et n'en parlons plus!

(D'autant que, si ça se trouve, Arielle Dombasle pourrait te faire aimer Pauline à la plage.)

Après tout j'ai aimé L'Arbre le maire et la médiathèque...
mais ça c'est juste la preuve que je prend de l'âge je m’intéresse à des films de vieux ou on parle du parti socialiste et de l'urbanisme... Ce fut une expérience extrêmement perturbante

Parsifal a écrit:

Après tout j'ai aimé L'Arbre le maire et la médiathèque...

Justement: dans Pauline, Arielle Dombasle joue un peu le même personnage (mais avec dix ans de moins.)

Bon quand j'aurais enfin vu Les Pyramides Bleues et surtout Alien Crystal Palace (qui à l'air d'être un immense chef d’œuvre: https://www.youtube.com/watch?v=YnkaH-dFQsQ )
je regarderais Pauline à la plage!

Parsifal a écrit:

Bon quand j'aurais enfin vu Les Pyramides Bleues et surtout Alien Crystal Palace (qui à l'air d'être un immense chef d’œuvre: https://www.youtube.com/watch?v=YnkaH-dFQsQ )
je regarderais Pauline à la plage!

Oui, Alien crystal palace est un chef-d'œuvre entre le rôle de Léaud et les baragouinages incompréhensible de Nicolas Ker... Pas (encore) vu Les pyramides bleues, par contre... 

Apparemment ça implique Arielle Dombasle qui quitte Omar Sharif pour entrer au couvent...
Jamais vu non plus malheureusement, mais apparemment il y a un éditeur de DVD qui s'était spécialisé dans les films d'Arielle Dombasle à un moment

Parsifal a écrit:

Apparemment ça implique Arielle Dombasle qui quitte Omar Sharif pour entrer au couvent...
Jamais vu non plus malheureusement, mais apparemment il y a un éditeur de DVD qui s'était spécialisé dans les films d'Arielle Dombasle à un moment

Ah ouais d'accord, c'est tellement spécialisé que ça en devient très bizarre...

Ca dépend qui est derrière l'éditeur en question. Après tout, pour les glottophiles, Adelaide Negri avait sa propre maison de disque "pirate" qui ... la piratait elle. Peut-être que c'est pareil et que Dombasle assure son immortalité.

Alice Diop : La mort de Danton        2011


Ce film est la troisième réalisation d'Alice Diop (cinq ans avant Vers la tendresse dont j'ai récemment parlé), c'est également un documentaire où la réalisatrice interroge un homme ; il s'agit ici d'un homme noir vivant à Aulnay-sous-bois (la ville dans laquelle a grandi la réalisatrice) et qui prend des cours au cours Simon (une école de théâtre assez réputée et ancienne) depuis quelques années. Le film ne montre pas un racisme frontal mais une sorte de trajectoire à tout prix contrainte, sans que ce soit délibéré mais seulement à cause d'un conditionnement du regard blanc : il raconte que le metteur en scène lui a demandé de chercher des pièces écrites par des auteurs noirs, ils lui attribuent par ailleurs toujours le même type de rôles (soit des rôles peu reluisants d'hommes noirs ou soit des rôles subalternes genre un chauffeur ou autres hommes de services) alors que lui, il aurait (notamment) aimé le rôle de Danton mais pas de bol, on lui dit qu'il n'y avait pas de noirs à cette époque donc ce n'est pas possible ; à un moment, il raconte aussi qu'à un moment, il a dû attendre un an parce que le metteur en scène n'arrivait pas à trouver d'acteur noir pour jouer avec lui et finalement, ça s'est fini sur un blanc en blackface ! Comme dans Vers la tendresse, j'ai beaucoup aimé la proximité qu'Alice Diop a avec le gars qu'elle interroge et le gars semble très à l'aise, il parle également des films qu'il aime ; encore un beau documentaire.

Francesco a écrit:

Ca dépend qui est derrière l'éditeur en question. Après tout, pour les glottophiles, Adelaide Negri avait sa propre maison de disque "pirate" qui ... la piratait elle. Peut-être que c'est pareil et que Dombasle assure son immortalité.

Oui, je blaguais et en vérité, ton hypothèse est sans doute correcte.

Alien Crystal Palace...

Miracle, ça y est, je l'ai dégoté. Bon, pas le temps de regarder ça ce soir. Ca a l'air miraculeux.

Bon, sinon, impossible de trouver Celles qui aimaient Richard Wagner...
J'ai cherché, en vain...

Benedictus a écrit:

(Eyes Wide Shut doit occuper à peu près la même place dans mon panthéon cinématographique personnel que Pauline à la plage ou Son nom de Venise dans Calcutta désert dans celui de Parsifal, ou encore The Man from Laramie dans celui de Cololi.)

