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Jean-Michel Meurice (sur Simon Hantaï)
• Simon Hantaï ou les silences rétiniens
• Des formes et des couleurs

Jean-Michel Meurice (dont l'œuvre picturale est elle-même conséquente) filme Hantaï au travail. Documents INA, que l'on aura pu voir pour partie lors des deux dernières grandes rétrospectives parisiennes (Musée d'Art Moderne, puis fondation Louis Vuitton). C'est exceptionnel pour approcher les enjeux de la peinture d'Hantaï, ce sont des documents inestimables quant à la fabrication de cette œuvre.
Le livre DVD, comprend des bonus (entretiens avec Zsuzsa, épouse de Simon Hantaï, et Daniel Hantaï, l'un des cinq membres de la fratrie ; Georges Didi-Hubermann ; Alfred Pacquement). Le livre est richement illustré, il comprend un texte de Didi-Hubermann Bouquet de fleurs bleues et de fleurs du mal (paru à l'occasion de la redécouverte d'Hantaï en 2013 à Beaubourg, et dont les thèmes sont repris dans l'interview en bonus)

Bref, c'est un travail d'édition tout à fait formidable

DVD : Hantaï - "Portraits d'artistes" / La Traverse, coédité avec les éditions de l’Œil

Claude Lanzmann
Le dernier des injustes

Autour de la figure de Benjamin Murmelstein, rabbin, dernier et seul survivant des doyens du "conseil juif - Judenrat" du ghetto-camp de concentration de Theresienstadt.
Construit à partir des 350 heures de documentation qui donneront naissance à Shoah (et cinq autres films dont celui-ci), lors desquelles Lanzmann interviewait Benjamin Murmelstein, ainsi que du retour (bien ultérieur) de Claude Lanzmann à Theresienstadt.

Les bonus ne présentent pas toujours le même caractère essentiel (à savoir : la documentation sur Theresienstadt, la réflexion sur l'ambivalence des conseils juifs, et celle de Murmelstein en particulier - le dernier des injustes).

xoph a écrit:

DVD : Hantaï - "Portraits d'artistes" / La Traverse, coédité avec les éditions de l’Œil

Merci pour la référence, c'est noté!

Le super espion Ethan Hunt espérait avoir tourné une page en quittant le service actif de la Mission Impossible Force pour un nouveau poste en tant que formateur. Il pensait pouvoir enfin mener une vie normale et se consacrer tout entier à sa ravissante épouse, Julia. Cependant, lorsque Lindsey, la plus brillante recrue de la MIF tombe à Berlin, Ethan se sent moralement obligé de lui porter secours.
J'aime beaucoup la série, et les suivants sont encore meilleurs...
Du grand cinéma avec un Tom Cruise explosifs 🤭

Raoul André : Clara et les méchants        1958


Raoul André est l'immense cinéaste auquel on doit des films comme Le grand bidule, Y a un os dans la moulinette ou encore La polka des menottes ; il ne lésine pas sur les chefs-d'œuvre, en somme. Ici, il manque malheureusement (de peu) le chef d'œuvre parce qu'on ne retrouve pas le côté navrant de ses autres films - en tout cas, de ceux que j'ai pu voir ; du coup, bien sûr, on s'ennuie (très très) ferme. Le film met en scène la fille d'une famille bourgeoise dont les parents sont très fréquemment absents ; elle est un jour kidnappée par une bande de gars assez hétéroclite qu'elle va finir par mener par le bout du nez, plus ou moins. Il n'y a vraiment rien à se mettre sous la dent, pour donner le ton : Serrault n'a même pas réussi à être intéressant/drôle. Par contre, en terme de films nawak, je suis curieux à propos de ceux dont le rôle principal est tenu par Jean Lefebvre - c'est en général un bon indicateur pour borner inférieurement le niveau de nawakitude d'un film.

Ben-Hur retrace l'histoire épique de Judah Ben-Hur, un prince accusé à tort de trahison par Messala, son frère adoptif, officier de l'armée romaine. Déchu de son titre, séparé de sa famille et de la femme qu'il aime, Judah est réduit à l'esclavage. Après des années en mer, Judah revient sur sa terre natale dans le but de se venger. Il va y rencontrer son destin.
Mouais cela ne vaut pas la première version avec Charlton Heston 🤩 mais ça se laisse voir...
Mais 🤨 pourquoi faire une nouvelle version, alors que 🫢 la version originale est sublime...
C'est

Tu veux dire malgré Charlton Heston ?

La version originale en long métrage, c'est plutôt https://archive.org/details/ben-hur-a-tale-of-the-christ-1925, de Fred Niblo avec Ramón Novarro.

Christian Carion : Une hirondelle a fait le printemps        2001


Ce film est le premier film de Christian Carion, il met en scène une prof en informatique (interprétée par Mathilde Seigner) qui décide de quitter son métier et décide, après une formation, de se mettre à l'agriculture, elle va alors racheter une ferme à un vieux fermier (interprété par Michel Serrault) dans le fin fond du Vercors. Le film met l'accent sur le conservatisme des fermiers : étant une femme, elle ne va jamais vraiment être acceptée ; en plus de ça, elle a une vision plus moderne de son métier (elle va créer un site internet pour organiser des visites pédagogiques, elle va vendre ses produits sur internet, elle va créer des chambres d'hôte, etc.), on va aussi découvrir que le personnage de Serrault sera mis à l'index par les autres fermiers qui lui reprochent d'avoir cédé sa ferme à n'importe qui. Je dois dire que le film ne m'a pas passionné : on voit pas vraiment où il veut en venir, les acteurices sont pas si mal mais les personnages ne sont pas intéressants et puis surtout, ça traîne en longueur.

