Votre dernier film visionné

Jean Epstein : La femme du bout du monde        1938

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Il me semble que ce film est le dernier long-métrage (enfin... un peu moins d'une heure dix...) réalisé par Epstein et j'ai l'impression que le choix des acteurices est également assez inhabituel pour un film d'Epstein (iels ont peut-être été imposé(e)s par la production : on peut par exemple y trouver Jean-Pierre Aumont ou Charles Vanel) ; le film est une adaptation d'un roman (ce qui est souvent le cas chez Epstein lorsqu'il s'agit de fiction) et je ne sais pas si ça vient du roman mais honnêtement, l'histoire n'est extrêmement fournie : un armateur affrète un bateau vers l'Antarctique en espérant y récupérer de la pechblende et lors de leur arrivée là-bas, ils découvrent une femme avec son mari et son enfant et ils lui tournent tous autour. J'ai trouvé que même du point de vue de l'atmosphère, ce n'était pas très stimulant : il y a quelques scènes avec des surimpressions et des scènes confuses où la mer prend un peu le pas sur les personnages mais on dirait presque qu'Epstein était un peu en pilotage automatique : ça m'a semblé vraiment décevant comparé à ce qu'on peut trouver dans sa filmographie.

Jean-Charles Fitoussi : D'ici là        1997

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Je découvre Jean-Charles Fitoussi avec ce moyen-métrage (qui est sa seconde réalisation) et j'avoue que ça m'a fait vive impression : même si le film est un peu long, il y a beaucoup de bonnes idées. Au début du film, Fitoussi donne des précisions sur la genèse du film : une semaine, huit boîtes de pellicule, une caméra 16mm, quelques idées en tête et aucun scénario ; ce film serait un carnet de notes pour un film à venir ; il a finalement décidé de le réduire et de le montrer à des fins informatives. Les images sont en elles-mêmes assez banales mais j'ai trouvé que leur mise en perspective et la manière dont elles étaient mises en rapport avec le son ou le texte était assez chouette : j'ai trouvés les séquences où on lisait Babar sur des images qui n'avaient presque aucun rapport assez drôles et j'ai bien aimé la plupart du texte affiché (en général un peu mystique), je trouvais que ça marchait bien et plus particulièrement, la manière dont il a incorporé le générique de début à son texte : par exemple, à un moment, on a "il dit : "des lustres seront au plafond des ciels pour séparer le jour de la nuit, ils sont pour les signes, les rendez-vous, les jours et les ans"" puis vient juste après "lumière : nathalie sarles" ; cet exemple n'est qu'une des instances de cette logique de symbiose à l'œuvre dans ce film, c'est ça que j'ai aimé. J'ai toutefois trouvé que le film traînait un peu en longueur et s'étiolait un peu vers la fin : oui, le temps qui passe mais bon... En tout cas, je suis très motivé pour découvrir les films de Fitoussi, si je les trouve, ça m'a l'air très chouette et intéressant !

La dernière femme

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Aki Kaurismäki : Tiens ton foulard, Tatiana        1994


Il y avait assez longtemps que je n'avais pas vu un film de Kaurismäki et les derniers que j'avais vus (Calamri union et Leningrad cowboys go America) étaient un peu dans la même veine, le premier m'avait un peu lassé. Ici, l'enthousiasme est revenu et ce film est vraiment à cheval entre ces deux films (qui ont un lien assez étroit avec la musique) et les autres films du réalisateur où la plupart du temps, deux personnages de milieux sociaux proche se rencontrent et vivent ensemble. Dans ce film, deux amis (l'un couturier et l'autre rockeur) partent en vadrouille à bord de leur voiture et parcourent un peu la Finlande sans but précis ; sur le chemin, ils rencontrent deux femmes qu'ils prennent dans leur voiture. Ce que j'ai aimé dans le film, c'est l'abondance de la musique (intra et extradiégétique, avec des fonctions différentes : tantôt liée au personnage du rockeur, tantôt à des fins dramatiques) mais également la manière dont le réalisateur traite ces quatre singularités à l'écran : parfois les personnages sont isolés dans un plan, parfois tous ensemble, parfois par paires, entrecoupé(e)s de séquences un peu loufoques et parfois des séquences plus intimistes ; j'ai beaucoup aimé cette variété et en plus de ça, le noir et blanc est chouette, le tout installe une belle ambiance.

Pedro Almodóvar : The human voice        2020

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Ce film est un court-métrage (un format très peu fréquenté par le réalisateur espagnol, il me semble) d'une trentaine de minutes adaptant librement la pièce homonyme de Cocteau. Le film commence fort avec un générique assez amusant, entièrement composé d'outils en tout genre, très coloré ; on y découvre Tilda Swinton attendant son amant qui est censé revenir mais ne revient jamais. Le film est assez univoque (et sans doute très influencé par la période de confinement) : il commence avec le personnage principal seul (enfin non : avec son chien) puis elle reçoit un appel de son amant et là, le crescendo est enclenché. J'ai trouvé cette idée pas mal : c'est assez théâtral puisqu'on entend pas la voix de l'amant et ça passe finalement comme un long monologue (surtout que les phrases du personnage de Swinton ne sont pas des réponses à des questions) ; le personnage va ensuite passer à travers un studio où l'on a installé des décors d'appartement (la frontière n'est plus tellement identifiable) et ensuite vient le climax : comme si de manière conjointe le réalisateur devait s'affranchir du théâtre et de l'œuvre qu'il adaptait et qu'à la fois, le personnage de Swinton devait dire merde à son amant, elle lui dit de regarder où ils vivaient et décide de brûler tous les décors et part tranquillement avec son chien. L'idée est pas mal (et c'est bien réalisé) mais j'ai trouvé ça vraiment trop balisé, au final tout est déjà quasiment dit dans le film, il n'y a plus grand-chose à dire à part "oui" ; en plus de ça, je trouve que cet aspect interpellant directement la représentation, son aspect créé, renvoie trop à Dolor y gloria qui était sorti l'année précédent mais qui avait deux heures pour venir à la scène final et qui était beaucoup moins univoque mais c'était cool de voir Tilda Swinton chez Almodóvar.