Je ne dirai rien sur Rohmer que j’aimais beaucoup entre 15 et 20 ans et dont je n’ai plus revu un seul film depuis, ni sur the Man from Laramie que j’ai adoré dans le contexte d’un marathon-découverte de westerns classiques (je ne sais pas ce que ça donnerait si je le revoyais isolément aujourd’hui)…
En revanche, je me suis forcé à rerevoir Eyes Wide Shut il y a un an en espérant que je trouverais ça moins insupportable que la fois précédente — ce qui fut tout de même le cas grâce à la combinaison mentale anti-Cruise/Kidman que j’avais prévue, mais ça ne m’a pas suffi à comprendre comment j’avais pu autant aimer ce film à l’époque, au point de le voir au moins trois fois en quelques semaines (bien que ce soit très peu par rapport à d’autres films)…
De Kubrick, je crois pouvoir dire que j’aime encore 2001 et Barry Lyndon, mais je n’en suis même pas si sûr (j’ai été plutôt déçu par Shining que j’ai revu en salle récemment)…

Jean-Pierre Bekolo : Quartier Mozart        1992

 + / 
Il s'agit du premier long-métrage de Bekolo, il se passe à Yaoundé et il suit une jeune femme (dont le nom est Chef de quartier) transformée en homme par une sorcière, elle déambule alors dans le quartier et discute avec les hommes et se rend vite compte de leur machisme ; parallèlement, on suit la famille du policier de quartier (qui a engagé un homme qui a le pouvoir de faire disparaître le pénis des hommes en leur serrant la main) dont le nom est Chien Méchant ; il y a un petit lien entre les deux composantes de l'histoire : les adolescents du quartier ont suggéré à Chef de quartier de gérer (c'est leur mot) la fille de Chien Méchant. Le film est assez original et je l'ai plutôt aimé (il est assez drôle notamment grâce au nom des personnages : on a aussi un boutiquier qui s'appelle "Bon est pour mort" on un gars qui s'appelle Montype) ; il est également assez varié visuellement, il y a par exemple une séquence en forme de bande dessinée, muette, avec des bulles pour les paroles des personnages. J'aurais peut-être aimé que l'histoire soit un peu plus fournie (et parfois un petit peu moins cringe) mais c'était tout de même plutôt une belle découverte et je vais creuser la filmographie de ce réalisateur - qui a d'ailleurs réalisé dans pas mal de genres dont la science-fiction avec Les saignantes.

Emeryck a écrit:

Oui, Alien crystal palace est un chef-d'œuvre entre le rôle de Léaud et les baragouinages incompréhensible de Nicolas Ker...

Michel Fau a l'air pas mal aussi, sauf que lui (au contraire de Dombasle surtout et Ker) a l'air de savoir qu'il n'est pas dans un truc premier degré.

Sinon, j'ai mis des bouts au hasard, c'est à se pisser dessus.

Je vais me regarder ça au plus vite.

Xavier a écrit:

Michel Fau a l'air pas mal aussi, sauf que lui (au contraire de Dombasle surtout et Ker) a l'air de savoir qu'il n'est pas dans un truc premier degré.

Dombasle et Ker étant respectivement réalisatrice et co-scénariste du film, si eux ne savent pas que leur film n'est pas premier degré, ça devient assez vertigineux. (Il faudrait vraiment que je le regarde.)

Ah mais j'en suis persuadé.
Je me trompe peut-être, mais vraiment, je pense qu'ils y croient...

Certainement: c'est bien ça qui est vertigineux!

François Dupeyron : La dragonne        1983

Ce court-métrage d'une dizaine de minutes met en scène un tandem de personnages qui se rencontrent dans une sorte de ville nouvelle en banlieue parisienne ; l'une (La dragonne) se déplace en fauteuil roulant et aborde le gars de manière assez frontale et d'un coup, elle se lève puis s'ensuit une discussion entre les deux personnages. Honnêtement, je n'ai vraiment pas compris où le film voulait en venir : d'abord, on croit que ça va parler de validisme puis ensuite non et La dragonne pose toute sorte de questions et ça n'aboutit même pas sur quelque chose (en plus d'être cringe par moment) ; franchement, aucune idée mais c'est pas terrible.