Michel Leclerc : Télé gaucho        2012


J'avais dernièrement été assez déçu par ce réalisateur mais le titre a eu raison de moi et j'ai décidé de tenter celui-ci ; je dois dire que je le trouve tout de même un peu mieux que La lutte des classes sans être toutefois véritablement réussi : ça traîne trop en longueur. Le sujet du film est intéressant puisqu'il se penche sur l'émergence d'une chaîne de télévision associative (inspirée de la chaîne collaborative Télé Bocal) mais il n'en fait finalement pas grand-chose : le personnage principal est un jeune homme (interprété par Félix Moati) fan de cinéma (et tout particulièrement de Godard et Pasolini) qui obtient un peu par hasard (par le biais de sa mère) un stage dans une chaîne du genre TF1 et est par la suite, à la suite de quelques discussions dans le café de son quartier, mis en contact avec le fondateur d'une télé pirate appelée Télé Gaucho. Le film n'est pas désagréable à regarder et est un peu drôle par moment mais ça ne prend jamais véritablement : le film repose sur l'opposition entre la chaîne de télé grand public et la petite télé pirate - entre lesquelles le personnage principal est pris car il travaille pour les deux - mais il n'en fait pas grand-chose et ajoute pas mal de trucs périphériques qui font dériver le film vers quelque chose de plus initiatique, je pense par exemple à toute cette histoire d'amour assez invraisemblable avec le personnage de Sara Forestier. Un autre problème de ce film, ce sont les personnages féminins : soit ce sont des hystériques (le personnage de Maïwenn qui n'arrête pas d'hurler sur tout le monde ou alors la mère du personnage principal qui est montrée comme une femme un peu primitive fanatique d'une émission télé), soit ce sont des maladroites un peu à côté de la plaque (comme le personnage de Sara Forestier).

Sophie Letourneur
Enorme

Perso, j'ai jeté le bébé avec l'eau du bain
Gros malaise : pas tant le désir d'enfant(er) du père et sa métamorphose, que la contrainte, répétée, à laquelle il soumet sa compagne pour arriver à ses fins - bon, ça relève du code pénal ; pas drôle du tout qui plus est.

Tout le contraire pour moi!

Oui, ça relève du code pénal, et c'est dit dans le film d'ailleurs.

Aussi, il y a plein de films où des gens tuent d'autres gens et ça relève aussi du code pénal je pense.

Au Moyen-Âge, entre Orient et Occident. Durant la sombre période des guerres est né un rang de soldats d'élite, nobles, courageux et d'une loyauté sans faille envers un seul maître. Ces années sanglantes ont également donné naissance à un empire dont le pouvoir s'étend sur plusieurs contrées.
Film décevant très lent...
C'est dommage, l'idée était bonne et de bon acteur !

xoph a écrit:

Sophie Letourneur
Enorme

Perso, j'ai jeté le bébé avec l'eau du bain
Gros malaise : pas tant le désir d'enfant(er) du père et sa métamorphose, que la contrainte, répétée, à laquelle il soumet sa compagne pour arriver à ses fins - bon, ça relève du code pénal ; pas drôle du tout qui plus est.

Xavier a écrit:

Oui, ça relève du code pénal, et c'est dit dans le film d'ailleurs.

Je trouve que ce n'est dit qu'en partie (de mémoire sur la substitution de la pilule par une sucrette, et pas sur l'entrave à IVG, double entrave puisque les possibilités après terme, en Angleterre, sont elles aussi écartées), et est contredit également par beaucoup d'éléments (le rôle de la mère). La révolte de Marina Foïs, à l'annonce de cette machination est bien falote, pour, quelque temps après, se complaire dans la réunification "orgasmique". Par ailleurs il y a fort à penser que les entraves à l'IVG, si le droit les punit, sont rarement suivies de sanctions, ce qui crée une forme de malaise dans ce film (à finalement cautionner une absence de sanction). J'admets que je fais un parallèle, indu et très peu étayé, avec la question du viol (mais on en est pas si loin, malgré les dénégations de Jonathan Cohen).

Xavier a écrit:

Aussi, il y a plein de films où des gens tuent d'autres gens et ça relève aussi du code pénal je pense.

Certes, mais ce que je trouve dérangeant, n'est pas le fait de montrer des actes répréhensibles au regard de la loi (la confiance que je lui accorde est dans certains cas limitée, et le cinéma n'est pas un tribunal). Mais que ce caractère délictuel, fasse abstraction de la violence de l'acte, amollisse tension et conflit, ne prenne au final aucun point de vue (même celui de n'en montrer que la violence, sans prendre parti). Pour moi, le film s'est perdu entre deux thématiques (le devenir "mère", comme dirait l'autre, du papa) et la violence (je trouve pas d'autre mot) par contrainte (à peine abordée et pour moi suscitant un vrai malaise).