Philippe de Broca : Le diable par la queue         1969


Beaucoup de beau monde sur ce film : que ce soit du côté de l'équipe technique (Miller en assistant réalisateur, Sautet et Boulanger au découpage) ou du côté de la distribution (Montand, Marielle, Piéplu, Renaud, Rochefort) ; le scénario est assez court sur pattes : une famille de noblesse un peu décatie décide de mettre en place une combine pour attirer des gens dans leur château et leur faire louer des chambres hors de prix, ils ont une petite station service et au moment de faire le plein, le pompiste coupe des câbles dans le moteur mettant hors-service la voiture du client et il accompagne les automobilistes au château ; ils récupèrent alors un gars qui se prend pour un playboy (interprété par Marielle) mais surtout un gars qui vient de faire un casse (interprété par Montand, le rôle lui va bien). On pourrait penser que le gars va tout faire pour sortir le plus vite possible de ce bourbier mais en fait, non (et c'est à la fois dans l'intérêt de la famille qui espère mettre la main sur le butin) ; en fait, de manière générale, par son aspect coupé de tout (il n'a de lien qu'avec la station service, qui elle-même "n'a pas le téléphone" et semble perdue au milieu de nulle part, les gens y arrivent mais on ne sait pas d'où ils viennent), le château semble être un lieu abstrait de tout (même vers la fin, quand le personnage de Montand veut partir, il ne va finalement pas bien loin et place des lanternes sur son chemin ; il y a aussi cette pianiste qui semble ne jamais décoller de son piano, sa pièce étant presque une salle d'attente) et je trouve que c'est ça qui fait fonctionner le film (un peu comme dans La vie de château de Rappeneau tourné quelques années auparavant) et de donner une véritable portée aux revirements successifs des personnages (surtout celui de Montand) : le personnage de Montand veut d'abord partir puis il est démasqué et la famille espère le mettre à l'aise pour subtiliser son butin puis les gendarmes arrivent et sont au courant que la famille l'a hébergé donc ils doivent maintenant faire quelque chose et décident du coup d'assassiner le gars (ce qui donne lieu à cette scène anthologique du poker qui emmène également le personnage de Marielle dans son embardée, qui semble préparer un gros build-up puis qui finit en pétard mouillé ; dans ce genre, la scène du coffre n'est pas mal non plus même si elle est moins poussée) et à la fin des fins, après une tentative de départ, le personnage de Montand se retrouve maître queux au château qui s'est finalement transformé en auberge de luxe - complètement improbable. Je ne sais pas si c'est un film auquel je penserai souvent mais c'était en tout cas bien plaisant à regarder, la musique de Delerue est chouette (avec des thèmes pour les personnages) et les acteurices sont bien dirigé(e)s.

Louis Malle : Au revoir les enfants        1987

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Malle avait déjà parlé de l'occupation nazie dans son film Lacombe Lucien qui avait fait polémique lors de sa sortie et qui contribuera sans doute à l'exil du réalisateur vers les États-Unis. Ici, il s'agit du premier film qu'il tourne après son retour en France ; il y a quelques similitudes avec Lacombe Lucien notamment dans son refus de l'héroïsme et bien sûr la période à laquelle il se déroule mais ça s'arrête là. Ce film est en grande partie autobiographique, il raconte l'histoire de Julien, un pensionnaire d'un petit collège tenu par des religieux ; il va ensuite lentement se lier d'amitié avec un autre garçon, fraîchement arrivé au pensionnat, ce dernier est assez réservé et Julien comprend ensuite que son ami est caché au pensionnat pour échapper aux rafles. Le film est de facture assez classique (mais la mise en scène est chouette et la photographie de Renato Berta l'est encore plus) mais je trouve que le ton qu'il prend le distingue de pas mal de films (plus anciens, c'est vrai) français sur l'occupation (je pense surtout au Vieux fusil d'Enrico), il est plus discret : ce qui semble l'intéresser en premier lieu, c'est la trajectoire de Julien et de manière générale, celle des garçons au pensionnat - alors bien sûr, quand ils sortent, ils se retrouvent confrontés au soldats nazis et au policiers français ; ça ne l'empêche pas non plus d'avoir son petit moment de pathos à la fin, mais j'ai trouvé ça finalement assez contenu (non pas qu'il faille être contenu), dans la lignée du ton global du film et bien sûr, ça donne une coloration complètement différente au titre du film.

La conférence (Die Wannseekonferenz)

Je suis un peu resté sur ma faim. Même si on salue l'absence de toute surenchère et le fait que cette froideur d'ensemble est censée suffire à générer le sentiment d'horreur, j'ai trouvé cela purement factuel. De sorte que l'on a le sentiment curieusement coupable de ne pas être assez horrifié en en sortant.

J'avais préféré le précédent Conspiracy, téléfilm de 2001 sur le même sujet (à ne pas confondre avec nombre de films homonymes qui n'ont rien à voir), - nonobstant le fait que ça me pose toujours un problème quand les nazis sont anglophones - que j'aimerais revoir et dont l'épilogue était génial.