Marie-Geneviève Ripeau : Adieu voyages lents        1978


Ce moyen métrage est la deuxième réalisation de Ripeau (qui était également connue comme monteuse et qui a réalisé trois autres films, je ne sais pas s'ils sont vraiment trouvables) ; celui-ci raconte à travers deux temporalités l'histoire d'une femme (interprétée par Michèle Simonnet) qui a quitté son mari (interprété par Jean-François Stévenin) et retourne à la campagne chez sa mère, elles discutent alors un peu de tout : de son ex, de l'enfance de sa fille (la manière dont la mère a "investi" sur les garçons "qui avaient la tête dans les études"), le fait d'avoir un enfant, les envie du personnages principal, le droit à l'avortement, etc. C'est finalement essentiellement de la discussion mais j'ai trouvé qu'il y avait de belles séquences (le pique-nique entre la mère et la fille, le passage où le personnage principal se met à la lecture avec Une chambre à soi de Woolf) et j'ai aimé la manière dont le film mettait l'accent sur les gestes, comme s'il s'agissait de donner un corps visuel à cette assignation systémique à l'espace domestique. Le film nous montre également quelques flashbacks de sa vie avec son ex-mari et plus particulièrement, des scènes de repas où il se contente de répondre "oui" ou "non" à des questions qu'elle lui pose - les seules exceptions étant les remarques désagréables - alors qu'elle essaie d'aller vers lui. C'est plutôt chouette, j'ai trouvé que ç'avait un peu le style des films produits par Diagonale, j'aime bien cette atmosphère.

Quentin Dupieux : Le daim (2019) avec Jean Dujardin & Adèle Haenel
****

Akira Kurosawa : Rêves        1990

 + / 
Ce film est un film assez à part dans la filmographie de Kurosawa car d'une part, il est autobiographique et d'autre part, il s'agit d'un film à sketches ; comme le titre l'indique, Kurosawa a décidé de mettre en scène (huit de) ses rêves, très calmement, dans un ordre qui semble chronologique. Pour moi, ce film est encore plus à part car je n'ai rien vu de la filmographie de Kurosawa qui date d'après Sanjuro (soit le début des années soixante) alors le changement était encore plus radical - je ne sais pas si j'aimerais énormément Ran et Kagemusha. Celui-ci est par contre plutôt chouette même si assez inégal et si les dialogues ne sont pas toujours à leur meilleur : j'ai par exemple beaucoup aimé la partie dans la neige où il arrive vraiment à donner une texture granuleuse très palpable et pleine à la neige (ça m'a beaucoup fait penser à Brueghel) ; j'ai également aimé le premier épisode où Kurosawa enfant ne doit pas sortir de chez lui mais décide tout de même de sortir pour regarder les renards ; il y en a un complètement improbable où le personnage de Kurosawa se plonge dans une peinture de van Gogh et rencontre le peintre qui est joué par nul autre que Scorsese - qui est assez méconnaissable ! Cet épisode est assez chouette mais j'avoue que les dialogues de van Gogh sont un peu pénibles, par exemple : "Je voulais faire un autoportrait et mon oreille me gênait, alors je l'ai coupée" mais d'un ton très sérieux ; ça faisait assez grandiloquent - mais c'était peut-être son style. D'autres épisodes m'ont moins parlé comme celui avec le tunnel - même si ça m'a rappelé Memories of murder de Bong Joon-ho. Le film se conclut avec plusieurs rêves centrés autour des préoccupations écologiques de Kurosawa : la peur de la catastrophe nucléaire, la critique du modèle capitaliste  et plus spécifiquement, du productivisme notamment à travers ses conséquences sur l'environnement - étant donné que j'avais vu Nausicaä de la vallée du vent il y a quelques mois, ça me l'a beaucoup rappelé. Je ne suis pas complètement conquis par ce film (sans doute à cause de son format à sketches qui n'est pas tellement compatible avec les dynamiques qui m'intéressent/que j'aime au cinéma) mais c'était chouette.

Benoît Forgeard : Belle-île-en-mer        2007

 +
Encore une fois, j'ai été assez déçu par ce Forgeard qui commençait pourtant en trombe : on nous annonce que le chanteur qui s'appelle Alain Souchon dans le film n'est pas le vrai Alain Souchon alors même qu'il n'a aucun point commun avec lui ; je m'étais dit qu'on aurait alors quelque chose comme un Guy à la sauce Forgeard, c'est-à-dire loufoque ; malheureusement non. On y suit un jeune homme tout juste employé dans une entreprise d'installation d'alarmes antivol et suite à un nouvel échec de vente, le patron suggère au jeune homme de fracturer une des fenêtres du gars auquel ils n'avaient pas réussi à vendre leurs produits  sauf que lorsqu'il y va, il pense s'être fait repérer et doit fuir précipitamment et se retrouve finalement chez Alain Souchon qui l'accueille tranquillement et ils discutent. À partir de ce moment-là, le film retombe pas mal : il y a quelques scènes amusantes mais elles sont vraiment éparses et je me suis pas mal ennuyé, d'autant plus que la distribution n'est pas très royale - à part peut-être Darius qui est pas mal.