Ensuite, on peut peut-être n'y voir qu'une comédie, mais je suis pas très doué pour ça… (et j'ai pas ri, sauf Marina Foïs "pourquoi ? on a pas besoin !", quand on lui demande s'ils ont pensé à voir un·e psychologue)

Abdenoure Ziane : Jeûne d'été        2020


Ce court-métrage d'une bonne quinzaine de minutes est assez amusant : il met en scène deux amis d'une dizaine d'année qui errent autour de chez eux en été, pendant la période de ramadan ; l'un est musulman, l'autre ne l'est pas, il voit le ramadan plutôt comme un jeu ; c'est pas mal filmé, c'est assez léger et j'ai trouvé que le film arrivait bien à rendre compte de la manière dont les deux amis arrivent à fixer des cadres fictionnels du genre, il y a cette scène humoristique avec la vendeuse ambulante puis paf, ils trouvent une voiture, ils s'installent dedans, ils retirent le frein à main et hop, elle bougent, ils prennent peur et partent en courant, musique typée western et ils arrivent sur autre chose ; je trouve que sur un temps court comme ça, c'est très dynamique et ça marche bien.

Christine Pascal : La garce        1984


Ce film est le deuxième film réalisé par Christine Pascal qui était jusque-là davantage connue en tant qu'actrice. Il s'agit d'un thriller à l'ambiance de film noir, le rôle principal est tenu par Isabelle Huppert, elle joue le rôle d'une adolescente dont on ne sait pas grand-chose à part qu'elle a été violée par un policier (interprété par Richard Berry) qui a ensuite été envoyé en prison - ça, c'est l'introduction du film - ; ensuite, il en sort et travaille pour un cabinet de détective privé, il est chargé d'enquêter sur une femme qui imite frauduleusement des pièces des haute-couture, il va en fait s'apercevoir que cette jeune femme n'est autre que le personnage de Huppert. Honnêtement, je n'ai pas trop aimé le film : il est constamment très nébuleux et sur certains points, c'est assez problématique : par exemple, lorsqu'il s'agit du viol. De manière générale, j'ai trouvé le jeu des acteurs assez quelconque, la mise-en-scène passe mais rien d'extraordinaire, il n'y a que l'ambiance qui pourrait mener à quelque chose de chouette. En plus de cela, la copie dont je disposais était de très mauvaise qualité donc ça ne m'a pas tellement aidé à maintenir mon intérêt pour le film.

Walerian Borowczyk : Rosalie        1966

 +
Ce film est un court-métrage assez simple d'une quinzaine de minutes : une femme de chambre est accusée d'infanticide (et d'avoir enterré ses jumeaux dans le jardin). Le film met en scène un seul personnage : une femme de chambre (interprétée par Ligia Branice) étant accusée d'infanticide. Le film commence par un long travelling latéral qui apparaît comme un sommaire : on voit d'abord la photo d'un officier, sa ceinture, un nécessaire pour un avortement, un oreiller tâché de sang puis une pelle ; à côté de chacun de ses objets, on peut voir des cartons indiquant le numéro des pièces à conviction. En fait, le film va être une sorte de petite audience dont le spectateur sera le juge ; après ce travelling, on arrive sur le visage de la femme de chambre, filmée sur fond totalement blanc : elle raconte qu'elle a été violée par l'officier dont on a vu la photo et que vu qu'il ne fallait que rien ne s'ébruite, elle a dû avorter discrètement et c'est pour ça qu'elle se retrouve à la barre. Le travelling initial met en exergue le déroulement parfaitement logique de tout ça : si on en est là, c'est à cause de la société patriarcale (d'abord la violence des hommes sur le corps des femmes, puis la dissimulation, ensuite, le contrôle sur le corps des femmes et enfin, le contrôle judiciaire) et Rosalie n'a in fine rien fait mais se retrouvera sans doute la tête tranchée. Visuellement, j'ai bien aimé le fait que Branice porte un chemisier blanc et soit filmée sur fond blanc, c'est comme s'il n'y avait plus que son visage parlant - bon, après, on peut discuter de la pertinence du truc, a posteriori, je suis pas sûr que ce soit extrêmement pertinent. En tout cas, pour un petit court-métrage dont je n'attendais rien de spécial, c'est une très bonne surprise - j'ai lu que c'était adapté de Maupassant, curieux de voir l'histoire originale.

Un psychopathe connu sous le nom de `Buffalo Bill' sème la terreur dans le `Middle West' en kidnappant et en assassinant de jeunes femmes. Clarice Starling, une jeune agent du FBI, est chargée d'interroger l'ex-psychiatre Hannibal Lecter. Psychopathe redoutablement intelligent et porté sur le cannibalisme, Lecter est capable de lui fournir des informations. Entre eux s'établit un lien de fascination et de répulsion.
Vu le film à l'époque, mais j'ai pas été trop fan...
Il passe mieux aujourd'hui, je pense qu'il y a une suite ?

Leyla Bouzid
A peine j'ouvre les yeux

Second film, et second excellent film que je vois de Leyla Bouzid. Pour le troisième, il faudra attendre un peu.
Avant "le printemps arabe", sous l'ère Ben Ali : une histoire d'émancipation (et des entraves à cette émancipation), à maints égards, tonique et chaleureuse.
Interprétation remarquable (c'était aussi le cas dans une histoire d'amour et de désir). Badya Medhaffar y chante (musique de Khyam Allami - Alif ensemble) ; le rôle de sa mère est tenu par Ghalia Benali, qui est par ailleurs chanteuse avant d'être actrice.