Regardé Kill Bill 2 de Tarentino. Il y a vraiment de belles et grandes scènes dans ce film, d'abord la longue première scène en noir et blanc. Elle est tout simplement magnifique  .On a un peu l'impression d'une histoire du cinéma avec lui. Quand ce sont des films à la télé, toujours des classiques .Uma Thurmam est vraiment filmée amoureusement , et son double Black mamba, Beatrix Kiddo aussi.Toutes les femmes sont remarquables chez Tarentino, il a un amour de la femme inné et toujours une sensualité débordante .Leurs corps sont toujours filmés superbement.David Carradine bénéficie toujours lui aussi,,que ce soit en noir et blanc ou en couleur d'un cadre exceptionnel,c'est vrai qu'il a un visage sculptural assez beau.La scène de répétition du mariage, vaut vraiment le coup .
Les scènes de Kung-fu sont très bien faites et les combats remarquables.La scène du cercueil n'est pas vraiment crédible, mais on s'en fout un peu .Michael Madsen est lui aussi remarquable de cruauté et d'intelligence macabre. La fin est un peu mélo, et larmoyante mais bon, pas facile de tout réussir dans un tel film.Quelques notes rapides.

Armel Hostiou : Rives        2011


J'avais découvert Hostiou par Une histoire américaine que j'avais plutôt apprécié ; Rives vient avant dans la filmographie du réalisateur (c'est d'ailleurs son premier long-métrage) et je crois que ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant ennuyé devant un film - alors qu'il ne fait un peu moins d'une heure vingt. Dans le film, on suit trois personnages aux trajectoires distinctes qui déambulent dans Paris : le premier est un jeune garçon qui va à l'école puis fuit car envoyé chez la principale pour tricherie lors d'une interrogation ; le second est un livreur pakistanais et une jeune femme étudiante en sociologie. Le film commence à leur lever, on va les suivre à travers leurs déambulations, sans aucune directionnalité et contrairement à ce qu'on pourrait penser, ils ne vont pas se rencontrer : ce qui va provoquer la fin du film, c'est l'impossibilité d'aller plus loin, comme si cette contrainte physique (le vide, la rivière, la vitre) contraignaient aussi le développement du film. Honnêtement, pour moi, il n'y a vraiment rien dans ce film - on pourrait peut-être toujours gloser sur la solitude dans les grandes villes, etc. mais bon, à ce niveau de généralité, ce n'est pas très intéressant ; je ne comprends franchement pas l'intérêt du film.

gluckhand a écrit:

La fin est un peu mélo, et larmoyante mais bon, pas facile de tout réussir dans un tel film.

Mais pourquoi présenter ce compliment suprême comme si c'était un défaut?

(Blague a part je trouve la fin de Kill Bill parfaite, et presque plus tragique que mélodramatique même si les retrouvailles de la mère et de la fille relèvent plus de ce dernier registre).

Class of 1984

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PT Anderson - Licorice Pizza

Colm Bairéad : The Quiet girl (An Cailín Ciúin) - Irlande, 2022, majoritairement en langue gaélique.
****
Primé à Berlin, Dinard, nominé pour l'oscar du meilleur film étranger



Magnifique. Tout en délicatesse.
(D'après la nouvelle de Claire Keegan "Trois lumières" ("Foster"))

Jean-Jacques Beryl : L'ordre français : 17 octobre 1961        2013

Dans les années soixante-dix, Beryl avait réalisé un documentaire intitulé Souvenirs de Grasse, un certain 12 juin 1973 où il parlait de la manifestation du 12 juin 1973 de travailleurs émigrés qui avait été violemment matée et avait mené à une chasse à l'homme de la part de la police : elle a fourni une liste noire à diverses entreprises qui n'ont pas hésité à licencier les personnes en question - Yves Boisset a d'ailleurs fait un film (plus ou moins) autour de ça. Ici, il part du 17 octobre 1961, date à laquelle des manifestants (pacifiques) algériens se sont réunis dans Paris afin de montrer leur désaccord avec le couvre-feu mis en place par le gouvernements pour les algérien(ne)s ; cette manifestation n'est pas au goût du gouvernement et Papon envoie un peu plus de 1600 policiers, gendarmes et CRS dans Paris ; cela aboutira à plusieurs dizaines de morts (entre 40 et 90 morts) mais pas mal de corps n'ont pas été retrouvés donc il est assez difficile de dénombrer le nombre de morts. Dans le documentaire, des gens sont interrogés, on va retrouver des discours assez classiques ("oui mais les gens du FLN ont tué des policiers", "la manifestation n'était pas légale", "moi, monsieur, j'étais en Algérie et je peux vous dire que les algériens...", "on met une plaque commémorative pour les algériens morts mais si on fait ça, on devrait aussi mettre une plaque pour les français morts en Algérie", etc.) ; heureusement, le film ne fait pas non plus la part belle à ces discours : on peut entendre notamment des témoignages d'algériens qui étaient présents, le film parle à un moment de la censure de certains films ou livres abordant le racisme et la violence d'état contre les algérien(ne)s (Ratonnades à Paris de Paulette Péju ou même le documentaire Octobre à Paris de Jacques Panijel et sans doute pas mal d'autres) ; le film parle aussi de l'absence de reconnaissance par l'état français de ce crime d'état (il faudra attendre 2021 pour que Macron parle de "crime inexcusable pour la république", c'est tout de même le comble !) mais également de la réticence d'une grande partie de la classe politique lorsque Delanoé fait poser une plaque sur le pont Saint-Michel.

Luc Moullet : Assemblée générale        2014


Dans ce court-métrage d'une quinzaine de minutes, Moullet met en scène une réunion de copropriétaires qui tourne mal ; rien de particulièrement original pour du Moullet mais j'ai trouvé ça assez dynamique et plaisant à regarder car le film enchaîne les saillies absurdes assez différentes les unes des autres - sur un long-métrage, ça aurait été sans doute un peu lassant mais là, ça fonctionne vraiment bien, notamment parce que le film comporte aussi plusieurs moments : après cette scène où celui qu'on pourrait qualifier de greffier demande aux propriétaires d'appeler leurs voisins pour qu'il y ait plus de monde, on sort un peu de cette salle (d'une étrange lissité) et on découvre de nouveaux personnages. J'ai beaucoup aimé Claude Merlin dans le rôle du greffier, sinon.