Strangers on a train

+

Hubert Viel : Artémis, cœur d'artichaut        2013


Ce film est le premier long-métrage de Viel ; ça devait initialement être un court-métrage d'une trentaine de minutes mais au montage, Viel a décidé de l'étendre en un moyen-métrage d'une petite heure. Dans ce film, on suit Artémis (oui), une étudiante à la fac de lettres de Caen, pas très à l'aise socialement, elle travaille comme baby-sitter ; plus tard, elle rencontre Kalie (oui, Callysto) avec qui elle se met en collocation et avec qui elle part en Bretagne en road trip et vivent leur vie. Le film ne m'a pas passionné outre mesure (notamment à cause de son histoire) mais je dois dire que l'atmosphère est tout de même assez chouette : le film est filmé en huit millimètres, en noir et blanc, avec une caméra assez mobile ; il y a également quelque chose d'(un peu) intéressant dans l'articulation de deux temporalités distinctes : au niveau des personnages, la temporalité de l'antiquité et celle du temps présent et au niveau cinématographique, celle de la nouvelle vague et celle du temps présent ; le film m'a un peu fait penser à certains films de Sophie Letourneur genre Les coquillettes lorgnant du côté de Sébastien Betbeder ; j'ai bien aimé les deux actrices du tandem principal : Frédérique Barré dans le rôle d'Artémis et Noémie Rosset dans le rôle de Kalie. Je suis toutefois curieux de voir les autres films du réalisateur.

Yves Robert : Un Éléphant Ça Trompe Énormément (1976)
Yves Robert : Nous Irons Tous Au Paradis (1977)

Ah, c'était le bon vieux temps...

Christophe Bier : Exotisme, coups de poing et porte-jarretelles        2003

Je ne connaissais jusque-là Bier que comme critique de cinéma (et notamment spécialiste du cinéma bis et du cinéma pornographique) mais il a joué dans quelques films (dans plusieurs Mocky et chez Ovidie, aussi - et bien sûr avec le plus grand réalisateur du monde : Norbert Moutier) et également réalisé quelques documentaires. Celui-ci porte sur la série B allemande et plus particulièrement autour de Wolf C. Hartwig qui a produit sans doute une bonne cinquantaine de films bis dans des styles assez différents : il a commencé au début des années cinquante avec une sorte de docufiction autour de Hitler basé sur un petit film personnel trouvé dans une brocante puis a enchaîné avec des films d'horreur et des films érotiques puis quelques westerns et films d'aventures ; viennent ensuite des films qui semblent bien cringe et qui seraient des films éducatifs sur la sexualité - mais il s'agit bien sûr toujours de montrer des jeunes filles ; bref, en 98 ans de vie, il aura eu le temps de faire des films. Le documentaire est plutôt linéaire et assez instructif mais honnêtement, j'ai eu un peu de mal à ne pas être gêné par ce film notamment par sa mise en scène : Bier est presque professorale et il est avec une femme qui n'a d'autre fonction que de l'interroger et aussi d'être en porte-jarretelles, bas, etc. - mais c'est quelque chose de plus général parmi certains amateurs de cinéma bis. Bon, sinon, c'était assez intéressant - je vois aussi qu'il a fait un documentaire sur Eurociné qui est à peu près l'équivalent français de Wolf C. Hartwig - même si ce n'est pas une personne - ; et il a aussi fait un autre documentaire sur les nains au cinéma.

Jean Eustache
Une sale histoire

Effectivement une histoire sale. Le malaise à voir ce film (double) ne tient pas seulement à son sujet scabreux, mais surtout à notre position de voyeur, provoquée par l'attente des réactions des auditrices conviées à entendre ce récit. On peut douter de la spontanéité de leurs réactions, moins sans doute de celle relatée par Luc Béraud* :
" Annette Wademant, scénariste de Jean Becker et de Max Ophüls  conviée comme auditrice sur le tournage, fut si choquée par l’histoire qu’elle venait d’entendre qu’elle déclara en pleurs à la fin du tournage : « si c’est ça le jeune cinéma, je préfère l’ancien. » "
Le procédé du double film, documentaire et fiction, reprenant en miroir et quasi-mot à mot cette même histoire, permet par contre une forme de distance, nous proposant à nouveau d'être voyeur, mais de cinéma cette fois.