Ces derniers jours:

Le Goût des autres



Inspecteur la bavure



Twelve Monkeys



The Fortune cookie

+

Steak

+

Quand passent les faisans

Jacques Baratier : Piège        1970


J'avais découvert Baratier avec La ville bidon que j'avais trouvé assez original et drôle, j'ai décidé de poursuivre la découverte de sa filmographie avec ce moyen-métrage tourné quelques années plus tôt ; eh bien, ça n'a pas grand-chose à voir, c'est nettement plus expérimental et j'avoue que c'est beaucoup plus obscur : un gars parano achète "le piège le plus dangereux possible" pour protéger sa maison des voleurs et là, il tombe sur deux femmes (interprétées par Bulle Ogier et Bernardette Lafont qui non seulement déjouent le piège mais vont lui mettre sa maison sans dessous dessous à tous les points de vue : au sens littéral mais aussi parce qu'il va finir par leur être complètement soumis. J'avoue que j'ai pas trop compris où ça allait (peut-être y a-t-il un truc sur la propriété, je ne sais pas) et vu que c'est assez unilatéral, c'est assez difficile d'entrer dans le film.

Le destin de trois vampires se retrouve mêlé pendant des siècles, alternant entre amour et trahison, solitude et soif de vengeance.
Je pense que c'est pas un secret pour personne 🤭 ce film aurait dû être meilleur...

Nine Antico : Playlist        2021


Nine Antico est habituellement plus connue comme autrice de bande dessinée, elle a également créé un fanzine et a collaboré à pas mal de magazines ou émissions en lien avec la musique rock. Au cinéma, elle n'avait réalisé qu'un court-métrage en 2013 qui était inspiré de l'une de ses bandes dessinées ; ce film est son premier long-métrage et l'influence de la bande dessinée est assez palpable notamment par son aspect très dynamique, sautant à droite et à gauche, presque en train de se faire - et aussi plus littéralement puisque le personnage principal veut devenir dessinatrice (mais se retrouve à être secrétaire dans une maison d'édition spécialisée dans la bande dessinée), on a donc le droit à quelques petites irruptions dans le milieu de la bande dessinée. Ce film est globalement agréable à regarder (et les actrices arrivent tout-à-fait à propager ce dynamisme présent dans l'écriture : Sara Forestier et Lætitia Dosch) notamment grâce à son dynamisme et aussi quelques petites scènes amusantes qui arrivent de manière assez impromptue mais j'ai trouvé qu'au final, le film allait un peu nulle part (en fait, ça m'a un peu fait penser à Connasse, princesse des cœurs de Lang et Saglio mais en mieux, pour donner une idée. Finalement, le titre résume peut-être assez bien la dynamique globale du film qui tient plutôt de la dispersion de la playlist que de l'aspect suivi de l'album - vous me direz : on peut faire une playlist dont tous les titres sont ceux d'un seul album, dans l'ordre.

J'avais passé également un très bon moment, sans que ce soit tout à fait mémorable. Un peu brouillon et décousu, mais vivant, et parfait pour Sara Forestier

Rachid Bouchareb : Nos frangins        2022

 +
C'est le premier film de Bouchareb que je vois (c'est son dernier en date) et j'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre mais étant donné le sujet, j'en attendais tout de même pas mal puisque le film parle du meurtre de Malik Oussekine par la police (et plus particulièrement par les voltigeurs) en 1986, il choisit d'évoquer un autre meurtre par la police (nettement moins connu et c'est sans doute pour cela que Bouchareb le rattache à celui d'Oussekine : le meurtre d'Abdel Benyahia). Pour rappeler la situation : Oussekine est un étudiant de vingt-deux ans qui, comme beaucoup d'autres, manifestait contre le projet de loi Devaquet proposant de sélectionner les étudiant(e)s à leur entrée à l'université - les universités pourraient désormais fixer librement leurs frais d'inscription et leurs modalités d'accès - ; les manifestations estudiantines (et lycéennes) commencent à la fin du mois de novembre 1986 ; quelques jours après le GUD (un gros groupe d'extrême droite) s'attaque à coups de barres de fer à des étudiant(e)s qui occupent la fac de Jussieu ; dans la nuit du cinq au six décembre, les CRS sont envoyés pour déloger des étudiant(e)s qui occupaient la Sorbonne puis des voltigeurs (brigades motorisées composées de plusieurs moto et chacune d'entre-elles a un pilote (bah oui) mais aussi quelqu'un qui est derrière avec éventuellement une matraque) sont envoyés dans les alentours ; à la sortie d'un club de jazz, Oussekine rentre dans un hall, un policier s'y engouffre, tient la porte à ses collègues et ils battent à mort Oussekine ; s'ensuivront deux marches blanches, la dissolution des voltigeurs, la démission de Devaquet et le retrait du projet de loi - qui va de toute façon se répandre dans les années qui suivent.

Pour en revenir au film, je suis finalement assez partagé : le film parle vraiment de violences policières, de la manière dont ils mentent les un(e)s les autres pour se couvrir, il parle aussi du GUD et il ne parle pas seulement d'Oussekine mais je sais pas, c'est assez bizarre car finalement, on a l'impression qu'il s'est presque rien passé et notamment parce que le film ne montre pas l'enquête et on ne sait pas tellement grand-chose sur les personnages (même les personnages que l'on suit le plus) ; en plus, le fait de montrer beaucoup d'images d'archives (pas toutes extrêmement pertinentes, mais de manière générale tout de même assez pertinentes - notamment les réactions du gouvernement et des politicien(ne)s et puis, bien sûr, une interview d'Abdel avant qu'il soit tué) ajoute pas mal au flou temporel général - en dépit du fait que les jours soient distinctement indiqués par des intertitres, mais le flou temporel qui règle ici n'est pas exactement un flou mais plutôt une détente : c'est un flou relatif. Si le film parle de pas mal de choses (même de la conversion récente d'Oussekine au catholicisme pour "s'intégrer") et n'est pas problématique, j'ai trouvé qu'il ne développait pas grand-chose et qu'il laissait un goût d'inachevé - à ce titre, je me demande ce que vaut la mini-série sur Oussekine. Enfin bon, c'est tout de même déjà ça et c'est bien au-dessus que la plupart des films qui parlent de la police (à la fin, on a même le droit à un petit intertitre qui nous dit que les voltigeurs ont été dissous en 86 et ont été reformés en 2018) et en plus, j'ai trouvé que le trio Kateb-Khoudri-Guesmi était chouette.