Emeryck a écrit:

Jean-Jacques Beryl : L'ordre français : 17 octobre 1961        2013

[…]le documentaire Octobre à Paris de Jacques Panijel et sans doute pas mal d'autres)[…]

Je lis dans l'article wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_du_17_octobre_1961 , que je trouve très bien fait par ailleurs, que René Vautier (Avoir vingt ans dans les Aurès) aurait largement contribué à ce que ce film bénéficie d'un visa d'exploitation en 1973 (alors qu'il circulait clandestinement depuis 1962)

xoph a écrit:

Emeryck a écrit:

Jean-Jacques Beryl : L'ordre français : 17 octobre 1961        2013

[…]le documentaire Octobre à Paris de Jacques Panijel et sans doute pas mal d'autres)[…]

Je lis dans l'article wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_du_17_octobre_1961 , que je trouve très bien fait par ailleurs, que René Vautier (Avoir vingt ans dans les Aurès) aurait largement contribué à ce que ce film bénéficie d'un visa d'exploitation en 1973 (alors qu'il circulait clandestinement depuis 1962)

Ah je ne savais pas ! D'ailleurs, Beryl a travaillé avec Vautier, il me semble.

Emeryck a écrit:

la réticence d'une grande partie de la classe politique lorsque Delanoé fait poser une plaque sur le mont Saint-Michel.

En même temps, ça se comprend: pourquoi aller poser cette plaque aussi loin de Paris?

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

la réticence d'une grande partie de la classe politique lorsque Delanoé fait poser une plaque sur le mont Saint-Michel.

En même temps, ça se comprend: pourquoi aller poser cette plaque aussi loin de Paris?  

oups.

Alain Jessua : Les chiens        1979

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J'avais découvert Jessua par Jeu de massacre que je n'avais pas détesté mais que je n'avais pas trouvé passionnant pour autant et assez bordélique par ailleurs. Ici, l'ambiance est toujours aussi étrange (par son ambivalence) mais j'ai trouvé le film plus réussi : le film se passe dans une ville nouvelle mais pas tout-à-fait construite (le film a été tourné à Marne-la-vallée), un médecin (interprété par Victor Lanoux) s'y installe et découvre progressivement que beaucoup de gens le consultent pour des morsures de chien ; on découvre ensuite que quasiment tous les habitants ont un chien qui semble là pour les défendre. On découvre ensuite qu'il y a un maître-chien (qui est par ailleurs candidat pour les prochaines élections législatives) qui donne des conseils aux gens pour dresser leur chien. En mettant des chiens sur quasiment tous les plans, le film arrive vraiment à faire de ce film dans une ville pourtant ouverte quelque chose d'extrêmement fermé : d'une part, le personnage du maître-chien (interprété par Gérard Depardieu) semble presque être un gourou et d'autre part, il y a tout un truc sur le sentiment d'insécurité qui est savamment entretenu par le maître-chien (puisqu'il fait sa campagne là-dessus) - en plus de ça, il a une relation vraiment bizarre avec ses chiens - : il envahit vraiment tout l'espace du film. Même si l'ambiance est assez prenante, j'ai trouvé que le film était techniquement pas hyper intéressant (on sent qu'il veut essayer des trucs - les images fluos, les ralentis - mais ça ne marche jamais vraiment - d'ailleurs, je trouve que Jeu de massacre souffrait aussi de ce problème) et la manière dont il pose la question de l'insécurité n'est à mon avis pas la bonne, ce qui fait que même s'il aborde des vrais points (d'une part, le fait que les personnes noires soient d'emblée mises en cause et que finalement, l'insécurité est ici surperformée à des fins politiques), il est finalement peut-être un peu limité parce qu'il n'interroge pas suffisamment cette notion d'insécurité - enfin, bon, c'est peut-être déjà pas si mal pour un film français des années soixante-dix.

Rainer Werner Fassbinder : Händler der vier Jahrzeiten        1972


Ce film est tourné la même année que le fameux Die bitteren Tränen der Petra von Kant et il partage avec ce dernier son aspect terrible : dans ce film, on suit Hans, un homme qui revient de la légion étrangère et qui décide de devenir marchand de fruits ambulant - et cela lui vaut le mépris de sa famille ; déjà au début du film, il revient voir sa mère et elle lui dit "Ce sont les meilleurs qui s'en vont, il n'y a que des gens comme toi pour revenir". Ce film est vraiment parcouru par une logique de réaction : Hans rentre, sa mère lui dit ça ; ensuite, il frappe sa femme et paf, il est victime d'une crise cardiaque ; à la fin, il y a ce remarquable enchaînement de dîner sans transition : d'abord le dîner de famille bien propre, filmé presque à la Buñuel comme dans Le charme discret de la bourgeoisie, puis la séquence est enchainée avec une séquence où Hans est en bout de table avec sa femme et ses amis (?) et enchaîne une série de verres d'alcool jusqu'à sa mort, s'écroulant sur la table - cette dernière séquence où l'on aperçoit le personnage de Hans me semble, au-delà de son rapport à la séquence du dîner la précédant, signifiante car Hans fait une sorte de récapitulation de toute sa vie en dédiant chacun de ses verres à différentes personnes ; ça me semble d'autant plus signifiant que le film est ponctué par des motifs (les séquences en flashback mais d'autres choses comme la séquence du tourne-disque). J'ai également beaucoup aimé la mise-en-scène, assez proche de celle de l'autre Fassbinder que j'ai déjà mentionné ; malgré tout, même s'ils sont assez proches (visuellement mais aussi en terme de la trajectoire des personnages principaux) je crois que je préfère Die bitteren Tränen der Petra von Kant car il est plus resserré (j'ai trouvé certaines séquences de flashback pas toujours très heureuses, dans l'autre) et la gestion de l'espace est plus intéressante - je pense à cette scène finale avec la pièce vide et le téléphone ! - ; par contre, les acteurices (Hans Hirschmüller, Irm Hermann et Hanna Schygulla en tête) sont vraiment remarquables.