* https://www.cinechronicle.com/2017/07/sortie-dvd-une-sale-histoire-de-jean-eustache-critique-112477/

Chantal Akerman : Portrait d'une jeune fille de la fin des années 60 à Bruxelles        1994


Ce film fait partie de la série Tous les garçons et les filles de leur âge (dont j'ai déjà parlé à travers Travolta et moi de Patricia Mazuy ou U.S. go home de Claire Denis) produite par Arte au milieu des années 90. Cette série semble être constituée de pas mal de (très) bons films parce que c'est à nouveau une bonne pioche (hâte de voir le Téchiné, une version préliminaire aux Roseaux sauvages) : on suit une adolescente d'une quinzaine d'années qui quitte le lycée pour le cinéma puis elle y rencontre un jeune déserteur avec qui elle va discuter pendant tout le reste du film, que ce soit au café, en déambulant dans la rue ; ces moments sont coupés par des moments de silence presque total, de danse (cette scène de danse sur la musique de Leonard Cohen !), de discussion beaucoup plus lente ; j'ai beaucoup aimé le contraste rythmique entre ces deux types de scènes et j'ai trouvé les scènes de discussion assez bien faites, notamment dans la manière où ça rend compte du flot de la discussion, souvent abondant, pas toujours très contrôlé ; finalement, c'est un film vraiment très simple mais très opérant. Pour donner une idée d'à quoi ressemble ce film, on dirait un mélange d'Eustache, de Rohmer un peu peut-être couplés à du Linklater de la trilogie Before.

Vincent Mariette : Les fauves        2019


J'avais découvert Mariette à travers son premier long-métrage Tristesse club que j'avais trouvé intéressant par certains aspects (notamment sa capacité à créer des ambiances) mais je n'avais pas été franchement convaincu en dépit de la distribution - Macaigne et Lafitte, quand même ! Ici, c'est pareil mais j'ai trouvé ça encore moins convaincant : le film se passe dans un camping dans lequel des gens disparaissent, on parle d'une panthère ; certain(e)s prétendent l'avoir vu, d'autres parlent d'affabulations ; en tout cas, des animaux et des gens disparaissent ; au milieu de ça, une adolescente rencontre un écrivain dont elle va se rapprocher (yes). Le film semble vouloir donner un territoire cinématographique à ces histoires racontées entre adolescent(e)s au coin du feu mais en se concentrant sur l'atmosphère qui en résulte plutôt que sur le procédé narratif lui-même (et éventuellement ce qui en résulte) comme a pu le faire un film comme Fumer fait tousser de Dupieux mais honnêtement, pour moi, ça ne va nulle part : je ne vois pas ce que ça raconte - en plus d'être cringe sur les bords. En plus de ça, j'ai trouvé que les acteurices étaient assez mal dirigé(e)s : Lafitte n'est même pas particulièrement bon et Lily Rose-Depp, n'en parlons pas ; ok, il y a une atmosphère (et une photographie qui va plutôt avec) mais bon... autant regarder un film comme L'heure de la sortie de Sébastien Marnier (avec le même Lafitte) qui n'est peut-être pas complètement réussi mais est déjà nettement mieux que ce film.

Grave

+

Emeryck a écrit:

J'aime beaucoup ce réalisateur notamment dans son approche très topographique (et parfois sociohistorique) de ses sujets - le point de départ est toujours un lieu et il s'y tient fermement ; je trouve que de cette persistance résulte une ambiance assez particulière, parfois assez indistincte où des éléments parfois saugrenus ou des séquences abstraites rencontrent sa réalisation assez naturaliste ; en plus, ses récits sont souvent assez elliptiques, ce qui permet de renforcer encore ça. 

Je te conseille aussi Sophia Antipolis, c'est le film par lequel j'avais découvert ce réalisateur (par hasard, dans une salle du MK2 Beaubourg, simplement intrigué par le titre), il m'avait beaucoup frappé.

C'est noté, et d'accord avec ce que tu écris

Lioubov Lvova & Sergueï Tamaraev : Winter journey        2013

 +
Ce film est le premier long-métrage de Lvova} et Taramaev qui étaient jusque-là connus comme acteurs ; le film reprend le titre du fameux cycle de Lieder de Schubert, cycle que le personnage principal prépare en vue d'une audition ; son professeur le détruit et lui dit qu'il devrait adopter la formule "sommeil, marche, Schubert" ; il décide alors de déambuler dans un Moscou enneigé bouteille de vodka à la main puis va rencontrer dans un club un gars vivant de petites combines et ils vont se rapprocher l'un de l'autre. Le film met pas mal l'accent sur l'hétérogénéité sociale perçue (puisque Erik (le chanteur) est très précaire et semble d'ailleurs ne pas avoir de domicile fixe) des deux personnages notamment en alternant dans un premier temps les points de vue des deux personnages, ainsi une séquence en prison va suivre une séance de répétition du Winterreise ; une fois la rencontre advenue, ça va bien sûr s'atténuer mais il y a tout de même quelques résurgences assez fortes - je pense par exemple à la scène de l'interpellation policière alternée avec une scène de chant. Le film aborde beaucoup la question de l'espace pour les minorités : les deux personnages n'ont que ce club qui semble être le seul lieu safe ; une autre chose que j'ai bien aimée, c'est le fait que le personnage principal soit chanteur (une profession socialement valorisée) mais que pour autant, on ne nous serve pas une énième foi le discours du sauvetage par l'art ou quelque chose d'équivalent ; un autre point sur la gestion de l'espace que j'ai aimé, c'est la manière dont le film donnait une contrepartie spatiale au Winterreise avec ces déambulations extérieures dans les paysages enneigés - qui rejoint d'ailleurs cette proposition sur la rareté des espaces safe. À part ça, j'ai également beaucoup aimé la fin, assez embrouillée et sinueuse - notamment la scène de cabaret.