La Nuit du 12
Lemming

+

Ethan Hunt et l'agence IMF sont désavoués par le gouvernement américain qui leur reproche une attaque terroriste au Kremlin. Laissé pour compte, Hunt doit laver l'honneur de l'agence et éviter une nouvelle attaque.
Je trouve que c'est franchement très bien produit, et la série y est meilleur de film en film

Blandine Lenoir : Annie colère        2022

 +
C'est le premier film de Blandine Lenoir que je vois (qui a réalisé deux autres longs et qui a par ailleurs été actrice dans pas mal de films français), c'est une belle découverte. Le film est principalement axé autour du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception) qui est une association qui a beaucoup milité pour le droit à l'avortement, pour l'éducation sexuelle et la facilitation de l'accès à la contraception - notamment par la création de centres associés. Le film commence en 1974, un an avant la loi Veil autorisant l'avortement, une ouvrière matelassière veut avoir recours à l'avortement et nous conduit donc dans l'arrière-salle dans une librairie où l'on trouve un groupe de femmes toutes là pour la même chose. Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce film, c'est vraiment son aspect détaillé, qui va plus loin que "il y a eu un avant et un après loi Veil" et qui montre comment ça se passait dans une cellule du MLAC, qui parle des différentes méthodes d'avortement (notamment le fait qu'elles aient recours à une méthode par aspiration, contrairement à la plupart des avortements clandestins qui étaient souvent liés aux modalités de prise en charge à l'hôpital) mais qui parle d'autres choses comme la prétendue objectivité du discours scientifique (souvent, lui aussi, pris dans une logique patriarcale : il y avait par exemple beaucoup de médecins qui disaient que des femmes ne peuvent/pouvaient pas s'occuper d'un avortement parce qu'elles n'étaient pas médecin et qui ont du mal à supporter que des avortement soient faits hors de l'institution hospitalière) ; en plus de ça, une fois que la loi Veil est votée, le film ne nous dit pas "chouette, ça y est, victoire" (même si évidemment, c'est une nette avancée !) parce que d'une part, l'avortement ne sera pas gratuit et pourra très bien être refusé par le médecin - en plus de ça, pas sûr qu'ils soient faits avec autant d'information et dans une si bonne ambiance. Une autre chose que j'ai beaucoup aimée, c'est l'atmosphère du film : c'est vraiment la bienveillance qui prédomine (c'était sans doute plus chaotique en vrai) : tout le monde écoute et prend de soin de tout le monde, on informe, on chante, etc. Je pense que le film voulait rompre avec plusieurs choses : d'une part avec tous ces films (Une affaire de femmes, 4 mois, 3 semaines, 2 jours) qui montrent l'avortement dans sa douleur, dans sa difficulté (ce qui est aussi une réalité, bien sûr) et d'autre part, j'ai l'impression qu'il voulait se concentrer spécifiquement sur le MLAC (comme groupe de femmes) et peut-être mettre un peu de côté le lien avec des mouvements plus connus comme le MLF et peut-être aussi l'aspect manifestation - le film est presque un huis-clos. En plus, les actrices (Laure Calamy, donc mais aussi India Hair, Zita Hanrot, Rosemary Standley) vont très bien ensemble, l'atmosphère passe très bien - ah oui, aussi, on a un extrait d'un passage connu (masterclass) de Delphine Seyrig à la télé où elle parle en faveur de l'avortement face à un plateau totalement composé d'hommes.

Xavier a écrit:

La Nuit du 12
Lemming

+

Tiens, d'ailleurs, lequel des deux as-tu préféré ? (J'avais beaucoup aimé Lemming, mais ayant été déçu par la plupart des autre films de Moll, et les Césars étant plutôt une contre-indication pour moi, j'ai zappé la Nuit du 12...)

J'ai aimé à peu près tous ses films.

J'ai trouvé que Lemming était proche d'Harry mais finalement en mieux.
La Nuit du 12, c'est pas le même style, mais j'ai beaucoup aimé aussi.

Xavier a écrit:

J'ai trouvé que Lemming était proche d'Harry mais finalement en mieux.

Beaucoup mieux même, en ce qui me concerne (il faut dire que Harry m'a un peu soûlé)...

J'ai beaucoup aimé Des nouvelles de la planète Mars aussi (celui que j'ai préféré avec Lemming), malgré le côté boiteux et mal foutu, notamment la fin complètement loupée...