Olivier Assayas : L'enfant de l'hiver        1989


J'avais été assez agréablement surpris par le dernier Assayas que j'avais vu (L'eau froide, une version longue du moyen-métrage qu'il a réalisé pour la série Tous les garçons et les filles de leur âge d'Arte - eh oui, encore) ; j'ai donc voulu, quelques mois après, prolonger l'expérience avec un film pas si éloigné dans sa filmographie (que je n'aurai pas encore vu), mon attention s'est donc porté sur celui-ci. Malheureusement, l'histoire m'a ici beaucoup moins intéressé : un homme quitte une femme pour une décoratrice de théâtre (qui vient par ailleurs de se séparer d'un comédien) ; la femme quittée tente de se suicider (yes) et la décoratrice se fait jeter du théâtre parce qu'elle s'est présentée dans la chambre de son ex avec un couteau ; s'ensuivent une série d'allers et de retours où tous les personnages interagissent et viennent à former une troupe (formelle) ; parallèlement, la première femme était enceinte et il y a tout un truc autour du rapport à son père. Il y a quelques beaux moments mais le film est vraiment très froid (on dirait presque qu'il essaie d'être le plus froid possible, comme s'il s'agissait de faire ressortir le plus possible les revirements dramatiques - mais ça (me) semble un peu suspect) et l'histoire est très circonvolante ; c'est dommage car visuellement, c'est assez chouette - encore une belle photographie de Denis Lenoir et bien sûr, un chouette étalonnage assez typique d'Assayas.

Édouard Molinaro : La liberté en croupe        1970


En voyant Molinaro à la réalisation et Serrault au générique, je m'attendais à ce que ça cabotine un peu dans ce film, eh bien même pas ! Du coup, forcément, le film perd une grande partie de son intérêt - faut-il encore le trouver... En gros, à l'orée de l'année 1968, on suit un jeune homme issu d'une famille bourgeoise qui vit sa vie : il part avec sa nouvelle copine à la campagne pendant que son père séduit celle avec qui son fils est en relation libre - double yes - ; ah, oui, et parallèlement, ce jeune homme se fait draguer par un vieux gars (interprété par Jean Rochefort), qui finira bien sûr seul - bah oui, c'est un vieux garçon gay. Je n'ai vraiment pas compris où le film voulait aller : il multiplie les liens entre les personnages sans en faire quelque chose - je crois que la fin est tout de même assez ridicule : le personnage principal et sa deuxième copine se retrouvent et ils restent là, debout, les bras ballants tels des PNJ et hop : générique de fin. Je crois qu'il n'y a vraiment pas grand-chose à sauver dans ce film, même la photo de Coutard n'est pas fabuleuse (enfin, ma copie était dégueulasse, donc bon...) et la musique de Sarde pas mémorable.

Alain Jessua : Léon la lune        1956

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Ce film est la première réalisation d'Alain Jessua, il s'agit d'un court-métrage d'une quinzaine de minutes qui aura un certain succès et qui lui permettra de réaliser son premier long-métrage (La vie à l'envers, pas encore vu) sans trop de soucis. Dans ce court-métrage, il filme les instants de la vie d'un homme qui vit seul dans les rues de Paris ; l'approche est un peu dans le style du réalisme poétique (Prévert a écrit un commentaire sur le film qui apparaît en introduction) avec quelques séquences assez chouettes et un peu fantaisistes.

Rabah Ameur-Zaïmeche : Dernier maquis        2008


Par ce film je découvre Ameur-Zaïmeche, j'ai été assez surpris : il y avait longtemps que je n'avais pas vu un film qui prenait autant le temps. Le film se déroule dans une zone industrielle, on y suit un groupe de travailleurs et leur patron (interprété par le réalisateur) ; on apprend que ce dernier leur doit déjà des mois de salaire toujours pas versés mais parallèlement, il fait construire une mosquée et y fait venir un imam. Dès la première occurrence de la mosquée, le film ne va pas nous servir un truc du genre "et voilà.... la religion est l'opium du peuple......." ou autres "ils se réfugient dans la religion....." et la première scène dans la mosquée va être une scène de débat entre les travailleurs et l'imam sur le fait que leur patron a construit cette mosquée et a fait venir cet imam mais qu'à côté de ça, il leur doit toujours des mois de salaires. Le film est en fait composé de petites vignettes (certaines assez mémorables et qui agissent comme des incises : l'épisode du ragondin, celui de la circoncision) mais il y a toujours un fond cohérent qui est le rapport à l'argent : les travailleurs ne sont pas payés, le patron paie une mosquée et un imam pour (notamment) essayer de noyer le poisson, le gars qui a essayé de se circoncire veut faire passer ça en accident du travail ; j'ai également aimé la manière dont les deux pôles du film (le travail, la religion) s'articulaient entre eux, notamment à travers la manière dont la mise-en-scène utilisait les palettes (les travailleurs sont des caristes) pour construire une trajectoire dramatique. En fait, je crois que ce réalisateur me fait un peu penser à Vernier dans sa manière de construire la trajectoire dramatique du film (très liée aux lieux, avec des incises) même si, bien sûr, cette comparaison a ses limites : ici, il est aussi question du rapport à l'Afrique du Nord et il n'est pas tellement question d'un lieu au sens presque mythologique.