Leontine Sagan : Mädchen in Uniform        1931

 +
Ce film est le premier long-métrage de l'actrice et réalisatrice Leontine Sagan qui n'aura pas réalisé beaucoup de films (seulement trois dont un qui serait perdu) ; celui-ci est sans doute le plus connu notamment parce que son personnage n'est pas hétérosexuel - ce qui est tout de même assez rare (surtout quand c'est explicite) au début des années trente, il me semble. Le film se passe au début du vingtième siècle, le personnage principal s'appelle Manuela, c'est une fille de quatorze ans qui se retrouve dans un pensionnat composé de jeunes filles dont les parents ont les moyens ; ce pensionnat est extrêmement strict (vantant avec fierté la "discipline prussienne") et Manuela ne se sent pas du tout à sa place : elle se sent très mal et n'arrive plus à étudier ; elle tombe ensuite sur une professeure qui n'est pas du tout dans cet esprit-là et qui est compatissante avec les élèves, elle tombe alors assez rapidement amoureuse de celle-ci. J'ai beaucoup aimé la dramaturgie du film : la trame est vraiment exaltée, comme si la trajectoire de Manuela avait été inhibée par la rectitude prussienne à l'œuvre au pensionnat et qu'ensuite, tout débordait ; je trouve que le meilleur exemple de ça est sans doute la séquence autour de la représentation de la pièce de Schiller : Manuela a particulièrement réussi sa performance et elle est dans un état extatique continuel puis après quelques verres, elle va révéler son amour pour cette professeure - ce qui va bien sûr lui causer des ennuis - : il y a vraiment une sorte de cumul d'exaltation qui triomphe à travers cette annonce ; j'ai trouvé ça vraiment bien. En dehors de ça, la réalisation est plutôt pas mal (elle est aussi en partie l'œuvre de Carl Froelich, Sagan ayant aussi travaillé un peu à la réalisation mais surtout au scénario - c'est pour ça qu'il est aussi aventureux). Maintenant, je m'en rends compte mais cette trame est en fait assez similaire à celle du film Petite nature sorti récemment : un(e) professeur(e) donne un peu d'attention à quelqu'un qui se sent mal et ça met le feu aux poudres ; en tout cas, deux chouettes films !

Éric Gravel : À plein temps        2021

 +
J'avais découvert Gravel par Crash test Aglaé qui m'avait assez déçu car en partant avec de bonnes choses, on arrivait finalement sur un road movie assez balisé (et fade) en plus d'être assez répétitif ; je ne m'attendais donc pas à grand-chose pour celui-ci mais on m'en avait dit du bien donc j'ai tenté et en fait, c'est nettement mieux ! En fait, c'est presque à l'opposé de Crash test Aglaé car c'est efficace : le film dure un peu moins d'une heure et demi et le montage est à l'os. Le personnage principal est interprété par Laure Calamy (très convaincante), c'est une femme célibataire mère de deux enfants qui travaille en tant que femme de ménage dans un hôtel chic à Paris mais qui vit en banlieue (assez lointaine, visiblement) ; ce travail ne correspond pas du tout à sa formation (dans le marketing) mais faute de mieux, elle n'a pas trop le choix. J'ai trouvé le film assez remarquable dans sa manière de montrer la pression qui s'exerce sur le personnage principal et notamment la pression temporelle : pour arriver à l'heure, elle doit mettre ses enfants très tôt chez la personne qui les garde, ensuite elle doit avoir son train, faire son trajet jusqu'à son lieu de travail ; ensuite, son espace temporel est entièrement contrôlé par les client(e)s de l'hôtel pour qui les chambres doivent être faites peu importent les circonstances. Je trouve que le film traite de manière assez adroite cet effacement imposé par les client(e)s (il faut que l'espace soit presque soumis au client, il ne faut pas que les femmes de ménage soient vues, comme s'il s'agissait de faire croire au client qu'il n'a pas de matérialité - qui serait forcément salissante) notamment dans la séquence où le personnage principal s'absente pour se rendre à un entretien pour un poste qui correspond enfin à sa formation et qu'elle dit à sa collègue de valider sa carte pour elle : il s'agit ici d'enrayer cette machine à assigner les places (temporelles et spatiales) mais bon surprise : ça ne marche pas, elle est repérée. Le film met aussi l'accent sur le périple qu'est la jonction de Paris et de la banlieue un peu lointaine via les transports et sur l'aspect répétitif du travail de femme de chambre. Le film est vraiment fatiguant tant il ne se pose jamais et il est juste sur pas mal de points ; j'ai trouvé que la musique était peut-être trop présente mais elle va bien avec l'ambiance, cela dit ; globalement, ça reste tout de même une agréable surprise !