Le Grand Restaurant (1966) Jacques Besnard

Анастасия231 a écrit:

Le Grand Restaurant (1966) Jacques Besnard

Ah Fufu, c'était quelqu'un...🤩

Responsable de la sécurité des passagers, l'agent fédéral Bill Marks voyage beaucoup bien qu'il déteste l'avion. Mais c'est son métier et aujourd'hui il est bien obligé d'embarquer sur ce vol pour Londres. Alors qu'il survole l'Atlantique, il reçoit un SMS provenant d'un autre passager qui lui annonce que quelqu'un va mourir, sauf si l'on effectue un virement de 150 millions de dollars sur un compte en Suisse.
Là, c'est excellent...
Liam Neeson dans un rôle qui lui va bien !
Suspense jusqu'à la fin 🫣
À voir absolument !🤩

Ali Abbasi : Holy spider        2022


J'avais découvert Abbasi avec Border qui était vraiment un film assez curieux (et qui n'a d'ailleurs absolument rien à voir avec Holy spider) et pas complètement réussi : une sorte de truc semi-onirique qui n'arrive pas très bien à se réceptionner à l'atterrissage. Ici, le film revendique dès le départ son inscription dans le réel : le film s'inspire d'une affaire criminelle ayant lieu à Mashhad en Iran au début des années 2000, un homme a assassiné seize travailleuses du sexe pour "débarrasser la ville sainte de Mashhad de la débauche". Cette trajectoire sera l'une des deux trajectoires exposées dans le film, l'autre étant celle d'une journaliste iranienne enquêtant sur cette série criminelle ; c'est à peu près tout ce que nous raconte le film, il met l'accent sur la misogynie ambiante à laquelle est confrontée la journaliste et met également l'accent sur l'aspect méthodique des assassinats (ce n'est pas une "impulsion folle" comme on l'entend souvent dans les médias) et d'ailleurs, l'avocat de l'assassin va essayer de jouer sur ce tableau en plaidant la folie de son client (qui n'est a priori pas fou). Malgré tout, je trouve que le film s'emmêle les pinceaux à la fin (que je trouve vraiment ratée) : on a un gros morceau quasi-exclusivement centré sur le gars, sur le fait qu'il essaie de rendre sa folie crédible mais du coup, je trouve que le film va un peu à l'opposé de ce qu'il nous a raconté jusqu'à présent, à savoir : ce gars est finalement un gars assez lambda ; en plus, la séquence finale avec la journaliste qui regarde l'audition du fils (qui raconte que des gens vont poursuivre le "travail" de son père) me semble pas extraordinaire : oui, d'accord, ça va durer. En plus, j'ai trouvé le film un peu douteux sur la manière dont il montrait la violence : qu'il s'agisse de l'assassinat des femmes ou de la pendaison de l'assassin, le processus de mise à mort est très explicite et assez long - avec les bruits et tout. Enfin bref, je suis assez déçu - en plus de ça, c'est tout de même assez long : presque deux heures ; par contre, j'ai bien aimé le jeu de l'actrice principale Zar Amir Ebrahimi.

Pas non plus été très convaincu, le film "s'emmêle aussi les pinceaux" entre l'assouvissement de pulsions sexuelles et la purification, idéologique et fanatique, qui seraient les moteurs des assassinats. J'avais aimé, comme tu le soulignes le jeu et le personnage (pas d'autre issue que le courage, à son plus grand péril) de l'actrice principale, et été intéressé par la façon dont l'affaire est montrée comme récupérable, ou non (de façon versatile), par les autorités, mais c'est pas assez développé.

Hibernatus (1969) Édouard Molinaro

Wrong cops

Patricia Mazuy : Bowling Saturne        2022

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Sacré film que nous a pondu là Patricia Mazuy ! J'avoue qu'il est encore assez obscur pour moi et je ne vois toujours pas tellement où il veut en venir. Il s'agit d'un film outrenoir : à part les scènes dans le commissariat, il n'y a quasiment pas de scènes lumineuses ; au centre du film, comme un trou noir (que l'on ne verra naturellement jamais mais qui absorbe tout), un père qui vient de mourir ; on suit ses deux fils : l'un est très bien intégré, il est gendarme, l'autre a toujours été rejeté, sa situation n'est pas extrêmement claire mais il semble être seul et semble vivre dans la rue. Les deux fils héritent un bowling, le premier décide de le revendre mais c'est finalement le second qui va en reprendre les commandes, il hérite aussi un chien. Ensuite, ça part en vrille : le deuxième frère tue une femme et c'est son frère qui va enquêter sur le cas (parmi d'autres) ; parallèlement, on a aussi un groupe de chasseurs auquel le fils rejeté refuse l'accès au bowling pour qu'ils fassent une fête. En fait, de manière générale, tout est assez entremêlé mais le thème qui prédomine, c'est la violence masculine mais ça ne m'a pas semblé trop passionnant sur ce point-là ; par contre, en terme d'atmosphère (si on excepte peut-être l'épisode policier), je trouve que c'est vraiment remarquable : cette obscurité constante, ces rouges, les regards (la scène de fin !), ces entremêlements et la musique ; bien sûr, si cet aspect est si réussi c'est parce que Mazuy sait mettre en scène. D'ailleurs, je n'y pense que maintenant mais je trouve que ce film serait peut-être au film noir ce qu'est Peaux de vaches au western - pas étonnant quand on connaît l'attrait de Mazuy pour le cinéma américain. Bref, peut-être que tout s'éclaircira davantage si je revois le film.