Virgil Vernier
Sophia Antipolis

Plus radical encore, sans doute, que Les Mercuriales, qui se construisait pour partie autour d'un récit de forme classique (l'amitié entre les deux héroïnes), et autour de l'alternance entre une forme presque documentaire et des échappées imaginaires-ées, presque fantastiques. Ici, moins de choses auxquelles se raccrocher (on est plus proche de ses courts ou moyens métrages) ; la construction circulaire du film semble presque une fausse piste.
"Sophia Antipolis" : bienvenue dans sa vacuité angoissante, sa terreur ordinaire (la milice, aussi rassurante - comme ordre, comme famille - que violente), que sauve parfois quelques belles étrangetés. C'est déjà beaucoup.

Still: La Vie de Michael J.Fox

Jocelyne Saab : Les enfants de la guerre        1976

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C'est la première réalisation de Saab que je vois ; parmi ses films les plus connus, trois documentaires sur la guerre civile au Liban : Beyrouth, jamais plus, Lettre de Beyrouth puis Beyrouth, ma ville ; elle a été reporter de guerre pour la télévision - on lui doit également beaucoup de photos de guerre. Ici, il s'agit d'un film d'une dizaine de minutes sur l'impact de la guerre sur les enfants ; le film est tourné après le massacre de Karantina où des milices chrétiennes ont envahi un bidonville et ont tué entre 1500 et 2000 personnes. J'ai trouvé le documentaire assez remarquable car il arrive (en dix minutes) à parler de l'impact de la guerre sur les enfants sans qu'ils soient relégués à une sorte de figure allégorique de l'innocence et qu'on parle pour eux : Saab les filme mais les interroge et met leurs dessins dans le film.

Jean-Luc Godard : Lettre à Freddy Buache        1981


Ce court-métrage est une commande de la ville de Lausanne ; Godard (fidèle à lui-même) a finalement décidé d'en faire une lettre cinématographique adressée à Freddy Buache, l'historien du cinéma et directeur de la Cinémathèque suisse : après quelques séquences isolées, à partir de quelques scènes filmées (des gens se déplaçant dans Lausanne, des plans de végétaux, des bâtiments de la ville de Lausanne), il réfléchit à la cohabitation de ces différentes séquences (en terme de couleurs, de géométrie et en termes dynamiques) en voix-off et avec le Boléro en fond. Je n'ai pas complètement accroché mais j'ai trouvé l'aspect "dialogue ouvert" et l'aspect direct de la démarche (il s'agirait presque d'une co-étude) assez chouettes.

Mikaël Gaudin : Un enfant        2019


Ce court-métrage est la jonction de plusieurs récits racontés au réalisateur, il met en scène un jeune homme issu d'une famille bourgeoise, dont le père est acteur et visiblement pervers narcissique : il ne peut s'empêcher de sans cesse dire que tout lui est dû et ne cesse de rabaisser son fils. Le film est assez téléphoné mais pas mal réalisé (une réalisation assez classique : peu de mouvements de caméra, champ/contrechamp dans les moments qui s'apparentent le plus à un duel, etc.) : de façon assez souterraine (dans une impassibilité très bourgeoise), le fils va développer une haine pour son père qui va l'amener jusqu'à commanditer son assassinat sur internet. J'ai assez aimé le cynisme assez prononcé du personnage du fils à la fin mais ai été déçu par le dernier plan qui offre une issue assez prévisible au film ; globalement, c'est tout de même un film qui fonctionne bien.

Gilles Grangier : La cuisine au beurre        1963


Ce film, c'est Bienvenue chez les ch'tis mais dans les années soixante : un gars du nord vs. un gars du sud, les deux étant interprétés par des stars du box-office (Bourvil pour le premier, Fernandel pour le second - il me semble d'ailleurs que c'est leur unique collaboration au cinéma, Bourvil ayant apparemment été déçu par Fernandel) ; dans ce film, un homme déporté pendant la seconde guerre mondiale revient dans sa ville du sud de la France et revient dans son restaurant, il y trouve un nouveau propriétaire qui est également le nouveau mari de sa femme (qui ne sait pas qui il est) et apprend qu'en fait, il est passé pour mort auprès de tout le village ; le nouveau mari a également réorienté le restaurant qui est maintenant spécialisé dans la cuisine normande. Je n'attendais rien de spécial de ce film, peut-être que ce soit un peu divertissant mais en fait, pas trop : Fernandel en fait des caisses (parfois, ça ne me gêne pas trop, mais là, ça ne va nulle part) et je trouve que quand on ajoute ça à l'aspect vraiment caricatural des personnages - en gros, le gars tranquille, fainéant et gouailleur du sud face au gars énergique, travailleur du nord -, ça ne fait qu'empirer les choses ; le film n'a pas grand-chose d'autre à proposer que des virevoltes autour de cette pseudo-rivalité.

Thomas Cailley
Les combattants

Catherine Breillat : 36 fillette        1988


Ce film est le troisième long-métrage de Breillat, partiellement inspiré de son adolescence ; on y suit une fille de quatorze ans (interprétée par Delphine Zentout) passant ses vacances dans un camping en compagnie de son frère et de ses parents ; en faisant de l'autostop, elle rencontre un homme d'une quarantaine d'années (interprété par Étienne Chicot) qui va lui accorder de l'attention et qui va d'ailleurs essayer d'en tirer un peu ce qu'il veut. Comme toujours chez Breillat, le film est extrêmement frontal (et donc assez dérangeant, ici) ; le film montre aussi les revers que la fille met au gars (parfois assez savoureux) mais bon... c'est du coup assez awkward. Il y a également des parties un peu plus rohmériennes, notamment toute la fin avec le gars roux qui fait son beau-parleur, c'est assez drôle ; on a également une petite apparition de Jean-Pierre Léaud, en roue libre partielle ; sinon, j'ai trouvé que les dialogues étaient plutôt pas mal. Je me demande comment s'est déroulé le tournage, notamment pour Zentout qui avait seize ans au moment du tournage...