Pablo Muñoz Gomez : Kapitalistis        2017


Je ne connaissais pas ce réalisateur belge, il a déjà réalisé un documentaire et quelques autres courts-métrages ; celui-ci est assez simple : le personnage principal est un homme grec arrivé en Belgique depuis quelques mois, son fils se plaint du fait qu'il subit les moqueries de ses camarades de classe à cause de son vieux cartable, son père lui suggère de le demander au Père Noël mais son fils lui répond que ce dernier est un capitaliste et n'apporte que des beaux cadeaux aux enfants de familles riches ; son père décide alors de tout faire pour lui payer son sac (qui coûte un bras), il demande d'abord à son patron (il travaille en tant que livreur de pizzas) de travailler plus mais ce dernier lui dit qu'il ne sera pas payé plus car il doit payer plus de taxes mais que s'il travaille moins, il sera bien sûr payé moins ; il lui suggère d'aller chercher un deuxième emploi mais lorsqu'il se rend à l'agence de recherche d'emploi, on lui fait comprendre qu'il devrait déjà être content d'avoir un travail et qu'on ne peut pas lui donner un deuxième ; du coup, il se lance dans toutes sortes de métiers, de la promenade/garde de chiens à servir de table à sushis pour un couple. Le film est par moments assez drôles et assez clair dans ce qu'il raconte mais ça le rend également trop localisé ; j'ai également trouvé que les moments autour du travail du sexe ou de la soumissions étaient un peu cringe mais bon, globalement, c'est pas trop mal.

André Cayatte : Pierre et Jean        1943


Je n'avais jusque-là vu que des films assez tardifs de Cayatte (années soixante et soixante-dix) que j'avais dans le meilleur des cas trouvés un peu gênants ou dans le pire des cas, que j'avais détestés ; je voulais voir ce que ça donnait au début de sa carrière : il s'agit ici de son troisième film, il y adapte le roman homonyme de Maupassant. Le film se passe au début du siècle dernier et on y suit une femme mariée à un homme assez lisse qui, pour faire soigner son fils, rencontre un médecin dont elle va tomber amoureuse ; une seconde partie s'ouvre ensuite avec un flashback d'une vingtaine d'années et entre-temps, l'un des deux fils du personnage principal accuse sa mère de ne lui avoir pas dit qui était son vrai père. J'ai trouvé qu'il y avait quelques belles scènes mais que je sais pas... le film avait quelque chose d'assez guindé et je trouve que le mélo ne se déploie pas aussi bien qu'on pourrait l'espérer - à part peut-être dans le monologue final, et encore... En plus, la première partie, le personnage principal semble vraiment subalterne tant les concours de celui qui a la plus grosse semblent tout recouvrir. Par contre, j'ai trouvé les acteurices vraiment pas mal (Renée Saint-Cyr dans le rôle principal, Noël Roquevert dans le rôle du mari et Jacques Dumesnil dans le rôle du médecin) donc ça se suit mais pour moi, sans grand intérêt.

Alfred Hitchcock : Dial M for murder        1954

 +
Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un Hitchcock (et surtout un assez tardif comme celui-ci, ça doit remonter à plusieurs années) et tout de même : il y a tout de même une sacrée maîtrise ! Que ce soit en terme de mise-en-scène (toutes ces petites attentions aux gestes-clé) ou en terme de gestion de la tension (qui repose aussi parfois sur des gestes/objets-clé - une spécialité hitchcockienne -  comme la scène avec les montres au club) qu'il arrive à faire surgir quasiment sur demande (elle surgit dans cette scène mais également lors des scènes d'interrogatoires) ; en fait, il en résulte un objet dramatiquement assez bizarre : on a l'impression d'un film-ricochet dont la ligne dramatique serait complètement libre, je pense que c'est une des forces du film mais à la fois, je trouve que ça bride peut-être un peu l'intérêt du film : contrairement au crime dans le titre français ("Le crime était presque parfait"), le film semble être ici une mécanique infiniment huilée qui pourrait très bien ne jamais s'arrêter sans que ça apporte quelque chose comme dans un film comme Beyond a reasonable doubt de Lang par exemple. Le film était pensé (et a été tourné) en relief pour certaines parties, vu le jeu sur la profondeur de certaines scènes (les scènes de face-à-face avec les enquêteurs, l'arrivée de Swann, le doigt sur le cadran du téléphone), je pense que ça doit être vraiment chouette en 3D. J'ai également aimé l'aspect très granuleux (voire un peu vague/ample) de l'image.