Bertrand Bonello : Coma        2022


Coma fait en quelque sorte suite à Nocturama et Zombi child, au-delà du fait que ces trois films portent sur la jeunesse, ils partagent tout les trois une gestion de l'espace assez semblable : les deux espaces qui composent initialement le film vont fusionner. Malgré tout, Coma est tout de même un peu particulier, ne serait-ce que par son contexte puisqu'il a été un projet ressorti lors du confinement et a sans doute été pas mal influencé par ce dernier notamment parce que le personnage principal (interprétée par Louise Labèque, que l'on avait déjà vue dans Zombi child) reste dans sa chambre. Le point de départ de ce film, c'est un extrait de conférence de Gilles Deleuze où il dit que "il ne faut pas être pris dans le rêve de l'autre" et c'est justement ce que va faire le film. Dans le film vont alors se succéder plusieurs strates : des conversations via face time ou zoom, une youtubeuse lifestyle un peu étrange, un couple style Barbie et Ken en figurines ; le film est nettement plus expérimental que les deux autres notamment parce qu'il pousse assez loin cette logique d'assemblage et de fusion : tous les espaces du films deviennent interconnectés mais il y a des espaces plus génériques qui remplissent tout le film, je pense notamment à ce personnage d'influenceuse dont la posture par rapport au film n'est pas si claire (elle démarre comme localisée dans un personnage d'influenceuse puis devient une sorte de narratrice - plus dans quelque chose qui serait l'équivalent d'un maître de jeu cinématographique) et l'espace associé (je ne sais plus comment il est désigné dans le film mais c'est une sorte de zone à la Tarkovski) où les différentes figures se croisent ; il y a aussi un grand assemblage de genres (il y a des moments assez comiques, d'autres plus graves, d'autres qui sont inquiétants) et un assemblage de techniques visuelles (animation, stop motion, images d'archive, found footage) et narratives (la lettre qui ouvre et clôt le film - dont l'optimisme fait penser au Sacrifice de Tarkovski - simplement en texte écrit). Ce n'est peut-être pas mon film préféré de Bonello (sans doute parce que c'est le moins évident) mais il m'a beaucoup stimulé - quelle inventivité !

Emmanuel Mouret : Chronique d'une liaison passagère        2022


J'avais découvert Mouret en salle avec le film précédant celui-ci (Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait) dont j'avais beaucoup aimé l'aspect ludique et lumineux - en plus d'être bien écrit et beau - ; j'avais ensuite décidé de poursuivre ma découverte de ce réalisateur en regardant les films qu'il avait réalisés avant et j'avoue que je n'ai pas été extrêmement convaincu : les effectifs étaient souvent différents (ces films étaient principalement centrés sur un personnage principal un peu gauche la plupart du temps interprété par le réalisateur lui-même) à part peut-être dans L'art d'aimer (qui n'est pas une réussite) et je me disais que c'était peut-être une des raisons qui distinguaient tant Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait des autres. Ce dernier opus met finalement à mal cette idée parce qu'ici, il n'y a que deux personnages (qu'un troisième vient rejoindre environ à la moitié du film) et j'ai trouvé ça vraiment pas mal : j'y ai retrouvé la légèreté, l'aspect lumineux et (peut-être dans une moindre mesure) l'aspect ludique. J'ai trouvé ça bien écrit : le personnage de Macaigne est assez drôle, le personnage de Kiberlain est bien développé et j'ai beaucoup aimé qu'un troisième personnage apparaisse en cours de route, ça redonne un véritable élan au récit et le personnage en question se fond directement dans le film. J'ai également aimé les petites séquences qui contrastent un peu avec cet aspect lumineux (en restant légères - les personnages y mettent tant d'effort "il faut pas faire dans la passion" ou "une petite liaison l'air de rien") : c'est un recul de la caméra, le passage du majeur au mineur dans une pièce pour piano - et puis il y a cette scène vers la fin qui repasse sur les lieux que les personnages ont fréquenté mais ils sont à présent vides, ça peut paraître pas grand-chose mais j'ai trouvé que c'était vraiment habile.

Charlotte Le Bon : Falcon lake         2022

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Ce film est le premier long-métrage de la réalisatrice québécoise Charlotte Le Bon et c'est vraiment admirable, la maîtrise est là. L'argument du film est extrêmement simple et peut sembler usé jusqu'à la corde mais ce film montre que non : pendant les vacances d'été, un jeune adolescent va rencontrer une adolescente, ils se rapprocher l'un de l'autre. Je pense qu'un des aspects où ce film tire son épingle du jeu c'est qu'au lieu de proposer, comme c'est l'usage pour pas mal de teen movies (surtout dans les plus anciens), la rencontre avec le monde, il propose la rencontre avec un monde ; ce monde va être superbement fabriqué par la cinéaste (et son directeur de la photo Kristof Brandl) dans ces beaux paysages québécois : au centre, le lac dont on dit qu'un fantôme l'habite ; autour, beaucoup de végétaux derrière lesquels les personnages vont être dissimulés et parmi lesquels ils vont évoluer. Du teen movie classique, on retrouve l'idée de tester un peu les frontières (il y a notamment ces séquences autour de la morsure jusqu'au sang et les séquences d'immersion dans l'eau, comme s'il fallait se prouver qu'on est bel et bien vivant et jusqu'où on peut aller). J'ai trouvé que la lenteur, le fait que ce soit principalement centré sur ces deux personnages (qui sont merveilleusement dirigés - l'adolescent étant joué par Joseph Engel et l'adolescente par Sara Montpetit) et cette touche fantastique rendait le film extrêmement immersif et donc vraiment plaisant à regarder. La cinéaste développe également tout un truc autour du rapport à la légende du fantôme, la manière dont les différents personnages interagissent avec : il y a plusieurs scènes où les personnages revêtent une cape blanche pour rire mais il y a également un truc autour de l'apparence des personnages et notamment la béance entre ce qui est projeté et ce qui est vraiment - ce n'est pas ce que j'ai trouvé le plus intéressant mais ça contribue quand même pas mal à l'ambiance.