Lucien Deroisy & René Micha : Les gommes        1969

 +
Le réalisateur belge Lucien Deroisy a une filmographie assez diverse : pas mal de courts-métrages pour des entreprises, des courts-métrages pour la télévision, d'autres documentaires plus longs et il me semble que Les gommes soit son seul long-métrage de fiction - qu'il coréalise avec René Micha. Ce long-métrage est bien sûr une adaptation du roman homonyme de Robbe-Grillet et je dois dire que c'est sa principale qualité car l'histoire est du coup pas mal (assez drôle) mais le réalisateur n'a pas réussi à donner une existence cinématographique au procédé que Robbe-Grillet a mis en place. C'est assez agréable à regarder mais pas plus mais ça m'aura au moins donné envie de lire le livre de Robbe-Grillet.

Djibril Diop Mambéty : La petite vendeuse de soleil        1999


Ce film est l'ultime réalisation de Mambéty qui mourra pendant le montage, il est le deuxième volet d'une trilogie de moyens métrages entamée avec Le franc ; ces deux moyens métrage ont d'ailleurs bénéficié d'une restauration récente. Au centre de ce film, Sili, une jeune fille de treize ans vivant dans un bidonville de Dakar et décide de vendre le quotidien Soleil pour gagner de l'argent : on lui donne alors treize journaux et elle signe le reçu par un soleil ; elle rencontre ensuite un gars qui lui achète tous ses journaux pour dix mille francs CFA qui lui permettent d'acheter de nouveaux vêtements et un parasol pour sa grand-mère. Ce film est agréable car il est dynamique et aborde pas mal de sujets (la misogynie, la dévaluation du franc CFA, les arrestations abusives de la police, etc.) et il y a dans la narrations des sortes de points de confluence (le soleil, le chiffre 13, les différents journaux) qui permettent d'apporter un peu de liant au film et qui l'empêchent de tomber dans quelque chose qui saute constamment d'un truc à l'autre ; c'est sans doute mon Mambéty préféré après Touki bouki.

Jérôme Wybon : Alain Jessua, le franc-tireur du cinéma français        2021


Il n'y a pas tellement de choses à dire sur ce documentaire : rien de marquant à la réalisation, narration quasi-exclusivement chronologique, quasiment un seul intervenant (Jessua) ; en fait, c'est vraiment dans la veine des documentaires réalisés pour les chaînes Ciné +. Malgré tout, j'ai trouvé le documentaire assez informatif notamment sur la logique de production de ses films qui peuvent sembler former une filmographie assez dépareillée ; il y a également quelques anecdotes de tournage intéressantes et on apprend parfois que les distributions finales n'étaient finalement pas du tout celles qui étaient initialement prévues. Sinon, ce film montre pas mal d'images d'archive tournées pendant le tournage des films et l'une d'entre-elles vaut à mon avis le visionnage du documentaire : sur le tournage de En toute innocence, Michel Serrault imite Jessua devant toute l'équipe du film.

xoph a écrit:

Thomas Cailley : Les combattants

J'adore
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Naël Marandin : La terre des hommes - (2021) [Diane Rouxel, Jalil Lespert, Finnegan Oldfield, Olivier Gourmet]
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Georges Lautner : Les tontons flingueurs        1963

 /   +
Je n'avais jusque-là pas encore vu ce film, pourtant classique parmi les classiques et à part les répliques les plus fameuses, la distribution et quelques extraits, je ne connaissais rien du film, je ne savais notamment pas qu'il s'agissait d'une comédie policière - d'ailleurs, on a une brève apparition de Paul Meurisse en monocle à la fin. J'ai trouvé le film assez bien fait d'un point de vue technique : le noir et blanc est assez chouette (sans être exaltant) dans un style film noir, les dialogues ont évidemment leurs fulgurances et les acteurs sont bons (au-delà de ce que j'avais pu déjà entrevoir dans les extraits, j'ai été assez surpris par Robert Dalban en majordome à l'accent fabuleux) et la variation sur un seul motif avec différentes combinaisons d'instruments est assez marrante mais j'avoue que ça ne m'a pas passionné pour autant : il ne se passe tout de même pas grand-chose de véritablement intéressant.

Iskender a écrit:

xoph a écrit:

Thomas Cailley : Les combattants

J'adore

Ça résiste bien à une seconde vision, et Adèle Haenel "aux aguets" est parfaite.
Quant à la nage de combat ("bon, laisse tomber" - c'est mal nous connaître), qui ressemble pas mal à la brasse indienne*, voilà quelques explications : https://www.natationpourtous.com/forum-natation/viewtopic.php?t=3879
* https://www.youtube.com/watch?v=97mJ1t0wYpw

Sacha Guitry : Les trois font la paire        1957

 +
Ce film est le dernier film réalisé par Sacha Guitry (apparemment sérieusement assisté par Clément Duhour car Guitry était très mal en point), c'est vraiment dans le sillage de son prédécesseur (Assassins et voleurs) : une comédie policière assez simple, très ludique et reposant en grande partie sur les acteurs. Ici, on suit un jeune homme qui essaie de rentrer dans la pègre et doit pour cela faire ses preuves ; il choisit d'assassiner un passant en pleine rue sauf que ce passant était en fait en train de tourner un film et le crime a donc été filmé par la caméra, ce qui n'empêche pas la police d'arrêter deux faux suspects (jumeaux). Le film est assez plaisant à suivre même si je dois reconnaître qu'il traîne tout de même un peu en longueur (alors même qu'il ne dure qu'une heure vingt) mais j'ai apprécié cet aspect très circonvolant (dont on pourrait presque dire "ah bah tout ça pour ça !") qui ne va pas véritablement quelque part et qui essaie de distraire et de jouer à tout prix. Les acteurs ne sont peut-être pas aussi convaincants que dans Assassins et voleurs, même si j'ai été assez agréablement surpris par Darry Cowl (qui habituellement me gonfle assez rapidement) ; Michel Simon n'est pas mal mais peut-être pas extrêmement impliqué.