Le seul Star Wars qui pourrait me faire envie : https://www.youtube.com/watch?v=d-8DT5Q8kzI

Spoiler:

Patricia Moraz : Les indiens sont encore loin        1977

 +
Retour dans les tréfonds de la filmographie de Huppert, ce film est le premier (sur deux) long-métrage de la productrice/scénariste/réalisatrice suisse Patricia Moraz (elle a également contribué à la production du dernier film de Bresson et deux films de Carax). Ce film commence sur la découverte de la mort d'une adolescente en pleine nature, en hiver ; le film va entrer dans un flashback pour comprendre qui était cette fille. Le film devient ensuite quelque chose entre un film à la Goretta/Tanner (pour sa manière de parler de politique) et un film à la Pialat du genre Passe ton bac d'abord dans sa manière de traiter les personnages : son amie Lise (interprétée par Christine Pascal qui fera tourner Huppert quelques années plus tard dans La garce) beaucoup plus à l'aise et ses deux amis, déçus de 68. J'avoue que le film m'a beaucoup ennuyé, aussi bien au point de vue de la réalisation (qui est vraiment plate) que par ce qu'il raconte, c'est notamment dû au fait qu'il y a vraiment une pure égalité de traitement de tous les personnages sur tous les plans.

Věra Chytilová  
Les Fruits du Paradis

Très nettement du côté du cinéma expérimental, avec brio. Certaines scènes sont plastiquement splendides ; il semble que le chef-opérateur Jaroslav Kučera (déjà présent sur Les Petites Marguerites), et aussi mari de Věra Chytilová, contribue à cette virtuosité onirique. Du côté du cinéma muet aussi (qui était déjà très présent dans Les Petites Marguerites) ; la bande son, de Zdeněk Liška, est une composante essentielle*. Le lien allégorique avec Adam et Eve, nourrit le scénario, sujet à interprétions multiples.  
Le film suit Les Petites Marguerites, sera censuré à sa sortie, et précède une très longue éclipse de Věra Chytilová (sept ans).
Le bonus du DVD nous apprend que non, nous n'aurons pas de bonus , mais qu'on peut toujours lire le livret joint au DVD, excellent avec des interviews de Jaroslav Kučera, Věra Chytilová, et Esther Krumbachová ("muse de la Nouvelle vague tchécoslovaque"), co-scénariste et costumière (comme elle le fut également sur Les Petites Marguerites).
Sans soute moins tranchant que Les Petites Marguerites, mais certaines scènes sont à couper le souffle.

* comme certains films muets, le film est parfois repris avec concerts "originaux" en live, Thurston Moore Band par exemple
https://regismarzin.blogspot.com/2016/06/24-juin-2016-paris-les-fruits-du.html

Appassionata



Wuthering Heights (1939)

Xavier a écrit:

Appassionata



Wuthering Heights (1939)

Le titre évoque Beethoven, y a-t-il un lien avec lui ?
Ça pourrait m'intéresser.

Aucun rapport, ou alors je l'ai manqué. (la fiche française de Wikipédia dit que la mère passe son temps à jouer la sonate Appassionata de Beethoven, ce n'est pas du tout ce que j'ai entendu)

Woody Allen : Zelig        1983

 +
Ce film est assez différent de tous les autres films de Woody Allen que j'avais pu voir auparavant (même si, en fait, quand on y pense, ce n'est pas si étonnant vis-à-vis de la manière dont Allen se met habituellement en scène dans ses films) puisqu'il s'agit d'un mockumentaire. Dans ce film, Allen joue le rôle d'un homme-caméléon, c'est-à-dire qu'il se fond très rapidement avec le milieu dans lequel il se trouve ce qui fait qu'il est assez difficilement identifiable et lorsque les scientifiques s'intéressent à son cas, il se métamorphose en un de leurs pairs ; un jour, une psychologue réussit à traiter son cas par l'hypnose sauf qu'elle inverse la tendance : il est maintenant complètement intolérant aux opinions des autres. Le style du film est également assez amusant : il est dans le style des actualités qu'on projetait dans les salles jusque dans les années cinquante, on peut y voir des images d'archive (vraies) couplées avec des séquences imitées et d'autres caméos (contemporains) de personnes comme Susan Sontag. Je crois que c'est un de mes films préférés d'Allen.