Gilles Perret : Reprise en main        2022


Hormis ses multiples collaborations avec François Ruffin, je n'avais encore jamais regardé de film où Perret était seul à la réalisation, il n'avait jusque-là réalisé que des documentaires et il se lance dans la fiction avec ce film qui bénéficie d'une assez bonne distribution : Pierre Deladonchamps, Laetitia Dosch, Finnegan Oldfield et Jacques Bonnaffé, entre autres. Le film raconte l'histoire d'une usine fabriquant des petites pièces pour l'automobile qui va être cédée à un fond d'investissement ; voyant ce qui se présente en face, un des employés décide avec plusieurs de ses collègues de constituer son propre fond d'investissement. Le film est assez intéressant et à la fin, il devient tout de même un peu plaisant mais j'ai trouvé qu'il traînait beaucoup trop (surtout le début : avant qu'on arrive à la séquence qui annonce la cession, il se passe bien une demi-heure) et j'ai trouvé que les acteurices n'étaient pas très bien dirigé(e)s.

JO (1971) Jean Girault

Pachy a écrit:

Ah Fufu, c'était quelqu'un...🤩

C'éclair !

J'ai été voir hier soir avec mes deux fils le dernier Indiana Jones !
Et ben, suis sur le cul...
J'adore littéralement !🤩

Dominique Cabrera : Chronique d'une banlieue ordinaire        1992

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Ce documentaire d'une petite heure va à rebours de pas mal de choses que l'on peut voir dans la majorité des films français sur les banlieues : il n'est ici pas question de violence ; peu avant la destructions de quatre tours dans le quartier du Val Fourré à Mantes-la-Jolie, Cabrera interviewe les personnes qui y ont un jour habité (les adultes aussi bien que les enfants), iels évoquent leur vie passée dans ces logements (à présent vides), les anecdotes sont assez variées (il y a par exemple un gars qui disait que ça l'avait poussé à se syndiquer, un autre retire le papier peint pour retrouver les dessins que sa fille avait fait sur les murs) et les gens sont en général extrêmement émus. Comme dans son documentaire suivant (où elle filme une journée dans une poste dans la cité des 4000), la réalisatrice va pointer du doigt la décrépitude très rapide de ces banlieues qui sont complètement abandonnées par l'état : ce documentaire commence par un spot promotionnel (sans doute réalisé dans les années soixante) qui promettait monts et merveilles de ces tours qui sont pourtant vraiment délabrées à peine vingt-cinq ou trente ans après ; j'ai bien aimé la manière de filmer, à la fois les visages mais aussi les pièces, mettant l'accent sur l'aspect désormais vide de celles-ci.

André Téchiné : Ma saison préférée        1993


Je poursuis ma découverte de la filmographie de Téchiné, j'ai trouvé celui-ci moins atypique que les autres films que j'ai pu voir ; en fait, je pense même qu'il s'agit du film-type que les gens ont en tête lorsqu'ils évoquent le "cinéma (d'auteur) français" : une histoire de frère et sœur qui reviennent dans la maison familiale aux côtés de leur mère mourante, la sœur est notaire, le frère est neurologue - bien sûr, il y a des disputes et des non dits et puis bon, il y a tout de même un vague fond incestueux (latent/asymétriquement projeté). En fait, ça ne me dérange pas tellement, j'aime parfois ce genre de films (Desplechin ou même Chabrol dans une veine plus ironique) mais ici, d'une part, je me foutais pas mal de l'histoire et d'autre part, je trouve que le récit est finalement assez minimaliste et n'a pas l'ampleur narrative d'un Desplechin, du coup, je me suis pas mal ennuyé - d'autant plus que le film dure un peu plus de deux heures. Il y avait tout de même quelques points positifs : comme souvent chez Téchiné, la photo était très belle (les plans nocturnes autour de la piscine au début et les plans ensoleillés en extérieur !) et la mise en scène remarquable - ne serait-ce que l'ultime séquence avec ce travelling latéral accompagné d'un zoom avant, tournant à 180° autour du visage de Deneuve (qui récite un texte) et s'en approchant puis, d'un coup, se retournant vers le visage d'Auteuil qui l'écoute, totalement fixe et vient le générique ; les acteurices sont également pas mal dirigées - même si Auteuil apparaît nettement plus raide que Deneuve qui est remarquable. En fait, je crois que mon sentiment est assez proche de ce que j'avais ressenti pour Souvenirs d'en France : je trouve ça très beau visuellement et parfois intense mais le sujet (et la manière dont il est abordé) ne me parlent pas.

Joël Séria : Charlie et ses deux nénettes        1973

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Ce film est sorti juste avant le tube de Séria (Les galettes de Pont-Aven) mais on y trouve déjà Jean-Pierre Marielle à la distribution, qui n'a toutefois pas un rôle principal. Le film est cela dit un peu dans le même registre (on parle de gars de quarante ans qui traînent avec des filles d'une petite vingtaine d'années - enfin, là, au moins, elles sont majeures) mais sans doute moins marquant du point de vue des dialogues. Dans ce film, on suit un camelot (interprété par Serge Sauvion) qui rencontre deux filles (Jeanne Goupil et Nathalie Drivet) qui décident de l'accompagner pour vendre sur les marchés ; en cours de route, ils rencontrent un gars (interprété par Jean-Pierre Marielle) qui vend des petites cathédrales de Chartres et autres produits dérivés (et qui n'est pas extrêmement clair). Bon sinon, le film se laisse regarder mais voilà, pas beaucoup plus.

Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (2001) Jean-Pierre Jeunet