Quelqu'un·e aurait vu les films d'Amalric sur John Zorn (I,II,III - ce dernier avec Barbara Hannigan) ? et/ou saurait comment les voir ?

Ouf, ça ne m'a pas l'air évident. A défaut, tu peux tout de même écouter Mathieu Amalric et John Zorn en duo :

https://mediamus.blogspot.com/2013/06/conneries-chanson-de-la-semaine-122.html

Oui, on trouve facilement des commentaires… mais pour les originaux…
Merci pour la piste des conneries

Éric Caravaca : Carré 35        2017


J'aime assez Éric Caravaca en tant qu'acteur, son jeu est en général assez sobre mais fonctionne bien et il a une certaine présence ; il était déjà passé derrière la caméra en 2005 pour Le passager, sa toute première réalisation, un long-métrage de fiction ; ici, il repasse à nouveau derrière la caméra pour un documentaire nettement plus intime puisqu'il porte directement sur sa famille. Plus précisément, le réalisateur chercher des traces de sa sœur Christine, morte à l'âge de trois ans et dont il n'a appris l'existence qu'assez récemment, il tente alors de comprendre plusieurs choses : pourquoi ne l'a-t-il pas appris plus tôt? et qu'est-il arrivé à sa sœur? À l'aide de discussions avec quelques membres de sa famille (ses deux parents, son frère et son cousin) et des documents qu'il retrouvera (passeports, livret de famille, témoignages annexes, vidéos de famille en super 8 ), il va tenter d'en savoir un peu plus. Le film s'apparente presque à une enquête : Caravaca apprend tout d'abord que toutes les photos de sa grande sœur défunte ont été brûlées par ses parents. Par ailleurs, ces années (début des années soixante) coïncident avec la fin de la guerre d'Algérie (ses parents ont vécu à Casablanca puis à Alger puis en France) et il propose quelque chose d'intéressant : il dit que cette éradication (traumatique) du souvenir va de pair avec le refoulement de la mémoire des guerres liées à la colonisation, ces guerres qui ne sont pas nommées ("évènements"), qui ne sont pas véritablement reconnues par les états colonisateurs puisque de toute façon "il faut passer à autre chose, on va pas se repentir toute notre vie, on y peut rien, nous ! c'est fini, ça !!" et puis bien sûr, tout le blabla autour de l'intégration. De manière générale, j'aime beaucoup la manière dont le documentaire montre en permanence les liens entre les histoires des famille et l'histoire ambiante (qui va, bien sûr, à rebours de cette vision (libérale) de la petite histoire (ou de l'intime, si l'on veut) et de la grande histoire (avec une majuscule, parfois, pour plus de solennité)) ; l'approche en forme de navigation à travers les strates des archives rend cette polarité complètement inopérante. Le film parle aussi de l'impact de la société validiste (il n'emploie pas ce terme-là mais c'est exactement ce qu'il dit : sa sœur était perçue comme anormale) sur la mort de sa sœur ; malgré tout, il ne fait pas un réquisitoire contre ses parents : ils sont encore dans le déni par moments mais il ne va pas leur dire "non, c'est n'importe quoi, on sait que ce n'est pas ça" - je ne dis pas ça pour dire "ah voilà, il respecte ses aînés, c'est bien" mais plus que ça aurait été assez bizarre de régler ses comptes à l'écran et finalement, quand on connaît le contexte et qu'on comprend qu'ils sont toujours dans le déni, ça ne serait peut-être pas très intelligent de les brusquer. Enfin bref, très chouette documentaire, en plus assez ramassé (à peine plus d'une heure) avec quelques maladresses mais assez élégant, intéressant et avec des idées.

Dragonwyck

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Liliane de Kermadec : Mersonne ne m'aime        1982


Ce téléfilm réalisé pour Antenne 2 est une adaptation du roman homonyme de Mireille Cardot et Nicole-Lise Bernheim (la seconde ayant également écrit un livre sur Duras et le cinéma et coécrit un livre sur Alice Guy). Le film est une sorte de polar se passant dans les milieux féministe des années soixante dix : une féministe est tuée à son domicile, la police est sur le coup et commence par écouter le répondeur de la femme en question, ils y trouvent des tas de messages, plus ou moins insignifiants, mais ils décident de s'atteler sur un message d'une alliée alors même qu'il y avait un autre message qui était littéralement une menace de mort de la part d'un homme ; parallèlement, un collectif féministe (le groupe autonome révolutionnaire contre l'environnement sexiste - les G.A.R.C.E.S.) va être surveillé par la police mais va aussi contribuer un peu à l'enquête. Le film essaie de rester dans les terres du polar mais ça part complètement dans tous les sens mais ce qui prédomine, c'est tout de même le ludisme à l'œuvre (remplacer tous les mots avec le son "per" par le son "mer" - d'où le titre ; le film est également parcouru par la musique d'Offenbach, utilisée par motifs, de manière assez drôle) mais à la fois, le film montre des collectifs féminisme, parle de lutte des classes (et déjà des gens qui disent que la lutte féministe va perturber la lutte des classes), d'exploitation domestique ; il y a également tout ce passage avec la garde des sceaux un peu entre deux eaux : à la fois féministe mais changée par les institutions. J'ai trouvé que la distribution était assez chouette : Lonsdale pour le chef de l'enquête, Léaud en assistant (un peu lover),  Bernadette Lafont dans le rôle de la garde des sceaux.

Xavier a écrit:

Dragonwyck

+

Ah oui ? j'en ai un souvenir un peu laborieux, du gothique un peu léché.

Oui, mais c'est chouette, j'aime bien ça.